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3. Cadre conceptuel

3.1. Artificialisation et transformation du paysage

3.1.1. Transformation du paysage vs fragmentation de l’habitat

3.1.1. Transformation du paysage vs fragmentation de l’habitat !

La propre définition de chacun des concepts (paysage et habitat) peut servir comme base afin de clarifier la différence des processus. Tout d’abord quelques définitions de la notion de paysage seront présentées pour essayer de définir ensuite ce que nous considérons dans ce travail comme « transformation du paysage et perte d’habitat ». En accord avec la proposition de Naveh (1987), le paysage se compose de la totalité des entités physiques, écologiques et géographiques qui l’intègrent et qui sont à la fois intégrées par des processus et des patrons humains et naturels. Selon Forman et Godron (1986), le paysage est un fragment territorial composé d’un groupe d’écosystèmes qui interagissent et qui se répètent en suivant des patrons similaires dans un espace géographique. Selon Farina (2011), le paysage peut se définir comme un espace géographique dans lequel la complexité écologique s’exprime de façon différente par le biais des acteurs concurrents dont les fonctions se superposent et interagissent différemment à travers des mécanismes de rétro alimentation.

Pour Burel et Baudry (2002), le paysage est un niveau d’organisation des systèmes écologiques supérieur à l’écosystème et qui se caractérise par son hétérogénéité et par sa dynamique, et qui est contrôlé en grande partie par les activités humaines.

Le résumé que nous pouvons en faire est que le paysage est un ensemble d’éléments physiques, géographiques et écologiques organisés de façon spatiale avec un certain degré d’hétérogénéité qui varie en fonction de l’échelle spatiale et temporelle ainsi que des interactions entre ses éléments et qui peut être identifié à partir d’unités discrètes, reproductibles et relativement homogènes à travers un espace territorial.

Selon Franklin et al., 2002, l’habitat a souvent été confondu avec le concept de “type de végétation” et il est ainsi commun de trouver une utilisation inadéquate de ce terme dans la littérature publiée. Cette confusion et utilisation du type de végétation comme synonyme d’“habitat” est selon nous à l’origine de la confusion entre fragmentation de l’habitat et transformation ou fragmentation du paysage. Comme l’affirment Whittaker

et al., 1973; Franklin et al., 2002 ; Farina, 2011, l’habitat est spécifique à une espèce en

particulier et peut être constitué par plus d’un type de végétation ou structure et correspond précisément à la somme des ressources spécifiques nécessaires pour le développement d’une espèce. Il est toutefois possible que dans certains cas une espèce en particulier trouve tous les éléments nécessaires à son développement dans un seul type de végétation. L’habitat d’une espèce peut donc être constitué par un seul type de végétation. L’habitat, d’un point de vue géographique et territorial est une zone dans laquelle une espèce végétale ou animale développe naturellement une des étapes de son cycle vital et trouve toutes les ressources nécessaires à la survie et à la reproduction et par conséquent est spécifique à chaque espèce (Whittaker et al., 1973).

Selon Farina et Belgrano, 2004 et Farina, 2011, l’habitat des espèces est perçu de façon particulière et spécifique en accord avec ce qu’il définit comme « eco-field ». L’eco- field ou « cognitive field » est une propriété des organismes vivants qui leur permet de percevoir et d’être en relation avec leur environnement. Pour chaque fonction vitale, l’organisme a une perception différente de l’environnement, de telle façon qu’il intercepte de manière « fonction-spécifique » l’hétérogénéité environnementale. L’ecofield est donc un processus dynamique et complexe. L’eco-field est une configuration spatiale des objets qui ont ou représentent une signification spécifique dans une espèce et peut aussi se définir comme le conteneur d’information nécessaire pour trouver une ressource. Par conséquent une ressource spécifique ayant besoin d’une espèce individuelle s’associe avec chaque eco-field. Un éco-field peut être associé à la recherche d’aliment, de sécurité et de refuge, de récupération d’énergie et de repos, d’un élevage, d’un territoire etc.

Dans sa proposition sur la Théorie Générale des Ressources (TGR) Farina soutient que la totalité des “eco-fields” dont une espèce a besoin pour trouver des ressources représente un espace de vie qui coïncide conceptuellement avec l’habitat.

Graphique 7 : Schéma conceptuel dans lequel l’habitat est le résultat de la superposition spatiale de tous les champs écologiques nécessaires à la continuité

des ressources individuelles. Source : Farina, 2011.

En considérant tout ce qui a été mentionné précédemment, il est nécessaire de faire la différence entre la transformation du paysage et la fragmentation de l’habitat. La fragmentation d’un type de végétation ou d’une structure du paysage et la fragmentation de l’habitat ont souvent été considérées comme synonymes, cependant les effets de la fragmentation de l’habitat et de la fragmentation d’un type de végétation sont très différents. Par conséquent pour pouvoir parler de la fragmentation de l’habitat il est nécessaire que dans un premier temps soit définie l’échelle adéquate et d’importance des espèces qui seront examinées (Franklin et al., 2002).

En résumé nous pouvons dire que quand on parle de fragmentation du paysage, le phénomène fait référence à la modification des structures et des composants écologiques de l’ensemble des écosystèmes et des éléments du paysage et qu’il peut y avoir un impact sur ces éléments de façon morphologique, structurelle et fonctionnelle. Lorsque l’on fait référence à la fragmentation de l’habitat, le phénomène aborde l’identification des effets de la transformation de l’ensemble des composants et des caractéristiques indispensables au développement et à la survie d’« une espèce en

particulier », puisque l’habitat est spécifique à chaque espèce (Whittaker et al., 1973;

En réalité il s’agit de deux phénomènes qui se présentent à deux échelles distinctes de la hiérarchie écologique mais qui paradoxalement sont liés. Même si les deux phénomènes peuvent être générés par la même cause, l’approche méthodologique pour les identifier est assez distincte. Dans ce travail nous aborderons la problématique de la