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1. L’Arctique, une région menacée par plusieurs problèmes environnementaux

1.2. Activités industrielles et développement

1.2.2. Transport maritime et tourisme

Dans les domaines du transport maritime arctique et du tourisme, le milieu marin est également à risque. Sans parler de l’Arctique spécifiquement, le transport maritime constitue l’utilisation la plus importante de la mer144 et les activités touristiques en mer ont beaucoup

138 Scott D. Kraus, « Rates and potential causes of mortality in North Atlantic Right Whales (Eubalaena glacialis) » (1990) 6 Marine Mammal Science 278.

139 Dayton et al., supra note 136 à la p.213.

140 Shoukry N. Messieh et al., « The effect of trawling, dredging and ocean dumping on the eastern Canadian continental shelf seabed » (1991) 11 Continental Shelf Research 1237.

141 Grete K. Hovelsrud, Meghan McKenna et Henry P. Huntington, « Marine Mammal Harvest and Other Interactions with Humans » (2008) 18 (n°2) Ecological Applications 135 [Hovelsrud, McKenna et Huntington].

142 PAME 2011, supra note 46 à la p. 31.

143Hovelsrud, McKenna et Huntington, supra note 141 aux pp.145-146.

144 Richard Woodman, The history of the ship—the story of seafaring from the earliest times to the present day, Londres, Conway Maritime Press, 1997, à la p.9.

augmenté dans les dernières décennies145. Cette tendance devrait se maintenir si l’on se fie aux récentes estimations de l’Organisation Internationale du Tourisme146. Dans l’Arctique plus précisément, en 2004 seulement, environ 6000 bateaux ont transité dans l’espace marin147. De même, entre 2004 et 2007, le nombre de passagers faisant du tourisme arctique a doublé148. Chacun des pays arctique pris individuellement, a également vu leur nombre de touristes croître de manière significative. Presque deux millions de touristes ont visité l’Alaska d’octobre 2012 à septembre 2013149. Au Canada, une compilation des statistiques révèle que la région a accueilli environ 528 000 visiteurs internationaux et nationaux150. En Islande, le tourisme a connu une augmentation très importante, soit d’environ 8% par année depuis 2000, pour atteindre environ 807 000 visiteurs en 2013151. Dans les îles Féroé, malgré des statistiques touristiques insuffisantes, des estimations basées sur les chiffres d’affaire du tourisme permettent de projeter que le nombre de visiteurs augmente chaque année152. La Laponie suédoise connaît aussi une vague d’augmentation du nombre de touristes, près de trois fois plus importante que celle de la Suède dans son ensemble153. Alors qu’en 1991, la

Laponie finlandaise comptait environ 1.25 million de touristes, environ 2.2 millions de touristes ont visité cette région en 2010154. Même si le nombre de touristes officiels dans

l’Arctique russe est inconnu155, en raison d’un intérêt grandissant envers l’Arctique, il semble qu’à l’image de ses homologues américain, canadien, islandais, danois, finlandais, suédois, le

145 World Tourism Organization, « Compendium on Tourism Statistics—2015 Edition (Data 2008-2013) » (2015), en ligne : WTO Publications, <http://www.e-unwto.org/content/J3H4L1>.

146 Ibid.

147 PAME 2011, supra note 46 aux pp.29 et 31.

148Arctic Council et Protection of the Arctic Marine Environment (PAME), Arctic Marine Shipping Assessment 2009 Report,

2009, à la p.79, en ligne :

<http://www.pame.is/images/03_Projects/AMSA/AMSA_2009_report/AMSA_2009_Report_2nd_print.pdf> [PAME 2009]. 149 McDowell Group, Economic Impact of Alaska’s Visitor Industry: 2012-13 Update, 2014, à la p.2, en ligne :

<http://commerce.state.ak.us/dnn/Portals/6/pub/TourismResearch/AVSP/Visitor%20Industry%20Impacts%202013%201_30. pdf>.

150 Patrick T. Maher et al., « Arctic Tourism: Realities & Possibilities » (2014), en ligne : Arctic Yearbook 2014, à la p.4, <http://www.arcticyearbook.com/images/Arcticles_2014/Maher_AY2014_FINAL.pdf> [Maher].

151 Ibid, à la p.5. 152 Ibid, à la p.6 153 Ibidi, à la p.8.

154 Regional Council of Lapland, Tourism facts in Lapland – Statistical review, 2011, à la p.17, en ligne : <https://www.landsbankinn.is/library/Documents/Hagfraedideild/1_Luiro.pdf>.

nombre de touristes soit en augmentation en Russie156. Dans l’archipel du Svalbard, en Norvège, le tourisme a aussi connu une croissance importante, si l’on se fie à de récentes estimations dénombrant les activités des bateaux de croisières157.

