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La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT ; Segal, Williams et Teasdale (2002 )

Le MBCT (Figure 18) est un programme de psychothérapie par la méditation en pleine conscience développé par les psychologues Segal, Williams et Teasdale (2002). Cette approche combine la démarche de pleine conscience du Professeur Kabat-Zinn avec des éléments issus de la thérapie comportementale et cognitive de Beck, Rush et Emery (1979). Au cours de cette thérapie, le sujet reconnaît puis se désengage d’un mode de pensées caractérisé par des pensées négatives et des ruminations, afin de pouvoir accéder à une

nouvelle modalité de pensées définie par l’acceptation et l’état d’être. La Mindfulness-Based Cognitive Therapy est initialement destinée au traitement de la dépression et de ses fortes potentialités de rechute. Cette prise en charge est actuellement proposée aux patients souffrant de douleurs chroniques (fibromyalgie, sciatique), de certaines maladies (cancer, diabète) ou encore de troubles anxieux, bipolaires, et de dépendances (jeux, alcool, substances).

Les objectifs de base visent à réduire le risque de rechute. Pour le patient, le programme lui permet de devenir pleinement conscient des sensations corporelles, des sentiments et des pensées. Le but n’étant pas la modification ou le refus des pensées et sentiments désagréables, mais plus leur acceptation et intégration dans le vécu de chaque patient, cette démarche d’acceptation offre la possibilité de construire une réponse plus adaptée fasse au flux de sensations désagréables que vit le patient.

Les techniques de méditation déployées par le praticien sont diverses. Dans un premier temps, l’apprentissage de la méditation assise (cf. Annexes), et dans un deuxième temps le body scan (cf. Annexes), font partis des outils essentiels du programme. Les deux types d’exercices de méditation sont pratiqués au cours des séances dans le respect du déroulement du programme. Les patients apprennent progressivement à se concentrer. Cette capacité à maintenir leur attention sur un point particulier pendant un lapse de temps défini est centrale pour le bon déroulement de l’ensemble de la MBCT. Un deuxième point travaillé est le développement de la vigilance, ou encore de la conscience des pensées, émotions, sentiments et sensations corporelles. Cette prise de conscience offre la possibilité aux patients d’abandonner intentionnellement des schémas de pensées inutiles, et de mieux comprendre la source de leur souffrance et apprendre à gérer les conséquences qu’elle entraîne. Parmi d’autres, l’apprentissage à être dans l’instant présent permet aux patients de vivre pleinement chaque instant, sans se préoccuper du passé, ni du futur. Cette approche du quotidien est dite « active » et non plus « passive », car elle prend en compte que les éléments nécessaires

permettant à la personne de résoudre une situation donnée. Enfin, le « laisser aller » est une compétence clef qui permet de diminuer le taux d’anxiété face à une situation ou un moment non désirés. C’est ainsi que le vagabondage de l’esprit, et surtout le fait de le détecter, sans vouloir le changer et l’anéantir, peut-être plus important que de rester conscient 100% du temps.

Figure 22: Thérapie Cognitive basée sur la pleine conscience (adaptation à la schizophrénie

du MBCT, Segal, Williams & Teasdale, 2002).

Le programme est constitué de 8 séances de 2 heures hebdomadaires administrées en groupe ou en individuel par un ou deux thérapeutes formés à la méditation en pleine conscience. Au cours des 8 séances, 7 thématiques essentielles sont abordées : 1) Le pilote automatique, qui correspond à l’exécution des tâches de la vie quotidienne de façon automatisée, par exemple manger, lire ou conduire ; 2) Gérer les obstacles ; 3) Conscience de la respiration ; 4) Rester présent ; 5) Permettre de lâcher prise ; 6) Les pensées ne sont pas de

faits ; et enfin 7) Utiliser ce qui a été appris pour gérer les humeurs futures. La base des séances s’appuie sur les techniques de méditation: la pleine conscience de 3 minutes, la pleine conscience assise, la pleine conscience des bruits et des sons, mouvements en pleine conscience et découverte de l’espace, le body scan, ou encore appelé le balayage corporel.

La première séance a pour but de mieux décrire et éclaircir pour le patient ce qu’est réellement la pleine conscience. Il comprendra la place de la pleine conscience dans la vie quotidienne, la nécessité de la pratiquer de manière fréquente, et surtout son importance dans la prévention de futures rechutes. Au fur et à mesure des 8 séances, les patients apprennent à prendre conscience d’un certain nombre d’automatismes, afin de mieux s’en détacher. Cette prise de conscience devient la clé de leurs actes, qui deviennent un choix, et non plus une réponse automatique. Cette prise de conscience offre la possibilité d’être présent et concentré, aussi bien sur les différentes activités (monde environnant), que sur sa manière d’être (monde intérieur). Cette capacité de concentration dans le moment présent, ici et maintenant, se développe au cours des séances, et permet au patient de lâcher prise, concernant les évènements désagréables du passé ou concernant les anticipations anxieuses de l’avenir. Enfin, le patient développe la capacité de distinguer les pensées des faits réels, ce qui lui servira au moment des ruminations à s’en détacher progressivement, afin de diminuer leur fréquence et leur importance dans son quotidien.

Les données recueillies ont donné lieu à l’élaboration de trois articles scientifiques, qui sont exposés successivement dans la suite de cette partie expérimentale. Le premier correspond à une étude préliminaire et sera présenté en français. Les deux suivants seront présentés en anglais et précédés d’un résumé détaillé en français.

2.1. Etude 1.