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re rustica

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L'utilisation et la recherche des manuscrits soulève une nouvelle question : celle de la transmission des textes. En effet, si les hommes de la Renaissance ont pu prendre connaissance des œuvres classiques, c'est que la chaîne de la transmission des textes ne fut jamais interrompue, même si elle fut longue et accidentée. De leur création dans l'Antiquité jusqu'aux officines des imprimeurs de la Renaissance, beaucoup de textes de la littérature classique furent, en effet, perdus. Beaucoup d'autres, en revanche, furent heureusement copiés et conservés, non sans subir corruptions et mutilations.

Nous proposons ici une approche de la transmission des textes des Res rusticae en nous appuyant sur les manuscrits que les éditeurs, anciens et modernes, ont retrouvés et ont utilisés pour établir le texte de leurs éditions. Cet exposé ne prétend donc pas être exhaustif. Il existe sûrement d'autres manuscrits que ceux cités plus bas mais qui, étant soit trop corrompus, soit trop mutilés, n'ont pas été jugés dignes d'intérêt. De plus, un certain nombre de ces manuscrits a très sûrement été perdu au cours du temps. Aussi, nous ne connaissons pas l'usage qu'il en a été fait par les éditeurs scientifiques avant leur perte.

En ce qui concerne les traités des agronomes latins, il est impossible de suivre leur transmission de leur création – au IIe siècle avant Jésus-Christ pour le De

80 Pour réaliser cette partie, nous avons recoupé les informations sur les manuscrits données dans les introductions des éditions

scientifiques modernes des traités de Caton, Varron, Columelle et Palladius publiées dans la collection des Belles Lettres avec les informations données sur les périodes correspondantes par le livre de L. D. Reynolds et N. G. Wilson, D'Homère à Erasme,

la transmission des classiques grecs et latins, Paris, Éd. du CNRS, 1984, 262 p.

agricultura de Caton, au I siècle après J.-C. pour les Res Rusticae de Varron et le De

re Rustica de Columelle et dans la seconde moitié du Ve siècle pour l'Opus agriculturae

de Palladius – jusqu'à la Renaissance. Leur histoire se perd parmi celle des autres œuvres classiques. Le plus loin que nous puissions remonter en suivant le fil de leur transmission est au IXe siècle, au moment de la Renaissance carolingienne.

Les humanistes, et Pétrarque le premier, ont qualifié d'« âge obscure » le Moyen âge, pourtant sans la Renaissance carolingienne beaucoup de textes classiques auraient été perdus dont, vraisemblablement, les traités des agronomes latins. Effectivement, les témoins les plus anciens de ces textes remontent précisément à cette période et sans eux, il est fort probable que même les humanistes de la Renaissance aient été dans l'impossibilité d'en produire des éditions. Ainsi, il semble que la Renaissance des XVe et

XVIe siècle doive beaucoup à cette période du Moyen âge et peut-être même que sans les scriptoria des monastères, l'humanisme ne se serait pas autant épanoui.

De leur création jusqu'au IXe siècle, il est possible d'imaginer les étapes par

lesquelles les textes des agronomes latins sont passés pour réapparaître dans les

scriptoria du Moyen âge. Ils ont été copiés, conservés et ont traversé les aléas de

l'Histoire. Ils ont survécu au passage du rouleau au codex. Lors de ce transfère, les œuvres classiques eurent à subir de nombreuses pertes. Cependant, celles qui échappèrent à la destruction furent dès lors couchées sur un support plus résistant, qui permettait une plus longue conservation. Ces œuvres païennes ont survécu à la montée en puissance du christianisme. Les manuscrits parvenus jusqu'au Moyen âge sont sortis plus ou moins intacts des destructions causées par les invasions barbares, ont échappé aux palimpsestes et sont finalement sortis de cet « âge barbare ». Et cela ce fut grâce aux érudits et aux lettrés qui ont étudiés ces textes, aux bibliothèques privées et publiques, religieuses et laïques, qui les ont conservés, aux moines des scriptoria qui les ont copiés, au développement de l’enseignement et à l'organisation progressive de la fabrication et du commerce de livres.

