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LA GUERISON DU PASSE, EN STRUCTURE

Elle n’est pas forcément nécessaire ni, d’ailleurs, souhaitée par le patient.

Il peut s’agir du passé récent ou plus ancien, voire archaïque (prénatal ou néo-natal).

Elle se fait en structure et le contenu n’est qu’un support pour décoder le plus précisément possible le type de ressources que le patient a besoin de s’apporter.

Elle n’a pas pour objectif que le patient connaisse/comprenne/analyse son histoire, mais qu’il puisse réajuster la relation à soi et à la réalité extérieure de façon à ce qu’il sorte de ses patterns et vive son présent dans plus de liberté.

Elle peut s’opérer de différentes façons :

 le travail avec la ligne du temps qui a pour effet de libérer l’espace et le temps présent, en gardant le lien avec les ressources du passé et en étant ouvert à ce qui vient (cf. les différents modèles de travail sur la ligne du temps)

 l’intégration des expériences traumatiques (cf. les modèles du Dr Gisela Perren Klingler en traumatologie)

 le travail de deuil (cf le modèle de G. Kohlrieser)

 (je rappelle que, lorsqu’il y a un deuil traumatique, il est nécessaire de traiter le traumatisme avant de proposer au patient le travail de deuil (qui, sinon, ne peut se faire puisqu’il est bloqué).

 La guérison de l’Enfant intérieur

 La construction des Parents intérieurs.

A. LA GUERISON DE L’ENFANT INTERIEUR

Elle se fait grâce aux modèles de changement d’histoire, changement de croyances, au travail régressif et à la création des Parents intérieurs.

Là encore, il s’agit de guider le patient à entrer dans des expériences sensorielles ressources. Le thérapeute doit savoir décoder quelle est l’expérience sensorielle ressource pour cette personne précisément, à ce moment donné de sa vie.

Plus la ressource va être précise et ajustée, correspondre exactement aux besoins et à l’État Désiré du patient aujourd’hui, plus elle sera efficace, c’est-à-dire porteuse de changement.

Pour répondre aux besoins elle doit répondre aux manques et aux limitations : L’ajustement entre l’État Présent et l’État Désiré est capital.

C’est le sens clinique du thérapeute qui lui permet d’affiner toujours plus et d’individualiser l’État Présent et l’État Désiré : la précision, la qualité, l’adéquation du diagnostic PNL sont déterminantes.

Le thérapeute va travailler au point de moindre résistance et faire bouger les méta-programmes les plus accessibles au changement, ce qui aura pour effet de remettre en mouvement l’ensemble de la roue des méta-programmes. Jusqu’à arriver à la croyance pivotale sur laquelle l’identité et le processus défensif se sont construits, Cf. modèle du changement de croyance pivotale.

Quand le patient touche à la croyance pivotale, s’il est associé, il est en contact avec la douleur de l’Enfant liée à cette croyance : chagrin, peur, terreur, détresse, dépression, rage, sensation d’abandon…

Il est alors essentiel que le thérapeute stimule l’IPI (l’intention positive de l’inconscient) puis la compassion de l’adulte d’aujourd’hui pour cette part Enfant.

Puis on va accompagner le patient à se mettre en méta-position de façon à ce qu’il puisse bien saisir la distance, le décalage entre cette situation passée et sa vie présente.

On va l’inviter à mettre au jour ses critères d’aujourd’hui, puis sa nouvelle croyance génératrice à laquelle on va l’aider à s’associer sensoriellement.

Ce modèle est très beau et très puissant. Pour certains patients sans doute sera-t-il suffisant pour que la nouvelle croyance soit intégrée.

Pour d’autres – dont le système défensif et protecteur est plus installé – ce sera un pas seulement vers l’intégration future, mais un pas déterminant.

Comment dès lors continuer la thérapie sans faire et refaire une suite de changements de croyances, mais avec l’objectif que le patient puisse intégrer de plus en plus complètement ses nouvelles croyances génératrices ?

Le problème dans l’État Présent consiste en ce que le patient a une représentation douloureuse de son passé. Il se vit – à tort ou à raison – comme une victime.

Nous savons bien qu’il ne sert à rien ou pas à grand-chose de le « raisonner » ou de le pousser à changer directement de comportements dans la vie présente.

Ce qui a besoin de changer c’est la réalité (et non plus la représentation de la réalité) sensorielle et vécue dans le présent du lien avec lui et avec toutes les parts de lui.

Il a donc besoin de ressentir la réalité de la souffrance de sa part Enfant qui a été tellement forte qu’il a pu mettre en place une croyance inconsciente aussi fortement limitante pendant toutes ces années et encore aujourd’hui !

