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Chapitre 3. Tomodensitométrie synthétique par IRM

3.1. Principes généraux en IRM

3.1.1. Imagerie par résonance magnétique

3.1.1.1. Principe de base

Le processus permettant d’obtenir une image à partir des spins des noyaux d’hydrogène fait intervenir divers procédés qui permettent de produire un signal de résonance, de localiser ce signal et enfin de transformer l’information reçue en image. La résonance magnétique utilise la magnétisation, c’est-à-dire le caractère magnétique macroscopique d’un matériau produit par l’ensemble des spins. Celle-ci représente ainsi la somme vectorielle de tous les spins présents dans une volume donné.

Production du signal de résonance

Le signal est généré à l’aide d’un champ magnétique puissant (entre 0.5 T et 3 T dans les appareils courants) généralement nommé B0, produit par des bobines supraconductrices. Une fois placés dans ce champ, les spins des noyaux d’hydrogène, présents dans un corps humain par exemple, s’alignent selon les lignes du champ soit de façon parallèle, soit de façon antiparallèle. L’état parallèle ayant une énergie plus faible, la quantité de spins dans cet état est donc un peu plus élevée (environ 3 spins d’hydrogène supplémentaires par million à 1 T ou 3 ppm [4]). De plus, tous les spins oscillent ou précessent autour de la direction du champ B0 à une fréquence ω0 (ou f0) qui dépend à la fois de l’intensité du champ magnétique et du type de noyau via le facteur gyromagnétique γ spécifique à chaque noyau.

ω0 = γB0 ou f0 =

γ

2πB0 (3.1.1)

Cette fréquence spécifique de précession est la fréquence de Larmor.

L’alignement des spins fait ainsi apparaître une magnétisation non nulle de la matière placée dans le champ magnétique. La magnétisation est représentée à l’aide d’un vecteur M dont la composante Mz est par convention dans la direction du champ magnétique B0 et est appelée magnétisation longitudinale. Les composantes Mx et My forment un plan perpendiculaire au

champ B0 et composent la magnétisation transverse. L’alignement des spins préférentielle- ment dans la direction z positive (parallèle) produit ainsi une magnétisation longitudinale non nulle. Comme les spins précessent autour de l’axe du champ magnétique, ils possèdent également une composante non nulle dans le plan xy. Cependant, comme ils n’oscillent pas en phase, la magnétisation transverse Mxy est globalement nulle.

En appliquant un second champ magnétique, appelé B1, perpendiculairement au champ B0, les spins sont entraînés par ce nouveau champ à osciller dans une direction supplémentaire. Le champ B1 est appliqué de façon très brève et juste assez longtemps pour que les spins basculent dans le plan xy perpendiculaire à B0. Les spins ayant basculé ensemble oscillent maintenant en phase autour de B0 produisant une magnétisation dans le plan transverse tournant à la fréquence de Larmor. Cette magnétisation en mouvement peut donc induire

un courant électrique dans une antenne, produisant ainsi un signal électrique oscillant à la fréquence de Larmor, tel que résumé à la figure 3.1.

Figure 3.1. Principe de production du signal en IRM : (a) les spins des noyaux d’hydrogène s’alignent et précessent autour du champ magnétique B0 à la fréquence f0, créant une magnétisation statique M en z. (b) L’application brève d’un champ magnétique B1 perpendiculaire à B0 bascule la magnétisa- tion dans le plan xy. (c) La magnétisation oscillant à la fréquence f0 autour de B0 dans le plan xy induit un signal sinusoïdal de même fréquence dans une antenne.

En résonance magnétique, le champ B1 est produit à l’aide d’antennes émettrices d’une onde électromagnétique, B1 étant la partie magnétique de l’onde. Afin que cette onde interagisse en résonance avec les spins, elle doit osciller à la fréquence de Larmor. Pour les noyaux d’hy- drogène, le ratio gyromagnétique γ est de 42.58 MHz/T. Selon l’équation3.1.1 il faut donc une onde électromagnétique de fréquence 21.29 MHz pour un champ B0 de 0.5 T et une onde de fréquence de 127.74 MHz pour un champ de 3 T. L’impulsion électromagnétique appli- quée afin de faire basculer les spins étant dans le domaine radio, on parle alors d’impulsion radiofréquence ou impulsion RF [4].

Localisation du signal de résonance

Le champ B0 et l’impulsion radiofréquence (RF) permettent de produire un signal mais, ce dernier étant identique pour tous les spins, il n’est pas possible d’en connaître l’origine ou de situer les spins les uns par rapport aux autres dans l’espace. Cependant, comme la fréquence de Larmor, ou fréquence de résonance, dépend du champ magnétique, une modification de ce dernier entraîne une modification de la fréquence de résonance. L’introduction d’un gradient dans l’intensité du champ magnétique permettrait ainsi d’obtenir une fréquence de résonance

différente selon la position dans le gradient. Afin de modifier l’intensité du champ et de créer ce gradient, des antennes émettrices produisent un champ magnétique supplémentaire induit par un courant parcourant les antennes. Des antennes émettrices sont positionnées le long de l’axe z et d’autres dans le plan xy de façon à créer un gradient du champ dans les trois directions de l’espace. Les spins oscillent ainsi à une fréquence différente et produisent un signal dont la fréquence dépend de leur position.

Production de l’image à partir de l’espace k

La localisation et l’enregistrement du signal ainsi que la construction de l’image est un proces- sus qui passe par le remplissage d’une matrice en deux dimensions appelée espace k, dont les lignes correspondent à une phase particulière et les colonnes correspondent aux fréquences de résonance. La matrice de l’espace k est complétée suite à une série d’application d’impulsions RF et de gradients appelée séquence. Lors d’une séquence, trois gradients sont appliqués suc- cessivement. Le premier gradient est appliqué selon l’axe z et est associé à une impulsion RF d’une fréquence choisie, ce qui permet de sélectionner les spins dans l’axe longitudinal. Les spins excités font ainsi partie d’une tranche ou d’une coupe de l’objet présent dans le champ magnétique. Ce gradient appliqué dans l’axe z est appelé gradient de sélection de coupe. Un espace k est associé à cette coupe, tel qu’illustré sur la figure 3.2. Un second gradient est ensuite appliqué, conventionnellement en y, permettant la sélection non d’une fréquence mais d’une phase particulière. On parle de gradient de sélection de phase qui indique la ligne de la matrice de l’espace k à compléter. Enfin, un troisième gradient est appliqué en x, durant lequel un enregistrement du signal est effectué. C’est le gradient de lecture. Cependant, le signal enregistré contient toutes les fréquences correspondant au gradient en x. Afin de les séparer, un transformée de Fourier est appliquée et toute la ligne sélectionnée de l’espace k est complétée, chaque colonne correspondant à une fréquence et à une position en x. Le pro- cessus est répété en modifiant le gradient de phase jusqu’au remplissage complet de l’espace k. Comme celui-ci fait partie du domaine fréquentiel, une transformée de Fourier 2D de cet espace k permet de passer dans le domaine spatial, récupérant ainsi l’image recherchée. Classiquement, l’espace k est complété de façon cartésienne, c’est-à-dire ligne par ligne. Il existe cependant d’autres méthodes de remplissage, comme la technique radiale, plus rapide mais moins précise, opérant un remplissage du centre vers les extrémités.