Les manuscrits du IXe siècle et la Renaissance

carolingienne

Après les « épaisses ténèbres » du IVe et Ve siècles que connut la littérature latine

sur le continent européen, le renouveau arriva par les missionnaires anglo-saxons, envoyés pour l'évangélisation, qui répandirent la riche et solide culture classique qui s'épanouissait dans leurs pays.

Des éditions qui témoignent d'un travail humaniste sur les textes Cependant, il faut attendre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle pour que la

littérature classique retrouve véritablement ses lettres de noblesses en Europe. En effet, un mouvement culturel, peut-être le plus important pour l'histoire de la transmission de la littérature classique, se déploya alors. Ce qu'on appela plus tard la Renaissance carolingienne fut initiée par Charlemagne (742 ou 748-814), le roi des Francs, et se prolongea jusqu'au Xe siècle. Dans le contexte d'un immense empire reconstitué,

Charlemagne avait besoin de fonctionnaires et de prêtres compétents pour soutenir l'administration séculière et ecclésiastique. L’Église était toute désignée pour former par l’enseignement les exécutants dont il avait besoin. Cependant, constatant la décadence intellectuelle qui régnait au sein de l'ordre ecclésiastique – pour lequel le latin et l'Antiquité n'étaient parfois que de lointains souvenirs –, le roi entreprit de réformer l'enseignement. Il comptait ainsi élever le niveau intellectuel et culturel de l’Église et, par son intermédiaire, de ses sujets.

Charlemagne fit alors appel à Alcuin d'York (vers 730-804)81. Celui-ci

transplanta sur le continent le système scolaire anglais. Élémentaire et utilitaire, il visait à apprendre la lecture plus que la littérature mais redynamisa tout de même la production de livres. De plus, il était basé sur les textes de la littérature classique qui, bien qu'elle soit totalement soumise à l'idéologie chrétienne, suscita de nouveau l'intérêt.

Parallèlement à cette nouvelle impulsion, la cour devint un centre culturel qui attirait poètes et érudits venant de toute l'Europe. De ce foyer émana un courant culturel profane de qualité. Des hommes se tournèrent vers l'étude des Anciens. Des sources82

montrent que la bibliothèque impériale était riche en classiques latins et que l'activité du

scriptorium palatin était importante.

Ce mouvement culturel et le nouveau programme d'enseignement en plein essor demandèrent des livres. On se mit donc à en produire en quantité et la majeure partie de la littérature latine que nous connaissons aujourd'hui fut ainsi sauvée.

C'est à cette même époque que l'on invente la minuscule caroline. Cette nouvelle écriture a sans doute en partie contribué à la survie de la littérature classique en rendant la lecture plus facile et attrayante. Elle s'était imposée partout au XIIe.

Après la mort de Charlemagne, les effets de la Renaissance carolingienne se prolongèrent. La bibliothèque du roi fut dispersée. Beaucoup des ouvrages se retrouvèrent dans les monastères et furent à nouveau copiés. La copie continua à se développer à travers l'empire. Tous les manuscrits que l'on découvrait en majuscules

81 Alcuin était un professeur réputé et dirigeait les études à York en Angleterre.

82 Un manuscrit retrouvé à Berlin (Diez B. 66) constitue une sorte de catalogue des ouvrages rassemblés à la cour de

Charlemagne aux alentours de 790.

furent translittérés en minuscules carolines. Les échanges féconds entre les monastères permirent aux bibliothèques carolingiennes de se créer de riches collections de classiques latins.

C'est dans ce contexte que fut copié le plus ancien manuscrit contenant des traités d'agronomes latins dont nous ayons connaissance. Il s'agit du Marcianus. Ce manuscrit, copié au IXe ou Xe siècle à l'aide de deux manuscrits plus anciens, contenait à l'origine

les traités d'agriculture de Caton, Varron, Gargilius Martialis et les douze livres du traité de Columelle. Selon Remigio Sabbadini, cité par Jacques Heurgon dans son édition de l’Économie rurale de Varron83, le Marcianus semble avoir été dans la bibliothèque de

l'humaniste florentin Niccolo Niccoli en 1421. On sait qu'il se trouva ensuite à la bibliothèque Saint-Marc à Florence, comme le dit, Piero Vettori dans l'avant-propos de ses Explicationes au traité de Caton :

Vestustissimum volumen est in diui Marci bibliotheca, in quo M. Catonis unus liber est, quem de Re rustica scripsit : ac tres M. Terentii Varonis, Rerum item rusticarum.

