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3-3- De la transtextualité aux idéologèmes ou du scripturaire au second degré

«/ůLJĂƉůƵƐĂĨĨĂŝƌĞăŝŶƚĞƌƉƌĠƚĞƌůĞƐŝŶƚĞƌƉƌĠƚĂƚŝŽŶƐƋƵ͛ăŝŶƚĞƌƉƌĠƚĞƌůĞƐĐŚŽƐĞs, et plus de livres sur les livres que sur autre subject : nous ne faisons que nous entre-ŐůŽƐĞƌ ΀͙΁͘ EŽƐŽƉŝŶŝŽŶƐƐ͛ĞŶƚĞŶƚůĞƐƵŶes sur les autres. La première sert de tige à la seconde, la seconde à la tierce. » (Montaigne, 1950 :1199 ,Cité in A-C. Gignoux, 2005 : 8). Sphère

phénoménale30 de rencontres et de malentendus, de bouclage et de brouillage tant ůĂŶŐĂŐŝĞƌ ƋƵ͛ŝĚĠĞů, voire perceptif, un texte littéraire est le foyer par excellence Ě͛ŝŶƚĞƌƌĞůĂƚŝŽŶ ĞŶƚƌĞ ĚŝĨĨĠƌĞŶƚĞƐ rationalités connaissantes ou différents idéologèmes31, dont le propre de leurs formations «;͙Ϳ ĞƐƚ de dissimuler, dans la ƚƌĂŶƐƉĂƌĞŶĐĞ ĚƵ ƐĞŶƐ ƋƵŝ Ɛ͛LJ forme͕ ů͛ŽďũĞĐƚŝǀŝƚĠ ŵĂƚĠƌŝĞůůĞ ĐŽŶƚƌĂĚŝĐƚŽŝƌĞ ĚĞ ΀ů͛ŝŶƚĞƌ-dit], déterminant cette formation [textuelle et] discursive comme telle32] ; ;͙Ϳobjectivité matérielle qui réside dans le fait que « ça parle [ou ça se dit ] » toujours avant, ailleurs, et indépendamment.» (M. Pêcheux, 1975 :146-147, in Ibid : 14). Or, la logique, qui sous-tend cette objectivité matérielle contradictoire, ĞƐƚ ĐĞůůĞ Ě͛ƵŶĞ ĂƉƉŽƐŝƚŝŽŶ Ě͛ƵŶ ƐĐĞĂƵ Ě͛ŝŶĚŝǀŝĚƵĂůŝƚĠƐƵƌů͛ƈƵǀƌĞ(J. Kristeva, 1978-1984 : 282). Pour ainsi dire, sous la domination du complexe de formations idéologiques se moud la trans-subjectivité ĞƚƐŽƵƐů͛ĠĐƌĂŶ ĚƵ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ ƐĞ ũŽƵĞ ů͛ĂŵďŝǀĂůĞŶĐĞ ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ͕ ǀŽŝƌĞ ů͛ĂŵďŝǀĂůĞŶĐĞ ĚĞ ů͛ĠĐƌŝƚƵƌĞ(J.

Kristeva, 1969 :149). Entre transmutation créatrice Ğƚ ĠĐůŽƐŝŽŶ ĚĞ ů͛ŽƌŝŐŝŶĂůŝƚĠ33, le

scripturaire littéraire engendre des inter-dits et des inter-ƉĞŶƐĠĞƐ Žƶ ŝů Ɛ͛ĂŐŝƚ ƚŽƵƚ ĂƵƚĂŶƚĚ͛ƵŶĠŐŽĠĐƌŝǀĂŶƚĂƵdžƉƌŝƐĞƐĂǀĞĐůĂƉĞŶƐĠĞĚ͛Ƶn alter-ego ͖ů͛ĂƉƉƌĠŚĞŶƐŝŽŶĚƵ sensible sous différents écrans, à savoir celui du créateur, ceux des êtres de papiers incarnés dans son écrit, et ceux des alter-ego tant réels que virtuels34 rend ů͛ŝĚĠĞ ĚĞ ů͛ĂŵďŝǀĂůĞŶĐĞĚĞů͛ĠĐƌŝƚƵƌĞplausible. Faut-il dès lors ƉĂƌůĞƌĚ͛ŝŶƚĞƌ-écrans ?

Ainsi͕ƉŽƵƌĚŝƌĞůĞůŝƚƚĠƌĂŝƌĞů͛ĞŐŽĠĐƌŝǀĂŶƚalterne réflexivité et hétérogénéité, pour ne pas dire structuration35 et dialogisation36 en une sorte d͛ŝŶƚƌŽͬĞdžƚĠƌŽĐĞƉƚŝǀŝƚĠ

30

- ZŽůĂŶĚĂƌƚŚĞƐĨĂŝƚƌĞŵĂƌƋƵĞƌƉŽƵƌů͛ŽƉŝŶŝŽŶĐŽƵƌĂŶƚĞƋƵĞůĞƚĞdžƚĞ« est la surface phénoménale de

ů͛ƈƵǀƌĞůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ͘ » (Article « Théorie du texte », Encyclopaedia Universalis, Corpus 22, 1975 :371).

31 - « >͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞĚ͛ƵŶƚĞdžƚĞĞƐƚůĞĨŽLJĞƌĚĂŶƐůĞƋƵĞůůĂƌĂƚŝŽŶĂůŝƚĠĐŽŶŶĂŝƐƐĂŶƚĞƐĂŝƐŝƚůĂƚƌĂŶƐĨŽƌŵĂƚŝŽŶ des énoncés (auxquels le texte est irréductible) en tout (le texte), de même que les insertions de cette totalité dans le texte historique et social. » (J. Kristeva, 1969 : 53).

32 - ĂŶƐ ƵŶĞ ĐŽŶĐĞƉƚŝŽŶ ƉůƵƐ ŚŽůŝƐƚŝƋƵĞ ĞŶ ƐĞ ĐŽŶƐƚŝƚƵĂŶƚ ĚĂŶƐ Ğƚ Ě͛ƵŶ ĞƐƉĂĐĞ ă ůĂ ĨŽŝƐ ƚĞdžƚƵĞů Ğƚ discursif de déjà-dit ou du déjà ailleurs (J. Authier-Revuz, 1995 : 236).

33

- « >Ğ ƐƚLJůĞ ĞƐƚ ůĂ ƚƌĂŶƐŵƵƚĂƚŝŽŶ ĐƌĠĂƚƌŝĐĞ ă ƉĂƌƚŝƌ ĚĞƐ ƚĞdžƚĞƐ Ě͛ĂƵƚƌƵŝ͕ ů͛ĂƉƉƌŽƉƌŝĂƚŝŽŶ ĚĞ ů͛ĠĐƌŝƚƵƌĞ Ě͛ĂƵƚƌƵŝƉŽƵƌĨĂŝƌĞĠĐůŽƌĞƐĂƉƌŽƉƌĞŽƌŝŐŝŶĂůŝƚĠ͘ » (A-C. Gignoux, 2005 : 20).

34 - /ůƐ͛ĂŐŝƚĚƵŵŽŶĚĞĚĞƐġƚƌĞƐĐŽŶĐĞƌŶĠƐƉĂƌůĞƐĚŝĨĨĠƌĞŶƚĞƐůĞĐƚƵƌĞƐĨĂŝƚĞƐƉĂƌů͛ĠĐƌŝǀĂŝŶĂŝŶƐŝƋƵĞůĞ monde des lecteurs virtuels.

35 - «La sémiologie que nous nous réclamons, considérant le texte comme une production et/ou comme

une transformation, cherchera à formaliser la structuration plutôt que la structure.» (J. Kristeva, « problèmes de structuration du texte », in Séméiotiké, 1969 : 299). Ainsi, à ce sujet, J. Kristeva adopte une position

cosmique impersonnels: « ΀͙΁ ĠĐƌŝƌĞ͕ ƋƵ͛ŽŶ ůĞ ƐĂĐŚĞ ŽƵ ŶŽŶ͕ ƋƵ͛ŽŶ ůĞ ǀĞƵŝůůĞ ŽƵ ƉĂƐ͕ Đ͛ĞƐƚĂĐĐĠĚĞƌăƵŶƚĞŵƉƐĞƚăƵŶĞƐƉĂĐĞŝŵƉĞƌƐŽŶŶĞůƐŽƶůĞƐĂƵƚĞƵƌƐŶĞĨŽŶƚƋƵĞƉƌġƚĞƌ leurs noms à une écriture qui se transmet sans eux. »(M. Schneider, 1985 : 60). Loin d͛ƵŶĞ dépossession ĚĞů͛ġƚƌĞ͕Ě͛ƵŶĞconfiscation foncière du verbe͕ŽƵĚ͛ƵŶĞusurpation à la fois timide et ĂŵďŝŐƺĞĚĞůĂƉĞŶƐĠĞĚ͛autrui (M. Schneider, Ibid.), le dit littéraire modélise au second degré le scripturaire Ě͛ƵŶĞ «personne-ƐƵũĞƚ ĚĞ ů͚ĠĐƌŝƚƵƌĞ», et ce à partir Ě͛ĂƵƚƌĞƐ Śŝstoires de textes dans la mesure où « il les relit, les réécrit, les redistribue

dans son espace ;il en découvre les jonctions, les soubassements à la fois formels et ŝĚĠŽůŽŐŝƋƵĞƐ ƋƵ͛ŝů ĨĂŝƚ ƐĞƌǀŝƌ ă ƐĂ ƉƌŽƉƌĞ ƐĠĂŶĐĞ͘ ».(Ph. Sollers, « EŝǀĞĂƵdž ƐĠŵĂŶƚŝƋƵĞƐ Ě͛ƵŶ

texte moderne.», Cité in J. Kristeva, 1968 : 323). De ce système hétérogène dépend la créance

chez ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ, qui tend à visionner ůĂ ƉƌĠƐĞŶĐĞ Ě͛ƵŶ ĂůƚĞƌ-ego en compulsant le caractère opinal, probable, et stéréotypé Ě͛ƵŶĚŝƚůŝƚƚĠƌĂŝƌĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞ :

« inĐŽŶƐĐŝĞŶƚ͕ ƌĞĨŽƵůĠ͕ ũĂŵĂŝƐ ĂƐƐƵŵĠ ĐŽŵŵĞ ƚĞů͕ ƋƵ͛ŽŶ ŝĚĞŶƚŝĨŝĞ ĂŝƐĠment chez les autres mais dont ŽŶŶ͛Ăũamais conscience pour soi-même.» (Ch. Grivel, 1980 : 81, Cité in J.

