• Aucun résultat trouvé

2.6 Solide en rotation

2.6.4 La toupie d’Euler

1 0 0 0 cos α − sin α 0 sin α cos α , Ry = cos α 0 sin α 0 1 0 − sin α 0 cos α , Rz = cos α − sin α 0 sin α cos α 0 0 0 1 . (2.78)

Dans notre cas, nous avons vu que nous avons construit les angles d’Euler selon la conven-tion ZY Z. Par conséquent, les composantes de S s’expriment dans la base L par:

~x|X ~y|X ~z|X ~x|Y ~y|Y ~z|Y ~x|Z ~y|Z ~z|Z = Rz(φ)Ry(θ)Rz(ψ) = R, (2.79) et les composantes de L dans le repère S sont données par la matrice G =tR [94].

2.6.4 La toupie d’Euler

Dans ce manuscrit, nous serons souvent confronté à la dynamique d’un solide en rota-tion libre, aussi appelé toupie d’Euler. Un solide est caractérisé par son tenseur d’inertie, une matrice 3 × 3 symétrique qui représente la répartition de la matière en son sein. Le tenseur d’inertie caractérise la géométrie du solide si celui-ci est homogène. Il est toujours possible de choisir un repère dans lequel le tenseur d’inertie est diagonal. Les trois axes de ce repère sont appelés les axes principaux d’inertie et les trois composantes diagonales du tenseur d’inertie sont appelées moments d’inertie principaux. Supposons que ce repère soit le repère S = (~x, ~y, ~z) de la figure 2.6. Les moments d’inertie principaux associés à chacun de ces axes sont Ix, Iy et Iz. Lorsque le solide est en rotation libre, sa vitesse angulaire est représentée par un vecteur ~Ω et son moment cinétique ~L est conservé. Les composantes de ~L dans le repère S sont reliées aux moments d’inertie principaux et aux composantes du vecteur vitesse angulaire ~Ω du solide suivant les relations [93]:

x = Lx

Ix,y = Ly

Iy,z = Lz

Iz. (2.80) Le moment cinétique ~L est fixe dans le laboratoire. Pour cette raison, dans tous les livres de référence [75, 93, 94], l’axe ~Z du repère fixe attaché au laboratoire est par convention choisit le long du vecteur ~L. Nous avons vu que la dynamique d’un axe fixe dans le référentiel du solide est gouvernée par l’équation (2.74). En appliquant cette équation pour ~L, puis en exprimant les composantes de ~Ω en fonction de celles de ~L, on obtient les

équations d’Euler: ˙Lx = LyLzI1z1 Iy  , ˙Ly = LxLz1 Ix1 Iz  , ˙Lz = LxLy1 Iy1 Ix  . (2.81) Ce système comporte deux constantes du mouvement. La première est l’énergie de la toupie donnée par 1

2L~ · ~Ω. La deuxième est la norme de son moment cinétique |~L|. En notant E l’énergie et ℓ la norme du moment cinétique, on a explicitement:

2 = L2 x+ L2 y+ L2 z, 2E = L2x Ix + L2y Iy +L2z Iz. (2.82) Ces deux expressions sont les équations paramétriques de deux surfaces dans l’espace (~x, ~y, ~z). La première est l’équation d’une sphère de rayon ℓ. Elle traduit le fait que dans le repère S = (~x, ~y, ~z), le moment cinétique ~L(t) vit une sphère de rayon ℓ. La deuxième est l’équation paramétrique d’un ellipsoïde de rayons 2IxE, q2IyE et 2IzE. Pour ℓ et E fixés, la solution ~L(t) des équations d’Euler appartient à l’intersection des surfaces d’énergie et de moments cinétiques constants. Un exemple de solution est représenté sur la figure 2.7. On réalise le portrait de phase des équations d’Euler en traçant sur la

~z

~x

~y

Figure 2.7 – Sphère de moment cinétique constant (en gris clair) et ellipsoide d’énergie constante (gris foncé) dans le repère S. La solution ~L(t) des équations d’Euler appartient à l’intersection de ces deux surfaces (ligne noire épaisse). Pour cette représentation, nous avons pris la convention Iz < Ix< Iy, ce qui détermine les valeurs relatives des rayons de l’ellipsoïde. Nous avons ici rz < rx < ry, avec

ri =√

2IiE le rayon de l’ellipsoide le long de l’axe i ={x, y, z}.

