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Les déchets du travail du fer

4.2 Les objets

4.3.4 Les tiges et les fils

Sous cette appellation sont regroupés les 63 fragments allongés de section circulaire, éventuellement ovale. Parmi ceux-ci, sept fils ont été individualisés en raison de leur section inférieure ou égale à 0,2 cm de diamètre et de leur poids n’excédant pas un demi-gramme. Le diamètre des tiges est quant à lui toujours inférieur à 1 cm ; leur longueur conservée peut aller jusqu’à 12 cm mais plus des trois quarts ne mesurent pas plus de 6 cm. Une portion des vingt tiges possédant une extrémité pointue pourrait éventuelle-ment être attribuée à des aiguilles ou à des épingles.

4.3.5 Les tubes

Six tubes constituent une forme particulière de tiges, leur section étant cette fois creuse avec un diamètre externe compris entre 0,2 et 0,9 cm. Ils sont eux aussi allongés. Ces pièces proviennent, selon toute vraisemblance, d’un système d’emmanchement par douille.

4.3.6 Les fragments informes

Cette dernière sous-catégorie rassemble 311 pièces dont l’appa-rence extérieure est totalement désorganisée et sans rapport avec les critères géométriques retenus ci-dessus. Ils constituent de la sorte un ensemble particulièrement hétérogène mais ceci est pour une large part la conséquence de leur mauvais état de conserva-tion et de leur fragmentaconserva-tion souvent poussée. Ce constat est ren-forcé par le poids moyen des fragments qui ne dépasse pas 6 g dans 93 % des cas.

4.4 Synthèse

4.4.1 Synthèse archéologique

A Develier-Courtételle, le mobilier métallique attribué au Haut Moyen Age fait ressortir la suprématie du fer (94,3 %) sur les autres métaux ou alliages. Le faible représentativité du bronze (5,6 %) doit cependant être nuancée si l’on tient compte de la qualité évidente mais aussi de l’éventail typologique restreint des objets réalisés en cet alliage (chap. 5). La présence du plomb et de l’étain est insignifiante (0,1 %), celle de l’or et de l’argent est car-rément ignorée. L’effort principal de l’étude archéologique a porté sur l’identification des objets, entiers ou fragmentés, et sur leur classement hiérarchisé. Cette présentation permet une première approche d’ensemble d’un habitat rural du Haut Moyen Age en cette région de Suisse occidentale. Elle souligne les caractéristiques et les variations du mobilier métallique à vocation économique

ou domestique, des accessoires de la vie quotidienne des habi-tants et de ceux en lien avec leur cadre de vie. Quelques catégories typologiques, en particulier les plus usuelles, sont représentées par un nombre élevé d’objets similaires. Nous admettons aussi que la plupart des activités possibles sont représentées sur le site, à l’exception notable du domaine commercial qui n’a pas laissé de témoignages directs sous la forme d’un monnayage.

Qu’il s’agisse d’outillage ou de coutellerie, d’objets vestimentaires et de parure, d’éléments en lien avec l’armement ou encore de pièces de quincaillerie, les études archéologiques et analytiques mettent en évidence la diversité ainsi que la qualité souvent réelle du mobilier métallique découvert sur le site. Une autre caracté-ristique, qui doit déjà être évoquée ici, concerne la fabrication. Celle-ci témoigne d’une excellente maîtrise technique et du souci de s’adapter aux nécessités fonctionnelles imposées par tel ou tel objet. Ce constat est très net à travers l’outillage ou les objets de taillanderie, où les outils et les lames ordinaires sont en fer peu ou pas carburé. D’autres pièces apparemment plus spécifiques, réalisées dans un métal fortement carburé, font appel en particu-lier à des techniques d’assemblage nécessitant une grande préci-sion dans l’exécution.

Les variations quantitatives, typologiques et fonctionnelles ob-servées, associées aux indices de chronologie relative, précisent l’histoire de la vie quotidienne de cet habitat rural, aux diverses phases de son occupation (fig. 158).

Les meilleures indications sont fournies par les objets de buffle-terie et de parure ainsi que par ceux en lien avec l’armement et l’équipement équestre (chap. 4.2.4-6). Mais ce résultat ne peut servir qu’à donner une vue d’ensemble et à mettre en évidence certains aspects ponctuels. Les conditions d’application d’une sé-riation n’étaient en effet pas réunies étant donné l’absence d’en-sembles clos et la difficulté à opérer des différenciations stratigra-phiques. Il ressort cependant que le mobilier métallique porteur d’informations chronologiques se rattache pour l’essentiel au 7e

siècle. Les éléments caractéristiques plus anciens sont très rares, comme les deux objets de buffleterie (cat. 234 et 242) de la fin du 6e siècle. Une autre datation ancienne, vers 600 ap. J.-C. ou peu avant, a été proposée pour les fragments de scramasaxes (cat. 350 et 415) qui sont, eux, des productions locales. Ce man-que de vestiges des débuts de l’occupation pourrait s’expliman-quer par la fragmentation des éléments anciens, en tout cas dans les zones

Objet Cat.

