• Aucun résultat trouvé

Le Grand commentaire se caractérise, comme nous l’avons dit précédemment par la présence du texte arabe d’Aristote. Chaque traité est divisé en plusieurs textes et chaque texte est divisé en plusieurs propositions. Après avoir cité la proposition, précédée par l’expression « Aristote a dit », Averroès se livre ensuite à son commentaire soit de manière laconique, soit en sollicitant le corpus aristotélicien afin de

1 Grand commentaire, p. 163­164.

2 Cette position était soutenue entre autre par Am. Jourdain, dans Recherches critique, Paris, 1843, p. 177, et par F. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, I, Paris, 1837, p. 79.

3 C’est cette idée qui était également soutenue par S. Munk dans Mélanges de philosophie juive et

arabe, Paris, 1859, p. 435.

4 C’est à ce traducteur que nous devons notamment la traduction du dixième livre d’Euclide. Ce renseignement se trouve selon l’éditeur dans le manuscrit arabe 2457 de la Bibliothèque Nationale de Paris au folio 80. (Voir note 1, p. CXXIX).

37

lui donner toute l’extension nécessaire. Parfois, il n’hésite pas à convoquer certaines thèses propres à Avicenne ou aux théologiens ascharites pour les critiquer vigoureusement et montrer leurs absurdités par opposition aux doctrines aristotéliciennes.

Le livre petit Alpha est divisé en seize textes de longueurs inégales, puisque le plus petit contient trois lignes (texte 12) tandis que le plus long en compte 24 (texte 7). Les textes 1-4 sont relatifs au premier chapitre, dans lequel Aristote expose la difficulté de l’étude de la philosophie. Les textes 5-13 sont relatifs au chapitre deux, dans lequel Aristote établit la nécessité de l’existence d’un premier principe et l’impossibilité d’une série infinie de causes. Et enfin les textes 14-16 sont relatifs au dernier chapitre dans lequel Aristote traite de la méthode appropriée pour chaque science. Cette tripartition est du reste fidèle à la division du traité en chapitres, puisque le début du texte cinq correspond exactement au début du chapitre deux et que le début du texte quatorze correspond au chapitre trois.

Le livre grand Alpha, ou plutôt ce que nous avons de ce livre en arabe, est divisé en cinquante et un textes de longueurs inégales, puisque le plus court contient un peu moins de deux lignes (texte 42), tandis que le plus long ne dépasse pas les trente lignes (texte 30). Les textes 1-4 sont relatifs à la deuxième partie du chapitre cinq, consacrée à exposer les premiers résultats de l’enquête doxographique des anciens sur les causes, notamment les Eléates et les Pythagoriciens. Les textes 5-9 correspondent au chapitre six, consacré à l’exposition de la théorie platonicienne des Idées. Le texte 10 renvoie à la dernière partie du chapitre sept, consacrée à mettre en rapport la théorie des causes exposée dans la Physique avec celles des anciens. Les textes 11-24 renvoient au chapitre huit dans lequel Aristote critique les théories présocratiques des causes. Les textes 25-49 sont relatifs au chapitre neuf, consacré à montrer les limites de la théorie platonicienne des Idées et des nombres. Et enfin, les texte 50-51 renvoient au chapitre dix, dans lequel Aristote confirme et valide la théorie des quatre causes, exposée en

Physique. Toutefois, le découpage opéré par Averroès ne respecte pas nécessairement

la division de ce traité, car il lui est arrivé de commencer un texte à la fin d’un chapitre. C’est le cas notamment du texte 11 qui commence à la fin du chapitre sept et qui contient le début du chapitre huit1.