L. Dufays, Ibid : 98). Toujours est-il, signifiance et pertinence de ce dit -maximes

sous-jacentes aux textes, et circonscrits dans un champ de pertinence particulier dites

«idéologèmes»- Ɛ͛ŝŶǀĞƐƚŝƐƐĞŶƚ ďĞů Ğƚ ďŝĞŶ dans « les innombrables décontextualisations, et recontextualisations auxquelles il est soumis.» (M. Angenot, 1989 : 894, Cité in R. Amossy, 1997 : 65). De la sorte͕ ĞŶ ĚĠĐƌLJƉƚĂŶƚ ů͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞ ĚƵ ƌŽŵĂŶĞƐƋƵĞ ă ƉĂƌƚŝƌ Ě͛ƵŶĞ ůĞĐƚƵƌĞ ƚƌĂŶƐĐĞŶĚĂŶƚĞ ĚƵ ƚĞdžƚĞ(G. Genette, 1982 : 7), une ůŝƚƚĠƌĂƚƵƌĞĂƵƐĞĐŽŶĚĚĞŐƌĠƐĞĚŽŝƚĚ͛ġƚƌĞĚĠƉůŽLJĠĞ͖ĞůůĞ« Ɛ͛ĠĐƌŝƚĞŶůŝƐĂŶƚ͘;͙ͿUn texte

peut toƵũŽƵƌƐ ĞŶ ůŝƌĞ ƵŶ ĂƵƚƌĞ͕ Ğƚ ĂŝŶƐŝ ĚĞ ƐƵŝƚĞ ũƵƐƋƵ͛ă ůĂ ĨŝŶ ĚĞƐ ƚĞdžƚĞƐ͘ ĞůƵŝ-ci Ŷ͛ĠĐŚĂƉƉĞƉĂƐăůĂƌğŐůĞ ͗ŝůů͛ĞdžƉŽƐĞĞƚƐ͛LJĞdžƉŽƐĞͩ͘(G. Genette, 1982 : 4ème de couverture). Dans cette constellation textuelle à méticulosité connexionniste, une dynamique temporelle de production textuelle « ŵĞƚĞŶĠǀŝĚĞŶĐĞůĂƉƌĠƐĞŶĐĞĚĞů͛ŚĠƚĠƌŽŐğŶĞ͕ĚĞ ů͛ĂůƚĠƌŝƚĠ ĂƵ ƐĞŝŶ ĚĞ ĐŚĂƋƵĞ ĠŶŽŶĐĠ Ğƚ ŵġŵĞ ĐŚĂƋƵĞ ŵŽƚͩ͘(E. Bordas et all., 2004 : 86).

neutralisante dans le sens de faire considérer une structure en mutation « le texte ». Au lieu de mettre ů͛ĂĐĐĞŶƚ ƐƵƌ ů͛ŝŶĐĂƌŶĂƚŝŽŶ ƚĞdžtuelle du monde extérieur « la référenciation », kristeva repense le ƉƌŽĐĞƐƐƵƐĚĞƐƚƌƵĐƚƵƌĂƚŝŽŶăƉĂƌƚŝƌĚĞůĂŶŽƚŝŽŶĚ͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞ͘

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WŽƵƌ ĂŝŶƐŝ ĚŝƌĞ͕ ůĂ ƉƌĠƐĞŶĐĞ ĚĞ ů͛hétérogène, soit-ĞůůĞ ĚĞ ů͛ŽƌĚƌĞ ĚĞ ů͛ĞdžƚĞŶƐŝĨ ŽƵ de ů͛ŝŶƚĞŶƐŝĨ͕ déploie nécessairement des inférences intra/inter-langagiers au travers Ě͛une entreprise de modélisation ĂƌƚŝƐƚŝƋƵĞ ŽƵ Ě͛ĞƐƚŚĠƚŝƐĂƚŝŽŶ͘ Inférences dont leur ƉƌŝŶĐŝƉĞ Ě͛ġƚƌĞ ĞƐƚ ĚĞ ƐƉĠĐŝĨŝĞƌ ůĂ ƉƌŽƉƌŝŽ-ceptivité du spectacle littéraire -socle de la créance͕ Ě͛ƵŶĞ ƉĂƌƚ͕ ƉĂƌ ů͛ŝŶƚĠƌŽĐĞƉƚŝǀŝƚĠ ŽƵ ŵŽĚĞƐ ĚĞ : ů͛Architextualité, la

Paratextualité, et la Métatextualité ͖Ě͛ĂƵƚƌĞƐƉĂƌƚ͕ƉĂƌ l͛ĞdžƚĠƌŽĐĞƉƚŝǀŝƚĠŽƵŵŽĚĞƐ de

ů͛/ntertextualité37 (rapports de co-ƉƌĠƐĞŶĐĞ Ğƚ ĚĞ ĚĠƌŝǀĂƚŝŽŶ ƐŽƵƐ ů͛ĠƚŝƋƵĞƚƚĞ Ě͛Intertextualité et Ě͛Hypertextualité).

Qu͛ŝů Ɛ͛ĂŐŝƐƐĞĚĞƐƉƌŽĐĞƐƐƵs re-distributifs (destructifs/constructifs) ou des corrélations logiques entre séquences translinguistiques38-, et séquences inter/ intratextuels, ů͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞ39 tend à concilier la productivité (Ibid : 52) du texte aux coordonnées historiques, et sociales, voire idéologiques dans un mouvement circulaire et triadique ĚĞů͛ŚĠƚĠƌŽŐğŶĞ40; celui de la généricité textuelle, celui de la thématique, et celui de ů͛ĠŶŽŶĐŝĂƚŝŽŶ͘

37 - >ĞƚƌĂǀĂŝůĚ͛ƵŶƚĞdžƚĞ « est une permutation de textes, une intertextualité ͗ĚĂŶƐů͛ĞƐƉĂĐĞĚ͛ƵŶƚĞdžƚĞ

ƉůƵƐŝĞƵƌƐĠŶŽŶĐĠƐƉƌŝƐăĚ͛ĂƵƚƌĞƐƚĞdžƚĞƐƐĞĐƌŽŝƐĞŶƚĞƚse neutralisent. » (J. Kristeva, 1968 : 75). 38

- LĞ ƚĞdžƚĞ ĞŶ ƚĂŶƚ ƋƵ͛ĂƉƉĂƌĞŝů ƚƌĂŶƐůŝŶŐƵŝƐƚŝƋƵĞ : « ƌĞĚŝƐƚƌŝďƵĞ ů͛ŽƌĚƌĞ ĚĞ ůĂ ůĂŶŐƵĞ ĞŶ ŵĞƚƚĂŶƚ ĞŶ

relation une parole commƵŶŝĐĂƚŝǀĞ ǀŝƐĂŶƚ ů͛ŝŶĨŽƌŵĂƚŝŽŶ ĚŝƌĞĐƚĞ ĂǀĞĐ ĚŝĨĨĠƌĞŶƚƐ ĠŶŽŶĐĠƐ ĂŶƚĠƌŝĞƵƌƐ Ğƚ synchroniques. » (E. Cros, 2003 : 52).

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- >͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞƌĞŶĨĞƌŵĞune valeur supra-segmentale des énoncés suivant un ordre tant textuel du roman (programmation initiale du texte romanesque, les écarts, les enchaînements, etc.), ƋƵ͛ĞdžƚƌĂƚĞdžƚƵĞů͕(à provenances extra-romanesques).

x 40 - Première boucle (V. Chklovski, 1965 : 170, Cité in J. Kristeva, Op. cit. : 60) expose tout le trajet romanesque tantôt en justifiant le choix de la généricité textuelle et son intentionnalité (le comment/le pourquoi), tantôt en conceptualisant la programmation textuelle avant même la réalisation du projet créatif ;

x La deuxième boucle est située au niveau thématique du message textuel. Le texte est

thématiƋƵĞŵĞŶƚĂdžĠăƉĂƌƚŝƌĚĞĚŝǀĞƌƐũĞƵdžĚ͛ŽƉƉŽƐŝƚŝŽŶƐĞdžĐůƵƐŝǀĞƐ͕LJĐŽŵƉƌŝƐůĂƉrésupposition initiale du tiers-ĞdžĐůƵ ;ƵŶ ĐŚŽŝdž ĨŽƌĐĠ Ě͛ĞdžĐůƵƐŝŽŶ ĚĞ ů͛ƵŶ ĚĞƐ ƚĞƌŵĞƐ ŽƉƉŽƐĠƐͿ͘ >Ğ ĐĂƐ ĠĐŚĠĂŶƚ͕ ů͛ĞdžĐůƵƐŝŽŶ ŽƵ ů͛ŝƌƌĠĚƵĐƚŝďŝůŝƚĠ ĚĞƐ ƚĞƌŵĞƐ ĚŽŝƚ ƌŽŵƉƌĞ ůĞ ǀŝĚĞ ƐƉĂƚŝal du tiers-exclu par des combinaisons sémiques ĂŵďŝŐƵģƐ͕ ǀŽŝƌĞ ƉĂƌ ƵŶ ƌĠƐĞĂƵ ĚĞ ƌĞŵƉůŝƐƐĂŐĞƐ͕ Ě͛ĞŶĐŚĂŠŶĞŵĞŶƚƐ͕ ĚĞ ĚĠǀŝĂƚŝŽŶƐ ĂĨŝŶ ĚĞ ĨĞŝŶĚƌĞ ŽƵ ĚĞ ŵĂƐƋƵĞƌ ůĂ ŶĠŐĂƚŝŽŶ͘ ĞƚƚĞ ĚĞƌŶŝğƌĞ Ɛ͛ĂĨĨŝƌŵĞ ƉĂƌ ƵŶĞ ĨŽƌŵĞ ĚĞ ĚƵƉůŝĐŝƚĠ͕ ǀŽŝƌĞ ĚĞ ͨƉŽƐƐŝďŝůŝƚĠƐ douteuses» de sorte que la disjonction qui ouvre le roman et le clôture, cède la place à un oui-non (à la non-disjonction) (J. Kristeva, Op. cit.: 61). Ce premier mouvement de programmation romanesque serait suivi par un second mouvement de déplacement de la duplicité ͖ƉƵŝƐƉĂƌƵŶƚƌŽŝƐŝğŵĞŵŽƵǀĞŵĞŶƚĚĞů͛ŽƵďůŝ de la non-disjonction par la transformation du négatif au positif ; en perdant de vue la feinte avec ů͛ĂĐĐĞƉƚĂƚŝŽŶĚ͛ƵŶĞŝŶƚĞƌƉƌĠƚĂƚŝŽŶƵŶŝǀŽƋƵĞĞƚĞƌƌŽŶĠĞĚ͛ƵŶŵĞƐƐĂŐĞĚŽƵďůĞ͘ŶĞĨĨĞƚ͕ůĞƐŝůĞŶĐĞŝŵƉŽƐĠ par ĐĞƚƚĞǀĂůĞƵƌĚŝƐũŽŶĐƚŝǀĞĚĞůĂďŽƵĐůĞƚŚĠŵĂƚŝƋƵĞƉƌŽŐƌĂŵŵĂƚƌŝĐĞĚƵƌŽŵĂŶƐĞƚƌŽƵǀĞĐŽŵďůĞƌ͕Ě͛ƵŶĞ

Schéma n° 6 : La proprioceptivité du spectacle littéraire ͗ů͛ŚĠƚérogène textuel en question(s).