sphère les solutions ~L(t) correspondantes à plusieurs valeurs de l’énergie E. Notons que dans plusieurs livres de références (par exemple [93]), le portrait de phase est représenté sur l’ellipsoïde, ce qui revient à fixer l’énergie et à tracer les solutions ~L(t) pour plusieurs valeurs de ℓ. Les deux représentations sont parfaitement équivalentes. Le portrait de phase des équations d’Euler est représenté sur la figure 2.8. Cette figure montre trois familles

~y

~z

~x

Figure 2.8 – Portrait de phase des équations d’Euler. Chaque trajectoire cor-respond à une solution ~L(t) dans le repère S. Nous avons gardé la convention

Iz < Ix < Iy.

de solutions. Les trajectoires rouges, qu’on appellera solutions oscillantes, apparaissent lorsque le rayon de la sphère est inférieur au rayon intermédiaire de l’ellipsoïde, c’est-à-dire lorsque ℓ < 2IxE. On appellera les trajectoires bleues solutions tournantes. Celles-ci apparaissent lorsque ℓ > 2IxE. Ces deux familles sont séparées par les trajectoires en noir, appelées séparatrices, qui correspondent au cas particulier où ℓ = 2IxE. On remarque qu’il y a des points d’équilibre stable le long de ~y et ~z, et instable le long de ~x. Cela signifie que lorsque le solide tourne autour de son axe d’inertie ~y ou ~z, la rotation est stable, dans le sens où une petite déviation de la trajectoire ne modifie pas beaucoup la dynamique. En revanche, la rotation est instable si le solide tourne autour de son axe d’inertie ~x. Une petite déviation peut entraîner le solide vers un état complètement différent. Ces points d’équilibre instable sont toujours le long de l’axe d’inertie intermédiaire, c’est-à-dire l’axe principal d’inertie le long duquel la valeur du moment d’inertie est comprise entre les deux autres. Notons que les trajectoires de ce portrait de phase sont toutes périodiques, excepté les séparatrices, qui relient les points d’équilibre instable. Les solutions oscillantes et tournantes sont données par des fonctions elliptiques de Jacobi [95]. Les séparatrices sont données par des fonctions hyperboliques.

Cette analyse ne donne que la dynamique de ~L dans le repère du solide, mais ne donne pas la dynamique relative des repères S et L. Celle-ci nécessite de supposer que ~L est par convention le long de l’axe ~Z du laboratoire, et d’introduire les trois angles d’Euler afin de tenir compte des axes ~X et ~Y . Nous n’allons pas le faire dans cette introduction. Il faut savoir que les angles d’Euler peuvent être choisis de différentes manières. Pour que le choix soit pertinent, c’est-à-dire pour que la dynamique de chaque angle puisse être interprétée de façon intuitive, il est nécessaire de tenir compte des valeurs relatives des moments d’inerties principaux Ix, Iy et Iz.

Contrôle optimal géométrique sur

une chaîne de spins couplés

3.1 Introduction

Les portes quantiques, ou transformations unitaires, sont utilisées en RMN pour mani-puler des ensembles de spins [20] ou pour implémenter des portes quantiques qui sont des briques élémentaires pour les ordinateurs quantiques [96]. Pour que les transformations soient unitaires, il est nécessaire que le transfert soit rapide pour éviter les phénomènes de relaxation. Le contrôle en temps optimal est donc tout à fait adapté à ce genre de problème. Des méthodes de contrôle géométrique ont déjà permis de traiter efficacement des modèles simples comme le contrôle en temps optimal d’un spin 1/2 sur le groupe unitaire SU(2) [97], de deux [72, 98] et trois spins couplés [99]. Dans ce chapitre, nous allons utiliser le principe du maximum de Pontryagin pour contrôler une chaîne de trois spins couplés selon le modèle d’Ising. Nous traitons le cas où les couplages inter-spin sont inégaux. Cela permet de compléter une étude réalisée en 2008 sur le même sujet [100], en proposant une analyse hamiltonienne du problème. Le modèle ayant déjà été mis en œuvre [101, 102, 103], ce travail a pour but de calculer explicitement les solutions du pro-blème et les champs de contrôle pour certains transferts. Nous verrons que la condition de maximisation du pseudo-Hamiltonien donne un Hamiltonien de Pontryagin qui est celui d’une toupie d’Euler, ce qui permet d’intégrer complètement les équations du mouvement du système et d’en déduire une description géométrique des solutions. Ce travail a donné lieu à la publication [104]. Il a été réalisé en collaboration avec le groupe de S. J. Glaser à Munich.