« Le manuscrit le plus ancien se trouve à la bibliothèque Saint Marc, dans celui-ci se trouve le livre de M. Caton, qu'il écrivit et qui s'appelle De re rustica ; et les trois

livres de M. Terentius Varron, qui s'appellent Res rusticae ».

Malheureusement, le Marcianus est perdu aujourd'hui. En 1482, il était déjà amputé des œuvres de Columelle et Gargilius Martialis et des six derniers paragraphes des Res Rusticae de Varron (après tubibinam graecum). Piero Vettori déplore cette perte dans l'avant-propos de ses Explicationes […] :

Nec tamen cuncti, qui in eo continebantur auctores, ad nos peruuenerunt : nam duo toti uetustate collapsi sunt, et M. Varronis estrema etiam pars deffecit.

« Cependant, les auteurs qui étaient rassemblés dans celui-ci, ne nous sont pas

parvenus entièrement. En effet, deux sont totalement perdus84 à cause de la longueur du

temps écoulé, et la fin du traité de M. Varron manque aussi ».

Le Marcianus nous est connu seulement grâce aux travaux de deux humanistes qui l'avaient encore à leur disposition : Ange Politien et Piero Vettori. Le Marcianus fut

83 SABADINI, Remigio, Le Scoperte dei codici latini e greci nei secoli XIV e XV , 1905, p. 87, cité dans MARCUS TERENTIUS VARRO,

Economie rurale. Livre premier, HEURGON, Jacques (éd.), Paris, Les Belles lettres, 1978, « Introduction », p. LVII.

84 Il s'agit des traités de Columelle et de Gargilius Martialis.

Des éditions qui témoignent d'un travail humaniste sur les textes collationné par Politien, en 1482. Il en a consigné de nombreuses leçons dans un exemplaire de l'édition princeps, procurée par Georgio Merula en 1472, chez Nicolas Jenson à Venise. Le volume annoté par Politien est aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France à Paris. Piero Vettori, fut le dernier, à notre connaissance, à utiliser ce manuscrit. Il le collationna à son tour pour produire son édition des traités de Caton et Varron de 1541 et en a réuni un certain nombre de leçons dans ses Explicationnes de 1542. Les deux humanistes accordaient une grande autorité à ce manuscrit. Selon Jacques Heurgon85, « Politien tenait le Marcianus pour un uetustissimus codex, uenerandae uetustatis86 ». C'est aussi le seul manuscrit dont Piero Vettori parle dans l'avant-propos de ses Explicationnes, et il le qualifie de Vestustissimum volumen.

D'autre part, les témoignages de ces deux humanistes nous permettent non seulement de connaître l'existence de ce manuscrit mais aussi ils compensent en partie sa perte grâce aux principes fondamentaux de la critique textuelle qu'ils ont appliqués en l'utilisant. Les deux hommes se sont, en effet, attachés à donner les leçons du Marcianus de façon précise et rigoureuse et à les différencier des corrections issues de leurs propres conclusions. Dans son édition de l'Économie rurale de Varron, Jacques Heurgon87 décrit

l'apostille autographe laissée par Politien dans son exemplaire de l'édition de 1472 en ces termes : « ce dernier se félicite de l'achèvement de son travail, il insiste sur le fait qu'il a eu soin de « noter même ce qui », dans le Marcianus, « paraissait corrompu » ; il s'est fait une règle de « ne rien ajouter à la légère de son cru », « ne rien omettre de ce qu'il trouvait » dans l'ancien manuscrit ». Il cite cette dernière phrase de l'humaniste : « Si les copistes qui nous ont précédés avaient suivi cette méthode, ils n'auraient pas légué à leurs successeurs tant de tracas et de peine. Si parfois nous avons exprimé notre interprétation, nous avons, en maintenant quelques traces de l'antique leçon, laissé à chacun son bien en toute liberté ».

