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3. Cadre conceptuel

3.1. Artificialisation et transformation du paysage

3.1.2. Les différents mécanismes et processus de transformation et de fragmentation du paysage

3.1.2. Les différents mécanismes et processus de transformation et de fragmentation du paysage

La perte de l’habitat a lieu en général à chaque fois qu’un fragment du paysage disparait ou se transforme en un autre type de structure complètement différente à cause d’un changement brusque et soudain, “généralement à cause de l’action de l’homme” et cette disparition provoque la disparition d’une condition ou d’élément indispensable au développement, à la survie et à l’évolution d’une espèce en particulier (en tenant compte du fait que l’habitat est l’ensemble des éléments indispensables à la survie d’une espèce spécifique). Dans ce sens la perte se traduit par la réduction littérale d’un habitat. Par exemple si nous considérons une superficie initiale d’un habitat en particulier pour une date déterminée, au fil du temps ce même habitat se réduit jusqu’à ne maintenir que 50% de la superficie ; nous pourrons alors parler d’une perte d’habitat de 50%. Quant à la fragmentation de l’habitat, elle dénote un processus spatial de conversion ou de transformation de l’habitat. Le sens strict du mot “fragmentation” fait référence à la séparation d’une structure ou unité de paysage en plusieurs parties ou “fragments” déconnectés, ce qui provoque généralement la discontinuité des éléments nécessaires au développement et à la survie d’une espèce en particulier, et donc un isolement des conditions, populations, communautés, etc. Pour certaines espèces ce processus de déconnexion est très préjudiciable alors que pour d’autres il l’est moins ; ceci dépendra de la capacité de dispersion des espèces et de leurs niveaux d’adaptabilité ou de plasticité écologique.

Le phénomène de la transformation et de la fragmentation opère à différents niveaux (Collinge, 2009). La bissection ou dissection (A) consiste en la séparation d’une structure ou d’une unité de paysage en deux sous-structures ou sous-unités de taille similaire, ce qui provoque la discontinuité des éléments pour le développement d’une ou de plusieurs espèces et provoque donc finalement la sous-division de l’habitat pour une ou plusieurs espèces. Ce processus a généralement lieu lors de l’aménagement de chemins, autoroutes et autres infrastructures linéaires. Le second processus (B) est la fragmentation dans le sens strict du terme, qui correspond à la division du fragment ou unité du paysage en plusieurs sous-fragments déconnectés de superficie plus ou moins proportionnelle. Le troisième correspond à la perforation (C) qui a lieu quand une structure subit une perforation par une transformation de l’intérieur de la structure. Il existe aussi un processus connu sous le nom de “shrinkage”(D) qui correspond en fait à la réduction de la structure du paysage (tache, écotope, patche ou parcelle). Dans ce processus existe la réduction de la zone d’habitat mais il n’y a pas de fragmentation ou de sous-division en plusieurs sous-fragments. Enfin le processus appelé “attrition” ou “usure” (E) consiste en la réduction de la superficie de la structure sans nécessairement avoir été fragmentée.

La fragmentation ainsi que la transformation des structures paysagères peuvent être un processus progressif de détérioration spatiale occasionnée par l’action des interventions humaines sur les systèmes naturels. Il existe donc différents processus de transformation des structures paysagères : A) dissection ; B) fragmentation ; C)! dissection avec! perforations ; D) dissection avec contraction ; E) usure

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Graphique 8: mécanismes et processus de transformation du paysage

Sources: modifie de l’original de Benjamin Pennington (Soulé, 1991 ; Forman, 1995 et Ecological Design Manual for Lake County, 2001 in ECFRPC, 2001)

