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3 Chapitre : concepts et champs disciplinaires infirmiers

3.1.4 Les thérapies sensorielles

Dans un premier temps, nous présentons le concept des interventions non pharmacologiques afin de donner une vision globale de ce concept. Puis nous nous penchons sur le concept de thérapie sensorielle plus difficilement définissable dû au fait qu’il reste encore peu étudié de nos jours.

Les interventions non pharmacologiques sont des actes qui incluent des thérapies, des gestes et des produits qui ne sont pas médicaux. Celles-ci englobent différentes sortes d’interventions telles que l’aromathérapie, la stimulation multisensorielle, la musicothérapie, la thérapie par la reminiscence et les massages (Hyun, 2016).

La Haute Autorité de Santé française (2014) qui nomme les thérapies sensorielles comme étant des interventions non médicamenteuses considère que celles-ci touchent trois catégories différentes. La première est celle des thérapeutiques physiques, divisée en deux domaines distincts. Premièrement, les actes thérapeutiques qui sont en lien direct avec le corps (massages, chiropractie, acupuncture). Le deuxième prend en compte les activités physiques individuelles et collectives telles que la marche, le yoga, le tai-chi, etc.

La deuxième catégorie est appelée les règles hygiéno-diététiques qui concernent une alimentation saine et la prise de compléments alimentaires adaptés à la personne soignée. Pour terminer, la dernière catégorie inclut les traitements psychologiques qui se partage entre l’éducation thérapeutique

et par les psychothérapies qui englobent l’hypnose, l’art thérapie, la stimulation sensorielle et la musicothérapie.

Le concept de thérapie sensorielle n’est pas défini précisément, mais il existe une définition personnalisée à chaque type de thérapie. Cependant, les points ci-après ressortent pour toutes ces thérapies non médicamenteuses, que nous avons nommées « sensorielles ». Les études des interventions non médicamenteuses montrent un effet préventif et curatif, particulièrement sur l’adaptation à la vie quotidienne et les troubles du comportement. Ces méthodes thérapeutiques, pratiquées assez tôt, permettent de prévenir les conséquences de la maladie d’Alzheimer et de les retarder. De plus, elles peuvent permettre d’éviter les traitements médicamenteux. L’application de la méthode utilisée varie en fonction du lieu où est traité le patient, et du degré de sévérité de la démence. En effet, certaines techniques ne sont pas praticables à un stade sévère.

Ces thérapies montrent une efficacité observée au niveau individuel et rapporté par l’équipe soignante. Mais le niveau de preuve reste faible, car l’efficacité difficilement reproductible à chaque situation (Haute Autorité de Santé, 2009). L’HAS (Haute Autorité de Santé, de France), reporte deux types d’interventions complémentaires : l’attitude des soignants et le relationnel personnalisé à une difficulté spécifique chez un patient ; et les thérapies non médicamenteuses structurées, appliquées généralement pour un groupe de personnes. Nous n’allons pas développer ce deuxième point, car notre travail se centre sur les thérapies sensorielles. Cependant, nous

présentons tout de même une classification des différents types d’intervention afin de mieux définir les thérapies sensorielles.

Selon les recommandations de bonne pratique de l’Haute Autorité de Santé (2009), les différents types d’interventions peuvent être classés ainsi :

 Les interventions basées sur la cognition o La stimulation cognitive

o La réhabilitation cognitive individuelle

o Les interventions basées sur l’environnement  Les interventions psychosociales

o La thérapie par réminiscence ou Reminiscence therapy o La thérapie par l’empathie ou Validation therapy

 Les interventions corporelles basées sur l’activité motrice, le mouvement

o L’activité physique

o Les activités de la vie quotidienne o La stimulation tactile

 Les interventions basées sur une stimulation sensorielle o Aromathérapie

o Musicothérapie o Luminothérapie

o Snoezelen (stimulation multi sensorielle)

Il existe différentes manières de classifier les thérapies non pharmacologiques, en particulier les thérapies sensorielles, puisque c’est une

approche pédagogique globale, car elle comprend la cognition et la psychologie et le sociale. Nous avons choisi de présenter la classification de la Haute Autorité de Santé, plus proche dans sa définition de notre travail. Cependant, nous avons choisi d’y inclure la stimulation tactile (massage) dans la catégorie sensorielle, puisqu’elle fait appel au sens du toucher.

Ci-dessous, nous allons faire une brève présentation de ces diverses thérapies, afin d’éclairer au mieux ce concept, sur la base des articles suivants : « Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateur » (Haute Autorité de Santé, 2009) ; « La stimulation cognitive » (Chausson, 2006) ; « Les traitements non pharmacologiques : une approche différente de la MA » (Gardette, Coley, & Andrieu, 2010).

Selon l’article de Catherine Chausson (2006), la stimulation cognitive et psycho-sociale se pratique généralement en petit groupe. Elle a été mise en place dans les années 80, car aucun médicament n’était alors disponible pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. La stimulation cognitive permet non seulement de réorganiser ses neurones en fonction des stimuli extérieurs mais également au niveau des expériences vécues, à travers l’encouragement, le plaisir et la valorisation, puisque le but de ces stimulations n’est pas de mettre la personne en échec ni de l’infantiliser. En effet, les premières fonctions atteintes sont souvent la mémoire et les activités de tâches complexes. À un stade léger à modéré, la personne atteinte de démence est encore capable d’exécuter passablement de tâches, mais il lui faut un

amorçage, une injonction, pour mettre en route ses pensées, ses apprentissages et ses actions. Par exemple, allumer l’aspirateur pour que la personne atteinte de démence puisse l’utiliser. En effet, il arrive souvent qu’elle soit incapable d’exécuter un schéma selon un ordre d’action, cependant elle reste physiquement capable de passer l’aspirateur, par exemple. Le fait de mettre en marche lui permet de faire une action de coordination de ses mouvements, donc de la stimuler cognitivement.

