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3 Chapitre : concepts et champs disciplinaires infirmiers

3.2 Cadre théorique

3.2.2 Description de la théorie

Le point central de la théorie de Jean Watson est la notion de caring, dont en découle divers fondements philosophiques.

Selon la théoricienne le caring signifie prendre soin, se préoccuper de. À travers ce concept le développement et la croissance de l’autre sont favorisés. Afin d’étoffer le concept de caring, Watson en a clarifié les contours :

1. La caractéristique humaine : ce phénomène fait référence au fait qu’on se préoccupe instinctivement des personnes que l’on aime. 2. L’impératif moral, un idéal : il se définit comme un sens éthique

de la profession infirmière. Il fait référence à l’amélioration du bien-être et au confort du patient. Selon Watson, l’impératif moral, l’idéal se construit à travers les valeurs personnelles et professionnelles du soignant. Ces dernières amènent à la satisfaction de son travail et alors à une attitude bienveillante.

3. Un affect : le caring est définit comme quelque chose que l’on ressent.

4. Une relation interpersonnelle infirmier – patient : cette relation fait référence au partage, à la relation de confiance et à l’acceptation de l’autre en tant qu’individu unique et indivisible. 5. Une intervention thérapeutique : le caring est considéré comme

un soin, un acte dans la pratique infirmière.

En résumé, le caring est une philosophie de soin, une manière de voir les autres, une posture.

La théoricienne affirme que tous les individus sont reliés à ce qu’elle appelle un champ infini de la vie (champ environnemental). Ce dernier se traduit comme étant un champ où se trouve tous les individus. À l’intérieur de ce

champ, il y a la source même de la vie. En effet, toutes les grands mystères (exemple : quel est le sens de la vie, de la mort ?), l’essence de la vie et l’amour cosmique, énergétique et spirituel sont reliés à ce champ. Étant donné que l’être humain découle de la vie et de l’amour de ce champ, Watson admet alors que tous les individus sont les mêmes. Cela signifie que les individus ont tous la même valeur face à la vie estimée comme sacrée.

L’individu possède également un champ phénoménal. Celui-ci est constitué de la totalité de l’expérience humaine (son être au monde). Watson reconnait les individus comme singuliers et unitaires. Cela induit une prise en charge de la personne dans sa globalité, individualisée et unique face à la valeur que chacun possède. Watson considère alors l’être humain dans sa totalité. Elle décrit une vision unitaire qui comprend trois sphères en continuité avec le champ environnemental : l’âme, le corps et l’esprit.

L’âme est définie comme le soi profond, le vrai soi. Cela fait référence à l’authenticité de la personne. Chaque être humain a une âme.

Le corps fait référence à ce qui constitue l’être humain. Avoir conscience du corps physique, de l’organique qui compose l’individu est un point essentiel pour appliquer le caring.

Pour terminer, l’esprit détermine les émotions, les pensées, l’intellectuel, la mémoire, les représentations ou encore les valeurs de la personne. Cette sphère permet d’accéder à l’âme et au corps du patient.

Comme nous l’avons déjà explicité ci-dessus, selon Jean Watson, l’amour et le caring sont étroitement liés et donnent accès à une autre notion qu’elle met

en avant dans sa théorie du « healing ». Elle le définit comme étant quelque chose qui fait du bien, comme du bien-être et du réconfort. Ce terme est, finalement, vu comme un prolongement du soi individuel qui permet de vivre des moments de plénitude avec le patient.

L’infirmière a pour objectif à travers cette démarche de soin d’établir une relation de caring. Ce processus se fait grâce à sa capacité de se relier aux trois sphères du patient. La théoricienne nomme cette connexion le caring transpersonnel. Ce lien authentique dans le moment présent prend en considération l’intégralité, la dignité et l’intégrité du bénéficiaire de soin. Le caring transpersonnel permet alors l’alignement du corps, de l’âme et de l’esprit (Watson, 2008). De plus, cela permettra à l’individu de libérer ses pensées, ses émotions et ses sentiments.

