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Thomas l’Apostat (mai 2010)

Les travaux sur l’athéisme et l’irreligion au XVIe et XVIIe siècles se multiplient, tournant autour des question du libertinage ou de la dissimulation1. Par contraste, les mêmes problématiques demeurent presque totalement ignorées pour le Moyen Age. Seuls, l’exception est intéressante à relever, les historiens allemands s’emparent régulièrement de cette question2. Seul Olaf Pluta a tenté d’employer les concepts issus de Leo Strauss pour suggérer que certains maîtres ès-arts, notamment Jean Buridan, étaient aussi passés maîtres dans l’art d’écrire entre les lignes, sous l’effet des censures universitaires3. Depuis des années, Luca Bianchi déploie une belle énergie pour affirmer qu’il n’en est rien4. Sans prendre le débat dans sa totalité, je voudrais ici apporter une pièce que les historiens de la philosophie négligent à tort, alors qu’elle les concerne directement.

Dans son traité d’hérésiologie, Alvaro Pelayo rapporte un cas remarquable d’hérétique qu’il a rencontré en personne à Lisbonne, dans les années 13305. Désigné comme « Thomas Scotus », ce personnage est notamment blasphémateur judaïsant, philosophe incrédule et magicien, mais il a pour première caractéristique surprenante d’être doublement apostat, des frères mineurs et des frères prêcheurs.

Dans un article récent, Patrick Nold est parvenu à reconstituer la trajectoire d’un

1 Pour un aperçu bibiographique, voir Jean-Pierre Cavaillé, « Libertinage, irréligion, incroyance, athéisme dans l’Europe de la première modernité (XVIe-XVIIe siècles) », Les Dossiers du Grihl, 2007-02 [En ligne] URL : http://dossiersgrihl.revues.org/279

2 Friedrich Niewöhner et Olaf Pluta (éd.), Atheismus im Mittelalter und in der Renaissance, Wiesbaden, Harrassowitz, 1999 ; Peter Dinzelbacher: Unglaube im Zeitalter des Glaubens.

Atheismus und Skeptizismus im Mittelalter. Bachmann, Badenweiler 2009 est assez décevant.

3 Olaf Pluta, « Persecution and the Art of Writing. The Parisian Statute of April 1, 1272, and Its Philosophical Consequences », in Paul J.J.M. Bakker (ed.), Chemins de la pensée médiévale.

Études offertes à Zénon Kaluza, Turnhout, Brepols, 2002 (Textes et Études du Moyen Âge, 20), 563-585.

4 Voir en dernier lieu, Luca Bianchi, Pour une histoire de la ‘double vérité’, Paris, Vrin, 2008.

5 Alvaro Pais, Colírio da fé. Contro as heresias, ed. Miguel Pinto de Meneses, Lisboa, Faculdade de letras da universidade de Lisboa, 1954 : édition menée sur le seul cod. Vat. Lat. 1129. Le passage qui nous intéresse a été publié par Mario Esposito, « Les hérésies de Thomas Scotus d’après le Collirium fidei d’Alvare Pélage », Revue d’histoire ecclésiastique, 33, 1937, p. 56-69, sur la base du cod. Paris, lat. 3372. J’ai accordé la préférence à cette dernière édition. Dans les extraits cités plus loin, quelques variantes du manuscrit du Vatican sont signalés à l’aide du sigle V.

QUESTIONS SCOLASTIQUES

Thomas qui présente un profil assez unique6. Ce Thomas de Braunceston (près de Leicester), dont subsistent quelques sermons dans un manuscrit provenant du couvent franciscain de Chester, a été vigoureusement dénoncé par Bonagrazia de Bergame, dans l’appel majeur de Pise, dénonçant parmi les innombrables crimes de Jean XXII, celui d’avoir reçu à la Curie ce frère anglais « nigromancien, alchimiste et hérétique », accusé de divers crimes en Angleterre et incarcéré pour cette raison, mais qui s’était néanmoins enfui et avait rejoint Avignon en habits séculiers, pour présenter au pape un document diffamatoire contre l’ordre des frères mineurs, que Jean XXII était allé jusqu’à faire lire en consistoire7. Nonobstant la récente criminalisation de la magie opérée par Jean XXII8, Thomas avait trouvé dans le conflit violent qui avait éclaté en 1328 entre le pape et les dirigeants de l’ordre une occasion pour tenter sa chance à Avignon. Il obtint le privilège surprenant d’être admis à rejoindre les frères prêcheurs, par une lettre papale de juillet 1328, adressé au prieur des Dominicains de Carcassonne. Patrick Nold a pu suivre sa trace jusqu’en 1333, lorsqu’un Thomas l’Anglais est assigné comme lecteur en philosophie naturelle au couvent de Rieux. Après avoir quitté une seconde fois l’ordre religieux dans lequel il avait été admis, Thomas a donc poursuivi sa trajectoire jusqu’au Portugal, où l’a rencontré Alvaro Pelayo qui venait d’être fait évêque de Silves (Faro). Scot pouvant être pris comme une désignation générique visant les îles britanniques, ce nom ne pose aucune difficulté. Il est en revanche difficile de préciser la date de la rencontre. Le fait que Thomas soit encore en prison lors de la rédaction de l’ouvrage, achevé vers 1348, n’apporte que peu d’élément car son procès a pu avoir lieu bien auparavant.

