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Th´ eor` eme de plongement pour les g´ eom´ etries de Cartan

b) Si βx n’est pas nulle, alors la restriction de g `a l’orbite H.x est non d´eg´en´er´ee, de signature (p0, q0). Ainsi p0 ≤pet q0 ≤q. Le groupe Ad (H) se voit comme un sous-groupe deO(p0, q0), et le th´eor`eme 4.4 en d´ecoule.

Dans le cas g´en´eral, R. Zimmer prouve le th´eor`eme 4.4 en utilisant l’applica-tion de Gaussσ, ainsi que la notiond’enveloppe alg´ebriqueque nous n’´ evoque-rons pas ici. Le lecteur trouvera une pr´esentation claire et concise de la preuve dans [WMZ88].

4.4 Th´ eor` eme de plongement pour les g´ eom´

4.4.1 De nouvelles applications de Gauss

Consid´erons donc un groupe de Lie H, agissant par automorphismes d’une g´eom´etrie de Cartan (M,M , ω) model´ˆ ee sur un espace homog`ene X=G/P. Il y a une restriction technique dans les ´enonc´es que nous allons donner, qui est quele groupe AdP est suppos´e presque alg´ebrique dans GL(g), c’est-`a-dire qu’il est d’indice fini dans sa clˆoture de Zariski. Dans toutes les g´eom´etries

“classiques”, cette hypoth`ese est satisfaite.

L’int´erˆet de travailler avec des g´eom´etries de Cartan vient du fait que de nouvelles applications de Gauss vont apparaˆıtre. Pour d´efinir ces applica-tions, il faut consid´erer l’action du groupe sur le fibr´e ˆM plutˆot que sur M elle-mˆeme. Soit X un ´el´ement de l’alg`ebre de Lieh, et{ϕtX}t∈R le groupe `a un param`etre de diff´eomorphismes qu’il induit sur ˆM. En posant en chaque point ˆx de ˆM

X(ˆˆ x) = d

dt|t=0ϕtX.ˆx,

on d´efinit un champ de vecteurs sur ˆM. On h´erite alors d’une application lin´eaire ˆαxˆ :h→g d´efinie par

ˆ

αxˆ(X) =ωxˆ( ˆX(ˆx)).

Comme nous l’avons d´ej`a soulign´e, l’action deHsur ˆM pr´eserve un paral-l´elisme, et par cons´equent cette action est libre. L’application ˆαxˆ est donc injective, et ˆαˆx identifie en chaque point ˆxde ˆM l’alg`ebre de Lieh`a un sous-espace vectoriel hˆx = ˆαxˆ(h) de g. Notons bien que cette identification est lin´eaire, mais n’est pas un morphisme d’alg`ebres de Lie (sauf aux points o`u la courbure de la connexion de Cartan s’annule, voir [BFM09, Lemme 2.1]).

Finalement, nous obtenons une nouvelle application de Gauss : ˆ

α: Mˆ → Hom (h,g) ˆ

x 7→ αˆxˆ

Le groupe GL(h)×GL(g) agit sur Hom (h,g) de la mani`ere suivante : (l1, l2).α(u) =l−12 (α(l1−1(u))).

On v´erifie que α est H×P ´equivariante, l’action de H ×P sur Hom (h,g) transitant par le morphismeρ:H×P →GL(h)×GL(g), qui `a (h, p) associe (Adh,Adp).

Remarquons que ωx−1ˆ (hxˆ ∩p) est l’alg`ebre de Lie du stabilisateur de x dansH (les points o`uhxˆ est transverse `a l’alg`ebrepse projettent donc sur les points x∈ M o`u l’action est localement libre). Remarquons ´egalement que l’application ˆM → Gr(h), qui `a ˆx∈ Mˆ associe ( ˆαxˆ)−1(hxˆ∩p) est invariante

sous l’action de P, et induit sur M l’application de Gauss σ : M → Gr(h) utilis´ee par R. Zimmer. Mais comme nous allons le voir, ˆαv´ehicule beaucoup plus d’information que σ.

4.4.2 Enonc´ ´ e du th´ eor` eme de plongement

Avant d’´enoncer notre th´eor`eme de plongement, nous introduisons les nota-tions suivantes. SiSest un sous-groupe du groupeH, alors on d´esigne parS l’adh´erence de Zariski, dans GL(h), du groupe AdS. Ce groupe alg´ebrique S a pour alg`ebre de Lies, que l’on voit comme une sous-alg`ebre de End (h).

Rappelons que nous avons fait l’hypoth`ese que AdP ´etait presque alg´ebrique.

Th´eor`eme 4.9. [BFM09, Th´eor`eme 4.1] Soit(M,C)une g´eom´etrie de Car-tan model´ee sur un espace X=G/P. Soit H un groupe de Lie agissant par automorphismes de (M,C), et S un sous-groupe deH pr´eservant une mesure bor´elienne finie µ sur M. Si S ne comporte aucun sous-groupe alg´ebrique normal et cocompact, alors il existe un ensemble Λ ⊂ M de mesure pleine relativement `a µ, tel que pour tout xˆ ∈ Mˆ au-dessus de x, il existe une sous-alg`ebre sxˆ ⊂ad p isomorphe `a s, laissant hxˆ invariant, et telle que αˆxˆ conjugue l’action de sxˆ sur hxˆ `a celle de s sur h.