Au travers de la réhabilitation cognitive individuelle, les capacités cognitives résiduelles sont exploitées. En effet, la méthode est utilisée pour contourner les déficits cognitifs, afin de rendre au maximum l’autonomie à la personne pour des tâches précises (essai de rééducation de fonctions perdues). Cette méthode thérapeutique est individualisée en fonction des besoins et des objectifs de la personne.

Les interventions basées sur l’environnement permettent d’adapter l’environnement du patient, afin de stimuler son orientation dans le temps et l’espace dans le but d’améliorer sa perception et ses capacités de contrôle du cadre de vie. Les méthodes d’intervention sont vastes, mais l’objectif reste toujours de présenter de manière répétée des informations concernant la personne, le temps et l’espace soit sur la journée, soit lors d’une séance intensive. Par exemple, l’affichage sur une table du nom et de l’adresse de l’institution de soins, le jour et la date, le temps qu’il fait, etc.

La Reminiscence Therapy stimule le malade en lui faisant évoquer son passé. En effet, évoquer des souvenirs autobiographiques anciens, permet au

patient d’améliorer son estime de soi et ses capacités de socialisation, donc indirectement sa mémoire. Il en résulte donc : le risque de dépression et de troubles du comportement diminués. Cette thérapie peut se pratiquer en groupe ou individuellement, au moyen de photos, d’objets personnels familiers, de musique ou d’enregistrements sonores.

La thérapie par l’empathie permet de soutenir, d’améliorer et de stimuler les fonctions de communication. Elle permet également au patient de rattacher son discours à ses émotions. Cette méthode utilise la capacité du professionnel à reconnaitre, à comprendre les sentiments du patient, à les accepter et à les valider par divers moyens de communication verbal et non verbal.

Selon la classification de l’Haute Autorité de Santé (2009), les interventions corporelles et basées sur l’activité motrice regroupent l’activité physique (la course, l’aérobic, la marche et le vélo), l’activité de la vie quotidienne (la marche, les tâches ménagères) et la stimulation tactile (massage des mains). Les déficits cognitifs peuvent être ralentis voire prévenus.

L’aromathérapie a pour but d’améliorer la qualité de vie des patients déments, de participer à la relaxation, à l’amélioration du sommeil, à la diminution des sensations de douleur, à la réduction des symptômes dépressifs et en conséquence d’avoir un effet sur l’agitation. Selon une revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences (2010), cette intervention utilise des huiles essentielles pures extraites de plantes odorantes. Elle peut se pratiquer par un diffuseur, dans l’eau d’un bain ou en massage.

La musicothérapie permet d’agir sur les capacités de langage perdues au stade sévère de la démence et de favoriser la communication avec autrui à travers des expressions ou une communication non verbale. Cette thérapie permet de stimuler les interactions sociales, de baisser le niveau d’agitation et de tensions émotionnelles chez les patients déments. Ainsi, elle active la satisfaction des besoins physiques, émotionnels, sociaux et cognitifs et permet d’améliorer la qualité de vie. Cette intervention, exercée par un professionnel, utilise la musique ou les éléments musicaux comme la voix, les sons et les rythmes.

La luminothérapie utilise l’exposition lumineuse quotidienne, reproduisant la lumière naturelle vive (sans intensité encore clairement établie), au niveau des yeux. Elle agit sur la réduction les troubles du comportement et la régulation le rythme circadien. En effet, la somnolence diurne, l’insomnie nocturne et l’agitation sont des troubles observés chez les personnes démentes.

La stimulation multisensorielle est une thérapie durant laquelle plusieurs sens sont stimulés chez la personne. La plus connue d’entre elles se nomme Snoezelen, qui vient de Snuffelen (renifler, sentir) et de Doezelen (somnoler), autrement dit, il y a une notion d’exploration sensorielle, de détente et de plaisir. Elle cherche à avoir un impact sur les troubles neuropsychiatriques. En 1970, la thérapie Snoezelen a été développée par deux hollandais, Verhuel et Hulsegge. Elleétait utilisée pour les personnes avec des déficits intellectuels ou des troubles de l’apprentissage. Elle

permettrait d’améliorer l’humeur, d’atténuer les troubles du comportement et d’encourager à la communication. La technique utilisée consiste à installer la personne dans un lieu fermé, sécurisant, calme, relaxant et agréable et, par des effets lumineux, des surfaces tactiles, de la musique et des huiles essentielles, de stimuler les fonctions visuelles, auditives, tactiles, gustatives et olfactives.

Après la lecture de plusieurs ouvrages, nous incluons aux thérapies sensorielles citées ci-dessus le massage-toucher, car il fait partie, selon Hyun (2016), des thérapies sensorielles puisqu’il active un de nos 5 sens.

En conclusion, la thérapie sensorielle a pour but de chercher à diminuer les SCPD de la personne atteinte de démence afin de favoriser ses activités de la vie quotidienne et de diminuer son anxiété, à travers diverses méthodes telles que la relaxation, la facilitation à communiquer, la remémoration de souvenirs etc. Cependant, il ne faut pas oublier que le comportement du soignant et de l’entourage est à prendre en considération dans ces thérapies. En effet, le but n’est pas seulement d’appliquer une méthode apprise, mais de collaborer au travers d’un comportement adapté.

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