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Averroès a commenté le traité d’Aristote en ayant recours à une traduction principale qu’il corrigeait avec des traductions secondaires lorsqu’il disposait de plusieurs versions d’un même traité. Il a, en effet, utilisé la traduction principale d’Astât pour l’essentiel de son commentaire à l’exception des livres petit Alpha, grand Alpha et

Lambda5.

Pour des raisons qu’il est difficile d’établir6, c’est la traduction d’Ishâq qui a été commentée par Averroès pour le livre petit Alpha. Pourtant, la traduction d’Astât7 n’a pas été abandonnée pour autant, car elle a été sollicitée à deux reprises. Une première fois dans son commentaire à la dernière proposition du texte 128, et une deuxième fois à

1 Cet auteur n’est pas cité dans le document du Kitâb al­Fihrist. Pourtant, l’annotation 2, qui précède le début du texte 1 du live petit Alpha, lui attribue le douzième livre.

2 Notice, t. 4, II, p. LVI.

3 Pour Bonadeo Martini, il pouvait s’agir aussi bien du livre Kappa (Abd al­Latif al­Bagdâdî’s

Philosophical Journey, Leyde­Boston, Brill, 2013, p. 40­41), mais comme je l’expliquerai dans le

premier article, c’est plutôt le livre Kappa qui ne figure pas dans la traduction d’Astât. 4 Ces différentes variantes seront également étudiées dans le premier article. 5 Pour être plus précis, il n’a sollicité la traduction d’Astât que pour les passages 1072b16­1073a13. 6 En effet, je ne comprends pas le choix d’Averroès, car elle est plus claire et plus proche du texte d’Aristote que celle d’Ishâq. C’est la conclusion à laquelle je suis parvenu après l’avoir traduit. 7 Cette édition marginale est probablement l’œuvre d’un annotateur postérieur. Elle a été reproduite en marge des textes d’Aristote à chaque fois qu’il y avait divergence entre les textes. Or les citations d’Averroès correspondent exactement à cette édition marginale. Ce qui m’a incliné à déduire qu’elle est l’œuvre d’Astât.

8 D’ailleurs, Averroès soutenait que cette traduction qu’il va citer est beaucoup plus claire que la traduction initiale, paragraphe C. 15, p. 40, 10.

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la fin de son commentaire au texte 161. Ce qui m’a incliné à affirmer cela, c’est le fait que cette traduction correspond à la traduction marginale, qui a vraisemblablement été recopiée par l’un des propriétaires du manuscrit du Grand Commentaire en marge du texte du live petit Alpha

Quant au livre Grand alpha, c’est la traduction de Nadîf ibn Ayman2 qui a été sollicitée, car, comme nous l’avons vu précédemment, ce livre ne faisait pas partie de la traduction principale, établie par Astât. Averroès n’avait que cette seule traduction, car en dépit du nombre très important de corruptions et d’erreurs de traduction3, il n’a cité aucune autre traduction. Ce qui n’est pas le cas du livre Gamma, car une autre traduction sera citée à diverses reprises à la fin de ce traité, sans pour autant nommer son auteur4. La plupart du temps, elle n’a été sollicitée que pour remédier aux insuffisances de certains passages de la traduction d’Astât5.

A partir du livre Delta jusqu’à la fin livre Eta, Averroès ne cite aucune autre traduction se contentant uniquement de commenter la traduction principale d’Astât, alors que pour les livre Théta6 et Iota7, il cite à diverses reprises une autre traduction, même s’il est probable qu’elle soit l’oeuvre d’Ishâq.

Quant au dernier livre commenté, à savoir le livre Lambda, la documentation d’Averroès est très importante, car outre les traductions principales d’Abou Bisr Mattâ et d’Astât, il cite trois autres traductions dont l’une est attribuée à Yahia ibn Adî, sans parler du commentaire d’Alexandre et de la paraphrase de Themistius. En effet, les textes 1-38 (p. 1406-1613) qui correspondent aux passages 1969a18-1072b16 sont cités à partir du commentaire d’Alexandre traduit par d’Abou Bisr Mattâ, ces textes sont contrôlés par la traduction d’Astât, car elle est identique à la traduction qui se trouve dans les marges du manuscrit. Il cite la traduction de Yahia ibn Adî pour le passage 1072b17 (p. 1463). A partir du Texte 39, qui correspond au passage 1072b17, Averroès commente la traduction d’Astât et sollicitera une autre traduction sans la nommer.

Il résulte donc de ce bref aperçu que la documentation d’Averroès était importante concernant certains livres, notamment le livre Lambda, et pauvre concernant d’autres,

1 Contrairement à la traduction d’Ishâq, la traduction d’Astât ne contient pas la dernière proposition clôturant ce livre, que certains éditeurs ont considéré comme étant un rajout postérieur afin d’établir une continuité entre le livre Petit Alpha et Bêta : « On pense généralement que ces derniers mots, qu’Alexandre ne commente pas, ont été ajoutés à cette place pour rattacher artificiellement a et B, et notamment à la première aporie », Métaphysique, J. Tricot, Paris, Vrin, n° 3, p. 118 2 Cette assertion nous a été confirmée par la présence à divers endroit du texte des expressions « il y a un blanc en grec » (t. 1, p. 55; t 3, p.58 ; t 5, p. 63…) « manque en grec » (t. 2, p. 57; t 5, p. 63; t 6, p. 66…). 3 Les différentes corruptions et les différentes erreurs de traduction feront l’objet de deux études distinctes afin de montrer leurs conséquences sur la compréhension du texte et sur le commentaire d’Averroès (Appendice 2 et 3). 4 Si on tient compte de l’article du Kitâb al­Fihrist, il s’agirait d’Ishâq, car il est le seul à avoir traduit plusieurs livres. 5 Averroès fait intervenir cette autre traduction à sept reprises : C. 27, p. 453, 10­11 ; C. 27, p. 454, 9­ 11 ; C. 27, p. 458, 7 ; C. 27, p. 459, 4­5 ; C. 28, p. 464, 11 ; C. 29, p. 469, 12­13 ; C. 29, p. 466, 13­p. 467, 1. 6 Averroès cite à dix­huit reprises une autre traduction : p. 1117 ; p. 1121 ; p. 1122 ; p. 1123 ; p. 1134 ; p. 1188… 7 Averroès cite à quatorze reprises une autre traduction : p. 1251­1252 ; p. 1253 ; p. 1266 ; p.1267 ; p. 1271 ; p. 1288­1289… p. 1387.

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notamment pour le livre grand Alpha, car en dépit des multiples erreurs de traduction, il n’a commenté que celle de Nadîf ibn Ayman.