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Les traces anthropiques repérées par Dari sont présentes sur toutes les espèces d’herbivores déterminées. Le principal marqueur anthropique est la fracturation systématique des diaphyses d’os long, qui présentent parfois des traces d’impacts (encoches) et de fracturations classiques.

Les stries de boucherie sont attestées sur les os de cerf, pour les os des autres espèces elles ne sont pas détaillées. Les détails concernant ces stries (nombre, localisation) ne sont pas clairement définis. La présence de restes brûlés est attestée en faible quantité (mois de 1% des restes déterminés), mais attestant quand même l’utilisation du feu par l’humain.

3-2-3-5 Taphonomie

Les traces taphonomiques sur les os des niveaux 20 et 18 sont abondantes. Dari distingue les traces de fissuration, la présence de concrétions, les oxydations, les dissolutions, les marques des végétaux, la consommation par les carnivores et par les rongeurs.

Pour le niveau Moustérien (tous sous-niveaux confondus), le marqueur taphonomique le plus présent concerne la fissuration de la surface des os et les traces de dissolution. Les facteurs biologiques sont moins abondants, les vermiculations sont peu présentes sur les os et l’action des carnivores et des rongeurs n’est pas identifiée dans ce niveau.

Pour les deux sous-niveaux Aurignacien (18B et 18C), la fissuration est moins importante que le niveau moustérien. Les oxydes de fer sont présents ainsi que les traces de dissolution. L’action des plantes est plus marquée que dans le niveau 20. En revanche, l’action des carnivores n’est

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attestée que par 19 restes, et l’action des rongeurs par 16 restes, ce qui est très faible.

3-2-3-6 Synthèse

Cette première étude archéozoologique et taphonomique sur le matériel provenant des fouilles 1980-2011 donne davantage d’indications sur les modalités de subsistance chez les Moustérien et Aurignacien d’El Castillo, même si cela ne concerne qu’une petite partie de la surface de la grotte (Figure 1-4). Le premier point est le faible taux d’identification taxonomique. Hormis la détermination dentaire, qui est facilement réalisable à l’aide de planches, la détermination du post-crânien est plus complexe, notamment pour un matériel composé en grande partie de diaphyse d’os longs fragmentés. Le deuxième point concerne les incohérences dans l’interprétation que l’auteur fait de l’état de conservation du matériel osseux. À plusieurs reprises, Dari suggère que le matériel est très bien conservé quel que soit le niveau (Dari, 2003 : p.192 et 276). Or, il explique également que l’absence du squelette axial est due à la conservation différentielle des os (Dari, 2003 : p.192 et 277). Le troisième point concerne l’étude des stries de boucherie. En effet, l’analyse taphonomique fut faite par unité culturelle et non par sous-niveaux stratigraphiques. Cela implique donc un manque de précision pour la

compréhension de la chronologie du niveau culturel. Le dernier point est l’absence d’étude du niveau 19, niveau intercalé entre le Moustérien et l’Aurignacien ; aucune analyse n’est documentée sur ce niveau. Dans la partie sédimentologie (Dari, 2003 p. 24), Dari écrit « il n’y a pas d’outils lithiques et de restes fauniques portant des marques anthropiques qui pourraient témoigner de l’occupation de la grotte … ». Affirmation issue des publications, mais qu’il n’a pas vérifié par l’étude du matériel. Pourtant, la présence d’ossements est attestée à la base et au sommet de ce niveau (Pumarejo et Cabrera-Valdés, 1992), l’étude de ces restes aurait pu permettre de mieux cerner la transition entre ces deux unités culturelles.

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3 - Études antérieures sur le matériel faunique de la grotte d’El castillo

3-2-4 M. Liouville 2007 : Variabilité du Cerf élaphe (Cervus elaphus Linné 1758) au cours du Pléistocène moyen et supérieur en Europe Occidentale : Approches morphométrique, paléoécologique et cynégétique

Dans sa thèse doctorale réalisée au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, Liouville (2007) utilise une approche paléontologique pour faire l’étude des restes osseux de cerf de plusieurs

sites préhistoriques de France et d’Espagne, et notamment le site d’El Castillo (Fouilles Obermaier 1910-1914 et fouilles Cabrera-Valdés/Bernaldo de Quiros 1980-2011). L’auteur cherche à déterminer les variations morphologiques des cerfs au cours du Pléistocène moyen et supérieur, dans un contexte environnemental variable. Nous n’exposerons ici que les résultats obtenus sur le cerf d’El Castillo pour les niveaux Moustérien et Aurignacien.

Les résultats obtenus à partir d’analyses morphométriques sur les dents supérieures et inférieures ainsi que sur les os ont permis à Liouville de caractériser morphologiquement les populations de cerfs des 3 niveaux. Les dents sont de tailles moyennes pour les trois niveaux, bien que le niveau Moustérien β se distingue par des molaires inférieures de grande taille. Les données métriques sur le matériel post-crânien montrent un cerf de grande taille pour tous les niveaux avec un cerf plus massif pour les niveaux Moustériens α et Aurignacien δ. Nous avons donc une différence entre l’évolution de l’appareil locomoteur et masticateur. Liouville parle alors d’une évolution mosaïque sans lien avec la paléoécologie (Liouville, 2007 : p. 284).

À l’aide d’histogrammes écologiques, Liouville définit un environnement mixte avec la présence d’espaces ouverts et d’espaces boisés dans un contexte humide relativement constant (cénogrammes) pour l’ensemble des niveaux archéologiques.

En ce qui concerne l’aspect cynégétique, Liouville constate l’importance de la chasse au cerf avec une sélection des individus adultes, sans préférence de sexe, ce qui rejoint les conclusions

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3 - Études antérieures sur le matériel faunique de la grotte d’El castillo

obtenues sur les collections Obermaier (Landry 2003) et sur celles des fouilles Cabrera-Valdés/

Bernaldo de Quiros (Pike-Tay et al., 1999 ; Dari, 2003).