Matériau Technique

d’élaboration Origine

Couches

nb

Fer Acier (%masse C)

fer fer phosphorique 0,1 - 0,3 locale externe

Tôle 443 2 x x soudé x 454 2 x x soudé 455 1 x soudé x 456 2 x x soudé x 457 1 x soudé x Total 5 8 3 2 3 2 2 Tôle, externe 2 2 2 Tôle, local 2 4 2 2 Tôle, non déterminé 1 2 1 1

Fig. 157 Matériaux, technique d’élaboration et origine du métal des fragments en forme de tôle.

Les ceintures à plusieurs éléments trouvent de bons parallèles à l’ouest, en Suisse occidentale et en Franche-Comté notamment (par ex. cat. 483) ; il en va de même pour quelques pièces isolées attribuées à des garnitures féminines dites de type B (cat. 239 et 398). Les ceintures à éléments multiples (fig. 129) caractérisent les coutumes vestimentaires rencontrées à l’est, en particulier avec des terminaisons de lanière (cat. 238 et 403) qui appartiennent à une période déjà avancée de la phase JM II. Les garnitures à pla-ques très étroites, peut-être portées de manière non visible selon une mode plus orientale, sont typiques de la fin du 7e siècle, de même que les éléments à plaque repliée et les boucles simples en forme de D évoquées ci-dessus. La datation de ces deux derniers types peut déborder assez largement sur le 8e siècle.

Les influences culturelles identifiées mettent en relief deux grands « espaces » auxquels se rattachent les éléments caractéristiques de l’abondant mobilier en fer de Develier-Courtételle : romano-franc à l’ouest, avec les régions occidentales du royaume mérovingien et en particulier la Burgondie, et alaman à l’est, centré en priorité sur la rive droite du Rhin. Ces composantes culturelles sont une base pour établir l’histoire du peuplement de l’extrême nord-ouest de la Suisse. Elles soulignent que les régions jurassiennes sont bel et bien une zone frontière ouverte à de nombreuses influences, à une époque où les délimitations entre les populations romani-sées et germaniques se mettent peu à peu en place.

4.4.2 Synthèse analytique

Au total, 63 objets en fer ont été examinés (fig. 159). Un tiers d’entres eux sont des outils, le reste se répartissant dans les autres catégories typologiques. Ces pièces en fer ont été produites de manière préférentielle avec de l’acier non trempable. Près des 60 % du métal utilisé pour leur production est un matériau duc-tile (fer, acier non trempable), les 40 % restant un métal dur (fer riche en phosphore, acier trempable).

Si 23 objets ont été forgés à partir d’un métal offrant une com-position chimique similaire à celle définie pour une production locale (chap. 3.5), 33 objets ont été forgés à partir d’un métal avec une composition chimique externe ; celle de six pièces reste indé-terminée et deux objets sont modernes (clous cat. 863 et 864). Les matériaux dont se composent ces objets produits dans les forges de Develier-Courtételle, contiennent 10 % de fer en moins (fig. 160). Ils contiennent moins de matériau ductile (55 % de fer et d’acier non trempable) et un peu plus de matériau dur (43 % ; fer riche en phosphore, acier trempable) que l’ensemble des ob-jets étudiés. Parmi la production locale ne figurent aucun élément de buffleterie ou de parure et aucune sonnaille. De ce fait, il faut exclure la réalisation, à Develier-Courtételle, de damasquinures ou de sonnailles plaquées d’alliage cuivreux.

La faible proportion de produits locaux (40 %) dans le matériel analysé est surprenante. Comme la répartition spatiale le montre (chap. 6), il existe une relation entre répartition et origine locale ou externe des objets. Il est probable qu’un nombre indéfini d’ob-jets en fer ne sont pas contemporains des phases de fonctionne-ment des forges de Develier-Courtételle et sont donc importés. du site les plus longtemps occupées. Les phases tardives, entre la

fin du 7e et la première moitié du 8e siècle, sont par contre mieux représentées, confirmant ainsi la longue durée d’occupation de certaines zones du site. Les trouvailles représentatives sont alors des garnitures de ceinture à plaque rectangulaire repliée (cat. 400, 401, 561 et 600) ou un éperon à rivet (cat. 418). Les boucles sim-ples à anneau plat en forme de D (cat. 235 et 236) caractérisent nettement le 8e siècle.