YƵĞůůĞ ƋƵ͛ĞůůĞ ƐŽŝƚ ů͛ŚĠƚĠƌŽŐĠŶĠŝƚĠ ƚĞdžƚƵĞůůĞ͕ ĐŽŶƐƚŝƚƵƚŝǀĞ ŽƵ montrée41, les rapports ĞŶƚƌĞĚŝƚƐůŝƚƚĠƌĂŝƌĞƐĞƚĚ͛ĂƵƚƌĞƐƐŽƌƚĞƐĚĞĚŝƚƐ͕ƐŽŝent-ŝůƐĚĞů͛ŽƌĚƌĞĚĞƐŝŶƚĞƌ-dits, des pensées ou des écrans, semblent traduire les rapports dits inter-sémiotiques (A C. Gignoux, 2005 :54), voire trans-sémiotiques. A vrai dire, la transcendance ƐĠŵŝŽƚŝƋƵĞ ĞƐƚ ů͛ĞdžƉƌĞƐƐŝŽŶ ŵġŵĞ Ě͛ƵŶĞ ĐĞƌƚĂŝŶĞ ĐŝƌĐƵůĂƚŝŽŶ Ě͛ĂƵƚŽƌŝƚĠ ĚĂŶƐ ů͛ĂĐƚĞ Ě͛ĠĐƌŝƚƵƌĞ (M. Butor, 1974 : 442, in A. C. Gignoux, 2005 : 55); ou en quelque sorte de part, en absorbant la duplicité pivot-ƌĞůĂŶĐĞ ĚĞƐ ĠĐĂƌƚƐ ;ůĞ ĚŝĂůŽŐŝƐŵĞͿ ĚĞ ůĂ ƐĐğŶĞ͕ Ě͛ĂƵƚƌĞ ƉĂƌƚ͕ ĞŶ soumettant cette même duplicité à une univocité de la dŝƐũŽŶĐƚŝŽŶ ƐLJŵďŽůŝƋƵĞ ŐĂƌĂŶƚŝƚ ƉĂƌ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƚƌĂŶƐĐĞŶĚĞŶƚĂůĞ ŽƵ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ͘ >Ğ ƚƌĂũĞƚ ƚĞdžƚƵĞů ƌĂĨŝƐƚŽůĞ ƐĂ ƉŽƐƐŝďŝůŝƚĠ ĞŶ ĐŽŶĐŝůŝĂŶƚ ůĂ ĐŽŶƚŝŶŐĞŶĐĞ ĚĞ ů͛ŽƉƉŽƐŝƚŝŽŶ ;ŵŽĚĞ Ăůéthique : nécessaire, possible, etc.) au mode de la réunion des contraires (mode déontique : réunion obligatoire, indifférence défendue, etc.) ;

x >Ă ƚƌŽŝƐŝğŵĞ ďŽƵĐůĞ ĚƵ ƚƌĂũĞƚ ƚĞdžƚƵĞů ĞƐƚ ĚŝƚĞ Ě͛ĠŶŽŶĐŝĂƚŝŽŶ͘ ůůĞ Ɛ͛ŝŶĐĂƌŶĞ ĞŶ ĚĞƵdž ŵŽŵĞŶƚƐ

distincts ͗ ĐĞůƵŝ ĚĞ ůĂ ƉĂƌŽůĞ ĂƐƐƵŵĠĞ ƉĂƌ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ ƐŽƵƐ ĨŽƌŵĞ Ě͛ƵŶ ĠŶŽŶĐé référentiel « narration » ; et celui de la parole attribuée à une autre instance énonçante imposant son autorité sur ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ ĚĂŶƐ ĚĞƐ ƉƌĠŵŝƐƐĞƐ ƚĞdžƚƵĞůůĞƐ ͨ la citation ͩ͘ ĞƐ ĚĞƵdž ŵŽŵĞŶƚƐ Ɛ͛ĞŶĐŚĞǀġƚƌĞŶƚ ĚĂŶƐ ůĞ ƚƌĂũĞƚ ƚĞdžƚƵĞů ũƵƐƋƵ͛ă ů͛ĂďƐŽƌƉƚŝŽŶ ů͛ƵŶ ĚĞ ů͛ĂƵƚƌĞ͕ Ğƚ ů͛ĠĐŚĂĨĂƵĚĂŐĞ Ě͛ƵŶ ŵŽĚĞ Ě͛ĠŶŽŶĐŝĂƚŝŽŶ inférentiel (non-syllogistique) : des séquences soit référentielles ou citationnelles ; prémisses véridictoires ĚĞ ů͛ŝŶĨĠƌĞŶĐĞ ĐŽŶĚŝƚŝŽŶŶĞŶƚ ů͛ĂĨĨŝƌŵĂƚŝŽŶ ƉĂƌ ůĞ ƐƵũĞƚ ĚĞ ů͛ĠŶŽŶĐĠ ƌŽŵĂŶĞƐƋƵĞ Ě͛ƵŶĞ ƐĠƋƵĞŶĐĞ ĐŽŶĐůƵĂŶƚĞ ĚĞ ů͛ŝŶĨĠƌĞŶĐĞ͘ Ğ ůĂ ƐŽƌƚĞ͕ ů͛ŝŶĨĠƌĞŶĐĞ ƌŽŵĂŶĞƐƋƵĞ ƉƌŽĐğĚĞ ƐƵŝǀĂŶƚ ƵŶ ƉƌŽĐĞƐƐƵƐ Ě͛ĂŐŐůƵƚŝŶĂƚŝŽŶĚƵĚŝƐĐŽƵƌƐĚĞů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ͕ĞƚĚĞů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞĠŶŽŶĕĂŶƚĞ͘ĞƐĂŐĞŶƚƐŝŶĨĠƌĞŶƚŝĞůƐ ƉŽƌƚĞŶƚĐĂƵƚŝŽŶĚĞů͛ĂĚũŽŶĐƚŝŽŶĞƚĚĞůĂũƵdžƚĂƉŽƐŝƚŝŽŶĚ͛ƵŶĠŶŽŶĐĠƌĠĨĠƌĞŶƚŝĞůĞƚĚĞƐƉƌĠŵŝƐƐĞƐƚĞdžƚƵĞůůĞƐ dans un mouvement à la fois progressif et itératif. Ainsi, en nouant ou en totalisant les deux énoncés narratifs et citationnels, les agents inférentiels sont dits internucléaires ou « jonctifs ». Or, dans le cas où ĐĞƐĂŐĞŶƚƐƚƌĂŶƐƉŽƐĞŶƚƵŶĠŶŽŶĐĠĚ͛ƵŶĞƐƉĂĐĞăƵŶĂƵƚƌĞĞŶƚƌĂŶƐĨŝŐƵƌĂŶƚƐŽŶŝĚĠŽůŽŐğŵĞ ; ils sont dits intra-nucléaires ou translatifs. De fait, le geste inférentiel réalise une constellation énonciative à la fois de symbolisaƚŝŽŶ ĚĞ ůĂ ǀĠƌŝƚĠ ƉĂƌ ůĞ ǀĞƌďĞ͕ Ğƚ ĚĞ ĚĠƉůĂĐĞŵĞŶƚ ĚĞ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ Ě͛ƵŶ ŶŝǀĞĂƵ discursif (communicationnel) à un niveau textuel de productivité.

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- Termes dus à Authier-Revuz (1984 :98-11).

Transtextualité Architextualité relation générique Métatextualité relation de commentaire Paratextualité les alentours Transfictionnalité réseaux fictionnels Polytextualité receuil Hypertextualité relation de transformation Intertextualité ƌĞůĂƚŝŽŶĚ͛ŝŶĐůƵƐŝŽŶ

traductibilité transcendante de la visibilité. Peu ou prou consciente ĚĞ ů͛ŝŶĨůƵĞŶĐĞ Ě͛ĂƵƚƌĞƐĂĐƚŝǀŝƚĠƐĠĐƌŝǀantes, toute instance scripturaire convoque, soit de façon illicite ŽƵĂĨĨŝĐŚĠĞ͕ĐŽŶƐƚŝƚƵƚŝǀĞŽƵŵŽŶƚƌĠĞ͕Ě͛ĂƵƚƌĞƐƐLJƐƚğŵĞƐƉĞƌĐĞƉƚŝĨƐĞƚĠŶŽŶĐŝĂƚŝĨƐ͘ĂŶƐ un premier mouvement de réécriture, le « faire ͩĚĞů͛ĂĐƚŝǀŝƚĠƌĠƉĠƚĂŶƚĞĞst envisagé ƐŽƵƐ ů͛ĠĐƌĂŶ Ě͛ƵŶĞ neutralité déguisée « un énoncé répété et une énonciation

répétante. » (A. Compagnon, 1979 :56, Cité in A.C. Gignoux, Ibid : 56)͘ ůůĞ ů͛ĞƐƚ ƉĂƌĐĞ ƋƵĞ ů͛ŝŶƐĞƌƚŝŽŶ ŽƵ ůĂ ŐƌĞĨĨĞ ŵġŵĞ Ě͛ĂƵƚƌĞƐ ĚŝƚƐ ĚĂŶƐ ůĞ Ěŝƚ ĚĞ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ĐƌĠĂƚƌŝĐĞ ĞƐƚ effectuée, Ě͛ƵŶĞƉĂƌƚ͕ƉŽƵƌƌĞŶĨŽƌĐĞƌet susciter un nouveau effet sémiosique dans un emboitement parfois vertigineux de re-contextualisation, et de re-énonciation (A.C. Gignoux, Ibid : 58)͕ Ě͛ĂƵƚƌĞ ƉĂƌƚ͕ pour ĂĨĨŝĐŚĞƌ ƵŶĞ ƐŽƌƚĞ Ě͛ĂƵƚŚĞŶƚŝĐŝƚĠ ă ƉĂƌƚŝƌ ĚƵ Ěŝƚ ĐŽŶǀŽƋƵĠ͕ŐĂƌĂŶƚĚ͛ƵŶƌĂŝƐŽŶŶĞŵĞŶƚ par autorité͛͘ĞƐƚůĞĐĂƐĚĞůĂĐŝƚĂƚŝŽŶ«la forme

ƐŝŵƉůĞĚ͛ƵŶĞƌĞůĂƚŝŽŶ interdiscursive de répétition.» 42(A. Compagnon, Ibid : 55), mais dont son insertion dans le nouveau dit littéraire pourrait favoriser des ambigüités discursives étant : « le départ Ě͛ƵŶĞĚŝƐĐƵƐƐŝŽŶŝŶĨŝŶŝĞͩ͘ (A. Gide, La symphonie pastorale, Cité in A.C. Gignoux, 2005 :56-58).  ĐĞ ŶŝǀĞĂƵ͕ ůĞ Ěŝƚ ĐŽŶǀŽƋƵĠ ĂĐƋƵŝĞƌƚ ĞŶ ƉůƵƐ Ě͛ƵŶĞ ǀĂůĞƵƌ Ě͛ĂƵƚŽƌŝƚĠ ƵŶĞ ŶŽƵǀĞůůĞ de vérité co-textuelle complexe de valeurs de répétition

