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LE THERAPEUTE DANS SA « JUSTE AUTORITE »

A. LE THERAPEUTE POSE CLAIREMENT LE CADRE ET LES REGLES PUIS IL LES TIENT :

 Il pose le cadre : psychothérapie, développement personnel ou coaching et ce que cela implique dans sa façon de travailler ainsi que dans le respect de la déontologie de la profession (en particulier l’absence de relations personnelles ou professionnelles) cf. charte de déontologie de la FF2P (Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse)

 il pose les règles sans les « proposer » (position de soumission) ni les

« imposer » (domination), par rapport au temps et à l’argent qui sont les indicateurs principaux et suffisants de la relation du patient à la réalité extérieure.

Il est inutile de poser d’autres règles parce qu’elles vont de soi (non-violence, respect…) et surtout parce qu’elles ne sont pas des indicateurs suffisamment clairs, par exemple : à partir de quand y a-t-il non respect ou violence et sous quelle forme ?

Ce qui a trait au temps et à l’argent, c’est clair et précis : le temps précis de la séance, le prix, la nécessité de décommander dans un délai clairement fixé en cas d’impossibilité de venir à la séance (sinon elle est dûe).

Les règles sont un instrument de mesure (donc très précis !) de la relation du patient à la réalité extérieure (à autrui, à la figure d’autorité : le thérapeute, à l’environnement : le cadre thérapeutique).

Les règles sont un outil thérapeutique majeur.

C’est leur seule fonction. Et donc, ce n’est pas la peine d’en mettre beaucoup ! La position du patient par rapport aux règles va varier pendant la thérapie et ce sera évidemment nécessaire d’analyser ensemble ce qui est en train de bouger – et tant mieux – dans la relation du patient à la réalité extérieure.

Il va de soi que le thérapeute « autorise » la transgression : s’il empêche, juge ou rejette un manquement à la règle. Il passe à côté de ce qu’une part du patient cherche à dire.

Le travail va consister à laisser émerger ce que cherche à dire, montrer, faire entendre cette part du patient qui s’exprime à travers la transgression de la règle.

Après ce travail d’émergence, le patient saisira, de lui-même, le sens et l’intérêt de la règle. Parfois, cela peut prendre plusieurs séances et dans ce cas le thérapeute ne doit pas lâcher : il doit tenir la règle, quelque soient les raisons invoquées par le patient pour justifier sa transgression.

La transgression du cadre ou des règles est souvent le signal du passage au transfert négatif et donc de l’approfondissement de la thérapie : que cherche à manifester une part inconsciente du patient : qu’est ce qui a besoin d’être vu, entendu, pris en compte et qui ne pouvait l’être jusqu’à maintenant ? C’est donc très positif en structure !

B. LE THERAPEUTE MANIFESTE SON INTEGRATION DES PRESUPPOSES DE LA PNL

Si les présupposés de la PNL ne sont pour le thérapeute qu’une valeur ou une idée sympathique et qu’il ne manifeste pas leur intégration dans son comportement avec le patient, il n’est pas congruent. De plus il restreint considérablement l’efficacité et la puissance des modèles.

J’ai déjà parlé du présupposé sur l’intention positive inconsciente et de ses applications :

« Tout comportement est généré par une intention positive de l’inconscient » Deux autres présupposés me paraissent également essentiels par rapport au savoir-être du thérapeute :

« Toute personne a les ressources pour parvenir à son objectif »

« La carte n’est pas le territoire ».

1) « Toute personne a les ressources pour parvenir à son objectif »

C’est la croyance de base du thérapeute et c’est beaucoup plus qu’une valeur : le thérapeute a une foi inébranlable dans les ressources de son patient et spécialement dans les ressources du Soi pour entrer dans le mouvement de la vie. Il ne lâche jamais, du moins en structure, sinon cela signifierait un abandon.

De nouveau le Moi serait vainqueur.

Comment distinguer la foi dans les ressources du projet, de l’attente ou du désir du thérapeute ? L’attente, le projet, le désir sont dirigés vers le futur. Quand le thérapeute croit fermement dans les ressources de son patient, il est dans le présent.

