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3. Cadre conceptuel

3.3. Stratégies et moyens pour la conservation de la biodiversité

3.3.5. Problématique de l’application de la TVB

• les habitats naturels de la flore et de la faune sauvage et spontanée ; • les sites de reproduction ;

• les sites d’alimentation ; • les sites de repos et d’abri ;

• les corridors de déplacement et de migration de la faune sauvage ; • les corridors de dispersion de la flore.

Les réservoirs de biodiversité correspondent principalement aux espaces naturels déjà identifiés pour leur richesse en termes de biodiversité. Mais contrairement aux espaces délimités pour leur aspect remarquable ou pour la présence d’espèces protégées, ces réservoirs doivent pouvoir assurer les conditions indispensables au maintien et au fonctionnement de la biodiversité. Les corridors écologiques sont constitués par les voies de déplacement empruntées par la faune et la flore, qui relient les réservoirs de biodiversité. Ces voies sont prises en compte sous leur aspect fonctionnel, c'est-à-dire permettant les échanges propres à la biodiversité présente. Les corridors peuvent ainsi être linéaires (haie d’arbres), mais aussi discontinus (pas japonais) ou paysagers (mosaïque d’habitats), (Bruni, 2012).

3.3.5. Problématique de l’application de la TVB !

La mise en œuvre de la TVB conduit à la fois à une expansion spatiale de la politique de conservation, à un accroissement du nombre des acteurs impliqués et à une mise en relation, via l’impératif de préservation des processus évolutifs du vivant, de territoires qui ne l’étaient pas forcément auparavant (Angeon et al., 2013). L’efficacité de la mise en œuvre de la TVB exige des changements dans les normes d’action et dans les pratiques des acteurs gestionnaires de ressources naturelles et de réserves écologiques. Pour qu’une TVB soit efficace, il est nécessaire d’introduire la notion de continuités écologiques dans les processus de planification mais aussi d’avoir comme objectif prioritaire le maintien ou la restauration des processus fonctionnels des écosystèmes. En plus des difficultés organisationnelles et de pilotage, il existe des controverses autour de la problématique de transcription de la TVB dans les documents locaux d’urbanisme (Sanseverino-Godfrin, et al., 2013) ; il existe également des controverses concernant la pertinence de la notion de corridor comme outil de conservation de la biodiversité. Dans la nature, quelques environnements linéaires ont été considérés comme corridors naturels ; c’est le cas des lits des rivières et ruisseaux et des vallons ou sommets de chaines montagneuses. Cependant, les corridors écologiques sont plutôt des fragments résiduels qui ont adopté une forme rectiligne après l’intervention de l’homme en milieu naturel. Ces structures sont considérées comme des corridors écologiques car ce sont les derniers éléments du paysage à garder une certaine condition de naturalité pouvant garantir une condition de refuge pour quelques espèces de vie sauvage (Farina, 2011). Beaucoup de références considèrent que les corridors écologiques fonctionnent comme des éléments de connectivité écologique de grande importance pour la conservation de la biodiversité. Toutefois, le corridor écologique n’est pas le seul élément qui intervient dans la connectivité écologique. “Les flux de matière, d’énergie et d’information qui ont

lieu dans le paysage peuvent être dus à des facteurs physiques (vent, courant d’eau), ou à la propre mobilité des animaux (en plus des flux dus directement à l’action humaine). Parfois les flux se produisent de façon diffuse (par exemple le vent), ou alors dans toutes les directions ou bien encore en suivant un gradient environnemental” (Múgica

et al., 2002). L’établissement d’un corridor écologique devra considérer l’eco-field de

chaque espèce que l’on souhaite conserver. Etant donné que chaque espèce a une perception de l’ambiance et de l’environnement selon la fonction vitale qu’elle réalise (Farina, 2011), ses déplacements ne sont pas réguliers puisque, quand il s’agit d’une fonction reproductive par exemple, certaines espèces ont un niveau de mouvement beaucoup plus intense que pour satisfaire une fonction d’alimentation ou de protection. Par conséquent l’établissement d’un corridor écologique doit considérer tous les différents comportements de l’espèce autour de chaque fonction vitale et la dimension du corridor doit être cohérente afin de satisfaire tous les besoins des espèces. Ce dernier aspect n’est pas toujours considéré dans la conception de la TVB. Par exemple, dans le

« Guide méthodologique identifiant les enjeux nationaux et transfrontaliers relatifs à la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques et comportant un volet relatif à l’élaboration des schémas régionaux de cohérence écologique (deuxième document en appui à la mise en oeuvre de la Trame verte et bleue en France) » il est

mentionné que dans la structure et les composantes de la TVB il est possible d’identifier des habitats naturels qui peuvent être regroupés par type de milieux. Le document mentionne aussi qu’il est possible d’identifier des « sous-trames » par type de milieux, comme par exemple des sous-trames de zones humides, des sous-trames forestières, des sous-trames en milieux ouverts, etc.

D’après Margalef, (1975), Whittaker, (1973) et Farina, (2011), l’habitat est spécifique à chaque espèce (ce concept a été évoqué dans la première partie de ce travail) ; par conséquent, le regroupement d’habitats n’est pas possible, même s’il est possible d’identifier des composantes d’habitat communes à plusieurs espèces qui ont co-évolué dans un segment géographique spécifique. Il n’est pas possible non plus d’identifier un habitat partagé à 100% par plusieurs espèces (chaque espèce utilise le territoire et les composantes de l’habitat de façon différente). Cet aspect est primordial pour l’identification des corridors écologiques. Il est important de signaler qu’il est possible de trouver des composantes de l’habitat partagées par des espèces différentes et de regrouper ces composantes, mais ce n’est pas la même chose qu’identifier des regroupements d’habitats pour plusieurs espèces. La deuxième critique par rapport à ce texte concerne l’absence de considération de l’aspect de la dynamique de l’habitat. Selon Farina, (2011), l’habitat n’est pas seulement spécifique à une espèce mais il est aussi dynamique (cela a été expliqué dans la partie sur l’eco-field) étant donné que les besoins de chaque espèce changent par rapport à leurs fonctions vitales (nourriture, repos, abri, etc.), d’où l’impossibilité d’identifier des groupements d’habitats partagés à 100% par plusieurs espèces. Cela n’empêche pas de trouver le moyen d’intégrer des fonctions vitales de plusieurs espèces sur plusieurs périodes dans la conception de réseaux écologiques, mais ce n’est pas la même chose que de regrouper les habitats de plusieurs espèces par type de milieux. La troisième critique sur ce texte concerne l’identification des sous-trames. Selon le texte définissant la TVB, l’objectif est de préserver la biodiversité à travers le maintien des continuités écologiques. Cependant, la définition des « sous-trames » peut ne pas être cohérente avec l’objectif, étant donné que dans chaque sous-trame (forestière, humide, etc.) les différents types d’expressions écosystémiques de la forêt, de zones humides, etc. ne sont pas reconnus (ou du moins si c’est le cas, cela n’a pas été mentionné dans le texte) et sont regroupés dans la même classification de « sous trame ». Si l’objectif est de conserver la forêt (peu importe laquelle), les zones humides etc., la notion de sous-trame pourrait être efficace mais elle ne garantirait pas la conservation et la préservation de la diversité de la forêt, des zones humides etc. puisque chaque écosystème s’exprime à travers un gradient écologique très

varié et il n’est donc pas possible de conserver la biodiversité sans prendre en compte chaque type d’expression écosystémique, dans chaque type d’écosystème. Ce dernier argument est l’objet de la première partie du chapitre trois.