Lorsque l’infirmière pratique le caring transpersonnel, cet instant est nommé « moment de caring » selon Jean Watson. Ce moment de caring fait référence à la prise de conscience de l’infirmière concernant la démarche de prise en soin, d’accompagnement, d’action d’aider l’autre (Watson, 2007). Dans ce moment, l’infirmière a accès à ce que le patient est vraiment.

Pour conclure la description de la théorie de Jean Watson, nous relevons l’importance de cette posture authentique que l’infirmière adopte pour favoriser l’accompagnement du patient qui vit une rupture d’harmonie à un moment donné (Watson, 2007).

La théoricienne a mis en avant différents concepts qui se traduisent, par ce qu’elle nomme, des Processus de caritas. Ceux-ci permettent au soignant

de mettre en pratique ces différents concepts dans sa démarche infirmière afin d’adopter la philosophie mise en avant par l’auteur. Jean Watson a publié les premiers facteurs caratifs en 1979 qu’elle a ensuite revisité en 2008, en les nommant Processus de caritas, afin de les rendre plus spirituels et plus universels. Pour ce travail de Bachelor, nous présentons donc la version la plus récente de ces concepts.

Pratiquer en ayant de l’affection, de la gentillesse, de la bonté et de la sérénité envers soi et les autres (Watson, 2008) :

Par ce Processus de caritas, l’auteur exprime que la personne est à considérer comme le point central de la prise en soins. Effectivement, il est fondamental de valoriser l’être humain et d’aller à sa rencontre tout en pratiquant le fait de se mettre à sa place. De plus, elle insiste sur les mots « affection », « gentillesse », « bonté » et « sérénité » que l’on doit avoir envers soi et les autres. Cela signifie que les soignants doivent respecter l’autre mais également se respecter soi-même.

Être présent de manière authentique, habiliter et soutenir le système de croyance, la foi, l’espoir ainsi que la subjectivité intérieure de soi et des autres (Watson, 2008) :

À travers ce concept, l’auteure sous-entend que, pour soutenir, il faut connaître le système de croyance et d’espoir des personnes. Cependant, cette méthode reste subtile. Il faut s’interroger sur ce qui fait bouger ce système, comment il influe sur celui-ci et par quels moyens il le modifie. Il est évident que les techniques de communication comme la posture, le ton, le regard,

l’attitude permettent à la personne de s’ouvrir sur ce sujet. De plus, l’auteure parle d’authenticité de soi. Ce terme se rapporte à la capacité d’entendre ce que la personne a à dire. Il est important de ne pas oublier que le système de croyance va au-delà de la religion. Il faut surtout être attentif à la spiritualité que la personne vit au moment même où elle se trouve en face du soignant avec son passé, son présent et son futur.

Développer ses propres pratiques spirituelles et le soi transpersonnel qui va au-delà de son ego (Watson, 2008) :

La sensibilité à soi se définit par la capacité de voir ses propres émotions et d’en prendre conscience. Ce concept demande de réfléchir à ses valeurs, sa propre spiritualité. En effet, le soi transpersonnel va au-delà de son ego. Ceci sous-entend qu’il faut d’abord avoir une connaissance de soi profonde, pour se permettre de s’ouvrir et d’accepter des pratiques spirituelles différentes des nôtres, de « mettre son ego de côté » afin de pouvoir entendre au mieux l’autre.

Développer et soutenir une relation de soins d’aide et de confiance (Watson, 2008) :

Le caring se définit par le fait de prendre soin de l’autre. Il est important de développer une relation de confiance avec autrui, afin de rentrer dans une relation de soins d’aide. Chercher à aider l’autre n’est pas uniquement à travers le soin, mais englobe également tout ce qui est subjectif, impalpable, en d’autre terme, ce qui est de l’ordre du relationnel.