Les données pour les trois premiers quarts du 7e siècle, correspon-dant aux phases JM I et JM II du découpage chronologique retenu, sont les plus nombreuses et livrent l’essentiel des information sur les composantes culturelles détectées à Develier-Courtételle. Si les accessoires vestimentaires restent l’indicateur chronologique essentiel, les éléments en relation avec l’armement et l’équipe-ment équestre livrent des indications toutes aussi significatives : en particulier à travers une série de pointes de flèche (fig. 141), de plusieurs éperons (fig. 142) et de barrettes de suspension de fourreaux de scramasaxe (fig. 138) dont la datation ne peut guère intervenir avant le deuxième tiers du 7e siècle. La présence d’une plaque damasquinée d’un baudrier d’épée de type Civez-zano (cat. 733) est à remarquer. Elle met en évidence la diffusion d’une coutume funéraire orientale pour le dépôt de ce type d’ar-mement, tout en renforçant la limite au sud-ouest dans son aire de répartition.

Les éléments de buffleterie constituent une autre base très so-lide pour l’analyse chronologique et culturelle, en s’appuyant sur des systèmes déjà établis. Le premier tiers du 7e siècle est re-présenté par quelques petites boucles simples mais surtout par des garnitures de ceinture bi- ou tripartites largement répandues à l’ouest comme à l’est. Avec le deuxième tiers ou le troisième

e

Fig. 158 Les objets en fer caractéristiques de Develier-Courtételle et leur re-présentation dans l’analyse chronologique. Les influences culturelles marquées sont signalées par un complément graphique : occidentale ( ), orientale ( ), régionale ou locale ( ), sans précision ( ). Voir aussi les figures 188 et 251.

Buffleterie Parure Armement Equestre AM III (560 / 70 - 600) JM I (600 - 630 / 40) JM II (630 / 40 - 670 / 80) JM III (670 / 80 - 720) 234 242 717 708 563 715 711 322 409 709 238 402 237 712 233 181 239 403 703 561 400 321 628 398 832 397 235 418 839 641 251 733 734 255 704 483 401 600 534 833 476 236 710 566 166 246 737 624 735 535 408 707 350 415

Catégorie Cat. Matériau Pièces nb Couches nb

Fer Acier (%masse C)

fer fer phosphorique 0,1 - 0,3 0,4 - 0,8 0,9 - 1,8

Outillage 172, 190, 196, 340, 346, 353, 356, 357, 369, 498, 511, 590, 592, 644, 648, 665, 666, 669, 670, 671, 672 21 28 6 5 10 6 1 Agriculture / élevage 205, 207 2 2 2 Usuel 175, 319, 345, 375, 377 5 8 1 2 1 4 Buffleterie 238, 239, 321, 403, 832 5 7 3 1 2 1 Parure 322 1 1 1 Armement / équestre 261, 350, 415 3 5 3 2 Clou 275, 428, 429, 763, 767, 844, 863, 864 8 8 1 4 3

Objet non défini 336, 431, 432, 434, 513, 612, 772, 773 8 10 3 4 3

Fragment 329, 524, 793, 854, 861 5 6 1 1 3 1

Fragment - tôle 443, 454, 455, 456, 457 5 8 3 2 3

Total 63 83 21 15 29 17 1

% 25 18 35 20 2

a livré des indices permettant de déduire l’emploi de métaux d’autres provenances dans les forges locales : un extraordinaire exemple est fourni par la lame de scramasaxe cat. 415 composée de deux métaux dont l’origine est une fois locale et une fois exo-gène. L’importance de ce recours à d’autres approvisionnements en métal semble toutefois mineure : le fait de ne pas avoir pu défi-nir un second groupe de métal basé sur la composition chimique – ni pour les objets, ni pour les déchets métalliques – vient en appui de cette évaluation. En effet, la composition d’un seul objet (tôle cat. 457) parmi ceux d’origine externe correspond à celle de la couche riche en cobalt, nickel et arsenic du scramasaxe cat. 415. Ces deux objets se distinguent du fragment d’éponge cat. 35 supposé provenir du Grand-Val uniquement par une teneur nettement plus faible en phosphore. Cette teneur étant soumise à de fortes fluctuations en cours d’élaboration, on peut admettre que ces trois pièces constituent un groupe dont l’origine est à re-chercher dans le Grand-Val.