En ce qui concerne le De re rustica de Columelle, la mutilation du Marcianus est à déplorer. Cependant, il existe deux autres manuscrits datant du IXe siècle qui ont

permis l'établissement du texte de ce traité : le Sangermanensis et l'Ambrosianus.

Le premier a été copié à l'abbaye de Corbie88, dans le troisième quart du IXe

siècle, c'est l'un des plus anciens spécimens de la minuscule caroline. En 1638, il fut transféré à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés parmi près de 400 autres manuscrits.

85 MARCUS TERENTIUS VARRO, Economie rurale. Livre premier, HEURGON, Jacques (éd.), Paris, Les Belles lettres, 1978,

« Introduction », p. LVII .

86 « un très ancien codex d'une antiquité vénérable »

87 Ibid., p. LVIII.

88 Ville située au nord de la France actuelle.

Puis, en 1791, un diplomate russe, Pierre Dubrowski se procura dans des conditions suspectes un grand nombre de ces manuscrits dont le Sangermanensis. Le manuscrit fut ensuite ramené en Russie et se trouve désormais à Saint-Pétersbourg.

Le second, l'Ambrosianus, date de la première moitié du IXe siècle, probablement

entre 825 et 850. Il est écrit dans une variété continentale de la minuscule anglo- saxonne. Il a vraisemblablement été copié à partir du même manuscrit que le

Sangermanensis mais avec beaucoup moins de soins. Il provient de l'abbaye de Fulda

(province de Hesse), où se trouvait l'un des plus importants monastères allemands. Il y resta probablement jusqu'au début du XVe siècle avant d'être emmené en Italie. Il aurait

d'abord appartenu à un humaniste de Padoue, Vicenzo Pinelli avant d'être acquis pour la bibliothèque de Milan, l'Ambrosienne. C'est sans doute de lui que Politien a tiré les variantes insérées dans son édition princeps90.

Les manuscrits les plus anciens contenant l'Opus agriculturae de Palladius que nous connaissons datent eux aussi de l'époque de la Renaissance Carolingienne. Tous ces manuscrits ne comprenaient que treize livres de Palladius. Très vite, le Carmen de

instione, sur la greffe des arbres, a été séparé du reste du traité sans doute à cause de sa

forme en vers et parce qu'il ne faisait pas partie du calendrier rurale que constituaient les treize premiers livres et qui intéressa beaucoup les exploitants du Moyen âge. D'autre part, l'existence du livre XIV sur la médecine vétérinaire, De ueterinaria medicina, fut découvert au XXe siècle dans des manuscrits beaucoup plus tardifs. Ce texte n'est donc

pas non plus présent dans les imprimés du XVIe siècle. Quatre manuscrits de l'Opus agriculturae datent du IXe siècle. Le plus ancien semble être le Cantabrigiensis Kk. V.

13. Son écriture le fait apparaître comme provenant du scriptorium de Saint-Denis, en région parisienne. Il existe trois autres manuscrits de cette époque dont nous ne connaissons pas précisément l'histoire : le Laudunensis 426 bis – dont les premiers chapitres ont été détruits –, le Montepessulanus B. U. 305 et le Parisinus Nouv. Acquis. 1730 qui est en fait une copie du précédent. Ensuite, le Parisinus 6842 B et le

Lugdunensis 102 datent de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. Le premier est

très détérioré, le début du traité à d'ailleurs était perdu. Il semble qu'il ait été copié sur un manuscrit ne comportant pas la séparation des mots, c'est-à-dire datant du début du Moyen-âge91. Le second, en revanche, semble avoir été copié sur un manuscrit plus

récent qui comportait déjà la séparation des mots. Le Parisinus 6830 D et le

89 Pierre Dubowski était un agent de l'impératrice de Russie Catherine II (1729-1796), à Paris de 1778 à 1792.

90LUCIUS IUNIUS MODERATUS COLUMELLA, Les Arbres, GOUJARD, Raoul (éd.), Paris, Les Belles lettres, 1986, « Introduction », p. 17. 91 La séparation des mots dans les manuscrits fut en effet progressivement introduite au début du Moyen âge par les scribes

irlandais et anglo-saxons.