Avoir foi et laisser-faire : un savoir être ! et aussi pouvoir accepter que les ressources se manifesteront plus tard ou… ailleurs.

Le problème avec la PNL, c’est que les outils et les modèles sont si puissants que le thérapeute risque d’être piégé par le « faire ». Il risquerait de faire les modèles les uns après les autres et ça peut marcher… un temps… sans avoir aucun sens clinique !

Le sens clinique s’apprend et il s’appuie sur le travail sur soi que le thérapeute a fait et continue à faire pour être au mieux dans le savoir être c’est-à-dire la justesse du lien avec lui-même, avec le patient et avec le monde.

 Si le thérapeute est trop touché par la souffrance du patient, il risque d’entrer dans une position de pouvoir (export ou « projection ») en voulant bien faire et en étant sincère, par exemple par la prise en charge excessive de son patient. Il a des frontières poreuses.

Peut-être d’ailleurs cela est-il pour lui une motivation inconsciente à faire ce métier : aider, soulager la souffrance, montrer le chemin, prendre en charge, porter, et par là se sentir utile ou important, avoir sa place, exister. Sans doute est-ce la répétition du passé : de ce qui s’est passé réellement ou plus subtilement, des tentatives de l’Enfant pour y arriver. Si elles ont été des échecs, le métier de thérapeute est alors comme une revanche inconsciente : maintenant ça marche avec les patients ! effectivement ils demandent de l’aide… D’où l’importance pour le futur thérapeute d’avoir fait ce travail de mise au jour de ses motivations inconscientes avant de commencer à prendre des patients (après c’est plus dur parce que l’installation en tant que thérapeute est un ancrage très fort du déplacement éventuel).

Cela implique donc un travail sur les frontières entre le thérapeute et le patient (et chez le thérapeute, un travail de séparation entre passé et présent, donc de guérison du passé).

Un autre risque, pour le thérapeute, est d’être trop touché et blessé par la colère, l’agressivité, la violence du patient et d’entrer dans une position

« d’identification » (import), donc de soumission.

Le thérapeute risque aussi de ne pas être suffisamment touché (ses frontières sont des murs) : « après tout c’est au patient de se débrouiller seul, il a les ressources ! »

2) « la carte n’est pas le territoire : ce présupposé invite à l’acceptation de la différence, particulièrement :

 du rythme du patient. Il peut avoir un rythme très lent, alors que le thérapeute est pressé de le voir aller mieux !

 de ses résistances, de son conflit interne : une part qui ne peut/ne veut pas changer

 de son non-désir de changer. Par exemple : il veut juste ne plus souffrir de son symptôme.

Le thérapeute risque d’être impatient et en colère, dans un Moi autoritaire, parce que « tout ça est tellement long alors que la solution est là toute proche » ! ou bien aussi parce que le patient arrête la thérapie « beaucoup trop tôt ».

Intégrer réellement les présupposés de la PNL demande au thérapeute un vrai travail sur soi !

C. LE THERAPEUTE S’ABSTIENT DES RELATIONS DE POUVOIR AVEC SON PATIENT : SOUMISSION/DOMINATION.

Le thérapeute risque d’être dans la domination par :

 La prise en charge de son patient et de sa souffrance : qui le thérapeute continue-t-il à prendre en charge inconsciemment en exerçant ce métier, et quel type de patients particulièrement ?

D’où le nécessaire travail de mise au jour des motivations inconscientes et d’analyse du contre-transfert.

 Le besoin compulsif de faire, décider, penser, sentir à la place du patient

 La tentation de manipuler le patient (pour son bien !)

 quand il a, par exemple, le projet, l’attente, le désir qu’il fasse tel ou tel changement dans sa vie (réussir son examen, changer de travail, affronter son patron – ou son conjoint – divorcer, etc.) .Le thérapeute croit savoir mieux que le patient ce qui est bon pour lui. Peut-être projette-t-il sur lui ses propres difficultés ou réussites…

 le désir que la thérapie avance, aille vite ! annulation du rythme propre du patient qui peut-être très lent

 lassitude ou énervement du thérapeute parce que la thérapie n’avance pas comme lui le voudrait (trop de résistances !)

 désir/attente/besoin que le patient poursuive sa thérapie alors qu’il exprime le désir d’arrêter

 le contrôle excessif du processus thérapeutique. Par exemple l’interdiction de la transgression.