Dans ce chapitre, nous allons utiliser le formalisme de la matrice densité que nous allons exprimer dans une certaine base qui se construit à partir des matrices de Pauli. Pour un système à deux niveaux, les matrices de Pauli sont de la forme:

σx = 1 2 0 1 1 0 , σy = 1 2 0 −i i 0 , σz = 1 2 1 0 0 −1 . (3.1)

La matrice densité peut s’exprimer en fonction des coordonnées du vecteur de Bloch suivant la formule:

ρ= 1

21+cxσx+ cyσy+ czσz, (3.2) où cx, cy et cz sont les composantes du vecteur de Bloch et 1 la matrice identité. On remarque que les coordonnées de Bloch sont directement données par la valeur moyenne des opérateurs σα, puisque l’on a:

xi ≡ Tr(σ) = cx, (3.3) et il en va de même pour cy et cz. On peut facilement généraliser cette démarche pour des systèmes plus complexes. Pour deux spins couplés, les transformations unitaires ap-partiennent au groupe SU(4). On introduit les matrices suivantes:

σ = σα1, σ =1⊗σα, σ10 = σ20 = 1

2 11= 1 21

4×4. (3.4) où α = {x, y, z}, 1 est la matrice identité de dimension 2 × 2 et ⊗ est le produit de Kronecker. La relation entre la matrice densité et les matrices de base devient [100]:

ρ= 1 2

X

α,β

cαβσσ, c00= 1, (3.5) avec (α, β) = {0, x, y, z}. Cette décomposition de la matrice densité va nous être utile pour traiter le cas de trois spins couplés. Remarquons que pour un seul spin, la matrice densité s’exprime en fonction de quatre matrices de bases qui sont les trois matrices de Pauli et la matrice identité. Pour deux spins, elle se décompose en fonction de 16 matrices de dimensions 4 × 4, matrice identité comprise. D’une manière générale, les transformations unitaires sur une chaîne de N spins couplés appartiennent au groupe SU(2N). La matrice densité est alors de dimension 2N×2N et s’exprime en fonction de 2N×2N matrices de base. La matrice densité d’une chaîne de trois spins peut être décomposé de la même manière que l’équation (3.5). Elle s’exprime alors en fonction de 64 matrices et 64 coefficients cαβγ. Le coefficient c000 étant égal à 1, elle ne se compose en réalité que de 63 coefficients. Nous allons expliciter cet aspect dans la prochaine section.

Ce chapitre est organisé de la façon suivante. Dans la section 3.2, on décrit le modèle et on montre que la dimension du problème peut être considérablement réduite. On applique ensuite le principe du maximum de Pontryagin dans la section 3.3, puis on en déduit une famille particulière de contrôles qui sont donnés par des fonctions elliptiques de Jacobi. Dans la section 3.4, on intègre les trajectoires afin d’en déduire les paramètres des champs de contrôle qui nous intéressent. Ceux-ci sont explicités dans la section 3.5. On montre ensuite qu’on retrouve naturellement le cas particulier où les couplages sont égaux dans la section 3.6. Nous proposons une méthode pour aborder le problème du contrôle optimal d’une chaîne de quatre spins dans la section 3.7. On conclut cette étude dans la section 3.8. Nous allons voir que ce chapitre nécessite de nombreux calculs qui sont difficiles. Pour cette raison, nous avons reporté toutes les démonstrations importantes dans la section 3.9