Être présent pour encourager l’expression de sentiments positifs ou négatifs, tout en étant relié à sa spiritualité et à celle de la personne soignée (Watson, 2008) :

À travers ce Processus de caritas, la théoricienne sous-entend que le soignant doit favoriser une posture qui accueille l’expression des sentiments du patient qu’ils soient positifs ou négatifs. Effectivement, la personne soignée doit pouvoir bénéficier d’un climat de confiance qui lui permet d’exprimer n’importe quelle émotion. Dans cette attitude, le soignant est capable d’écouter la personne tout en prenant du recul face à la situation en regard de ses propres valeurs pour ne pas interférer dans le jugement de la personne et pour ne pas être trop submergé par l’émotion de l’autre.

Utiliser sa créativité et toutes voies de la connaissance comme partie intégrante du processus de caring (Watson, 2008) :

Par ce Processus de caritas, Jean Watson exprime que le soignant, dans la prise en charge du patient, peut se référer à différents domaines liés à ses connaissances théoriques (médicales, en psychologie, en sciences infirmières, etc.) mais également à des connaissances pratiques, créatives développées avec l’expérience, par exemple. Cela peut se traduire par toute activité qui favorise le caring tels que les médecines alternatives, les thérapies sensorielles, les activités créatrices (dessin, gymnastique). Par ce Processus de caritas, la théoricienne propose une ouverture et encourage à utiliser des moyens médicaux, alternatifs, créatifs ou encore des expériences personnelles pour autant que ces dernières soient bénéfiques pour le patient.

S’engager dans des expériences d’apprentissage – enseignement qui tendent à se préoccuper de l’unité de l’être, de sa subjectivité, essayer de rester dans le champ de référence de l’autre (Watson, 2008) :

À travers ce Processus de caritas, la théoricienne fait référence au fait que le soignant doit favoriser une prise en charge qui permet la prévention et la promotion de la santé. Pour ce faire, le soignant tient compte des objectifs et des besoins thérapeutiques et préventifs que les individus font émerger eux-mêmes. L’infirmier-ère accepte l’autre, ses valeurs, ses priorités pour construire un projet de prévention et de promotion. Cela signifie que le soignant n’impose pas sa propre vision des apprentissages mais qu’il valorise la collaboration, le partage et l’unité individuelle pour élaborer une démarche de soins individualisés et appropriés à la personne soignée.

Créer un environnement de healing à tous les niveaux (Watson, 2008) :

Ce Processus de caritas se définit par le respect des besoins de la personne prise en charge. Le but est d’améliorer le confort, le bien-être de l’individu dans tous les domaines tant physiques, psychologiques, sociaux, spirituels qu’environnementaux. En effet, l’individu est en interaction permanente avec l’environnement. Comme l’affirme Jean Watson, l’être humain est relié à un champ environnemental. Si l’infirmier est capable d’identifier ce facteur et d’agir sur celui-ci, alors la santé, le sens de la plénitude et la paix intérieure seront favorisés.

Administrer des actes de soins infirmiers en considérant les besoins fondamentaux de l’être humain (Watson, 2008) :

Ce neuvième facteur caritas met en avant l’importance de prendre en considération et de respecter les besoins humains de l’autre. Cela permet d’apprécier l’autre en tant qu’être humain unitaire appartenant à son propre champ phénoménal.

Pour établir une relation de confiance entre soignant-soigné, il est indispensable d’administrer des soins infirmiers en considérant le patient dans son intégralité. De plus, l’attention que l’infirmier porte sur les besoins fondamentaux de l’être humain potentialise la connexion des trois sphères corps, âme et esprit du bénéficiaire de soin.

S’ouvrir et porter attention au domaine spirituel, aux mystères, aux inconnus existentiels de la vie et de la mort (Watson, 2008) :

Le dernier Processus de caritas illustre l’importance de l’ouverture d’esprit du soignant. En effet, si le soignant adopte une attitude d’ouverture sur le monde et ce qui l’entoure, sur les questions existentielles de la vie ou encore sur lui-même et autrui, cela favorisera la mise en relation avec le patient. Ces multiples questionnements font référence à l’appartenance que chaque individu sur terre a avec le champ environnemental. Chaque être humain a un lien avec ce champ énergétique qui nous dépasse, ce qui amène les Hommes à de multiples interrogations.