;Ě͛ŽƌŶĞŵĞŶƚ͕ Ğƚ Ě͛ŝllustration). Cette dernière valeur traduit le tƌĂŶƐĨĞƌƚ͕Ğƚ ů͛ĞŵƉƌƵŶƚ

de premier degƌĠĚ͛ƵŶĞĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞĠƚƌĂŶŐğƌĞĞn une ƐŽƌƚĞĚ͛ĂĚĂƉƚĂƚŝŽŶƌĠĨůĞdžŝǀĞĂvec ůĞĚŝƚĚĞů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞĐƌĠĂƚƌŝĐĞƐĂŶƐƉŽƵƌĂƵƚĂŶƚƋƵ͛ŝůy ait transformation langagière. Or, la greffe elle-même Ě͛un autre Ěŝƚ ĚĂŶƐ ů͛ĞƐƉĂĐĞ ƚĞdžƚƵĞů ůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ ŝŵŵĂŶĞ Ě͛ƵŶĞ gymnastique intellectuelle qui projette la rencontre de deux cogitos à visée dialectique, voire différentielle. A vrai dire, ů͛ĂƐƉĞĐƚĚŝĨĨĠƌĞŶƚŝĞůŶ͛ĞƐƚƉůƵƐĚĞů͛ŽƌĚƌĞĚƵ répétitif (réécritureͿ͕ ŵĂŝƐ ĚĞ ů͛ŽƌĚƌĞ ĚƵ ƐĠůĞĐƚŝĨ ;ĐŚŝĂƐŵĞ ĐŽƐŵŝƋƵĞͿ͘ >Ğ ĐŚŽŝdž ĚĞƐ effets de prisme ĞƐƚƚƌŝďƵƚĂŝƌĞĚƵĚŽƵďůĞĠĐƌĂŶĚƵǀŝƐŝďůĞĞƚĚĞů͛ŝŶǀŝƐŝďůĞ͕ǀŽŝƌĞĚƵĚŝƚ et du non-dit. Les moments de coïncidence du paraitre-apparaître entre les deux écrans se fait quand la valeur de vérité cotextuelle dissipe les malentendus générés par

42

- « >͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĞůĚĂŶƐůĞƋƵĞůest pris tout texte, ƉƵŝƐƋƵ͛ŝůĞƐƚlui-ŵġŵĞů͛ĞŶƚƌĞƚĞdžƚĞĚ͛ƵŶĂƵƚƌĞƚĞdžƚĞ͕ ne peut se confondre avec quelque origine du texte : rechercher les « sources », les « influences ͩĚ͛ƵŶĞ ƈƵǀƌĞ͕ Đ͛ĞƐƚ ƐĂƚŝƐĨĂŝƌĞ ĂƵ ŵLJƚŚĞ ĚĞ ůĂ ĨŝůŝĂƚŝŽŶ ; les citations dont est fait un texte sont anonymes, irrepérables et cependant déjà lues : ce sont des citations sans guillemets.» (R. Barthes, 1971 ; 1984 : 73)

une déformation volontaire ou par erreurs (auto-citation/citation cachée)43. De surcroit, ůĂǀĂůĞƵƌĚĞǀĠƌŝƚĠƉĞƵƚġƚƌĞƌĞŶĨŽƌĐĠĞƐŽŝƚƉĂƌůĂƌĠĨĠƌĞŶĐĞ͕ƐŽŝƚƉĂƌů͛ĂůůƵƐŝŽŶ͘ Ainsi, ĐĞƐĚĞƵdžĚĞƌŶŝğƌĞƐŵŽĚĂůŝƚĠƐƉĞƌŵĞƚƚĞŶƚĚ͛ĂƵƚŚĞŶƚŝĨŝĞƌůĂƉƌĠƐĞŶĐĞŵġŵĞĚ͛ƵŶ dit étranger : « Antoine Compagnon fait remarquer que la référence oblige à se

ĚĠƉŽƌƚĞƌ ĚĞ ůĂ ǀĠƌŝƚĠ ĚĞ ů͛ĠŶŽŶĐĠ ă ů͛ĂƵƚŚĞŶƚŝĐŝƚĠ ĚĞ ů͛ĠŶŽŶĐŝĂƚŝŽŶͩ͘ (A.C. Gignoux, Op.

cit. :59). Ainsi, la référence porte ĐĂƵƚŝŽŶĚ͛ĂďƐĞŶce de plagiat en une sorte de contrat

moral « renforcer la fiducie». Kƌ͕ ĐĞ Ŷ͛ĞƐƚ ƉĂƐ ƚŽƵũŽƵƌƐ ůĞ ĐĂƐ ƉŽƵƌ ůĞƐ ƌĠĨĠƌĞŶĐĞƐ ĨŝĐƚŝǀĞƐ ƋƵŝ ƚĞŶĚĞŶƚ ĚĂŶƐ ĐĞƌƚĂŝŶƐ ĐŽŶƚĞdžƚĞƐ ă ĠŐĂƌĞƌ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ ĚĂŶƐ ƵŶ labyrinthe de citations et de renvois. Certaines habitudes déconcertantes des «jeux

Ě͛ĠƌƵĚŝƚŝŽŶ» dans le dit fictif multiplient les écrans sémiosiques pour détourner

ů͛ƵƚŝůŝƐĂƚŝŽŶ ƚƌŽƉ ƌŝŐŝĚĞ ĚĞ ů͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůŝƚĠ͘ EŽŶŽďƐƚĂŶƚ ů͛ŝŶĚŝƐĐƌĠƚŝŽŶ ĚĞƐ ĞŶũĞƵdž ĚĞ référentiation ƉŽƵƌ ĚŝƌĞ ů͛ŝŶƚĞƌĚŝƚ͕ ů͛ĂůůƵƐŝŽŶ44comme deuxième modalité de citation, ƌĞŶĨŽƌĐĞůĂĚŝƐĐƌĠƚŝŽŶĞƚů͛ŝŵƉůŝĐŝƚĂƚŝŽŶ :

« Figure macro-structurale, selon laquelle un même signifiant prend une signification par rapport à un autre signe du discours, et un signifié différent par rapport à un ‡•‡„Ž‡ †ǯ‹ˆ‘”ƒ–‹‘• ‡š–±”‹‡—”s  …‡ †‹•…‘—”•Ǥ ȏǥȐ Ž › †‘… ’”‘†—…–‹‘ †‡ •‡• •‘‹– efficace ; mais il faut que chacun soit homogène et que la rencontre se fasse, au point où Žǯ—•‡ˆ‡”‡‡–Žǯƒ—–”‡•ǯ‘—˜”‡ǡ’ƒ”—•igne congruent aux deux isotopies. » (G. Molinié, 1989 : 12).

Entre affichage et discrétion des deux phénomènes intertextuels « allusion »45 et « référence », et loin des détails microstructuraux du texte (un énoncé, voire un mot), ƐĞƉůĂĐĞŶƚĚ͛ĂƵƚƌĞƐƐŽƌtes de phénomènes langagiers dans un second mouvement de réécriture parfois totalement ǀŝƐŝďůĞƐ͘ WŽƵƌ ĂŝŶƐŝ ĚŝƌĞ͕ ůĞ ĨĂŝƌĞ ĚĞ ů͛ĂĐƚŝǀŝƚĠ ƌĠƉĠƚĂŶƚĞ touche à des unités sémiosiques macrostructurales ͗ ƉŚĠŶŽŵğŶĞƐ Ě͛ŝŶƚĞƌ-dits de

43

- YƵĂŶƚ ă ůĂ ĐŝƚĂƚŝŽŶ͕ ĞůůĞ ĨĂŝƚ ĐŽƌƉƐ ĂǀĞĐ ůĞ ƚĞdžƚĞ ƉƌŝŶĐŝƉĂů͕ ŵĂŝƐ ůĞ ĚĞŐƌĠ Ě͛ŚĠƚĠƌŽŐĠŶĠŝƚĠ ĞƐƚ ƉůƵƐ exhibé grâce à des éléments aisément repérables dans le texte (guillemets italiques, retraits, etc.). Le geste intertextuel insiste sur le morcellement, et la fragmentation de tous les énoncés ; et « se met

ƉĂƌĂĚŽdžĂůĞŵĞŶƚĂƵƐĞƌǀŝĐĞĚ͛ƵŶĞĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞĚĞĚŝƐƐŽůƵƚŝŽŶĚĞůĂŵĠŵŽŝƌĞĚĂŶƐůĂĚémultiplication de la référence. » (E. Bordas, Ibid : 92).

44

->͛ĂůůƵƐŝŽŶ ƉŽƵƌƌĂŝƚ ġƚƌĞ ĚĞ ŶĂƚƵƌĞ ĂƌƚŝƐƚŝƋƵĞ ĐŽŵŵĞ ĞůůĞ ƉŽƵƌƌĂŝƚ ġƚƌĞ ĚĞ ŶĂƚƵƌĞ ĐƵůƚƵƌĞůůĞ͕ historique, politique, personnelle, idiomatique, ou même purement linguistique « jeux de mots ».

45

- Entre allusions et réminiscences, le régime intertextuel serait soumis à deux modes de reconnaissance interprétative ; le premier est dit aléatoire, est fonction du calcul interprétatif de ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ ; le second est dit obligatoire, se présentĂŶƚ ƐŽƵƐ ĨŽƌŵĞ Ě͛ĂŐƌĂŵŵĂƚŝĐĂůŝƚĠ ƐĠŵĂŶƚŝƋƵĞƐ͕ƐLJŶƚĂdžŝƋƵĞƐ͕ŵŽƌƉŚŽůŽŐŝƋƵĞƐ͕Ɛ͛ŝĚĞŶƚŝĨŝĞăƉĂƌƚŝƌĚĞůĂƉƌĠƐĞŶĐĞůƵĐŝĚĞĚ͛ƵŶĂƵƚƌĞƚĞdžƚĞ(A. Tossel, A. C. Gignoux, 2001 : 58).