Or avec une augmentation du trafic maritime, une augmentation du risque d’incidents marins peut être observée. Des accidents marins importants comme les naufrages et les échouements peuvent causer une pollution marine par le déversement de déchets158. Le déversement des déchets et des eaux usées ainsi que les écoulements de pétrole des bateaux commerciaux ou touristiques et les émissions provenant des engins et la pollution due à la peinture antisallissure sur les coques des bateaux posent une menace directe pour les écosystèmes159. La coque des navires, lorsque recouverte d’une peinture antisallissure contenant du tributylétain (TBT), constitue également une source chronique de pollution. Le TBT peut s’avérer extrêmement nocif pour toutes les sortes de plancton et réduire également la croissance des huitres et des moules160. D’autre part, les écosystèmes peuvent être

directement déséquilibrés par le transport maritime via l’introduction d’espèces étrangères qui s’accrochent sur la coque des navires161. Les déversements des déchets, des eaux usées et des

eaux grises peuvent causer une pollution bactériologique affectant les pêcheries locales et, dans certains cas, mènent à un excès de nutriments162. Plus précisément, les déchets solides, comme le plastique, peuvent tuer plusieurs espèces qui les ingèrent163. Les eaux de ballast164,

156 Richard S. J. Tol et Sharon Walsh, « Climate Change and Tourism in the Arctic Circle » (2012) 52 Economics Department Working Paper Series of the University of Sussex à la p.1 <https://www.sussex.ac.uk/webteam/gateway/file.php?name=wps- 52-2012.pdf&site=24>.

157 Dagmar Hagen et al., « Managing visitor sites in Svalbard: from a precautionary approach towards knowledge-based management » (2012) 31 Polar Research 1 à la p.4.

158 Arctic Council et Protection of the Arctic Marine Environment (PAME), « Arctic Marine Tourism: A New Challenge » (2009), en ligne : Arctis Knowledge Hub <http://www.pame.is/amsa/on-focus/51-arctic-marine-tourism-a-new-challenge>. 159 Kachel, supra note 36 à la p.31.

160 Robert B. Clark, Marine Pollution, 5ème édition, Oxford, Oxford University Press, 2001, à la p.145 [Clark] . 161 PAME 2011, supra note 46 à la p.32.

162 Marine Environment Protection Committee, Additionnal Protection for Particularly Sensitive Sea Areas, Doc off MEPC, 46ème sess, MEPC 46/6/1 (2001) au para 1.1.5.

163 José G. B. Derraik, « The Pollution of the Marine Environment by Plastic Debris : A review » (2002) 44 MPB 842. 164 Le terme ballast désigne tout solide ou liquide transporté à bord de bâtiment pour en accroître le tirant d'eau, en modifier l'assiette, en assurer la stabilité ou maintenir à un niveau acceptable les tensions imposées par la charge. Voir Transport Canada, « Définition de ballast » (2010), en ligne : <https://www.tc.gc.ca/fra/securitemaritime/epe-environnement-ballast- definition-249.htm>.

qui sont prises à un certain endroit dans la mer et rejetées dans un autre, ont également un effet aversif sur l’environnement marin dans lequel elles sont déversées : elles peuvent notamment altérer les relations proie et prédateur existantes ou la structure des communautés de microorganismes en introduisant de nouvelles espèces165. Les écoulements de pétrole ont eux aussi un impact sur le milieu marin, puisqu’ils forment des accumulations qui résistent longtemps à la dégradation physique et biologique166. De manière générale, les émissions nocives dues au transport maritime, comme l’oxyde de soufre et l’oxyde d’azote, les substances détruisant la couche d’ozone et les gaz à effet de serre, nuisent également aux milieux marins mondiaux dont l’Arctique167. Sans causer tous les effets précédents, les navires peuvent aussi endommager directement les habitats océaniques et la vie marine par leur impact physique : par exemple, les ancres de bateaux peuvent avoir un effet sur les espèces vivant sur le plancher océanique168. Dans l’Arctique, les collisions avec les mammifères marins comme les baleines noires de l’Atlantique Nord169, affectent la survie de ces espèces

puisqu’elles causent notamment des traumatismes contondants170. Enfin, la construction de

sites et d’infrastructures touristiques nécessite une utilisation de la terre qui peut avoir un impact indirect sur les écosystèmes situés dans la prolongation marine de la zone côtière171.