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CHAPITRE 2 DÉFINITION DE L’APL, ANALYSE DES ATOUTS ET LIMITES

2.2 Transférable

L’indicateur peut-il être applicable dans la majorité des exploitations agricoles belges ?

La première condition liée à la transférabilité est d’ordre opérationnel : pour utiliser l’indicateur APL dans une exploitation, il faut que cette dernière possède des parcelles qui puissent être échantillonnées. C’est le cas de la majorité des exploitations agricoles situées en région wallonne. A titre d’exemple, dans la province du Hainaut, 99% des exploitations agricoles possèdent au moins une parcelle.

Ensuite, il est important de vérifier que l’indicateur ne soit pas trop influencé par les conditions édaphiques. La réponse à cette question est fournie par l’analyse des résultats du contrôle APL mis en place par le SPW depuis 2007. Dans ce cadre, de l’ordre de 900 parcelles sont choisies chaque année afin d’être échantillonnées en vue d’une mesure de l’APL. Les résultats sont comparés à des valeurs de référence et des valeurs limites établies dans un réseau constitué d’une trentaine de fermes où le raisonnement de la fertilisation est encadré par GxABT (GRENeRA) et l’UCL (Vandenberghe and Marcoen, 2004).

Les parcelles échantillonnées sont jugées conformes ou non selon que le résultat de la mesure d’APL est inférieur ou pas à la valeur limite correspondante de l’APL.

Un test χ² d’indépendance (Dagnelie, 1998a) est réalisé pour analyser si la conformité des résultats est indépendante du type de sol ; seules les parcelles choisies de manière aléatoire par le SPW sont prises en considération dans ce test.

En 2007, 786 parcelles ont été sélectionnées de manière aléatoire par le SPW. Les résultats (conformité) ont été classés en fonction de la texture (Bah et al., 2005) de la partie supérieure du profil de sol.

Les résultats du contrôle APL réalisé par le SPW en 2007 indiquent (tableau 2-2) que 75% des parcelles contrôlées ont une texture limoneuse. La texture qui permet d’obtenir le pourcentage de conformité le plus élevé est le limon sableux (71% de conformité) tandis qu’avec 45% de conformité, les parcelles à texture argile légère présentent le pourcentage le plus faible.

Définition de l’APL, analyse des atouts et limites / Atouts de l’indicateur APL

Tableau 2-2. Contrôle APL 2007. Conformité des parcelles en fonction du type de sol.

Sol Nb parcelles conformes Nb total parcelles Proportion conformité

U : argile lourde 1 1 100%

E : argile légère 9 20 45%

A : limon 416 591 70%

G : limon (peu) caillouteux 70 106 66%

L : limon sableux 29 41 71%

P : limon sableux léger 1 1 100%

S : sable limoneux 6 10 60%

Total 532 770 69%

Dans le cas du test d’indépendance de la conformité de la parcelle relativement au type de sol, χ²obs = 6,6. Cette valeur est inférieure à la valeur χ² = 16,8 trouvée dans les tables (Dagnelie, 1998a) pour 6 degrés de liberté et un degré de signification α = 1% et on conclut donc que le caractère conforme ou non de la parcelle est indépendant du type de sol.

Les résultats du contrôle APL réalisé par le SPW en 2008 indiquent (tableau 2-3) que 71% des parcelles contrôlées ont une texture limoneuse. La texture qui permet d’obtenir le pourcentage de conformité le plus élevé est un sable limoneux (80% de conformité) tandis qu’avec dix parcelles conformes sur 18 contrôlées (56% de conformité), les parcelles à texture argile légère présentent le pourcentage le plus faible.

Tableau 2-3. Contrôle APL 2008. Conformité des parcelles en fonction du type de sol.

Sol Nb parcelles conformes Nb total de parcelles Proportion conformité

E : argile légère 10 18 56%

A : limon 364 529 69%

G : limon (peu) caillouteux 49 85 58%

L : limon sableux 66 89 74%

S : sable limoneux 8 10 80%

Total 497 731 68%

Dans le cas du test d’indépendance de la conformité de la parcelle vis-à-vis du type de sol, χ²obs égale 11,4. Cette valeur est inférieure à la valeur χ² = 15,1 trouvée dans les tables (Dagnelie, 1998a) pour 5 degrés de liberté et un degré de signification α = 1%. On conclut, comme pour les résultats de 2007, que le caractère conforme ou non de la parcelle lors du contrôle 2008 est indépendant du type de sol.