ƚƌĂŶƐĨŽƌŵĂƚŝŽŶ Ğƚ Ě͛ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ (parodie, pastiche)46. Ainsi, ů͛ĂĐƚŝǀŝƚĠ ƌĠƉĠƚĂŶƚĞ ĚƵ ƐƚLJůĞ

«ŵĂŶŝğƌĞ Ě͛ŚĂďŝƚĞƌ ůĞ ŵŽĚĞ ŽƵ ĚĞ ƌĞƉƌĞŶĚƌĞ ůĞ ŵŽŶĚĞ réel dans le monde fictif.»,

consiste pour le premier cas de figure à «reprendre un texte connu pour lui donner une

signification nouvelle, en joƵĂŶƚ ĂƵ ďĞƐŽŝŶ Ğƚ Ɛŝ ƉŽƐƐŝďůĞ ƐƵƌ ůĞƐ ŵŽƚƐ ΀͙΁ ; (G. Genette,

1982 : 28) ; la forme la plus rigoureuse de la parodie 47ĞƐƚůĂƚƌĂŶƐƉŽƐŝƚŝŽŶĚ͛un texte à

visée humouristique ou ludique. La transformation tend à rappeler par de très nombreux détails le scénaƌŝŽ ŽƌŝŐŝŶĂů ĚƵ ƚĞdžƚĞ ƉĂƌŽĚŝĠ ŵġŵĞ Ɛŝ ů͛ĂƐƉĞĐƚ transformationnel touche aux éléments les plus constitutifs du texte : êtres fictifs, cadre spatio-temporel, intrigue, etc. Tout au contraire, le pastiche est une activité répétante dont le faire suggère à reprendre «ăůĂ ŵĂŶŝğƌĞĚĞͩ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ les tics langagiers, mais cette fois-ci, il se présente comme un exercice de réécriture en ƉĂƌƚĂŶƚĚ͛ƵŶĚĠũă-ĠĐƌŝƚƉŽƵƌƉĂƌǀĞŶŝƌăĂƵƚƌĞĐŚŽƐĞăƉĂƌƚŝƌĚĞĐĞŵĂƚĠƌŝĂƵ͘>͛ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ Ě͛ƵŶƐƚLJůĞĞƐƚůŽŝŶĚ͛être ƐĂƚŝƌŝƋƵĞ͕ŵĂŝƐĞůůĞŵĞƚů͛ĂĐĐĞŶƚƐƵƌƵŶĞƉĂƌƚŝŶǀŽůŽŶƚĂŝƌĞĚĞ ƌĞĐŽŶŶĂŝƐƐĂŶĐĞĚĞů͛ĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞƐŝŶŐƵůŝğƌĞĚĞů͛ĞdžƉƌĞƐƐŝŽŶƉƌŽƉƌĞăƵŶĞĂƵƚƌĞŝŶƐƚĂŶĐĞ créatrice :

« ǯƒ––‡†•avec impatience le vaccin littéraire qui me délivrera du sortilège que me suis-je iˆŽ‹‰±  †‡••‡‹ ’ƒ” Žǯ‡–”‡‹•‡ †‡ Š‘ƒ• ernŠƒ”† –”ƒ•ˆ‘”ƒ– Žǯ‘„•‡”˜ƒ–‹‘ ‡– Žǯƒ†‹”ƒ–‹‘†‡•‘±…”‹–—”‡ǤȏǥȐU‘–‹ˆ’ƒ”‘†‹“—‡†ǯ±…”‹–—”‡‡‡ƒ…‡’ƒ–Š‘‰°‡ǡ‡ sida, écrivant par là un livre essentiellement bernhardien par son principe accomplissant ’ƒ” Ž‡ –”—…Š‡‡– †ǯ—‡ ˆ‹…–‹‘ ‹‹–ƒ–‹˜‡ —‡ •‘”–‡ †ǯ‡••ai sur thomas bernhard, avec Ž‡“—‡ŽŒǯƒ‹†‡ˆƒ‹–˜‘—Ž—”‹˜ƒŽ‹•‡”ǥ » (H. Gibert, 1990 : 216-217).

46

Les pratiques de dérivations ou de réécriture entre un hypertexte et un hypotexte visent « ƐŽŝƚ ;͙Ϳ ĚĠƚŽƵƌŶĞƌ ůĞ ƐĞŶƐ ĚĞ ů͛ŚLJƉŽƚĞdžƚĞ͕ Ğƚ ůĞ ƌĠĠĐƌŝƌĞ͕ ůĞ ƉůƵƐ ƐŽƵǀĞŶƚ ĚĂŶƐ ƵŶĞ ŝŶƚĞŶƚŝŽŶ ƉĂƌŽĚŝƋƵĞ͕ ƐŽŝƚ ;͙Ϳ reproduire le style dans une production textuelle nouvelle. » (M. C. Albert, M. Souchon, 2000 : 155)͘^ŽŝƚĚ͛ŽƌĚƌĞ descriptif ou iŶƚĞůůĞĐƚƵĞů͕ ůĂ ĚĠƌŝǀĂƚŝŽŶ ƐĞ ƐƉĠĐŝĨŝĞ ƉĂƌ ů͛ĠǀŽĐĂƚŝŽŶ ŵĂŶŝĨĞƐƚĞ ĚĞ ů͛ŚLJƉŽƚĞdžƚĞ ƐĂŶƐ nécessairement le nommer « transformation ͕ͩŽƵƉĂƌƵŶĞƐŽƌƚĞĚ͛ͨ imitation » modulée ou forgée. Dans les deux cas de figures, le régime de la relation soit-il ludique, satirique, ou sérieux donnent lieu respectivement « pour la transformation : la parodie, le travestissement burlesque, et la transposition ; Ğƚ ƉŽƵƌ ů͛ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ͕ ůĞ ƉĂƐƚŝĐŚĞ͕ ůĂ ĐŚĂƌŐĞĞƚ ůĂ ĨŽƌŐĞƌŝĞ͘ » (E. Bordas et all., 2004 : 87-88). A la différence de parodie, « ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ ĐĂƌŝĐĂƚƵƌĂůĞ Ě͛ƵŶĞ ƈƵǀƌĞ ĐŽŶŶƵĞ͘ >ĞƉĂƌŽĚŝƐƚĞ ĂŵƵƐĞ ƐĞƐ ůĞĐƚĞƵƌƐ ĞŶ ƐĞ ŵŽƋƵĂŶƚ ĚĞƐ ƚŝĐƐ ƐƚLJůŝƐƚŝƋƵĞƐ͕ ĚĞƐ ĨĂŝďůĞƐƐĞƐ ĚĞ ů͛ƈƵǀƌĞ ĐĠůğďƌĞ ƉƌŝƐĞ ƉŽƵƌ ĐŝďůĞ͘ KŶ ƉĞƵƚ ƉĂƌŽĚŝĞƌ ƵŶ ŐĞŶƌĞ͕ ƵŶ ƐƚLJůĞŽƵƵŶĞƈƵǀƌĞƉƌĠĐŝƐĞ ͖ŽŶƉĞƵƚƉĂƌŽĚŝĞƌů͛ƈƵǀƌe entière ou une page connue, une simple phrase, un simple vers, un simple titre. ͕ͩůĞƉĂƐƚŝĐŚĞƚĞŶƚĞĚ͛ŝŵŝƚĞƌƵŶĞƈƵǀƌĞĞŶƐ͛ĞŶƌĂƉƉƌŽĐŚĂŶƚůĞƉůƵƐƉŽƐƐŝďůĞ͕ ĂƵƉŽŝŶƚĚĞƚƌŽŵƉĞƌƉĂƌĨŽŝƐƐƵƌů͛ŽƌŝŐŝŶĞŽƵĚĞƐĞŵĞƌůĞƚƌŽƵďůĞƐƵƌů͛ŝŶƚĞŶƚŝŽŶĚĞů͛ĂƵƚĞƵƌ;ũĞu, canular, ƉůĂŐŝĂƚ͕ŝŵŝƚĂƚŝŽŶƐĠƌŝĞƵƐĞĞƚĐƌĠĂƚƌŝĐĞ͙ ?).

47

- « Para-oôdé ͖ ƉĂƌƀĚĞŝŶ͕ Ě͛Žƶ ƉĂƌƀ-dia : chanter à côté, c'est-à-dire déformer, ou transposer, une mélodie (G. Genette, 1982 :20).

En effet, qƵĞůůĞƋƵ͛ĞůůĞƐŽŝƚůĂǀŝƐĠĞ48 ĚĞů͛ĂĐƚĞƐŝŶŐƵůŝĞƌĚĞƌĠĠĐƌŝƚƵƌĞ49, « satirique » ou admŝƌĂƚŝǀĞ͕ůĂƚƌĂŶƐƉŽƐŝƚŝŽŶĚ͛ĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞƐůĂŶŐĂŐŝğƌĞƐĚĂŶƐůĞĐĂĚƌĞĚƵĨŝĐƚŝĨĚĠŵŽŶƚƌĞ ũƵƐƋƵ͛ă ƋƵĞů ƉŽŝŶƚ ůĞƐ ŝŶƚĞƌ-écrans, ou les inter-spectacles sauvegardent ů͛ŝŶĚŝǀŝĚƵĂůŝƐĂƚŝŽŶ ƚŽƵƚ ĞŶ ŵĂŶŝĨĞƐƚĂŶƚ ů͛ĞƐƉƌŝƚ ĚĞ ĐŽůůĞĐƚŝǀŝƚĠ «rencontre de double

expériences de traduisibilité du monde réel dans le monde fictif.». Modes non moins

ĞŵƉŝƌŝƋƵĞ Ğƚ ĞĨĨŝĐĂĐĞ ƉŽƵƌ ĐŽŶƐƚŝƚƵĞƌ ĚĞƐ ŵĠƚĂƚĞdžƚĞƐ͘ Kƌ͕ ƋƵ͛ĞŶ ĞƐƚ-il pour le plagiat ?50 Problème plus juridique que littéraire, il est parfois à consolider ů͛ŝŶƚĞƌƐƵďũĞĐƚŝǀŝƚĠentre expériences esthétiques :

« ͙ŶĚĞŚŽƌƐĚĞƐĐĂƐĚĞƉůĂŐŝĂƚƐƐĞƌǀŝůĞƐĞƚĚĞƌĞĐŽƉŝĂŐĞƐăůĂůĞƚƚƌĞ͕ŽŶĚĠĐŽƵǀƌĞůĞƚƌĂǀĂŝů ĠƚŽŶŶĂŶƚ ĚĞ ů͛ĠĐƌŝǀĂŝŶ Ğƚ ƐĞƐ ŵĠƚŚŽĚĞƐ Ě͛ĠĐƌŝƚƵƌĞ : fascination pour une couleur et un ƌLJƚŚŵĞ ǀĞƌďĂů ĠƚƌĂŶŐĞƌ͕ ƚĞŶƚĂƚŝǀĞ Ě͛ĂƉƉƌŽƉƌŝĂƚion et de prolongement de sa propre ŝĚĞŶƚŝƚĠăƚƌĂǀĞƌƐů͛ĂƵƚƌĞ͘>͛ĠĐƌŝƚƵƌĞ͕ŽƵ la ƌĠĠĐƌŝƚƵƌĞ͕ĞdžƉŽƐĞů͛ĂƵƚĞƵƌĂƵƌŝƐƋƵĞĚ͛ĂůŝĠŶĂƚŝŽŶ ĐŽŵŵĞ ă ůĂ ƉƌŽŵĞƐƐĞ Ě͛ƵŶĞ ŶŽƵǀĞůůĞ ŶĂŝƐƐĂŶĐĞ͘ » (H. Maurel-Indart, Cité in A. CC. Gignoux, Op. cit. ; 71).