La capacité d’ouverture que la théoricienne décrit fait référence à l’aptitude du soignant à se remettre en question et à exposer une réflexion sur lui-même

et autrui. Si le soignant est capable d’effectuer ce processus réflexif, l’acceptation de la vision différente et donc d’une nouvelle direction de prise en charge des soins se présentera.

En transition, nous présentons les métaparadigmes en lien avec la philosophie de Jean Watson.

La personne :

Jean Watson renomme le métaparadigme de la personne comme : l’être humain, la personnalité, la vie ou encore le soi profond Watson (1996 ; Dans Watson, 2008). Pour la théoricienne, ce métaparadigme concerne l’harmonie entre le corps, l’âme et l’esprit en lien avec le champ environnemental Watson (1988 ; Dans Watson 2008). La personne est vue comme intégrale et entière à travers les trois sphères Watson (2012 ; Dans Watson, 2008). En effet, la vision de l’être humain selon Jean Watson dépasse le soi profond, le soi supérieur ou encore le soi transpersonnel. La théoricienne perçoit l’être humain existant avec la passé, le présent et le futur en même-temps Watson (2007 ; Dans Watson 2008).

La santé :

Le métaparadigme de la santé fait référence, selon Watson (1988 ; Dans Watson 2008), à l’harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme associée étroitement au degré de congruence entre le soi perçu et le soi expérimental. En outre, elle affirme qu’être malade ne signifie pas seulement souffrir d’une pathologie mais cela peut se traduire par une désharmonie des trois sphères.

Selon Jean Watson Watson (1985 – 1988 ; Dans Watson, 2008) la maladie quelle qu’elle soit se manifeste lorsqu’il y a une désharmonie.

Nous faisons le lien avec la définition de la santé selon l’OMS (1946) : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Effectivement, cette définition reprend l’idéologie que la santé ne se résume pas en une absence de maladie ou d’infirmité mais qu’elle fait référence aux besoins personnalisés de la personne en lien avec les différentes composantes qui l’entourent : biologiques, psychologiques, sociales, spirituelles, environnementales et culturelles. Pour revenir aux pensées de Jean Watson, si un déséquilibre, une désharmonie se présente dans une ou plusieurs composantes citées ci-dessus, cela affecterait la santé.

L’environnement :

Le concept de l’environnement, selon Watson Watson (2003 ; Dans Watson, 2008), ne se réduit pas uniquement aux humains mais s’étend à l’entièreté de la planète. Cela signifie que les êtres humains appartiennent à un monde universel et infini fait de nature et de tous éléments vivants sur terre. L’environnement est considéré comme le premier lien d’interaction, d’humanité et de vie entre les personnes dépassant le temps, les frontières, les nationalités et les limites. La théoricienne explique, en 2003, que, ce qu’elle nomme le healing spaces, dit autrement l’espace de bien-être, peut permettre à une personne soignée d’être entraidée, afin de dépasser la maladie, la souffrance et la douleur, si une connexion entre elle et son environnement se présente

(nom auteur du livre, année). Dans cette perspective, lorsqu’une infirmière rentre dans l’environnement du patient, telle que sa chambre, par exemple, alors un champ magnétique d’espoir émerge.

Les soins infirmiers :

La théoricienne affirme que les soins infirmiers touchent différents pôles. Effectivement, elle les décrit comme des connaissances qui incluent les valeurs, la pensée, le dévouement, l’action et la passion à divers degrés. Elle précise que les infirmières ont de l’intérêt à comprendre la santé, la maladie et l’expérience humaine tout en tenant compte de la promotion de la santé et de la prévention des maladies dans leurs soins. Selon Watson (2005 – 2012 ; Dans Watson 2008), il est essentiel, dans cette profession, de dépasser les protocoles, les actes, les soins et la technique pour construire une relation de confiance avec le patient pour faire émerger ce qu’elle appelle « le processus de caring transpersonnel ». En effet, dans cette perspective, les soignants appliquent les « Processus de caritas » dans leurs pratiques afin de considérer l’humain comme tel et non comme un objet, évoluant en permanence avec l’univers qui l’entoure.

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