Sur les 23 objets forgés avec un métal local, dix-neuf comportent plusieurs couches soudées dont six avec emploi de la technique du damas en couches. Cette technique, courante au nord des Alpes dès l’époque de La Tène moyenne, convient particulière-ment bien à la fabrication des épées. Les objets sont fabriqués à partir de paquets comportant plusieurs couches et pliés une ou plusieurs fois après soudage : ils sont constitués de façon symétri-que dans le cas où ils ne sont pliés qu’une fois. Il est généralement

admis que deux ou plusieurs matériaux différents – fer et acier – constituent le paquet de départ. Il existe toutefois régulièrement des exemples de cette technique de fabrication où l’on constate l’utilisation d’un seul matériau. Ceci peut être également dû au fait que la teneur en carbone des différentes couches s’équilibre par diffusion lors du soudage.

Parmi les six objets analysés de Develier-Courtételle attestant l’em-ploi du damas en couches, le ciseau cat. 190 révèle ainsi de gran-des variations de la teneur en carbone, très faibles par contre pour le ciseau cat. 172. Ces variations sont également marquées dans le cas de la lame de scramasaxe cat. 350, mais les couches riches en carbone sont toutefois difficilement différenciables de celles pau-vres en carbone. A propos de l’autre fragment de scramasaxe cat. 415, cette teneur ne varie guère bien que la matière composant le tranchant, de par sa fonction, soit riche en carbone. De plus gran-des variations s’observent sur le dos du couteau cat. 375, mais sont limitées à la surface décarburée de l’outil cat. 665.

Pour les objets comportant plusieurs couches soudées, trois sont composés d’un seul matériau organisé symétriquement en deux ou trois couches (cat. 329, 357 et 432). Pour l’objet cat. 336 fabri-qué en cinq couches symétriques et composé de fer et d’acier, la répartition du carbone ne suit pas l’axe de symétrie. Se pose dans ce cas précis la question d’une fabrication par damas en bandes ou en couches.

Fig. 159 Teneurs en carbone et en phosphore des objets en fer étudiés. Catégorie Cat. Matériau Pièces nb Couches nb

Fer Acier (%masse C)

fer fer phosphorique 0,1 - 0,3 0,4 - 0,8

Outillage 172, 190, 340, 357, 369, 511, 590, 644, 665, 666, 672 11 14 1 4 6 3

Usuel 375, 377 2 3 1 2

Armement / équestre 350, 415 2 3 2 1

Clou 429, 763 2 2 1 1

Objet non défini 336, 432 2 3 1 1 1

Fragment - bande 329, 793 2 2 1 1

Fragment - tôle 443, 456 2 4 2 2

Total 23 31 4 6 14 7

% 13 19 45 23

Fig. 160 Teneurs en carbone et en phosphore des objets en fer étudiés, produits à partir des ma-tériaux locaux.

Neuf des 33 objets élaborés à partir de matériaux externes présen-tent plusieurs couches symétriques : la proportion (27 %) est ici nettement inférieure à celle des objets forgés avec un métal local (83 %). Seuls deux d’entre eux attestent à coup sûr de la technique du damas en couches (cat. 345 et 346). Le ciseau à huit couches cat. 353 pourrait éventuellement lui aussi en attester. Les six ob-jets restant comportent entre deux et six couches (cat. 434, 612, 648, 669, 670 et 671).

La proportion d’objets forgés en damas en couches est inférieure dans le cas des objets externes (environ 8 %), à celle des objets

locaux (26 %). La présence de plusieurs couches symétriques dans les produits est donc une caractéristique propre au site de Develier-Courtételle. Carburation et décarburation superficielles ne jouent qu’un rôle secondaire : aucun objet d’origine locale n’atteste l’emploi de la trempe.

La fabrication par soudage et par la technique du damas peut être considérée comme une technique de forge de haute qualité. Ceci peut être interprété comme l’indice d’une spécialisation des forgerons de Develier-Courtételle dans la production d’outils, de couteaux et d’armes (scramasaxes) haut de gamme.