Reprendre à un niveau macrostructural des passages en entier sans pour autant ŵĞŶƚŝŽŶŶĞƌ ůĞƵƌƐ ƐŽƵƌĐĞƐ ĞƐƚ ĞŶ ĚĠĨŝŶŝƚŝǀĞ ƋƵ͛ƵŶ ĞŶƚĂƐƐĞŵĞŶƚ Ě͛ĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞƐ personnelles ĚŽŶƚ ůĂ ƌĞĐŽŶŶĂŝƐƐĂŶĐĞ ĚĞ ůĂ ǀĂůĞƵƌ Ě͛ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ ǀĂ ĚĞ ƐŽŝ ƐĂŶƐ ƉŽƵƌ autant promouvoir la transparence intellectuelle51͘ĞƚƚĞĚĞƌŶŝğƌĞƌĞƐƚĞĚĞů͛ŽƌĚƌĞĚƵ suggestif en mettant en jeu la fiducie ;ů͛ĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞ ůĞĐƚƌŝĐĞͿ ĚĞ ů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞ ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞ͘

Toutefois, sur un mode réflexif « procédé du blason » (A. Gide, 1948 : 41, Cité in L.

Dallenbach, 1977 : 15) qui consŝƐƚĞ ă ŝŶĐĂƌŶĞƌ ƵŶĞ ƈƵǀƌĞ ĂƵ ĐƈƵƌ ŵġŵĞ ĚĞ ů͛ƈƵǀƌĞ

nouvellement produite : « ΀͙΁ ƵŶ ƉĞƚŝƚ ŵŝƌŽŝƌ ĐŽŶǀĞdžĞ Ğƚ ƐŽŵďƌĞ ƌĞĨůğƚĞ ă ƐŽŶ ƚŽƵƌ

48- Chez le pasticheur, les signes ne réfèrent pas uniquement au ŵŽŶĚĞ͕ŵĂŝƐĂƵƐƐŝăů͛ŝŶƐƚĂŶĐĞĐƌĠĂƚƌŝĐĞ imitée.

49 - Ğ ĐŽŶĐĞƉƚ ĞƐƚ ƐĂƵǀĞŐĂƌĚĠ ƉŽƵƌ ĚĠƐŝŐŶĞƌ ů͛ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ ŽƵ ůĂ ƚƌĂŶƐĨŽƌŵĂƚŝŽŶ ƐĠƌŝĞƵƐĞƐ͕ ĐŽŵŵĞ ĐŚĞnj Genette par « transposition » (1982 : 132-160).

50

- >ĞŐŽŵŵĂŐĞĚĞƚŽƵƚĞĨĨĞƚĚ͛ŚĠƚĠƌŽŐĠŶĠŝƚĠĚĂŶƐůĞĐĂƐĚƵ plagiat ou de « ů͛ŝŵƉůŝ-citaion » en copiant ůĞ ĚŝƐĐŽƵƌƐ ĚĞ ů͛ĂƵƚƌĞ ƐĂŶƐ ĂƵĐƵŶ ƐŝŐŶĞ ĚĠŵĂƌĐĂƚŝĨ ƐŝŶŐƵůĂƌŝƐĞ ů͛ŝŶĐŽƌƉŽƌĂƚŝŽŶ ůĂ ƉůƵƐ ĐŽŵƉůğƚĞ͘ Kƌ͕ ůĂ ƉƌĠƐĞŶĐĞĚĞĐĞƌƚĂŝŶƐŝŶĚŝĐĞƐƐĞƌĠĨĠƌĂŶƚăĚ͛ĂƵƚƌĞƐĚŝƐĐŽƵƌƐĐƌĠĞƵŶ« effet de rupture » ŵġŵĞƐ͛ŝůƐƐŽŶƚ dilués dans le discours principal ͗ĐĂƐĚĞů͛ĂůůƵƐŝŽŶ͕ĞƚŶŽƚĂŵŵĞŶƚĚĞůĂƌĠĨĠƌĞŶĐĞ͘

51

- Une discontinuité, une rupture, et un certain écart sont revendiqués à partir de textes conçus comme juxtaposition de fragments affichés typographiquement en parallèle avec le texte principal : le ŵŽƌĐĞůůĞŵĞŶƚĚĞůĂŶĂƌƌĂƚŝŽŶĞƚů͛ŝŶƐĞƌƚŝŽŶĚĞĨƌĂŐŵĞŶƚƐŚĠƚĠƌŽĐůŝƚĞƐĚĂŶƐůĞƚĞdžƚĞƐĞĐŽŶĐƌĠƚŝƐĞŶƚĚĂŶƐ ů͛ĠƉŝŐƌĂƉŚĞŽƵůĞĐŽůůĂŐĞ͘« ͛ĞƐƚĞŶĞĨĨĞƚůĂƚĞŶƐŝŽŶĞŶƚƌĞĚĞƵdžĠŶŽŶĐĠƐŚĠƚĠƌŽŐğŶĞƐƋƵŝĚŽŶŶĞƐŽŶƐĞŶƐ

ăů͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůité, et le travail interprétatif du lecteur vise à combler cet écart͘;͙Ϳ>͛ĞĨĨĞƚĚ͛ŝŶƚŝŵŝĚĂƚŝŽŶ ƉŽƵƌƉƌŽǀŽƋƵĞƌůĞƌĞĐŽƵƌƐăů͛ĠƌƵĚŝƚŝŽŶƐĞƚƌĂŶƐĨŽƌŵĞ͕ŐƌąĐĞăů͛ŝŶƚĞƌƉƌĠƚĂƚŝŽŶĐŽŶƐƚƌƵŝƚĞƉĂƌůĞůĞĐƚĞƵƌ͕ ĞŶƵŶĞƌĞůĂƚŝŽŶĚĞĐŽŵƉůŝĐŝƚĠĂǀĞĐů͛ĂƵƚĞƵƌ͘ » (E. Bordas, 2004 : 90).

ů͛ŝŶƚĠƌŝĞƵƌ ĚĞ ůĂ ƉŝğĐĞ Žƶ ƐĞ ũŽƵĞ ůĂ ƐĐğŶĞ ƉĞŝŶƚĞͩ͘(A. Gide : Ibid). En ce sens, ce ƉŚĠŶŽŵğŶĞ Ě͛ŝŶƚĞƌ-dits littéraires appelé «mise en abyme» concerne et la microstructure et la macrostructure ; modalité de réflexion «texte spéculaire» ou de

«duplication intérieure» (A. C. Gignoux, Ibid : 73), la mise en abyme est « tout miroir

ŝŶƚĞƌŶĞ ƌĠĨůĠĐŚŝƐƐĂŶƚ ů͛ĞŶƐĞŵďůĞ ĚƵ ƌĠĐŝƚ ƉĂƌ ƌĠduplication simple, répétée, ou spécieuse.» (L. Dallenbach, 1977 : 52). Pour le premier cas de figure, « la réduplication simple » offre des similitudes dans la structure enchâssante pour retenir une méta-signification à quelques variations prés ; alors que la « ƌĠĚƵƉůŝĐĂƚŝŽŶ ă ů͛ŝŶĨŝŶŝ ŽƵ répété » ; deuxième cas de figure, ƉƌŽůŽŶŐĞů͛ĞŶĐŚąƐƐĞŵĞŶƚĚĞƐĨƌĂŐŵĞŶƚƐƐƵŝǀĂŶƚƵŶ ĞŵďŽŝƚĞŵĞŶƚŝŶĨŝŶŝ͘YƵĂŶƚăůĂƌĠĚƵƉůŝĐĂƚŝŽŶƐƉĠĐŝĞƵƐĞŽƵĂƉŽƌŝƐƚŝƋƵĞƉƌŽǀŝĞŶƚĚ͛ƵŶĞ ŝĚĞŶƚŝƚĠ Ě͛Žƶ ůĂ ŵŝƐĞ ĞŶ ƐĐğŶĞ ĚĞ ůĂ ƉƌŽĚƵĐƚŝŽŶ ĚĞ ů͛ƈƵǀƌĞ ĞůůĞ-même sur un mode intra ou méta-diégétique ; le fragment est «censĠ ŝŶĐůƵƌĞ ů͛ƈƵǀƌĞ ƋƵŝ ů͛ŝŶĐůƵƚ͘» ((L.

Dallenbach, 1977 :51). La manifestation de la mise en abyme dans le texte est faite par des

êtres fictifs « garant de vérité », ou par des fragments enchâssés qui se doivent de refléter le contenu fictionnel, métatextuel, ou transcendantal du récit enchâssant52. &ĂĐŝůŝƚĂŶƚ ů͛ŝĚĞŶƚŝĨŝĐĂƚŝŽŶ ĚĞƐ ƉŚĠŶŽŵğŶĞƐ ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĞůƐ ou inter-discursifs, une sorte de discordance temporelle caractérise la mise en abyme en perturbant le déroulement chronologique du récit enchâssant :

« ΀͙΁ů͛ŽŶĚŝƐƚŝŶŐƵĞĚŽŶĐƚƌŽŝƐĞƐƉğĐĞƐĚĞŵŝƐĞƐĞŶĂďLJŵĞĐŽƌƌĞƐƉŽŶĚĂŶƚăƚƌŽŝƐŵŽĚĞƐĚĞ discordance entre les deux temps : la première ƉƌŽƐƉĞĐƚŝǀĞ͕ƌĠĨůĠĐŚŝƚĂǀĂŶƚƚĞƌŵĞů͛ŚŝƐƚŽŝƌĞ à venir ͖ ůĂ ĚĞƵdžŝğŵĞ͕ ƌĠƚƌŽƐƉĞĐƚŝǀĞ͕ ƌĠĨůĠĐŚŝƚ ů͛ŚŝƐƚŽŝre en découvrant les évènements antérieurs comme ƉŽŝŶƚĚ͛ĂŶĐƌĂŐĞĚĂŶƐůĞƌĠĐŝƚͩ͘;>͘ĂůůĞŶďĂĐŚ͕/ďŝĚ : 83).

Kƌ͕ůĂǀŝƐĠĞƉƌŽƐƉĞĐƚŝǀĞƉŽƵƌƌĂŝƚġƚƌĞĚĠƉůŽLJĠĞĚĂŶƐůĞƚĞdžƚĞƐĂŶƐƋƵ͛il y ait emprunt ou greffe ; et ce à partir du paratexte. De par son laconisme quant à la peinture du spectacle littéraire, le paratexte (titres, sous-titres, préfaces, notes, épigraphes, illustrations, jaquettes, autographes et allographes, avant-texte, esquisses, etc) (G.