Les thèses qui lui sont imputées dans le Collirium fidei découlent visiblement, pour certaines, d’articles d’accusation portés contre Thomas. Alvaro dit à plusieurs reprises avoir disputé contre lui dans les écoles de droit de Lisbonne, où l’on peut présumer qu’il avait obtenu une charge d’enseignement en philosophie naturelle.

Ce sont bien évidemment ces disputes publiques qui ont attiré l’attention de l’évêque franciscain et celui-ci a certainement joué un rôle actif dans la dénonciation et dans le procès qui a suivi.

Sans entrer dans le détail des articles, dont la traduction est présentée ci-dessous, on peut se contenter d’énoncer une règle d’interprétation. La convergence de plusieurs accusations peut donner du crédit à leur authenticité. Ainsi, il ne faut pas rejeter comme un simple lieu commun l’allusion qui est faite à la légende des trois imposteurs. En effet, Thomas y ajoute un élément très original qui donne une saveur particulière à sa version et suggère qu’il l’a probablement faite sienne. En

6 Patrick Nold, « Thomas of Braunceston O.M./O.P, in Kirchenbild und Spiritualität. Dominikanische Beiträge zur Ekklesiologie und zum kirchilichen Leben im Mittelalter. Festschrift für Ulrich Hörst, Paderborn, Schöningh, 2007, p. 179-195.

7 Nicolaus Minorita, Chronica, G. Gál(†), D. Flood (ed.), St. Bonaventure (N.Y.), 1996, 419 :

« Exemplum de fratre Thomas de Braunceston de Anglia, nigromantico, alchimista, haeretico et variis sceleribus involuto, qui propter eius crimina detestanda fuerat per iudicium sui ministri et discretorum aliorum fratrum provinciae Angliae secundum dicti Ordinis statuta carceri adiudicatus et mancipatus, et tandem ab ordine apostaverat publice et manifeste. Qui sic apostata et in habitu saeculari et apostatico ad curiam accessit et ad ipsius domini Ioannis praesentiam accessit et diversas falsasque blasphemias et diffamationes de statu dicti Ordinis et communitatis ipsius protulit … ».

8 Alain Boureau, Le pape et les sorciers. Une consultation de Jean XXII sur la magie en 1320 (manuscrit B.A.V. Borghese 348), Rome, 2004 et Id., Satan hérétique. Naissance de la démonologie dans l’occident médiéval (1280-1330), Paris, 2004.

THOMAS LAPOSTAT

effet, pour lui, il ne suffit pas de dire que Moïse, Jésus et Mahomet ont été des imposteurs. La preuve de leur imposture est donnée par un quatrième larron, l’antéchrist qui sera (c’est un dogme chrétien qui le dit) un imposteur. Ainsi le monde a été et sera toujours mené par des menteurs. Le point est d’autant plus intéressant qu’il rejoint, en dénonçant comme fable les craintes sur les derniers temps, l’idée d’une éternité du monde que Thomas soutient par ailleurs. Les formules par lesquelles il présente Aristote comme « meilleur » que le Christ et

« plus sage » que Moïse sont bien sûr à comprendre dans la continuité de cette critique de toutes les religions révélées. Mais Thomas sait aussi utiliser les adversaires du christianisme. L’un des traits les plus notable de son dossier est le soutien qu’il trouve dans les communautés juives, et la façon dont il exploite la polémique juive anti-chrétienne, pour blasphémer notamment contre la Vierge.

