• Aucun résultat trouvé

1.2 Phytogéographie

1.2.3 Théories phytogéographiques en Afrique centrale

En Afrique centrale (R.D. Congo-Rwanda-Burundi), plusieurs travaux phytogéographiques ont été réalisés soit sur toute l’étendue de notre zone d’étude, soit de façon locale. Les subdivisions étaient basées sur des arguments physionomiques et des reconnaissances botaniques. En effet, Lebrun (1947) a réalisé un travail phytosociologique sur la plaine des Rwindi-Rutshuru et a fait une analyse statistique de sa flore. Il a ensuite traité des principaux territoires phytogéographiques de l’Afrique toute entière. Le cadre chorologique de la plaine de la Ruzizi a été étudiée par Germain (1952) en intégrant le système de classification proposé par Lebrun (1947) et Robyns (1937, 1948). Mullenders (1954) a divisé l’ensemble du territoire de la R.D. Congo en petites Régions naturelles sans donner les limites. Devred (1957) a précisé la limite phytogéographique Occidento-Méridionale de la Région Guinéo-Congolaise au Kwango après une mission pédo-botanique. Duvigneaud (1958), après de nombreuses et longues prospections dans le Shaba, a proposé un système phytogéographique avec de nombreuses subdivisions. Liben (1958) a esquissé la limite phytogéographique Guinéo-Congolaise/zambézienne au Shaba occidental. Liben (1962) a traité de la chorologie des contrées montagneuses situées à cheval entre la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi et l’Uganda. Evrard (1965) s’est intéressé au secteur forestier central de la R.D. Congo en établissant une statistique phytogéographique. La plaine de Lubumbashi a été le site d’étude de Schmitz (1971) sur le plan phytogéographique. Bamps (1982) a repris la carte proposée par Robyns (1948) en tenant compte des nouvelles limites territoriales et des graphies. Les limites des territoires phytogéographiques, de même que leur dénomination, restent inchangées et seuls ont été mentionnés les localités, les lacs et les cours d’eau les plus importants.

Cette présente étude est principalement basée sur les théories phytogéographiques de Robyns (1948), White (1979, 1986) et de Ndjele (1988).

1.2.3.1 Modèle de Robyns (1948)

Robyns (1948) a proposé un système phytogéographique qui couvre l’ensemble du territoire R.D. Congo-Rwanda-Burundi. Ce système est basé sur les aspects de la végétation et le bioclimat (hauteur des précipitations et longueur de la saison sèche). Il a subdivisé ce territoire en onze Districts phytogéographiques, repartis comme suit dans la classification établie par Engler (1910-1925) : Région africaine, Province Guinéenne, Secteur congolais comprenant les Districts suivants : Côtier, Mayumbe, Bas-Congo, Kasai, Bas-Katanga,

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

forestier central, Ubangi-Uele ; Province Orientale, Secteur centro-africain comprenant les Districts suivants : Lac Albert, Lacs Edouard et Kivu, Ruanda-Urundi ; Province zambézienne, secteur du Bangwelo-Katanga comprenant le District du Haut-Katanga (Figure 1.7).

Figure 1.7: Système phytogéographique de Robyns (1948): (I) Côtier, (II) Mayumbe, (III) Bas-Congo, (IV) Kasai, (V) Bas-Katanga, (VI) Forestier central, (VII) Ubangi-Uele, (VIII) Lac-Albert, (IX) Lacs Edouard et Kivu, (X) Ruanda-Urundi, (XI) Haut-Katanga.

1.2.3.2 Modèle de White (1979, 1986)

White (1979, 1986), en se basant sur la distribution des taxons endémiques, a subdivisé l’Afrique et le Madagascar en 20 entités régionales (Figure 1.8) dont le Centre d’endémisme Guinéo-Congolais, le Centre d’endémisme Zambézien, le Centre d’endémisme morcelé afromontagnard, la Mosaïque régional du Lac Victoria, la Zone de transition Guinéo-Congolaise/Zambézienne et la Zone de transition Guinéo Congolaise/Soudanienne concernent la R.D. Congo, le Rwanda et le Burundi (Figure 1.9).