Genette, 1982 : 10), un des piliers du pacte (contrat) générique et par là même du calcul

52 - Il existe cinq cas de figures de mise en abyme de la nature de ce qui est reflété ; la mise en abyme ĨŝĐƚŝŽŶŶĞůůĞ;ĚĞů͛ĠŶŽŶĐĠͿ ͗ĚŝŵĞŶƐŝŽŶƌĠĨĠƌĞŶƚŝĞůůĞĚĞů͛ŚŝƐƚŽŝƌĞƌĂĐŽŶƚĠĞƋƵŝĞƐƚĚĠĚŽƵďůĠĞĚĂŶƐůĞƌĠĐŝƚ réflexif ; la mise en abyme textuelle (refléter la littérarité du texte) ; la mise en abyme énonciative ; la mise en abyme métatextuelle (celle du code et de la poétique) ; et la mise en abyme transcendantale (métaphore de la réalité originaire du texte).

interprétatif, « est surtout une mine de questions sans réponses.» (G. Genette, Ibid : 10), notamment ƉĂƌĐĞƋƵ͛ŝůĞƐƚĨĂŝƚĚ͛ƵŶĚŝƐĐŽƵƌƐĚ͛ĞƐĐŽƌƚĞ. Si le paratexte entreprend une ƌĞůĂƚŝŽŶŵŽŝŶƐĞdžƉůŝĐŝƚĞĞƚƉůƵƐĚŝƐƚĂŶƚĞĂǀĞĐůĞƚĞdžƚĞ͕ů͛ĂƌĐŚŝƚĞdžƚĞ͕ƋƵĂŶƚăůƵŝ͕ĞŶƚƌĞĞŶ relation muette avec le texte en évoquant en filigrane la généricité textuelle. En toute évidence, les séquences supra-segmentales, dont il est question dans la conception de J. Kristeva, incorporent dans leurs relais, y compris le paratexte, des indices sur le statut générique du texte « effet de loupe » (Y. Reuter, 2005 : 115).

YƵĂŶƚăů͛ĂŶĐƌĂŐĞăůĂĨŽŝƐƐŽĐŝĂůĞƚŝĚĠŽůŽŐŝƋƵĞĚƵƚĞdžƚĞ͕ŝůƐĞƌĠǀğůĞ de prime à bord dans des configurations métatextuelles dans la mesure où la relation de commentaires réside foncièrement dans le métatexte : « ce qui unit un texte à un autre texte dont il

parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire à la limiƚĞ͕ƐĂŶƐůĞŶŽŵŵĞƌ͘;͙Ϳ ͛ĞƐƚƉĂƌĞdžĐĞůůĞŶĐĞůĂƌĞůĂƚŝŽŶĐƌŝƚŝƋƵĞ͘ » (G. Genette, Ibid: 11)͘YƵ͛ŝůƐ͛ĂŐŝƐƐĞĚ͛ĞdžƉůŝĐĂƚŝŽŶ réflexive du projet romanesque (E. Bords, 2004 : 87), ou de commentaires

métalinguistiques renonçant à la fonction référentielle (F. Eurard, 1997 : 53), le métatexte

porte une réflexion imminente ƐƵƌů͛ĞƐƚŚĠƚŝƋƵĞůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ͕ĞƚƉĂƌǀŽŝĞĚĞĐŽŶƐĠƋƵĞŶĐĞ ƐƵƌů͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞƚĞdžƚƵĞů(F. Dugast-Portes, 2001 : 117-119). 53 ĞĚĞƌŶŝĞƌƐ͛ŝŶĐĂƌŶĞĚĞĨĂĕŽŶ plus importante dans les potentialités hyper/hypo/intertextuelles ĚĞ ů͛ƈƵǀƌĞ54. « La

relation, qui unit un texte B à un texte A qui lui est antérieur et avec lequel il ne se situe ƉĂƐ ĚĂŶƐ ƵŶ ƌĂƉƉŽƌƚ ĐŽŵŵĞŶƚĂƚŝĨ͕ ŵĂŝƐ Ě͛ŝŵŝƚĂƚŝŽŶ Ğƚ ĚĞ ƚƌĂŶƐĨŽƌŵĂƚŝŽŶ͕ ă ĚĞƐ ĨŝŶƐ ludiques, satiriques ou sérieuses. » (Y. Reuter, 2005 : 113) singularise des textes « au second degré » ƉĂƌĐĞƚƚĞƉƌŽƉƌŝĠƚĠĚĞĚŝĂůŽŐŝƐŵĞĂǀĞĐůĂĐŽŶƐƚŝƚƵƚŝŽŶĚ͛ƵŶĞŵĂƚƌŝĐĞĚĞ ĚĠƌŝǀĞƐŶĂƌƌĂƚŝǀĞƐ͘ĞƐƉŽƐƐŝďŝůŝƚĠƐĚ͛ŚLJďƌŝĚĂƚŝŽŶĂƵƐĞŝŶĚĞƐƚĞdžƚĞƐĞŶƚƌĞĐĞƐĚŝǀĞƌƐĞƐ

53

-Le métatexte problématise la configuration esthétique par des réflexions sur le choix des stratégies scripturaires et programmatrices du texte en déplorant non sans ironie le monde de transcription langagière de certains propos ͖ ůĞ ĐŽŵŵĞŶƚĂŝƌĞ ĚĠŶŽŶĐĞ ƚŽƵƚĞƐ ƐŽƌƚĞƐ Ě͛ĠĐŚĞĐ ŽƵ de programmation extérieure par des prétéritions sur le parcours scripturaire, et par une admonestation propre à celui qui ƚŝĞŶƚůĂƉůƵŵĞ͘>ĂƋƵġƚĞĚĞƉƌŽƉŽƐƉůƵƐƉĞƌƚŝŶĞŶƚ͕ĂĐĐŽŵƉĂŐŶĞƵŶĞƌĞĐŚĞƌĐŚĞĐŽŶƐƚĂŶƚĞĚ͛ŝĚĠŽůŽŐğŵĞƐ propices au projet créatif. La fonction générale de la littérature se trouve ainsi démentie puis refondée sur la base de la réflexivité dans le métatexte.

54

/ů ĨĂƵƚ ĨĂŝƌĞ ůĂ ƉĂƌƚ ĚĞƐ ĐŚŽƐĞƐ ĞŶƚƌĞ ů͛͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚĞ « ensemble de ƚĞdžƚĞƐ ƋƵĞ ů͛ŽŶ ƌĞƚƌŽƵǀĞƌ ĚĂŶƐ ƐĂ

mémoire ăůĂůĞĐƚƵƌĞĚ͛ƵŶƉĂssage donné.» (De Man, 1981 : 25), Ğƚů͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůŝƚĠ« phénomène qui oriente

ůĂůĞĐƚƵƌĞĚƵƚĞdžƚĞ͕ƋƵŝĞŶŐŽƵǀĞƌŶĞĠǀĞŶƚƵĞůůĞŵĞŶƚů͛ŝŶƚĞƌƉƌĠƚĂƚŝŽŶ͕ĞƚƋƵŝĞst le contraire de la lecture linéaire. » (M. Riffaterre, 1981 : 4-5-6).

pratiques de dérivation démontƌĞŶƚůĂĐŽŵƉůĞdžŝƚĠĚ͛ƵŶĞƌĂĚŝĐĂůĞŚĠƚĠƌŽŐĠŶĠŝƚĠĞŶƚƌĞ les deux textes ͗ ů͛ĂďƐĞŶĐĞ ĚĞ ů͛ƵŶ ͨ ů͛ŚLJƉŽƚĞdžƚĞ », en effaçant toutes les traces de ĐŽůůĂŐĞ͕ ŽƵ ĚĞ ƐŽŶ ŝŶƚĠŐƌĂƚŝŽŶ͕ ĞƐƚ ĐĂŵŽƵĨůĠĞ ƉĂƌ ůĂ ƉƌĠƐĞŶĐĞ ĞdžƉůŝĐŝƚĞ Ě͛ƵŶ « hypertexte ͩƐĞů͛ĠƚĂŶƚĞŶƚŝğƌĞŵĞŶƚĂpproprié.

Ensemble de marques matérielles concrètes, et tangibles ; les agrammaticalités ƉĞƵǀĞŶƚƚĞŶĚƌĞǀĞƌƐůĂŐƌĂŵŵĂƚŝĐĂůŝƚĠůŽƌƐƋƵ͛ŝůƐ͛ĂŐŝƚĚ͛ĞdžĠŐğƐĞĞŶĞdžĠŐğƐĞ(Y. S. Limet, Entre-temps Intertextualité et critique, Cité in Cahiers de Narratologie. Nouvelles approches de ů͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůŝƚĠ͕ Op. cit. : 324) ͗ Đ͛ĞƐƚ ƵŶĞ ƐŽƌƚĞ ĚĞ ƚƌĂŶƐůĂƚŝŽŶ ĚĞ ů͛ĞƐƉĂĐĞ ůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ͕ ƚĞdžƚĞ ƉƌŝŶĐŝƉĂů͕ǀĞƌƐů͛ĞƐƉĂĐĞŵĠƚĂ-ůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ͕ĞƐƉĂĐĞĚĞũĞƵdžŝŶƚĞƌƉƌĠƚĂƚŝĨƐĚ͛ĂƵƚŽ-réflexivité, Ě͛Žƶ« la résidence contale ne serait rien d͛ĂƵƚƌĞƋƵĞůĂƐŽƵǀĞƌĂŝŶĞƚĠĚƵŶĞƵƚƌĞ͘ » (M.

Blanchot, Cité in Op. cit.: 327). Un tel déplacement de la thèse intertextuelle problématise

la notion même de métatexte, et la supplante par le truisme « Ě͛ƵŶ ĚŝĂůŽŐŝƐŵĞ ressasseur », et critique. La réduplication démultipliée suppose une parole infinie de

commentaires ; ou une sorte de discours superflu qui «vient se greffer ƐƵƌůĞƐƈƵǀƌĞƐ tel un parasite.» (J.-H . Miller, « The critic as Host », Cité in H. Bloom, et al., Deconstruction and Critisism, 1979 : 225, Cité in Ibid : 329) . La duplicité est d͛ŽƌĚƌĞ ĞdžƉƌĞƐƐŝĨ ͗ ƚŽƵƚĞ ƈƵǀƌĞ ƐĞ dévoile en se taisant Ě͛elle-même ; autrement dit, tout manque, vide ou une distance ŝŶĞdžƉƌŝŵĠƐ ĠƚĂŶƚ ƌĞĐŽƵǀĞƌƚĞ ƉĂƌ ů͛ĞdžƉƌĞƐƐŝŽŶ͕ ŝŵƉŽƐĞ ĂƵ ƚĞdžƚĞ ƵŶĞ ƐŽƌƚĞ ĚĞ ƌĞĚŝƚĞƐ exigeant la ƌĠĨĠƌĞŶĐĞŶŽŶĞdžƉůŝĐŝƚĠĞĂƵŵĠƚĂƚĞdžƚĞ͘ĞũĞƵĚ͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůŝƚĠĐƌŝƚŝƋƵĠĞƐƚ de prime à bord un jeu du temps du moment que la préposition latine « inter » dénote « entre-temps ͩ͘ /ů Ɛ͛ĂŐŝƚ͕ ă ĐĞ ŶŝǀĞĂƵ͕ Ě͛ƵŶ ƚĞŵƉƐ ŽŶƚŽůŽŐŝƋƵĞ ƋƵŝ ŝŶĐĂƌŶĞ ůĞ dialogisme : « comme subjectivité, comme communicativité, ou pour mieux dire comme