Dans la même lignée, ses blasphèmes contre les saints et les pères, en l’occurrence Bernard et Antoine de Padoue, sont retentissants. Le dernier article de la liste rejoint la première accusation mentionnée par Bonagrazia de Bergame et concerne la magie. On a ici, grâce à la déposition de la concubine de Thomas, un récit très vivant de ses pratiques.

Comme on le voit, Thomas de Braunceston est tout sauf un exemple de dissimulateur ; il partage cette caractéristique avec Cecco d’Ascoli, qui avait été condamné peu auparavant pour avoir, lui aussi, parlé trop ouvertement9. Son cas invite tout au moins à se demander si les cas d’irreligion philosophique n’ont pas été plus fréquents que l’état actuel de la discussion le laisse penser.

Traduction des articles

Voici les hérésies et erreurs dont Thomas l’Ecossais, apostat des frères Mineurs et des Prêcheurs, est publiquement diffamé dans certaines parties d’Espagne et ailleurs, dont il a confessé certaines en jugement et est convaincu de certaines pour lesquelles il est détenu en prison à Lisbonne.

1. Il a dit que le nombre des années qu’ont vécu les anciens du temps de la nature, dont il est fait mention dans la Genèse en de nombreux lieux n’est pas vrai, à savoir que les hommes vivaient aussi longtemps, ce qui est hérétique de contredire l’Écriture de l’Ancien testament approuvé par l’Église. Il était alors utile de vivre aussi longtemps, pour la multiplication du genre humain, ainsi que l’a dit le Seigneur « croissez et multipliez ». Si en effet l’Écriture ment en un lieu, elle est suspecte en tous […]10.

2. Le dit Scot a également affirmé, et a confessé en jugement, que cette prophétie d’Isaïe 7, « Voici une vierge qui enfantera », ne se comprenait pas de la Vierge Marie, comme le disent les juifs, en judaïsant avec eux contre ce canon du

9 Voir « Notule sur Cecco d’Ascoli », (vol. 1, n° 9).

10 Hec sunt hereses et errores de quibus Thomas Scotus, apostata fratrum minorum et predicatorum est publice diffamatus in quibusdam partibus Ispanie et alibi, et de quibusdam confessus in iure, et de quibusdam convictus qui Ulixbone in carcere detinetur. Dixit quod numerus annorum quo vivebant antiqui tempore nature de quo fit mentio in multis locis in Gen. non erat verus scilicet quod tanto tempore viverent homines, quod est hereticum, contradicere Scripturare Veteris Testamenti ab Ecclesia approbati. Nam expediebat illo tempore tantum vivere propter multiplicationem generis humani sicut dixerat Dominus, Crescite et multiplicamini (Gn 1). Si enim Scriptura sacra mentitur in uno, in omnibus est suspecta […].

QUESTIONS SCOLASTIQUES

Liber Extra, De l’onction sacrée, à la fin du premier chapitre, qui dit que l’Église catholique comprend cette prophétie au sujet de la Vierge Marie et la lui approprie.

En effet, dans les fêtes de la Vierge Marie, l’Église chante souvent, aussi bien dans les chapitres et répons que les prières, sermons et leçons des saints : « Voici, une vierge enfantera ». Et tous les auteurs catholiques ont ainsi compris cette prophétie comme portant sur la Vierge Marie, dont il faut se tenir au sens, à la compréhension et l’interprétation de l’Église et à la vérité de la tradition et des saints, et non pas au sens judaïque et hérétique qui est celui des ennemis occultes et souvent publics du Christ, de sa mère la Vierge et de l’Église catholique, et blasphèmes du nom du Christ11. […] Ce que dit ce Thomas hérétique, qu’Isaïe a dit les mots « Voici une vierge », à propos d’une de ses servantes ou concubine, est faux, car Isaïe, le plus éminent des prophètes, n’avait pas de concubine, à l’encontre de la loi divine, comme le fait cet immonde Thomas qui vit publiquement en concubinage […] Si Isaïe avait dit de sa concubine qu’elle enfanterait, ce n’aurait pas été un signe. Or lorsque j’ai disputé à Lisbonne avec un certain juif, faux savant et menteur, il disait que le signe consistait en cela : alors que sa concubine était enceinte, Isaïe a prédit qu’elle enfanterait d’un fils et non d’une fille. Mais ce juif se trompait, car ce ne serait pas un miracle si un médecin disait qu’une femme enceinte enfantera d’un fils ou d’une fille. Mais le signe et le miracle fut qu’une vierge enfantera d’un fils Emmanuel, qui veut dire « Dieu avec nous ». Or il n’y a jamais eu d’autre femme qui enfanterait de Dieu, sinon la Vierge Marie.12.

