MOG2D-G est un mod`ele int´egr´e sur la verticale (i.e barotrope), il ne poss`ede donc
pas de structure verticale. L’absence de dynamique 3D interne oblige `a param´etriser la
dissipation de l’´energie de mar´ee en traˆın´ee barocline. La forme de la param´etrisation de
l’IWD d´epend des hypoth`eses formul´ees.
Dans le cas d’une bathym´etrie petite ´echelle i.e dont la longueur horizontale
ca-ract´eristique est inf´erieure `a la longueur d’incursion de la mar´ee (∼100 m), l’IWD peut
s’´ecrire :
τ1 =c1ρ0kNbh2u (4.1)
o`u Nb est la fr´equence de Br¨unt-Va¨ıss¨al¨a au fond, k le nombre d’onde horizontal
ca-ract´eristique de la topographie et u la vitesse barotrope. c1 est un coefficient de tuning
qui prend en compte les incertitudes de la param´etrisation telle queNb ou les incertitudes
li´ee au manque de r´esolution pr´es du fond.
L’´ecriture de 4.1 se trouve telle que ou sous des formes plus ou moins sophistiqu´ee dans
la litt´erature usuelle (Jayne & StLaurent, 2001 ; Lewellyn Smith & Young, 2002 ; Egbert
et al., 2004). Cette param´etrisation est valide pour des ´echelles dont la bathym´etrie est
au plus de l’ordre deO(1000m). N´eanmoins l’altim´etrie satellite d´emontre que les
princi-pales sources d’ondes internes sont associ´ees `a des ´echelles de la bathym´etrie fr´equemment
sup´erieure `a O(1000m), telles que les dorsales oc´eaniques. Pour ˆetre en meilleur accord
avec les observations satellites, MOG2D-G utilise la param´etrisation 4.2 dont le domaine
de validit´e s’´etend `a des topographies du type dorsales, archipels et monts sous-marins (cf.
Carr`ere, 2003).
τ2 =c2ρ0k−1N−→
∇H·u−→
∇H (4.2)
avec les mˆemes notations que pour 4.1 et o`u H est la profondeur moyenne de l’oc´ean
etN est une moyenne pond´er´ee deN sur la verticale v´erifiant 4.3 :
N = 1
H
Z α
−H
N(z) z
2
H2dz (4.3)
Pour obtenir l’expression 4.3 on fait l’hypoth`ese que le profil des vitesses verticales
d´ecroˆıt lin´eairement en allant vers la surface (Baines, 1982), i.e
−
→w(z) = z
H−w→0 (4.4)
o`uw = w0cos(k·x−ωt) avec les notations de la section 6.1.1.
Ainsi, l’´ecriture deN contient deux informations fondamentales : (i) 4.3 refl`ete le rˆole
pr´edominant de la vitesse verticale sur la stratification `a des profondeurs proches de la
topographie (accroissement quadratique avec la profondeur) et (ii) dans 4.3, les effets de
la stratification sont pr´epond´erants au niveau de la thermocline.
Bien que l’expression de 4.2 ait ´et´e d´eriv´ee `a partir d’une approche diff´erente, cette
param´etrisation peut ˆetre consid´er´ee comme une version simplifi´ee de la formulation
pro-pos´ee par Bell (1975). Les diff´erences fondamentales entre 4.2 et 4.1 r´esident d’une part
dans le fait que 4.2 est dirig´ee dans la direction de ∇H et non dans celle de u et d’autre
part que 4.2 varie proportionnellement `a ∇H2 et non pas `a h2.
Deux exp´eriences ont ´et´e r´ealis´ees pour calibrer le coefficient de tuning c2 dans
l’´equation 4.2 de fa¸con `a ´equilibrer le bilan d’´energie de l’ondeM2. La premi`ere exp´erience
est bas´ee sur le champ des vitesses d´eduit des SSH assimil´ees dans l’atlas FES99 (Lef`evre
et al., 2000), avec comme objectif de rendre nul le taux de travail global des forces de
pression. Dans la seconde exp´erience, une solution hydrodynamique est recalcul´ee avec
un second maillage, avec comme objectif de minimiser les ´ecarts entre la solution et la
base de donn´ees mar´egraphiques ST95. Les meilleures performances sont obtenues pour
une coefficient c2 = 1000. Les deux exp´eriences conduisent `a des estimations similaires
de la dissipation globale de M2 en IWD i.e 0.7 TW. Les diff´erences RM S sont divis´ees
par deux lorsque la param´etrisation 4.2 de l’IWD est activ´ee dans l’atlas F ES2000 sans
assimilation. Les diff´erences RMS des solutions les plus r´ecentes de MOG2D-G sont de
seulement 4.0 cm (M2) et 1.2 cm (K1) quand on les compare aux meilleurs solutions
al-tim´etriques telles que GOT00 (Ray, 1999) et FES2004(Lyard et al., 2006). Des exp´eriences
de sensibilit´e ´etablies r´ecemment sur des cas id´ealis´es montrent que la formulation 4.2 est
en meilleur accord avec les transferts d’´energie observ´es que la formulation 4.1 (Lyard F.,
2006 -communication personnelle-).
Figure 4.1– Flux d’´energie dissip´ee par frottement sur le fond par l’ondeM
2(W.m
−2).
Figure 4.3– Traˆın´ee barocline g´en´er´ee par l’ondeM
2(W.m
−2).