Des éditions qui témoignent d'un travail humaniste sur les textes

Vindobonensis 148 datent quant à eux du Xe siècle. Enfin, deux manuscrits sont datés du

XIe siècle, le Parisinus 6830 E et le Cantabrigiensis Corpus Christi College 297 dont

nous ignorons l'histoire.

La renaissance du XIIe siècle et la période scolastique.

Au Xe siècle, à cause des invasions successives des Vickings, Sarrasins et

Hongrois aux IXe et Xe siècles, on constata le déclin de la culture et de la production de

manuscrits. Cependant, les auteurs anciens continuèrent à être étudiés et copiés notamment grâce au système scolaire mis en place par Charlemagne et Alcuin qui perdurait et permettait aux générations suivantes d'exploiter la tradition classique.

Au XIIe siècle, la littérature romaine était encore la base de l'enseignement et une

grande source d'inspiration pour les auteurs contemporains.

À cette époque, on observe une évolution du public et un changement culturel. En effet, l'usage toujours plus fréquent de documents dans le commerce ainsi que l'administration et la vitalité de la renaissance littéraire firent que peu à peu la lecture et l'écriture, qui étaient l'apanage du clergé et de la noblesse anglo-normande, se répandirent dans toutes les classes de la société.

Cette renaissance consolida les acquis de l'ère carolingienne. Les scriptoria continuaient de copier les textes classiques pour l'enseignement ou le goût et les besoins des lecteurs. Parfois ces copies ont assuré la survie de textes dont les témoins de la période carolingienne furent perdus.

Il faut souligner que si les Anciens inspirèrent les auteurs du temps et étaient encore étudiés, c'était à travers le prisme de l'époque et de la religion chrétienne. Ainsi, Ovide était moralisé, les satiriques surchargés de gloses et de commentaires, Virgile allégorisé, des textes de Sénèque furent truffés d'extraits empruntés à des auteurs chrétiens, etc. si bien que les textes classiques, copiés depuis des générations étaient de plus en plus corrompus.

Parmi les manuscrits conservés contenant les traités de Caton et Varron, un témoin important fut tout de même copié à cette époque. Il s'agit du Parisinus 6842 A, manuscrit que Jacques Heurgon qualifie de « plus ancien et meilleur »92. Il date de la fin

du XIIe siècle ou du début du XIIIe et fut écrit en minuscules carolines. Selon Jacques

Heurgon, il est possible qu'il ait appartenu à Pétrarque93, car une grande partie des livres 92 MARCUS TERENTIUS VARRO, Economie rurale. Livre premier, HEURGON, Jacques (éd.), Paris, Les Belles lettres, 1978, p. LIX. 93 MARCUS TERENTIUS VARRO, Economie rurale. Livre premier, HEURGON, Jacques (éd.), Paris, Les Belles lettres, 1978, p. LX. LANNIER Hélène| Master 1 CEI | Mémoire | juin 2011 - 67 -

de celui-ci passa, après sa mort, à Pavie dans la bibliothèque des Visconti-Sforza qui, en 1426, comprenait deux exemplaires des Res Rusticae. L'un de ces exemplaires (n° 441) a été identifié avec le Parisinus94. Louis XII s'en saisit en 1499-1500 en même temps que

d'une partie de la bibliothèque de Pavie, et le fit transporter au château de Blois où on le retrouve en 151895. Il est aujourd'hui à la bibliothèque nationale de France.

Au XIIIe siècle et aux siècles suivants, la scolastique96, qui sera si durement

critiquée par les humanistes, s'imposa dans l'enseignement. On voulut assimiler et organiser le « matériau intellectuel » hérité des siècles passés, systématiser et unifier les doctrines dans les écoles et les universités. On fit appel à la dialectique et à la logique pour l'étude de toutes les matières. Les Anciens furent quelque peu abandonnés au profit des écrivains de l'époque et dénaturés, ou du moins réduis à des exempla, c'est à dire des exemples, des extraits, des anecdotes.

Cependant, parmi ceux qui prétendirent organiser le savoir, tous ne négligèrent pas les Anciens. Vincent de Beauvais, qui mourut vers 1264, fut un important