3. Ce Thomas, impie et hérétique, a propagé en Espagne qu’il y a eu trois imposteurs dans le monde, à savoir Moïse qui a trompé les juifs, le Christ qui a trompé les chrétiens, et Mahomet qui a trompé les sarrasins. Ce qu’il dit de Mahomet est vrai, car il a trompé le peuple arabe. […] Ce qu’il dit Moïse, qu’il fut un imposteur, est faux et en cela il est au nombre de ces hérétiques qui condamnent les Pères de l’ancien testament […] Quand ce scélérat et cet imposteur appelle Jésus Christ un imposteur, il judaïse avec son hérésie. Les juifs ont appelé et appellent en effet le seigneur Christ imposteur, au dernier chapitre de Matthieu

<27,63>, « Nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit »13 […]

11 Asseruit etiam dictus Scotus et confessus fuit in iudicio quod prophetia illa Ysaie VII, Ecce virgo concipiet, non intelligebat de Beata Maria, sicut et iudei dicunt, iudaizans cum illis contra id Extra, de sacra unctione, cap. I in fine, quod est quia catholica ecclesia de Virgine illam intelligit prophetiam et illam sibi appropriat. Nam in festis Beate Marie sepe cantat Ecclesie et in capitulis et responsoriis et orationibus et sanctorum sermonibus et lectionibus : Ecce Virgo concipiet. Et sic intellexerunt illam prophetiam de Virgine Maria omnes catholici tractatores, cuius Ecclesie sensui et intellectui et interpretationi standum est, et veritati traditionis et sanctorum et non sensui iudaico et heretico, qui sunt Christi et matris eius Virginis et Ecclesie catholice occulti et frequenter publici inimici et blasphemi nominis sancti Christi […]

12 « Quod autem dixit Thomas hereticum quod illud Ecce virgo etc. dixit Ysaias de quadam sua ancilla vel concubina, falsum est tum quia Isaias eximius prophetarum non erat concubinarius contra legem Dei sicut iste Thomas immundus est et concubinarius publicus […] Si de sua concubina diceret Isaias quod conciperet non esset signum. Cum autem Ulisbone cum quodam hebreo sciolo falsidico disputarem, dixit quod in hoc erat signum : quod cum esset pregnans illa sua concubina predixit Isaias quod filium pareret non filiam. Sed falsum dicebat ille iudeus quia non est miraculum si dicat naturalis vel physicus quod pregnans mulier pariet filium vel filiam.

Sed signum fuit et miraculum quod virgo pareret et pareret filium Emmanuel quod interpretatur Nobiscum deus. Nunquam enim fuit mulier que Deum pareret nisi Virgo Maria. […]

13 Disseminavit etiam iste impius hereticus Thomas in Yspania quod tres deceptores fuerunt in mundo, scilicet Moyses qui deceperat iudeos, et Christus qui deceperat christianos, et

THOMAS LAPOSTAT

4. Cet impie Thomas a dogmatisé à Lisbonne, en parlant de l’antéchrist, qu’il fallait qu’en tout temps, il y ait un homme qui vienne pour tromper le monde. Mais cette erreur implique que le monde entier a vécu et vivra dans l’erreur et la tromperie, et par conséquent qu’il périra.14 […]

5. Thomas, cet imposteur, a dit publiquement dans les écoles de droit à Lisbonne à propos de ce verset d’Isaïe 9 <6>, Dieu puissant, père du monde à venir, que « Dieu puissant » était un nom propre, qui n’était pas dit pour le Seigneur Jésus Christ, ce qu’il est hérétique de dire et qui pervertit l’intelligence de la lettre15

6. En outre, Thomas a affirmé que les âmes après la mort étaient réduites à néant, contre ce qui est dit en Genèse 2, […] En disant cela, ce misérable que sa vaine philosophie a aveuglé, nie la résurrection, car l’homme est fait d’une âme et d’un corps16. […]

7. Devant moi et de nombreux autres, le dit Scot a affirmé à Lisbonne que le Christ était le fils adoptif de Dieu, et non pas son fils propre ou naturel, et ainsi il est hérétique bonosien et arien17. […]

8. Cet immonde concubin et hérétique Thomas a dit que la sainte Marie a été vierge jusqu’au moment où elle a été corrompue, et ainsi il nie la virginité de la Vierge Marie.18

9. Devant moi et de nombreux autres lettrés dans les écoles de droit, il a dit que la foi était mieux prouvée par la philosophie que le Décret et les Décrétales, et le Nouveau et l’Ancien Testament, ce qui est une parole hérétique de multiples façons […] Ce qu’a également dit cet hérétique, qui se glorifie dans sa vaine philosophie, que le monde serait mieux gouverné par la philosophie que par les Décrets et les Décrétales, est de la même espèce d’hérésie19.

