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Chapitre 2. Principes de radiothérapie

2.3. Modalités d’imagerie et de radiothérapie

2.3.2. Tomodensitométrie

L’interaction des rayons X avec le patient est à la base du développement de la tomodensito- métrie. Outre l’imagerie à des fins de diagnostic, la tomodensitométrie est aussi essentielle à la radiothérapie. Celle-ci a en effet besoin de connaître la composition électronique des tissus soumis à une irradiation afin de calculer la dose absorbée par ces tissus, permettant ainsi une planification de traitement qui tient compte des inhomogénéités de façon plus précise.

Or, la tomodensitométrie par rayons X est une modalité permettant, à partir de l’intensité des images obtenues, de déduire la densité électronique relative des tissus.

2.3.2.1. Principe de la tomodensitométrie

La tomodensitométrie par rayons X utilise à la base le même principe que la radiographie classique. Un faisceau de rayons X traverse un patient et les photons qui n’ont pas interagi rencontrent un détecteur qui les absorbe et transforme leur énergie en signal. Comme les diffé- rents tissus n’absorbent pas les photons de la même façon aux énergies utilisées, un contraste apparaît qui permet de distinguer ces tissus. Ce contraste est particulièrement marqué entre les tissus osseux et les tissus mous. Mais alors que la radiographie ne donne qu’une image en deux dimensions, la tomodensitométrie permet d’obtenir l’information d’absorption en trois dimensions.

Le principe de la tomodensitométrie est d’obtenir plusieurs images représentant des coupes de l’objet imagé. Pour cela, le tube à rayons X ainsi que les détecteurs sont placés dans un anneau leur permettant de tourner rapidement autour du patient placé au centre de l’anneau. À chaque rotation, un signal est enregistré à différents angles. Les lignes de signal obtenues à tous les angles pour une rotation constituent un image appelée sinogramme. Ce dernier est donc une matrice dont les colonnes représentent un détecteur ou un groupe de détecteurs et qui peuvent également être vues comme une somme de voxels. La figure 2.8a illustre la production d’un sinogramme. Le même processus est répété pour chaque coupe.

Afin de retrouver l’image de l’objet à partir des sinogrammes, différentes techniques existent. La première méthode utilisée est la rétroprojection filtrée. Cette technique consiste à rétro- projeter chaque ligne du sinogramme sur toute l’image selon son angle d’enregistrement, tel qu’illustré sur la figure2.8b. Ainsi, lors de la rétroprojection, l’intensité correspondant à une somme de voxels est redistribuée équitablement à tous les voxels de la somme. Mais comme le processus redistribue à tous les voxels une intensité provenant initialement d’un seul voxel, l’image reconstituée est floue. Afin d’améliorer l’image et d’atténuer le flou, un filtre, sous forme de convolution par exemple, est appliqué aux données avant la rétroprojection.

Aujourd’hui, la rétroprojection filtrée est peu à peu remplacée par des méthodes itératives plus efficaces. Les méthodes itératives sont nombreuses mais leur principe est toujours le même. À partir d’une image fictive, constante ou supposée proche de l’image réelle, une projection est effectuée par ordinateur et un sinogramme fictif est obtenu. Les sinogrammes fictif et réel sont comparés permettant de constituer une matrice d’erreurs. Celle-ci est uti- lisée pour corriger l’image fictive et la rapprocher de l’image réelle. Le processus se répète jusqu’à l’obtention d’une erreur minimale. L’image fictive obtenue alors est considérée comme

(a) Projection

(b) Rétroprojection

Figure 2.8. (a) Processus de construction du sinogramme à l’aide de pro- jections de l’image selon des angles différents, projections obtenues par l’en- registrement du signal des rayons X traversant l’objet. Chaque projection est placée dans une matrice constituant le sinogramme (avec 180 angles ou pro- jections dans le cas présent). (b) Processus de reproduction de l’image par rétroprojection : chaque ligne du sinogramme est rétro-projetée sur l’image qui se reconstitue, avec cependant l’introduction d’erreurs.

l’image réelle reconstruite. L’avantage des méthodes itératives par rapport à la rétroprojec- tion est qu’elles permettent une meilleur gestion de divers paramètres, comme le flou et les incertitudes statistiques, et produisent des images avec un meilleur rapport signal sur bruit [4].

2.3.2.2. Unité Hounsfield

La particularité de la tomodensitométrie est que l’intensité de chaque voxel peut être relié au coefficient d’atténuation des tissus composant le voxel et la densité électronique de ceux-ci peut en être déduite. Ainsi, l’intensité des voxels est exprimée en unité Hounsfield (HU) correspondant à

HU = 1000µxyz− µeau µeau

(2.3.1)

Où µxyz est le coefficient d’absorption linéaire du voxel xyz et µeau est le coefficient d’atté-

nuation linaire de l’eau. Les nombres HU sont donc définis par rapport au coefficient d’atté- nuation de l’eau. Ainsi, l’eau a un nombre HU de 0 et l’air, ayant un coefficient d’absorption considéré comme nul, a un nombre HU de -1000. Toute la gamme des nombres HU est ainsi définie à partir de ces deux points et chaque appareil de tomodensitométrie est calibré afin d’obtenir les intensités voulues.

Nous avons vu dans l’équation 2.1.2 que µ ∝ ρZANA. En considérant la densité électronique ρelec = ρAZNA, on a1

µ(E,Z) = ρelecσe(E,Z) = ρelec(σecohérent+ σeCompton+ σephotoélectrique) (2.3.2)

À partir de ces relations, Schneider et al. [49] ont développé une méthode permettant de relier la densité électronique relative ρe = ρelec/ρeauelec au nombre HU. En considérant les

différentes sections efficaces comme proportionnelles à une certaine puissance du nombre atomique, c’est-à-dire σei = KiZni où les ni sont connus, les constantes Ki peuvent être

déterminées par une régression linéaire sur des données expérimentales obtenues sur des matériaux de numéros atomiques connus. Une fois ces constantes obtenues, il est possible de calibrer les appareils de tomodensitométrie afin de faire correspondre les HU aux densités électroniques des tissus humains. On obtient alors pour chaque appareil et chaque énergie fournie une courbe de calibration ou courbe HU-ED reliant les unités Hounsfield à la densité relative des électrons (ED), telle qu’illustrée à la figure 2.9. Bien que seuls quelques tissus sont représentés ici, trois groupes se distinguent en général dans ces courbes de calibration : l’air dont le HU est de -1000 et dont la densité est considérée comme nulle ; les tissus mous dont les HU varient entre -200 et 200 et dont les densités relatives sont proches de 1 ; et les os dont les HU sont au-delà de 500. Cette courbe sert alors de référence pour le calcul de la dose en radiothérapie basé sur les images CT.

Figure 2.9. Courbe associant les nombres HU à la densité électronique re- lative de certains tissus. Trois groupes se distinguent : l’air, les tissus mous et les os.