L’étude de la fragmentation du paysage comme élément différenciateur de la richesse et de l’abondance des espèces dans une zone déterminée doit être abordée depuis une perspective d’analyse historico-évolutive (Burel et Baudry, 2004). Pour Crumley and Marquardt et al., 1987, le paysage est la manifestation spatiale des rapports entre l’homme et son environnement. Pour quelques auteurs (Forman, 1989, Burel et Baudry, 2004, Farina, 2011), la fragmentation de l’habitat est perçue par les espèces et les groupes d’espèces de façon différente. Farina souligne que la fragmentation est perçue selon la fonction vitale qu’elles développent, ce qui nous renvoie à une notion spatio- temporelle. Par conséquent la fragmentation de l’habitat à certains niveaux de la hiérarchie écologique et spatiale peut provoquer une hétérogénéité pouvant contribuer à une augmentation de la biodiversité. Un autre aspect relatif à la distribution et à l’abondance des espèces est leur capacité de réponse aux perturbations et la forme que les fragments du paysage ont adoptée à partir des influences naturelles ou anthropiques. La fragmentation est un processus qui maintient une relation étroite avec les activités humaines, en particulier avec l’urbanisation et l’établissement de voies de communication. Il s’agit d’un processus graduel qui n’est pas nécessairement linéaire, où une intervention dans une zone déterminée du paysage déclenche une série de processus qui terminent par modifier la structure du paysage originel. Ce processus est reconnu comme un des principaux facteurs de la perte de diversité biologique, dû au fait qu’il provoque un isolement et une ségrégation d’habitats et par conséquent l’isolement et la ségrégation des populations de vie sauvage dépendant de ces habitats. Cette condition d’isolement conduit à une réduction de la capacité d’échange énergétique et génétique entre espèces, populations et communautés.

La fragmentation opère à différentes échelles pour diverses espèces et divers habitats: un paysage fragmenté pour une espèce peut ne pas l’être pour une autre ayant une plus grande capacité de dispersion ou des conditions d’habitats moins exigeantes (Wiens et Milne, 1989, cité par Múgica et al., 2002).

Selon les théories de percolation (O’Neill et al., 1992; With and Crist, 1995; With, 1997) les systèmes naturels possédant moins de 60% d’habitat naturel commencent à avoir des problèmes suite à la diminution de la superficie de l’habitat [...] :Múgica et al., 2002).

Dans son domaine vital, un taxon animal donné doit être capable d’accéder à ses lieux d’alimentation, de refuge, d’allaitement ou de nidification et de réaliser les déplacements saisonniers nécessaires. De même il doit être capable de réaliser des déplacements de dispersion afin de maintenir certains niveaux d’échange génétique entre les populations et éventuellement occuper des territoires adéquats pour pouvoir s’y installer (Gurrutxaga San Vicente y Lozano Valencia et al., 2008).

La fragmentation, en plus de provoquer une réduction de l’habitat au moyen d’influences physiques et structurelles sur les écosystèmes, affecte les processus dépendant des flux du paysage. Ces processus correspondent à la dispersion de graines, à la pollinisation et à la transmission de vecteurs environnementaux provoquant des perturbations et ayant un effet évolutif sur la végétation. La fragmentation affecte aussi les processus de déprédation, les processus de dispersion d’espèces animales, les processus de transmission de maladies ainsi que tous les autres processus qui font partie des mécanismes d’autorégulation de l’écosystème.

Maintenant qu’ont été abordés les concepts liés aux processus et mécanismes de transformation du paysage et de fragmentation d’habitat, il est nécessaire d’aborder un autre aspect relatif à la modification des structures du paysage à partir de ses influences sur le territoire. Cet aspect correspond au changement climatique, qui sera présenté dans les pages suivantes.

3.2. Le changement climatique et ses effets sur la biodiversité !

Dans un premier temps, afin de comprendre le changement climatique global il est nécessaire de comprendre ce qu’est le climat. Selon Conde (2006), le climat terrestre est le produit de la constante et complexe interaction entre l’atmosphère, les océans, les couches de glace et de neige, les continents et la vie sur la planète.

La source d’énergie la plus importante pour le fonctionnement du système climatique est le soleil ; la forme presque sphérique de la terre évite que cette énergie soit dispersée de façon différente à travers la planète (Conde, 2006). C’est pour cette raison que l’énergie qui se disperse vers les pôles est moindre que l’énergie dispersée vers la zone équatorienne de la planète. Cette caractéristique est déterminante pour comprendre pourquoi il existe différents types de climats sur la planète. De la même façon dans cette complexité interviennent des facteurs topographiques à l’origine de la diversité climatique régionale. Un autre facteur de complexité du système climatique est lié au fait que le soleil comme toute étoile a sa propre activité avec des explosions à sa surface et vieillit aussi ; c’est pour cette raison que l’intensité d’énergie qui provient du soleil n’a jamais été et ne sera jamais la même. Les changements prolongés de cette intensité provoquent l’altération des conditions climatiques de toute la planète.