10. Ce Thomas a dit que saint Augustin et saint Bernard étaient des traîtres et que tout ce qu’ils avaient fait et écrit ne valait rien, et que frère Antoine de l’ordre

Machometus qui deceperat sarracenos. Quod dicit de Machometo verum dicit quia decepit populum arabicum. […] Quod dixit de Moyse quod fuit deceptor, falsum dixit et in hoc etiam est de illis hereticis qui condempnant patres Veteri Testamenti […]Quod autem iste sceleratus seductor dicit Christum Ihesum seductorem cum sua heresi iudaizat. Iudei etiam Christum Dominum et seductorem vocabant et vocant. Iudei etiam Christum Dominum et seductorem vocabant et vocant, Matt. Ult. Ibi, recordati sumus quia seductor ille dixit.

14 Item ipse impius Thomas dogmatizavit Ulixbone loquens de antichristo quod oportebat quod in quolibet tempore veniret unus homo qui mundum deciperet. Sed iste error concludit quod mundus totus in errore vixit et viveret et in deceptione et per consequens quod peribit.

15 Item dixit Thomas seductor publice in scolis decretalium Ulisbone quod illud Isaie IX, Deus fortis pater futuri seculi etc., quod illud Deus fortis erat proprium nomen et quod non erat dictum propter Dominum Ihesum Christum – quod est hereticum dicere et pervertere littere intellectum.

16 Rursus asseruit Thomas animas post mortem in nichilum redigi […] Iste miser quem sua inanis philosophia excecavit sic dicendo ressurectionem negat quia homo constituitur ex anima et corpore.

17 Item coram me et multis aliis asseruit dictus Scotus Ulixbone quod Christus erat Dei filius adoptivus, non proprius vel naturalis, et sic est hereticus bonosianus et arrianus,

18 Item dixit iste immundus concubinarius Thomas hereticus quod sancta Maria fuerat virgo et usquequo fuit corrupta. Et sic negat Virginis Marie virginitatem.

19 Item dixit coram me et multis aliis scolaribus in scolis decretalium quod fides melius probatur per philosophiam quam per decretum et decretales et testamentum novum et vetus. Quod est hereticum dictum multipliciter. […] Quod etiam dicit dictus hereticus quod in sua philosophia inani (inaniter, V) gloriatur quod mundus melius regeretur per philosophiam quam per Decreta et Decretales et alia iura, de specie eiusdem heresis est.

QUESTIONS SCOLASTIQUES

des frères mineurs qui a été canonisé par l’Église avait une concubine, et que pour cette raison le pape avait ordonné de l’incarcérer ; et ainsi a-t-il blasphémé contre les saints docteurs approuvés par l’Église et contre leurs écrits authentifiés par l’Église […] A juste titre, cet hérétique déteste Augustin, car Augustin a été le marteau des hérétiques, selon Bernard20. […] Si saint Antoine avait été immonde, comme l’est ce Thomas, l’Eglise ne l’aurait pas canonisé mais l’aurait incarcéré, comme cet immonde hérétique est incarcéré à Lisbonne. […] Ce que dit ce Thomas Scot, que saint Bernard avait une concubine et que ses frères pouvaient l’avoir, est faux et il a blasphémé contre la sainte Église qui l’a canonisé, comme je l’ai déjà dit21. […]

11. Le dit Thomas hérétique a soutenu dans les écoles, en ma présence, que la vertu curative du Père descend au fils, ce qui est une erreur, car si cette vertu procède de Dieu par succession, elle n’est pas donnée, mais la grâce de l’Esprit saint n’est pas donné par succession mais gratuitement. Mais j’ai déjà traité plus abondamment de cet article contre le dit Thomas dans la première partie de cette

11. Le dit Thomas hérétique a soutenu dans les écoles, en ma présence, que la vertu curative du Père descend au fils, ce qui est une erreur, car si cette vertu procède de Dieu par succession, elle n’est pas donnée, mais la grâce de l’Esprit saint n’est pas donné par succession mais gratuitement. Mais j’ai déjà traité plus abondamment de cet article contre le dit Thomas dans la première partie de cette