Pour avoir de la compassion encore faut-il voir, entendre et ressentir la peur, terreur, chagrin, etc., au-delà de toutes les rationalisations (« c’est oublié »,

« c’était normal », « c’est pas si grave »…) qui ne sont que l’expression de la violence et de l’abandon que la personne aujourd’hui se fait à elle. Comment elle prend le relais des figures d’autorité cf. : modèle sur la juste Autorité.

Le lien avec soi se crée au fil du temps même si le modèle ouvre la voie. Il se construit jour après jour, comme une relation d’amour.

Pour accompagner le patient à transformer progressivement la relation avec lui-même on peut utiliser le modèle du changement d’histoire de vie et aussi la construction des Parents intérieurs.

B. ETUDE DE CAS

Quand elle arrive dans mon cabinet Éliane se présente comme une belle femme de 38 ans, d’une élégance très stricte et très soignée et apparemment sûre d’elle. Très vite, elle me dit qu’elle ne supporte plus le décalage entre l’image qu’elle donne et la réalité de qui elle est.

Elle réussit très bien professionnellement mais sa vie affective est un « désastre ».

Elle a, dit-elle, un tel besoin d’être aimée qu’elle tombe amoureuse de « n’importe qui » et qu’elle ne parvient pas à établir une relation affective, solide et durable.

C’est ce qu’elle me demande de l’aider à faire : sa demande consciente.

Je l’accompagne progressivement à découvrir comment cette soif d’amour tournée vers l’extérieur est le reflet du manque quasi-total d’estime et de respect pour elle-même, et comment elle se mène la vie dure. Au bout de 3 séances, elle formule ainsi son objectif en structure : « je suis douce avec moi ».

S’associer sensoriellement en prenant tout son temps à cet objectif comme s’il était déjà réalisé est très bouleversant pour elle. C’est comme si s’ouvrait un nouvel univers !

De fait, dès les jours suivants elle commence à se donner de la douceur et à se faire plaisir en même temps. Elle change de coiffure, de style vestimentaire, elle se fait masser, etc.

Je lui propose des modèles simples (par exemple, les niveaux logiques) pour ancrer cette nouvelle façon d’être avec elle-même, en l’accompagnant à s’associer toujours plus à sa douceur. Elle me dit combien c’est bon et nouveau pour elle et elle commence à comprendre comment elle s’y prenait jusqu’ là pour être dure, voire même intransigeante avec elle (et avec les autres), jamais satisfaite, répétant ainsi le comportement de sa mère avec elle (stratégies d’échec et de réussite- IPI – recadrage – le Moi et le Soi).

Peu à peu, d’elle-même, elle met au jour le manque d’amour de son père et de sa mère, l’importance des carences affectives qu’elle a subies, et elle commence à contacter la souffrance, la détresse, la dépression de l’enfant qu’elle a été, dès sa vie prénatale probablement (non désirée puis directement rejetée affectivement, appréciée pour ses résultats scolaires uniquement, avec une mère froide et distante, un père absent et préoccupé seulement de sa réussite apparente.

J’évalue qu’elle est prête pour entamer le processus de guérison de cette part Enfant et je lui propose plusieurs changements d’histoire et puis un changement de croyance.

La croyance limitante pivotale qui émerge est « personne ne m’aime » confortée par ses échecs amoureux depuis qu’elle est adolescente.

C’est en la faisant s’associer aux besoins de cette part d’elle aujourd’hui que surgit plus précisément la croyance limitante : « il n’y a personne pour moi ».

Surgissement accompagné de fortes émotions d’abandon.

A partir de là, le Parent intérieur, maternel d’abord parce que plus archaïque, peut commencer à se dessiner et à se construire sensoriellement : une mère douce, aimante, présente, tendre, qu’elle se représente physiquement très concrètement, qu’elle voit et qui la regarde, qui lui parle – et elle entend sa voix et ses mots – qui la touche et la prend dans ses bras.

Quand cette bonne mère intérieure est là et qu’Éliane est bien associée, la croyance pivotale change d’un coup : « maintenant il y a quelqu’un pour moi ».

Beau travail très émouvant de lien avec soi qui va constituer pour Éliane une vraie révolution intérieure. Le Moi devient un Moi ressource pour le Soi abandonné qui peut dès lors commencer à exister, à se manifester.

Là nous sommes dans l’ajustement entre l’EP et l’ED. Du coup l’objectif se réajuste : « je suis en lien avec moi, j’apprends à m’aimer » et nous permet de poursuivre le travail sur le présent, en structure :

Comment, concrètement, va-t-elle s’y prendre pour être dans son objectif ?