Les résultats du contrôle APL réalisé par le SPW en 2009 indiquent (tableau 2-4) que 70% des parcelles contrôlées sont classées selon la CNSW en limon (A). La texture qui permet d’obtenir le pourcentage de conformité le plus élevé est le limon caillouteux (92% de conformité) tandis que l’argile lourde présente le pourcentage le plus faible (60% de conformité).

Tableau 2-4. Contrôle APL 2009. Conformité des parcelles en fonction du type de sol.

Sol Nb parcelles conformes Nb total de parcelles Proportion conformité

U : argile lourde 3 5 60%

E : argile légère 12 15 80%

A : limon 323 408 79%

L : limon sableux 36 42 86%

P : limon sableux léger 4 6 67%

S : sable limoneux 6 8 75%

Z : sable 2 3 67%

G : limon (peu) caillouteux 67 73 92%

Total 453 560 81%

Dans le cadre du test d’indépendance de la conformité de la parcelle vis-à-vis du type de sol, certains regroupements ont dû être opérés (classes U et E, classes L et P, classes S et Z – cf. tableau 2-4) afin de disposer d’un nombre suffisant d’observations par classe. χ²obs égale alors 10. Cette valeur est inférieure à la valeur χ² = 11,1 trouvée dans les tables (Dagnelie, 1998a) pour 5 degrés de liberté et un degré de signification α = 5%.

On conclut, tout comme en 2007 et 2008, que le caractère conforme ou non de la parcelle lors du contrôle 2009 est indépendant du type de sol.

2.3

Transparent

L’indicateur est-il facilement compréhensible et facile à interpréter ?

Le résultat exprimé en kilo d’azote (nitrique) par hectare, dérivé d’une concentration en nitrate dans un extrait de sol, est plus facilement compréhensible que cette dernière par les agriculteurs puisqu’ils utilisent cette unité pour exprimer la fertilisation appliquée aux cultures.

Il leur est donc aisé d’interpréter un APL de 87 kg N-NO3ˉ.ha -1

lorsqu’ils ont, par exemple, appliqué une fertilisation de 160 kg N.ha-1. L’expérience des conseillers de Nitrawal asbl, régulièrement en contact avec les agriculteurs, confirme la bonne compréhension de cet indicateur.

Définition de l’APL, analyse des atouts et limites / Atouts de l’indicateur APL

2.4

Mesurable

Cet indicateur est-il facilement mesurable ?

On peut considérer qu’il est facilement mesurable parce que :

 les laboratoires provinciaux et institutions de recherches réalisent ce type d’analyse depuis plus de trente ans soit dans le cadre de conseils de fertilisation pour les agriculteurs, soit dans le cadre d’expérimentations ;

 son cout reste encore assez accessible (quelques dizaines d’euros). Néanmoins, la mesure revêt deux contraintes :

 l’échantillonnage se déroule en fin d’automne, période pas toujours humainement propice (froid, pluie) à ces travaux ;

 le résultat final résulte d’une série de manipulations (§ 1.2 et §1.3, page 35) dont il convient de s’assurer de la qualité de l’exécution au risque d’établir un résultat très différent de la valeur ‘vraie’ de la parcelle.

2.5

Validité analytique

La mesure de l’indicateur est-elle scientifiquement validée ?

La mesure de l’APL ne peut être réalisée que par des laboratoires agréés pour ce type d’analyse. L’agrément s’obtient/se conserve par la participation régulière (trois fois par an) à des essais interlaboratoires organisés par le CRAW, laboratoire de référence de la Chaîne Nitrate-Sol de Requasud.

Ces essais consistent en l’analyse de dix échantillons (cinq échantillons en double aveugle) dont les résultats permettent d’évaluer la répétabilité et la justesse de l’analyse.

Compte tenu des résultats de ces essais interlaboratoires (précision de l’ordre de quelques pourcents), on peut considérer que l’analyse en laboratoire est valide.

2.6

Discriminant

L’APL permet-il de faire la distinction entre des changements dus à des facteurs externes, à des modes de gestions différenciés ?

Le caractère discriminant relatif à des modes de gestion est illustré par les résultats enregistrés sur une plateforme expérimentale relative à la réponse du rendement à une fertilisation croissante. Cette expérimentation a ainsi pu montrer que lorsque la fertilisation est supérieure à l’optimum de rendement, l’APL est significativement plus élevé qu’à fertilisation optimale.