intertextualité. » (J. Kristeva, 1969: 88, Cité in Y. S. Limet, Ibid : 331). Pour ainsi dire, « Ɛ͛ŝůLJĂ ĚĂŶƐ ůĞƐ ƈƵǀƌĞƐ ƵŶĞ ƐŽƌƚĞ Ě͛ĞdžŝŐĞŶĐĞ ĚĞ ůĂ ƌĞƉƌŝƐĞ͕ ĚĞ ůĂ ƌĠƉĠƚŝƚŝŽŶ͕ Ě͛ŝŵƉŽƐƐŝďŝůŝté à ĂĚǀĞŶŝƌƐĞƵůĞƐ͕ĞƚƋƵĞƌĠǀğůĞůĞƵƌŝŶƐĐƌŝƉƚŝŽŶĚĂŶƐůĞƚĞŵƉƐĚĞů͛ŚŝƐƚŽŝƌĞůŝƚƚĠƌĂŝƌĞ͕Đ͛ĞƐƚ ƉĂƌĐĞ ƋƵ͛ĞůůĞ ƐĞ ũŽƵĞ ƵŶĞ ƌĞůĂƚŝŽŶ ĨŽŶĚĂŵĞŶƚĂůĞ ă ů͛ĂƵƚƌĞ ƋƵ͛ŽŶ ƉŽƵƌƌĂŝƚ ŶŽŵŵĞƌ ŝĐŝ intertextualité.» (Y. S. Limet, Ibid : 332). Or, un canevas conceptuel ricardonien repense ů͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚƵĂůŝƚĠƐƵŝǀĂŶƚĚĞƵdžŵŽĚĞƐ : le premier dit interne

narcissique de Brian Fitch.», le second dit externe « intertextualité externe ou le rappoƌƚ Ě͛ƵŶ ƚĞdžƚĞ ă Ě͛ĂƵƚƌĞƐ ƚĞdžƚĞƐ͘»(Ibid). >ĞƋƵĞů ĐĂŶĞǀĂƐ ŵŽĚĠůŝƐĞ Ě͛ĂƵƚƌĞƐ ƐŽƌƚĞƐ Ě͛ŝŶƚĞƌƚĞdžƚĞƐŵĂŝƐĐĞƚƚĞĨŽŝƐ-ci en

« notons que pour Kristeva, tout texte se constitue à la fois comme un idéologème ‡ •‘‹ ‡– …‘‡ Žǯ‹†±‘Ž‘‰°‡ †ǯƒutres textes qui lui sont extérieurs et/ou antérieursǤ ǯ‹†±‘Ž‘‰°‡ ǯ‡•– ƒ‹•‹ “—‡ Ǽ textuel ǽǡ Ž ‘î Žǯ‹–‡”–‡š–—‡Ž ȋǯȌ ‡•– ȋ“—ǯȌ une idéologie structurée Ǣ ȋǥȌ Ž‡• ‹†±‘Ž‘‰°‡• •‡ ’”±…‹•‡– ƒŽ‘”• †ƒ• Žǯ‘’–‹“—‡†ǯ—‡Š±‰±‘‹‡†‹•…—”•‹˜‡ ; ils fonctionnent Žǯ‹•–ƒ”†‡•Ž‹‡—šȋ‘’‘‹Ȍ aristotéliciens, comme des principes régulateurs sous-jacents aux discours sociaux auxquels ils confèrent autorité et cohérence. » (M. Angenot, Cité in R. Amossy, 1979 : Op. cit. : 63-64).

De fait, la cosmogonie littéraire ŶĞ ƌĞƚƌŽƵǀĞ ƐĞƐ ƐŽĐůĞƐ ƋƵ͛ă ƉĂƌƚŝƌ Ě͛ƵŶĞ ŵĂƚŚĠƐŝƐ générale qui à la fois fait, et donne sens à une certaine productivité interne du texte littéraire ͖ Ě͛Žƶ ů͛ĂŵďŝǀĂůĞŶĐĞ ĚĞ ů͛ŝŶƚĞŶƚŝŽŶŶĂůŝƚĠ ƐĐƌŝƉƚƵƌĂŝƌĞ ƋƵĂŶƚ ĂƵ ĐŚŽŝx des ĞƐƚŚĠƐŝĞƐĚ͛ŽƌĚƌĞĠƉŝƐƚĠŵŝƋƵĞ:

«Lisant un texte rapporté ’ƒ” –‡†ŠƒŽ ȋǥȌ Œǯ› ”‡–”‘—˜‡ ”‘—•– ’ƒ” — †±–ƒ‹Ž minuscule ȏǥȐǤ ‡ …‘’”‡†• “—‡ Žǯà—˜”‡ †‡ ”‘—•– ‡•–ǡ †— ‘‹• ’‘—” ‘‹ǡ Žǯà—˜”‡ †‡ ”±ˆ±”‡…‡ǡ Žƒ ƒ–Š±•‹• ‰±±”ƒŽ‡ǡ la mandala de toute la cosmogonie Ž‹––±”ƒ‹”‡ȏǥȐǤ–…ǯ‡•–„‹‡…‡ŽƒŽǯ‹–‡”-texte ǣŽǯ‹’‘••‹„‹Ž‹–±†‡˜‹˜”‡Š‘”•†—–‡š–‡ infini -“—‡ …‡ –‡š–‡ •‘‹– ”‘—•–ǡ ‘— Ž‡ Œ‘—”ƒŽ “—‘–‹†‹‡ǡ ‘— Žǯ±…”ƒ –±Ž±˜‹•—‡Ž : le livre fait le sens, le sens fait la vie. » (R. Barthes, 1993 : 58-59).

En cela la cosmogonie littéraire féconde ůĞƐ ŵLJƐƚğƌĞƐ ĚĞ ů͛ĂĐƚĞ ĚĞ ƐƵďůŝŵĂƚŝŽŶ ĞŶ ƚĠŵŽŝŐŶĂŶƚ ĚĞ ůĂ ƉƌĠƐĞŶĐĞ Ě͛ƵŶ ƐƵũĞƚ ǀŝǀĂŶƚ ŵŝƌŽŝƌ Ě͛une hétérogénéité tant constitutive que cachée des foyers de perceptions et des pensées-écrans à partir ĚĞƐƋƵĞůƐů͛ĠĐƌŝƚƵƌĞĚĞǀŝĞŶƚƉĂƌůĂŶƚĞ͘

***

«L'un des mystères ou des miracles de la sublimation (suivant la vision de Freud) est que le désir, bien que dévié de ses fins sexuelles, ne connaisse aucun refoulement. Le sujet y serait, en quelque sorte tout entier, corps et âme, bien que "sublimé", soit transporté dans une sorte de corps immatériel. C'est pourquoi il n y ƒ ’ƒ• †̹à—˜”‡ Ž‹––±”ƒ‹”‡ •ƒ• “—‡ •̹› ‹•…”‹˜‡ Žƒ ’”±•‡…‡ †— …‘”’•ǡ …‘‡ témoignage de l'activité d'un sujet vivant, qui s'inscrit dans le langage, et, de la sorte, rend l'écriture parlante.»(2002 :132)

Terrain de présence de corps phénoménaux, et de tensions psychiques de tous les ordres, le littéraire tend à cristalliser la Doxa au travers des esthésies corolaires à la ĨŽŝƐ ĚĞ ů͛ĂĐƚŝǀŝƚĠ ƌĠƉĠƚĂŶƚĞ ĚĞ ů͛instance scripturaire, et celle de la qƵġƚĞ Ě͛ƵŶĞ

totalisation sémiosique de ůĂ ƉĂƌƚ ĚĞ ů͛instance lectrice. Aussi, est-il judicieux de voir dans le littéraire un corps phénoménal en soi, dont la chair engendre des corps vécus incorporés dans des configurations fictives; laquelle incorporation est issue d'une appropriation peu ou prou dénaturée des objets du monde réel. Ce système de configurations, qui gouverne la perception, débouche sur des modes d'actualisation de mondes possibles, et conditionne par là-même "l'experire", ou le degré de croyance et le mode d'appréhension de la plénitude du monde énigmatique et emblématique du texte.

A vrai dire, l'écriture ne devient parlante que si elle fait parler ce monde simulé dans le texte. A ce propos, Dumoulié emploie le terme "d'ingénuité" pour qualifier le comportement du lecteur : censé pouvoir articuler à la fois naïveté et originalité dans la quête du sens, son labeur doit être solitaire et provenant d'un désir de recréation ou de reproduction du monde textuel; aussi ingénieux, soit-il, son exercice des jeux perspectivistes doit passer par l'appropriation de la puissance d'engendrement. ZŝĐƈƵƌ ǀƵůŐĂƌŝƐĞ ĐĞ ĚŝƐĐŽƵƌƐ ĠƉŝƐƚĠŵŝƋƵĞ ĞŶ ƉĂƌůĂŶƚ ĚĞ ůΖĂƌĐ ŚĞƌŵĠŶĞƵƚŝƋƵĞ ƋƵŝ ͗

«ƐΖĠůğǀĞĚĞůĂǀŝĞ͕ƚƌĂǀĞƌƐĞůΖƈƵǀƌĞůŝƚƚĠƌĂŝƌĞĞƚƌĞƚŽƵƌŶĞăůĂǀŝĞ͘>ΖĂƉƉůŝĐĂƚion constitue le dernier segment de cet arc intégral.» (1985 : 286), après la compréhension et l'explication. Par la médiation de l'application ou de l'appropriation, le texte littéraire devient parlant et atteint sa signifiance remplie et la plus subtile.

Force est de reconnaitre que «l'achèvement de l'intelligence du texte dans une

ŝŶƚĞůůŝŐĞŶĐĞ ĚĞ ƐŽŝ ĐĂƌĂĐƚĠƌŝƐĞ ůĂ ƐŽƌƚĞ ĚĞ ƉŚŝůŽƐŽƉŚŝĞ ƌĠĨůĞdžŝǀĞ͕ ;͙Ϳ ĂƉƉĞůĠĞ ƌĠĨůĞdžŝŽŶ concrète.» ;W͘ZŝĐƈƵƌ͕ϭϵϴϲ͗ϭϳϬͿ, qui surplombe l'ouverture du monde du texte sur son

dehors, sur son "autre" transcendant; elle lui ouvre droit à quêter son chevauchement avec le monde refiguré par l'instance lectrice en vue de déployer son fond. «Entre

l'histoire mystérieuse de la production d'un texte et la dérive incontrôlable de ses interprétations futures, le texte en tant que texte constitue encore une présence confortable, un paradigme auquel se conformer.» (U. Eco, 1992 : 151).