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

Figure 1.8 : Principales phytochories de l’Afrique et de Madagascar (d’après White, 1979, 1986) : (IA) sous-centre guinéen supérieur (G), (IB) sous-centre guinéen inférieur (BG), (IC) sous-centre congolais (BGC), (I) Centre régional d’endémisme Guinéo-Congolais, (II) Centre régional d’endémisme Zambézien, (III) Centre régional d’endémisme Soudanien, (IV) Centre régional d’endémisme de la Somalie et du pays Masai, (V) Centre régional d’endémisme du Cap, (VI) Centre régional d’endémisme du Karoo-Namib, (VII) Centre régional d’endémisme Méditerranéen, (VIII) Centre régional d’endémisme morcelé Afromontagnard, incluant IX, la région morcelée afroalpine d’appauvrissement floristique extrême (non figuré séparément), (X) Zone de transition régionale Guinéo-Congolaise/Zambézienne, (XI) Zone de transition régionale Guinéo-Congolaise/Soudanienne, (XII) Mosaïque régional du lac Victoria, (XIII) Mosaïque régionale de Zanzibar- Inhambane, (XIV) Zone de transition régionale Kalahari-Highveid, (XV) Mosaïque régionale du Tongaland-Pondoland, (XVI) Zone de transition régionale du Sahel, (XVII) Zone de transition régionale du Sahara, (XVIII) Zone de transition régionale Méditerranéo-Saharienne, (XIX) Centre régional d’endémisme Malgache Oriental, (XX) Centre régional d’endémisme Malgache Occidental.

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

Figure 1.9: Principales phytochories de White (1979, 1986) couvrant la R.D. Congo, le Rwanda et le Burundi : (I) centre régional d’endémisme Guinéo-Congolais (IB : sous-centre Guinéen inférieur; IC : sous-centre Congolais); (II) centre régional d’endémisme Zambézien; (VIII) centre régional d’endémisme Afromontagnard; (X) zone de transition régionale Guinéo-Congolaise/Zambézienne; (XI) zone de transition régionale Guinéo-Congolaise/Soudanienne et (XII) Mosaïque régional du lac Victoria.

1.2.3.3 Modèle de Ndjele (1988)

Ndjele (1988), a modifié le système de Robyns (1948) sur le plan de la classification des territoires phytogéographiques en tenant compte des recherches phytogéographiques publiées après les travaux de Robyns. Ce qui l’a amené à proposer un nouveau système de classification phytogéographique seulement pour la R.D. Congo en déterminant pour chaque territoire phytogéographique, les espèces caractéristiques qui forment l’élément endémique et les autres éléments phytogéographiques impliqués. Ainsi, il a reconnu six Régions, sept Domaines, 13 Secteurs et 24 Districts phytogéographiques (Figure 1.10).

La Région Guinéo-Congolaise est divisée en deux domaines. Le Domaine congolais avec trois Secteurs :

— le Secteur forestier central comprenant le District septentrional de l’Itimbiri, District occidental de la Tshuapa, District méridional de la Lukenie et District centro-oriental de la Maïko ;

— le Secteur de transition Congolo-Soudanien avec le District de l’Ubangi et Bas-Uele ;

— le Secteur de transition Congolo-Zambézien comprenant le District du plateau Batéké, le District du Bas-Kasai-Sabkuru et le District du Lomami.

Le Domaine de basse Guinée avec deux Secteurs :

— le Secteur forestier du Mayumbe ;

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

La Région zambézienne comprend le Domaine zambézien avec trois Secteurs :

— le Secteur Bemba comprenant le District du Haut-Shaba oriental et le District des Hauts plateaux shabiens ;

— le Secteur du Lualaba moyen avec le District du Lualaba moyen ;

— le Secteur du Lunda comprenant le District du Haut-Shaba occidental et le District du Haut-Kwango.