Le protocole et les résultats de cette expérimentation figurent au Chapitre 3.1 (page 123).

Ce caractère discriminant est également illustré au travers du mode de gestion d’une parcelle après la récolte de céréale : un sol laissé nu, une culture d’hiver (telle que du colza, de l’escourgeon ou du froment) semée ou une CIPAN semée (avec ou sans apport de matière organique) sont autant d’alternatives agronomiques qui présentent une « signature » APL distincte. Cet aspect a fait l’objet d’un article publié dans la revue BASE et repris au Chapitre 4.2 (page 183).

Le caractère ‘discriminant dans le temps’ est développé au paragraphe 4. Ce chapitre illustre la variabilité intra et interannuelle de l’APL au cours du temps, pour une même occupation de sol. Par ailleurs, il illustre également un second angle de vue du caractère discriminant relatif au mode de

gestion : la nature de la culture précédant la mesure de l’APL. Chaque culture présente en effet une allure d’APL (niveau, tendance au cours de l’automne) qui lui est propre.

Le caractère ‘discriminant dans l’espace’ est développé sous deux angles : un ‘chimique’ et un ‘physique’ (les deux étant bien souvent liés).

L’angle ‘chimique’ est illustré par la dépendance de l’APL à la teneur en carbone d’une parcelle. En 2012, lors du contrôle APL mené par le SPW, outre la teneur en nitrate, les laboratoires ont également dosé le carbone dans le sol. L’analyse de ces résultats a révélé que l’appréciation de la conformité d’un résultat (non conforme, limite, satisfaisant ou bon) est dépendante de la teneur en carbone du sol. En d’autres mots, les résultats qualifiés non conformes présentent un taux de carbone significativement plus élevé que les autres résultats.

Cette étude a fait l’objet d’un article soumis à publication dans la revue BASE et est reprise au Chapitre 3.4 (page 167).

L’angle ‘physique’ est illustré par une étude ‘intraparcellaire’. Afin de déterminer la relation entre le niveau de précision de la mesure et le nombre de carotte à prélever, environ 140 carottes ont été prélevées et analysées dans deux parcelles. L’une de ces deux parcelles présente une toposéquence typique d’un plateau-versant-fond de vallée condruzien. Le traitement statistique des résultats a mis en évidence une relation (différence faible mais significative) entre le résultat et le type de sol.

Le détail de cette étude est développé au paragraphe 3.2 (page 52).

2.7

Pertinence politique

Cet indicateur peut-il aider au contrôle des effets des décisions politiques et à l'identification des régions ou des systèmes où une action politique est nécessaire ?

L’expérience pilote menée sur le bassin versant agricole d’Arquennes depuis 2004 permet d’illustrer le contrôle des effets des décisions politique, à savoir la mise en œuvre du Programme de Gestion Durable de l’Azote en agriculture (PGDA). Ainsi, avant la mise en œuvre effective du PGDA, l’APL moyen (à l’échelle du bassin versant) était compris entre 60 et 70 kg N-NO3ˉ.ha

-1

et deux-trois ans après sa mise en œuvre (encadrée par les conseillers de Nitrawal asbl), l’APL moyen avait quasiment diminué de moitié Trois-quatre années après cette diminution ‘en surface’, la concentration en nitrate dans l’eau souterraine a affiché la même tendance.

Cet aspect a fait l’objet de la publication d’un article dans la revue BASE, article qui est repris au Chapitre 3.3 (page 149).

Un constat similaire a été réalisé à l’échelle parcellaire au moyen de lysimètres installés en plein champ depuis 2003. Ces outils permettent la collecte d’eau de percolation à deux mètres de profondeur. L’examen des résultats d’analyses de sol (APL) et d’eau illustre la dépendance des stocks et flux de nitrate aux pratiques agricoles (gestion des cultures et intercultures). Ces résultats ont permis d’orienter/justifier le contenu du PGDA.

Cet aspect a également fait l’objet d’une publication d’un article dans la revue BASE, article repris au Chapitre 3.2 (page 133).

Définition de l’APL, analyse des atouts et limites / Atouts de l’indicateur APL

agriculteurs concernés et confirmés les années suivantes par des contrôles APL toujours diligentés par le SPW.

La performance de ce contrôle a fait l’objet d’une publication d’un article dans la revue BASE, article qui est repris au Chapitre 2.5 (page 111).

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Limites de l’indicateur APL