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3. Les savoir-faire développés en compréhension de l’oral

3.4. Les traits prosodiques

Les activités de compréhension orale permettent aussi de développer la capacité à percevoir les traits prosodiques : intonation et rythme de la langue.

3.4.1.L’intonation

L’intonation concerne la mélodie que produit un énoncé significatif, c’est-à-dire qui est porteur de sens. C’est à partir d’elle que le système phonologique peut s’organiser. Elle constitue une véritable structure d’accueil de tous les autres éléments de la parole (rythme, accent) qui sans elle, restent vides de signification.

Ainsi, la prosodie ou la musique est la première chose qui frappe à l’écoute d’une langue inconnue1. Et la méconnaissance du système intonatif et accentuel d’une

langue empêche la compréhension des messages oraux produits en cette langue.

Cependant, il est inévitable d’envisager l’enseignement d’une langue étrangère sans rendre compte de sa prosodie d’où la nécessité de distinguer les différentes fonctions de l’intonation à savoir la fonction distinctive, la fonction démarcative et la fonction expressive.

1 KONOPCZYNSKI, G. « Enseignement de la prosodie d’une L2 par des approches non conventionnelles

(NTE, CALL) », [En ligne]. URL : ˂

http://www.santiago.cu/hosting/linguistica/Descargar.php?archivo=%2FDocumentos%2F7mo%2FACTA S-II%2FAddendum%2Fgabrielle-konopczynski(ok).pdf˃, consulté le 28 février 2010. p 495

La fonction distinctive appelée aussi impressive ou appellative. Elle permet en l’absence de marques syntaxiques, de distinguer les différentes modalités du discours1

par exemple une phrase déclarative d’une phrase interrogative, impérative ou injonctive. Grâce à la fonction impressive, on peut distinguer l’interrogation « il pleut ? » de l’assertion « il pleut » par une intonation montante.

La fonction syntaxique ou démarcative consiste quant à elle à marquer une frontière entre les groupes rythmiques. C’est-à-dire elle permet de délimiter les unités syntaxiques d’un énoncé. La phrase se divise en groupes rythmiques repérables à l’oreille par les mouvements mélodiques montants et descendants portés par les syllabes accentuées à la finale de chaque groupe. Ces unités intonatives ou prosodiques structurent la phrase et aident l’auditeur à construire le sens. Citons la phrase suivante : « Le fils du voisin, qui n’a pas cinq ans, sait déjà écrire »2. Elle peut être découpée en trois groupes rythmiques faciles à repérer par l’auditeur qui n’a pas tendance à saisir tous les mots d’un énoncé à la fois à cause des caractéristiques de l’oral.

Le fils du voisin qui n’a pas cinq ans sait déjà écrire

Beaucoup de chercheurs3 (François GROSJEAN, 1983 ; Rochele BERKOVITS, 1984 ; Jody KREIMAN, 1982 ; Murray GLANZER, 1976) affirment que les éléments suprasegmentaux sont de bons indicateurs de frontières phrastiques et textuelles entre les paragraphes. Ils facilitent aussi le traitement de l’information concernant le regroupement des éléments dans la mémoire à court terme et leur acheminement vers la mémoire à long terme.

1ZEMMOUR, D, (2004). Initiation à la linguistique. Paris : Ellipses. (Coll. Thèmes & études- Initiation

à…). P 75

2 Ibid. p 75 3

La fonction expressive appartient au niveau du subjectif et traduit les émotions, les intentions, les attitudes du locuteur. Elle se réalise de multiples façons selon le degré d’expressivité, la personnalité et les intentions de communication de chacun. Un énoncé peut exprimer des sens différents qui dépendent ainsi de l’intention du locuteur. Le sens ne dépend pas uniquement du sens des mots mais aussi de l’intonation et du contexte communicatif de la situation dans laquelle se trouvent les locuteurs. Cette fonction permet de repérer les sentiments comme la peur, la surprise, l’indignation, la colère, la joie, etc. Elle permet aussi d’indiquer les caractéristiques des locuteurs (âge, sexe, appartenance à une classe sociale).

3.4.2.Le rythme

La prosodie d’une langue se distingue aussi par son rythme qui se caractérise par la répartition des accents et des pauses1. Il dépend beaucoup de la syllabe qui est l’unité rythmique de base à l’oral.

L’enseignant d’une langue étrangère doit habituer ses apprenants aux diverses formes de rythme dans la mesure où l’écrit oralisé est différent de l’oral spontané. En effet, l’entraînement à la compréhension orale qui se base sur l’écrit oralisé (journal télévisé, histoire racontée) donne le sentiment que la langue orale s’exprime selon un rythme régulier, caractérisé par des pauses grammaticales et des regroupements qui s’effectuent d’une manière logique. Mais, le rythme de formulation du message est changeant en langue spontanée. Il varie en fonction des caractéristiques intellectuelles et émotives du locuteur. Il suit les fluctuations, les hésitations, les revirements de la pensée qui se forme à mesure qu’elle s’exprime2

. GOLDMAN EISLER Frieda montre que la vitesse d’encodage connaît des changements importants : elle ralentit aux

1

CHISS, J-L et al, (2001). Introduction à la linguistique française. Tome1, Notions fondamentales,

phonétique, lexique. Paris : Hachette. (Coll. Les fondamentaux). P101

2 ROUSSEL, F. « Le facteur d’adaptation dans la compréhension de l’anglais oral », in Mélanges

Pédagogiques CRAPEL. 1972, [En ligne]. URL : ˂http://revues.univ-

moments où le locuteur cherche et organise les éléments constitutifs du message qui exprimera sa pensée et elle s’accélère lors de la production du texte1. Donc, l’apprenant-auditeur doit s’adapter à la teneur du message à sa disposition afin d’en construire le sens.

Ainsi, la compréhension de l’oral en langue étrangère exige que l’auditeur fasse un effort pour s’assimiler au locuteur et pour calquer son rythme de décodage sur le rythme d’encodage de ce dernier. Un apprenant qui ne s’est pas habitué à écouter souvent la langue qu’il est en train d’apprendre a le sentiment que son locuteur parle très vite. C’est pour cela, il est demandé aux enseignants de choisir des documents sonores dans lesquels le rythme ne sera pas ralenti de façon exagérée car ils risquent

d’habituer leurs apprenants à un rythme qui n’existe pas en réalité et d’attirer leur attention aux fautes de rythme2

qui peuvent conduire à un contre-sens tels que l’oubli d’une syllabe, l’ajout d’une syllabe ou syllabe accentuée et l’ajout d’un phonème y compris les liaisons.