L’´enonc´e un peu technique du th´eor`eme m´erite quelques commentaires.

a) Le th´eor`eme 4.9 comporte encore une hypoth`ese sur l’existence d’une mesure invariante, mais il faut noter que celle-ci porte sur le sous-groupe S, et non sur le groupe H en entier. Aussi, lorsque M est une vari´et´e compacte, le th´eor`eme va s’appliquer `a tout sous-groupe S ⊂ H qui est moyennable (par exemple r´esoluble). En effet, de tels groupes pr´eservent automatiquement une mesure finie surM.

b) Aucune hypoth`ese alg´ebrique n’est faite sur le groupe H. De plus, ce groupe peut ne pas ˆetre connexe, mais le th´eor`eme n’apporte (h´elas) au-cune information pour des actions de groupes discrets. La seule hypoth`ese de nature alg´ebrique porte surS, et elle sera satisfaite en pratique pour de nombreux sous-groupes S. Il est important de noter que la conclusion du th´eor`eme porte sur l’alg`ebres, qui peut ˆetre beaucoup plus grosse que ads. Par exemple, un groupe discretS peut donner lieu `a une alg`ebre s non triviale.

c) Concernant les restrictions alg´ebriques que le th´eor`eme 4.9 peut apporter sur le groupe H, on trouve un ´enonc´e de port´ee comparable (mais peut-ˆetre moins maniable) dans [Gr86, Section 5.2.A]. L’int´erˆet du th´eor`eme 4.9

r´eside plus dans les informations g´eom´etriques qu’il apporte sur l’action de H. En effet pour certains groupes S, les conclusions du th´eor`eme vont impliquer que sur l’ensemble Λ, le sous-espace hxˆ ne peut pas ˆetre transverse `a p. On aura donc des groupes `a un param`etre de H qui stabilisent les points de Λ, et l’´etude dynamique au voisinage de ces points fixes peut apporter beaucoup de renseignements : c’est l’id´ee qui conduit au th´eor`eme de rigidit´e 4.11 que nous verrons un peu plus loin.

4.4.3 Id´ ees de preuve

Au vu des outils introduits dans la section 4.3, la preuve va d´ecouler de la remarque suivante : les conclusions du th´eor`eme sont satisfaites en tout point ˆ

x de ˆM o`u la S-orbite de ˆαxˆ est incluse dans la P-orbite de ˆαˆx. En effet, si ˆx est un tel point, alors pour tout s ∈ S, il existe p ∈ P, laissant hˆx invariant, et tel que la restriction de p `a hˆx soit exactement ˆαˆxsαˆ−1xˆ . Ainsi, l’alg`ebre ˆαxˆ.s.αˆ−1xˆ est la restriction `a hˆx d’une sous-alg`ebre de adp (rappelons que adp=p car AdP est suppos´e presque alg´ebrique). Il suffit alors de poser sxˆ = ˆαxˆ.s.ˆα−1ˆx pour obtenir le th´eor`eme 4.9.

L’application ˆα : ˆM → Hom (h,p) descend en une application S-´ equiva-riante α : M → W, o`u W = Hom (h,g)/P. Tout revient donc `a montrer l’existence d’un ensemble Λ de µ-mesure pleine pour lequel αx est un point fixe de l’action de S sur W. On va se ramener au th´eor`eme 4.7 en remar-quant que mˆeme siW n’est pas `a proprement parler une vari´et´e alg´ebrique, l’action de S sur W poss`ede les caract´eristiques d’une action alg´ebrique.

Par exemple, les orbites de S sur W sont localement ferm´ees. Si l’on sup-pose la mesure µ ergodique, ce que nous faisons dans un premier temps, alors la mesure image ν = α(µ), qui est S-invariante, va ˆetre port´ee par une seule S-orbite (ceci d´ecoule de [Zim84a, Proposition 2.1.12]). Cette or-bite est un espace homog`ene S/Sw, et l’on v´erifie que le stabilisateur Sw est un sous-groupe presque alg´ebrique de S. Maintenant, sur l’espace ho-mog`ene S/Sw, le sous-groupe de S qui laisse la mesure ν invariante est lui-mˆeme alg´ebrique. Cest un fait remarquable observ´e par S.G Dani dans [D82, Corollaire 2.6]. La mesureν surS/Sw est donc invariante parS, car Sest suppos´e Zariski dense dansS. Enfin, on peut conclure par un th´eor`eme de Chevalley, qui nous assure qu’il va exister un morphisme alg´ebrique injec-tif ρ :S → GL(m+ 1,R), pour un certain m ∈ N, de sorte que ρ(Sw) soit exactement le stabilisateur, dans ρ(S), d’une direction R.v ⊂Rm+1. Ainsi, on peut pousser la mesure ν en une mesure ν0 sur l’espace projectif RPm, invariante par le groupe ρ(S). Le th´eor`eme 4.7 va assurer l’existence de S0 ⊂ S, normal, cocompact et alg´ebrique, de sorte que l’action de S0 sur l’orbite S/Sw soit triviale. Par hypoth`ese, S0 = S et le support de ν est

bien contenu dans les points fixes de S.

Lorsque µ n’est pas ergodique, une d´ecomposition de µ en composantes ergodiques permet de conclure.