Puis viendra la construction d’un Père intérieur, présent et protecteur pour l’Enfant.

Certains patients auront besoin de faire un travail régressif approfondi.

Le thérapeute ne proposera ce type de travail que s’il évalue que le Moi du patient est suffisamment structuré, avec de bonnes frontières, afin de ne pas risquer d’ancrer une pathologie éventuelle. Il veillera à ce que la traversée des émotions douloureuse archaïques aboutisse à la création de nouvelles ressources pour le patient dans un lien d’amour et de protection avec lui-même, par le moyen de la stimulation immédiate, en fin de travail, des Parents intérieurs.

L’objectif de ce type de travail demeurant toujours la création de la compassion du patient pour lui-même et cette part Enfant, qui permettra l’établissement d’une relation nouvelle/renouvelée avec lui-même dans le présent de sa vie d’aujourd’hui.

L’émotion archaïque bloquée puis libérée par le biais du travail régressif : terreur, rage, chagrin, désespoir, etc. indique l’endroit précis où la ressource a besoin d’être apportée par le Parent intérieur pour que la vie recircule.

Le travail émotionnel n’a pas d’intérêt en soi. Ce n’est pas l’expression – exacerbée et même violente dans certains types de thérapies – des émotions qui guérit. C’est la ressource que le patient s’apporte à lui-même à l’endroit précis de la souffrance, qui le guérit.

De même, le parentage ou reparentage du thérapeute, me semble inutile car déplacé : le patient n’a pas besoin d’un bon parent extérieur, mais d’un bon parent intérieur. Ne sont nécessaires que sa capacité d’accueil et de compassion pour la souffrance de l’Enfant.

Certains thérapeutes pourraient se laisser envahir par la souffrance du patient, se laisser piéger par le contenu et le récit du contenu douloureux de son histoire.

Dans ce cas la thérapie risque d’être interminable parce que les souffrances sont incessamment ancrées.

L’histoire du patient, dans son contenu, n’a d’intérêt pour la thérapie que comme indicateur et révélateur du travail à faire en structure, dans la relation du patient aujourd’hui avec toutes les parts de lui.

C. LA CONSTRUCTION DES PARENTS INTERIEURS

Elle peut s’effectuer tout au long de la thérapie.

Il s’agit d’accompagner le patient à créer des parts de lui- maternelle et paternelle – qui lui apportent bienveillance, attention, tendresse, amour, protection, sécurité intérieure, etc.

C’est un travail de construction de parts de soi complètement libre. Les parents intérieurs n’ont rien à voir avec les parents extérieurs. Ils sont créés pour répondre aux besoins et aux manques de l’Enfant intérieur : plus ils seront exactement ajustés aux manques plus ils seront utiles. Cette précision va s’affiner au cours de la thérapie. Il s’agit d’un processus et une fois ne suffit pas !

C’est la mère idéale et le père idéal pour l’Enfant intérieur dans le présent de la vie du patient. Il peut les construire aussi merveilleux qu’il le souhaite !

Les parents intérieurs sont là pour apporter des ressources concrètes dans la vie présente chaque fois que le patient en a besoin. La création et l’entretien permanent de ce lien avec eux est sensorielle et s’exprime par le VAKOG.

Ils vont permettre au patient de transformer sensoriellement et concrètement la relation avec lui-même : il apprend progressivement à se donner à lui-même ce qu’il n’a pas reçu et donc à combler ses manques.

En conclusion, le travail de guérison du passé se fait donc en structure : il n’est pas question d’écouter pendant des séances (des années… !) le patient dire, raconter, analyser, comprendre les souffrances, les peurs, les colères du passé (= le contenu).

Il s’agit bien d’accompagner/guider le patient à se faire une autre représentation de son passé de façon à ce qu’il puisse être intégré et ne plus parasiter sa vie d’aujourd’hui (stratégies d’échec, croyances limitantes, etc…).

Intégrer ne veut pas dire annuler comme si ça n’avait pas existé ou comme si ça n’avait pas d’importance. Ce n’est pas non plus se focaliser sur le passé au point que le présent peut en être complètement perturbé.

Le travail de guérison du passé permet au patient d’avoir une ligne du temps satisfaisante pour lui en structure : il est de plus en plus présent, relié à un passé qui ne l’encombre/ni ne le parasite plus et qui peut être riche de ressources.

Ouvert sur le futur sans attente ni angoisse, mais dans la confiance. Il est dans la présence, à lui-même, aux autres, à la Vie.

Chapitre VI L’UTILISATION DE LA RELATION THÉRAPEUTIQUE et du

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