Le livre Gamma est divisé en vingt-neuf textes, d’une longueur inégale, puisque le plus court texte contient dix lignes (texte 8), tandis que le plus long en contient quarante deux (texte 27). Le texte 1 correspond au premier chapitre dans lequel Aristote pose l’existence d’une science de l’être en tant qu’être. Les textes 2-6 renvoient au chapitre deux, consacré à montrer que la science de l’être en tant qu’être est science de la substance, de l’un et du multiple et des contraires. Les textes 7-9 renvoient au chapitre trois, consacré à montrer que le philosophe étudie également les axiomes et le principe de non-contradiction, et au début du chapitre quatre dans lequel il est question de montrer l’impossibilité d’une démonstration apodictique de ce principe. Les textes 10- 18 renvoient au chapitre quatre, consacré à démontrer négativement (par réfutation) le principe de non-contradiction. Les textes 19-25 renvoient au chapitre cinq, consacré à critiquer le relativisme de Protagoras. Les textes 26-27 sont relatifs au chapitre six et au deux tiers du chapitre sept. Le chapitre six est consacré à la poursuite de la critique de Protagoras, tandis que le chapitre sept est consacré à poser le principe du tiers exclu comme le second axiome, dont s’occupe la science de l’être en tant qu’être. Et enfin, les

38

textes 28-29 sont relatifs au tiers restant du chapitre sept et au chapitre huit, consacré à montrer l’impossibilité que tout soit vrai ou que tout soit faux. Il en ressort de cette division qu’Averroès ne respecte pas le découpage que nous connaissons des chapitres, car il mélange à trois reprises dans un même texte deux chapitres. C’est le cas notamment du texte 9 qui inclut la fin du chapitre trois et le début du chapitre quatre, du texte 27 qui contient la fin du chapitre six et une grande partie du chapitre sept, et enfin du texte 28 qui contient à la fois la fin du chapitre sept et une partie du chapitre huit.

Le livre Epsilon est divisé en huit textes de longueur plus au moins égale, puisque nous avons sept textes qui contiennent entre vingt (texte 1 et 7) et vingt-six lignes (texte 2), à l’exception des textes 3 et 6 qui ne contiennent que six lignes. Les textes 1-3 sont relatifs au premier chapitre, consacré à identifier le nombre des sciences théoriques et à montrer la prééminence de la science de l’être. Les textes 4-6 sont relatifs au deuxième chapitre dans lequel Aristote démontre l’inexistence d’une science de l’accident. Le texte 7 est relatif au troisième chapitre dans lequel Aristote examine la nature et la cause de l’accident. Et enfin, le texte 8 est relatif au dernier chapitre, dans lequel Aristote exclut l’être comme vrai et le non-être comme faux du domaine de recherche de la métaphysique. Toutefois, la division faite par Averroès ne reproduit pas à la lettre la division des éditions modernes. En effet, le début du texte 4 contient la dernière phrase du premier chapitre1, le texte 7 la fin du deuxième chapitre2, et le texte huit, la fin du troisième chapitre3. Mais cela est sans incidence majeure, car ces inclusions ne sont que des conclusions.

Cependant, ce qui semble être une erreur dans le découpage n’est qu’une apparence trompeuse, car les textes arabes ne recèlent pas cette distinction opérée généralement dans les éditions grecques modernes sous l’appellation de « chapitres ». En d’autres termes, c’est Averroès lui-même qui est responsable de cette division à partir de sa compréhension du texte et en tenant vraisemblablement compte des divisions opérées par ces prédécesseurs. Or, l’étude minutieuse des divisions du texte m’a révélé que ses divisions, à quelques exceptions près, se rejoignent la plupart du temps. C’est ce qui témoigne, à mon sens, de sa profonde connaissance et de sa parfaite maîtrise de la pensée métaphysique d’Aristote.

1 « Et c’est à elle qu’il appartiendra d’étudier l’être en tant qu’être, ce qu’il est et les propriétés qui lui appartiennent en tant qu’être ». Ed. A. Jaulin, p. 226. 2 « On a dit ce qu’est l’accident, quelle en est la cause et qu’il n’est pas objet de science ». Ed. A. Jaulin, p. 229. 3 « Est­ce à la cause comme matière, comme fin ou comme moteur. Cela surtout doit être examiné », éd. A. Jaulin, p. 230.

39

40

Que Dieu vous vienne en aide ! Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

I.

Commentaire du Premier livre de ce qui est