 Pas d’espace de rébellion pour le patient.

Le thérapeute risque d’être dans la soumission s’il n’ose pas « être aux commandes » et qu’il laisse le patient tenir la barre et conduire la navigation. Cela peut arriver quand le patient a l’habitude d’être dans le pouvoir, de prendre les choses en main, de contrôler ce qui se passe. Si le thérapeute laisse le patient dans son pattern, il l’ancre et c’est anti-thérapeutique. D’où l’importance du diagnostic PNL et de la direction de traitement. Comment garder le pouvoir et le contrôle du processus thérapeutique sans que le patient se sente incompris, rejeté, persécuté ?

D’où l’importance du travail là aussi - sur le contre-transfert : d’où vient la difficulté du thérapeute à tenir la barre à la fois dans la douceur et la fermeté ? à exister et se montrer dans sa puissance.

soumission dans la difficulté ou l’impossibilité de poser les règles et le cadre clairement et surtout de les « tenir » dans ces phases de la thérapie où le patient a besoin de s’opposer à la figure d’autorité, de transgresser les règles et où il contacte des peurs, des rages archaïques, de la violence liées aux figures du passé (cf. la gestion du transfert négatif). C’est là que se manifeste, le plus, la juste autorité du thérapeute et là qu’elle est le plus mise à l’épreuve (le thérapeute face aux « coups de boutoir » et à la violence parfois perverse du patient. Va-t-il s’effondrer, devenir lui-même persécuteur ou simplement laisser tomber, c’est-à-dire démissionner de son rôle de thérapeute (c’est toujours la solution de facilité utilisée spontanément par les thérapeutes de toutes obédiences qui ne sont pas formés à la gestion du transfert négatif et qui, en laissant tomber, au lieu de

« tenir » jusque dans l’affrontement, renforcent finalement la difficulté et donc la souffrance du patient alors qu’il est peut-être prêt à la traverser).

Cette compétence du thérapeute nécessite qu’il soit bien installé dans sa justesse et dans sa sécurité intérieure ; Il peut tenir les limites et en même temps garder le lien.

Prenons l’exemple du patient qui ne peut venir à une séance pour une bonne raison (maladie d’un enfant, empêchement professionnel majeur) et qui ne décommande pas dans les délais (posés par la règle). Le thérapeute lui demande de régler la séance manquée. Il se peut que le patient soit furieux, se sente totalement incompris, qu’il ressente cela comme tout à fait injuste, inhumain, intolérable. Au point qu’il veuille tout arrêter.

Si le thérapeute « cède » et accepte le non règlement de la séance ou s’il propose

« moitié/moitié », il répond au niveau conscient, en se montrant compréhensif et humain, mais il passe complètement à côté de ce qui se joue au niveau inconscient, alors qu’il s’agit très probablement de quelque chose de central qui va faire avancer la thérapie d’un bond : le patient en direct avec des émotions

« oubliées » de son passé = l’immense douleur d’être incompris par une figure parentale, d’être confronté à l’injustice de la vie (décès prématuré d’un parent, d’un frère ou d’une sœur, etc.).

Le rôle du thérapeute est d’accueillir la fureur, la douleur du patient c’est-à-dire de se mettre en rapport et d’entendre à travers les mots excessifs et violents adressés au thérapeute, la grande douleur (rage, peur, chagrin) de l’Enfant et donc de faire la place à cette part blessée qui surgit brusquement sans, pour autant, lui donner le pouvoir. Ne pas accepter, en tout cas dans la durée, la confusion que le patient fait entre le présent et le passé, entre le thérapeute et la figure d’autorité du passé. Certains thérapeutes acceptent de recevoir, au fil des séances, la violence verbale du patient. Ils sont ainsi dans la soumission à un Enfant fou de rage ou/et de douleur qui prend le pouvoir d’une façon déplacée. Pour être dans sa juste autorité, le thérapeute doit garder le lien à la fois avec l’adulte du présent (ne pas le rejeter, ne pas arrêter brutalement la thérapie) et avec l’Enfant ( accompagner le patient à faire le tri entre le passé et le présent) et en même temps garder le cadre et tenir la règle (la Loi)

 Avec l’adulte :

 Ne pas accepter d’être traité avec non respect voire même violence.