5.1 Introduction

Le mobilier en bronze et les très rares métaux associés sont inten-tionnellement présentés dans un chapitre distinct. Les raisons qui ont présidé à ce choix sont multiples. Il y a d’abord la volonté d’as-surer une unité et une continuité dans l’étude de la métallurgie du fer ; les moyens analytiques appliqués sur un échantillonnage restreint d’objets en bronze – ainsi que leurs résultats – diffèrent d’ailleurs de ceux pratiqués en sidérurgie. Il y a ensuite la nature des objets. Malgré leur nombre réduit parmi le mobilier métal-lique de Develier-Courtételle, ils sont en règle générale mieux conservés et souvent de belle qualité. Les recherches comparati-ves sont plus aisées, les objets moulés pouvant être fabriqués en série, multipliant du coup les chances d’attestation dans la litté-rature. Ces recherches ont donc été poussées à leur maximum en s’appuyant, ici encore, sur des trouvailles funéraires qui peuvent parfois refléter des coutumes spécifiques à certaines aires géogra-phiques ; elles contribuent parfois à mieux cerner les problèmes de typologie et de datation ainsi qu’à mettre en perspective, lors-que cela est possible, d’éventuelles influences culturelles. 5.2 La métallurgie des alliages à base de cuivre A Develier-Courtételle, les témoignages du travail des métaux coulés indiquent une métallurgie essentiellement à base de cui-vre et d’étain, axée sur la réalisation d’objets en bronze. Ce terme – précis pour un métallurgiste – désigne pour un archéologue, et par commodité, n’importe quel alliage dans lequel le cuivre est majoritaire mais avec de fortes variations en fonction de la teneur d’autres composants. Ces différents alliages ne possèdent donc ni les mêmes caractéristiques physiques, ni la même couleur. Ce dernier aspect n’est pas à négliger puisqu’en ajoutant progressive-ment de l’étain, l’alliage devient de plus en plus jaune puis vire progressivement au blanc, tout en devenant également plus fra-gile. Il faut donc tenir compte, au-delà des caractéristiques techni-ques des alliages, d’un possible souci esthétique. Selon les objets à réaliser ou la matière première à disposition, les variations ob-servées dans le métal employé peuvent aller d’un cuivre non allié à des alliages ternaires qui seront discutés ci-après (chap. 5.2.2). Ces alliages font en règle générale l’objet d’un recyclage, ce qui

objets perdus ou oubliés.

5.2.1 Le mobilier

Le mobilier archéologique attribué au travail des alliages se ré-partit en deux ensembles distincts. D’une part, au moins cinq creusets, entiers ou fragmentés, et modelés en terre réfractaire. Bien qu’ils ne constituent pas à proprement parler des déchets, les creusets n’en demeurent pas moins des accessoires indispen-sables à la fonte des alliages non ferreux. D’autre part, les résidus métalliques de ce travail, reconnus et classés en différentes caté-gories de déchets, objets bruts de coulée et matière de récupéra-tion (fig. 161). Pris dans son ensemble, ce mobilier atteste de la mise en œuvre, sur place, de techniques de fonderie des alliages : le moulage y est particulièrement bien identifié. A l’inverse, des techniques de production par déformation plastique, comme le martelage, n’ont pu être mises en évidence.

Les vestiges d’ateliers de fondeurs de l’époque mérovingienne sont malheureusement rares. Hormis quelques attestations de tombes d’orfèvre (Werner 1970), cette activité artisanale se signa-le essentielsigna-lement par la découverte de creusets et de mousigna-les en terre cuite ou en pierre, plus rarement encore de modèles d’objets essentiellement en plomb (Roth 1986, p. 40 sqq.). Dans le can-ton du Jura, les trouvailles de Develier-Courtételle ne sont cepen-dant pas la seule attestation d’un petit artisanat du bronze pour la période du Haut Moyen Age. Il convient de signaler ici le modèle fragmenté, en plomb, d’une fibule discoïde retrouvé sur le célèbre site de hauteur du Mont Terri à Cornol (Helmig 1984, p. 110) et les quelques témoignages mis au jour sur un autre site d’ha-bitat, celui de Courtedoux, Creugenat en cours d’étude (Deslex Sheikh 2002, p. 52).

Les creusets

Sur les cinq exemplaires assurés, un seul est intégralement conser-vé. Ces petits creusets en forme de tonneau à base arrondie et profil épais sont modelés en terre réfractaire, sans traces notables de vitrification. Leurs dimensions sont faibles avec une hauteur ne dépassant pas 5 cm et une contenance restreinte. Mesurable pour le seul cat. 90, elle n’est que de 7 ml (fig. 162). Tous ces exemplaires présentent encore de petits résidus de métal, sur la paroi interne lorsque l’objet est intact ou sur la tranche lorsqu’il est brisé, preuve que beaucoup de creusets se sont fissurés ou ont éclaté au contact de la matière en fusion. Cette fragilité relative suggère une utilisation limitée à un nombre restreint de coulées. Les creusets cat. 90 et 113 proviennent du remplissage de deux structures des fermes 1 et 2, respectivement le bâtiment Q et la cabane en fosse V (CAJ 13, chap. 5.3.3 et 6.3.4). Pourtant, dans