Contrairement `a la distribution spatiale du frottement sur le fond qui reste confin´ee sur
les marges continentales (cf. figures 4.1 et 4.2), l’IWD est largement pr´esent en plein oc´ean
(cf. figures 4.3 et 4.4). Dans les sous-bassins o`u les plateaux continentaux ont une extension
limit´ee, tel que l’oc´ean Indien, l’IWDest le m´ecanisme de dissipation qui domine. La
distri-bution spatiale des magnitudes les plus intenses de l’IWD est corr´el´ee avec les topographies
accident´ees. Dans les trois grands sous-bassins on retrouve des reliefs caract´eristiques des
zones o`u l’IWD est intense : dorsales oc´eaniques, archipels, monts sous-marins et talus
continentaux. Dans l’Atlantique on distingue : la dorsale medio-Atlantique de 60o N `a
60o S, le talus de la baie de Biscaye, les Canaries, les A¸cores, les ˆıles du Cap-Vert, Walvis
Ridge ; dans le Pacifique : les archipels des ˆıles Al´eutiennes et Kurill, les Monts sous-marins
de l’Empereur, l’archipel des ˆıles Hawa¨ı, Kyushu et Palu ridge, le d´etroit de Luzon, l’est
de l’archipel Indon´esien, les ˆıles M´elan´esiennes, Macquarie ridge, l’archipel des Tuomatou
et les Galapagos ; dans l’Indien : les ˆıles de la sonde, les ˆıles Andaman, l’archipel des
Mal-dives, les zones de Madagascar et de la R´eunion et le plateau des Kerguelen. La magnitude
de l’IWD associ´e `a l’onde K1 est nulle en dehors de la bande comprise entre les latitudes
critiques 28.9o N et 28.9o S.
Le tableau 4.1 r´esume les quantit´e d’´energies dissip´ees par les ondesM2 etK1. Ces
esti-mations sont issues de MOG2D-G (Lyard & LeProvost, 2002) et des donn´ees altim´etriques
GOT99 et TPXO.5 (Egbert & Ray, 2003). Bien qu’utilisant des m´ethodes diff´erentes,
toutes les estimations donnent des r´esultats similaires. Sur les 3.5 TW d’´energie dissip´es
par la mar´ee, ∼2.8 TW le sont par les seules ondes M2 etK1. L’onde M2 dissipe `a elle
seule ∼71 % de l’´energie totale dissip´ee par la mar´ee. L’´energie dissip´ee par la mar´ee se
r´epartie en frottement sur le fond et en traˆın´ee barocline, respectivement :∼73 % et∼17
% de l’´energie de M2 et K1. N´eanmoins M2 et K1 ne dissipent pas les mˆemes quantit´e
d’´energie en IWD. M2 dissipe ∼ 30% de son ´energie contre seulement ∼ 15% pour K1.
Cette dissym´etrie n’est pas expliqu´ee.
Energie dissip´ee (TW) M2 K1 M2+K1
BF 1.8 (0.72) 0.25 (0.83) 2.05
Lyard & LeProvost (2002) IWD 0.7 (0.28) 0.05 (0.17) 0.75
(%) BF+IWD 2.5 0.30 2.80
SW 1.80 (0.74) 0.285 (0.83) 2.085
Egbert & Ray (2003) Deep Ocean 0.63 (0.26) 0.058 (0.17) 0.688
-GOT99- (%) SW+Deep Ocean 2.43 0.343 2.773
SW 1.65 (0.68) 0.304 (0.89) 1.954
Egbert & Ray (2003) Deep Ocean 0.78 (0.32) 0.039 (0.11) 0.819
-TPXO.5- (%) SW+Deep Ocean 2.43 0.343 2.773
Tableau 4.1– R´ecapitulatif des ´energies dissip´ees par les ondesM
2etK
1en t´erawatt(TW)par frottement
sur le fond (BF) en eau peu profonde (SW) d’une part et via le transfert d’´energie vers les ondes internes
(IWD) en plein oc´ean (Deep Ocean) d’autre part. Ces estimations sont issues du mod`ele hydrodynamique
MOG2D-G (Lyard & LeProvost, 2002) et des donn´ees altim´etriques GOT99 et TPXO.5 (Egbert & Ray,
Troisi`eme partie
Chapitre 5
L’Energie Dissip´ee en Chaleur par
la Mar´ee
5.1 Introduction
Dans ce chapitre nous ´etudions la fraction de l’´energie de mar´ee qui est dissip´ee en
chaleur, ceci afin de d´eterminer si, `a l’instar du flux g´eothermal, elle est susceptible de
jouer un rˆole important sur la circulation abyssale. Pour ce faire nous distinguons deux
m´ecanismes de dissipation de l’´energie de mar´ee en chaleur : la dissipation li´ee `a l’efficacit´e
du m´elange vertical induit par la mar´ee (section 5.2) et celle dˆu au frottement sur le fond
(section 5.3). En supposant que la totalit´e de la dissipation li´ee au m´elange vertical se fait
sur le fond, comme celle dˆu au frottement, on peut comparer les valeurs moyennes globales
avec celles g´en´er´ees par le flux de chaleur g´eothermal (section 5.4). Cette comparaison
permet d’estimer l’effet de l’´energie dissip´ee en chaleur par la mar´ee sur la circulation
abyssale (section 5.5).
Dans le document
Impact des marées sur la circulation générale océanique dans une perspective climatique
(Page 66-74)