 Demander que le patient respecte la règle (par exemple, dans le cas cité, qu’il paye sa séance), et tenir bon.

 Avec l’Enfant : faire preuve de bienveillance, de compassion et de fermeté.

 L’enfant a besoin de recevoir des limites, d’être « contenu » dans sa douleur, de comprendre ce qui se passe pour ne pas faire n’importe quoi.

 Position très difficile à tenir pour le thérapeute. Sa justesse va être déterminante pour la guérison du patient. Justesse qui a besoin d’être réajustée tout au long des séances, faite à la fois d’accueil et de fermeté quand c’est nécessaire. Parfois, véritable affrontement, mais c’est la possibilité pour le patient d’apporter la guérison aux parts de lui les plus meurtries et les plus enfouies.

La règle/le cadre et tout ce qu’ils suscitent dans le processus thérapeutique sont un outil thérapeutique majeur dans une véritable thérapie c’est-à-dire un processus de changement au niveau de la structure de l’identité (basculement des croyances pivotales).

Ces passages de transgression de la règle, d’affrontement à la figure d’autorité sont évidemment indispensables dans la thérapie des thérapeutes : quand ils auront traversé – plusieurs fois sans doute – les passages de transfert négatif, ils seront dans leur compétence et leur congruence en tant que psychothérapeutes, ils manifesteront leur propre intégration de la Loi et du Lien, dans leur juste place et leur juste autorité.

Le thérapeute a besoin de construire sa sécurité intérieure

C’est le Moi défensif qui est dans la recherche du pouvoir sur l’autre. Le Moi du thérapeute veut contrôler le patient, le diriger, savoir à sa place, le conseiller, il est dans le projet ou d’ans l’attente qu’il change. N’oublions pas que le Moi défensif est protecteur du Soi : Son IPI (intention positive de l’inconscient) est de permettre au Soi d’exister, d’avoir sa place, d’être reconnu comme bon thérapeute…

(toujours en référence externe). Plus le Moi est défensif, plus le Soi, c’est-à-dire ici l’Enfant, a souffert. La volonté de pouvoir du Moi est à la hauteur de la souffrance de l’Enfant et de son impossibilité à être lui, à exister de façon naturelle, à être respecté dans son espace et son temps. La volonté de pouvoir est en corrélation avec la peur et avec le manque.

La sensation de sécurité intérieure est la base, la clé de voûte du lien avec soi, les autres et l’environnement.

 Notre système de défenses est basé sur la peur :

 Peur de mourir, d’être tué (in utéro déjà)

 Peur d’être rejeté/abandonné, parce que pas désiré ou pas du sexe qu’on attendait

 Peur de ne pas être aimé pour qui on est : mais pour ce qu’on fait … : résultats scolaires, carrière, etc.

 Peur de ne pas être protégé des dangers : pas de limites claires

 Peur d’être intrusé/violé dans son espace corporel et/ou psychologique

 Peur de manquer (de nourriture, d’argent, de pouvoir, d’amour, de reconnaissance…

Ces peurs sont à la fois un vécu réel de l’Enfant et une représentation qui n’ont pu être intégrés. Elles demeurent dans le présent du sujet et se manifestent sous forme de croyances limitantes, critères désajustés, Etats Internes inadéquats, comportements déplacés, etc.

En structure, le méta-objectif de la formation d’un thérapeute est donc de développer la sécurité intérieure c’est-à-dire un lien avec soi tranquille, paisible et plein.

Notre système de défenses est basé aussi sur le manque qui nous pousse à toujours rechercher à l’extérieur ce qui pourrait remplir notre vide intérieur. Dans quelle mesure le métier de thérapeute serait-il l’expression de notre compulsion effrénée et jamais assouvie à combler notre vide intérieur ?

Chapitre VIII DE LA THERAPIE BREVE (une séance) A LA THERAPIE

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