La Région afromontagnarde comprend le Domaine afromontagnard Est-africain avec un Secteur : le Secteur des montagnes composé du District du Ruwenzori, du District du Virunga et du District des Marungu.

La Région des lacs centrafricains avec le Domaine d’Afrique centrale comprend deux secteurs :

— le Secteur Du Lac Mobutu avec le District du Lac Mobutu ;

— le Secteur des hautes plaines du Kivu avec le District de la plaine de Ruzizi, le District de la plaine des Rwindi-Rutshuru et le District de la Plaine de Semliki.

La Région soudanienne avec le Domaine soudanien est composée du Secteur soudanien méridional et du District de la Garamba.

La Région littorale intertropicale africaine avec le Domaine Atlantique composé du Secteur Sud-Atlantique du littoral guinéen et le District Sud-Atlantique du littoral guinéen.

Figure 1.10 : Secteurs phytogéographiques de Ndjele (1988). (I) Secteur Forestier central, (II) Secteur de transition Congolo-Soudanien, (III) Secteur de transition Congolo-Zambézien, (IV) Secteur Forestier du Mayumbe, (V) Secteur de transition Bas-Guinéo-Zambézien, (VI) Secteur Bemba, (VII) Secteur du Lualaba, (VIII) Secteur Lunda, (IX) Secteur des Montagnes, (X) Secteur du Lac Mobutu, (XI) Secteur des Hautes plaines du Kivu, (XII) Secteur Soudanien Méridional, (XIII) Secteur Sud-Atlantique du littoral Guinéen.

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

1.2.3.4 Ressemblance et dissemblance des territoires phytogéographiques : Robyns (1948), White (1979, 1986) et Ndjele (1988)

Il est évident que les correspondances entre les diverses subdivisions sont établies de façon approchée parce que : (i) certaines subdivisions n’ont été données que pour des territoires limités, (ii) les critères de subdivisions utilisés par les auteurs sont différents, (iii) ces subdivisions n’ont pas la même étendue, ce qui rend difficile une bonne comparaison, (iiii) le nombre des subdivisions diffère en fonction de chaque auteur. Malgré son caractère approximatif, on peut relever des correspondances. En effet, le centre régional d’endémisme Guinéo-Congolais de White (1979, 1986) comprend les sous-centre guinéen inférieur et congolais. Elle correspond au District Mayumbe, District Forestier central, une partie du District Kasai et du District Bas-Congo de Robyns (1948). Par rapport au modèle de Ndjele (1988), elle correspond au Secteur forestier du Mayumbe, au Secteur Forestier central, au Secteur de transition Bas-Guinéo-Zambézien et une partie du Secteur de transition Congolo-Zambézien. La zone de transition Guinéo-Congolaise/Soudanienne de White (1979, 1986) est la même que le District Ubangi-Uele de Robyns (1948) sauf qu’elle s’étend jusque dans la partie nord du District Lac-Albert. Par contre elle correspond au Secteur de transition Congolo-Soudanien et au Secteur Soudanien Méridional selon le modèle de Ndjele (1988). Celui-ci reconnaît le District Lac-Albert sous le nom de secteur du Lac Mobutu. Le centre régional d’endémisme morcelé Afromontagnard incluant la Mosaïque régionale du lac Victoria de White (1979, 1986), correspond aux Districts du Lac Albert, des Lacs Edouard et Kivu et Ruanda-Urundi de Robyns (1948). Malgré le fait que Ndjele (1988) ait limité son étude uniquement en R.D. Congo, il a subdivisé cette zone en 3 Secteurs qui sont le Secteur des Montagnes, le Secteur du Lac Mobutu et le Secteur des Hautes Plaines du Kivu. Le centre régional d’endémisme Zambézien de White (1979, 1986) est identique à celle que Robyns (1948) nomme District du Haut Katanga mais un peu restreint. Tandis que Ndjele (1988) a subdivisé cette zone en trois Secteurs : le Secteur Bemba, une partie du Secteur Lunda et du Secteur des Montagnes. La zone de transition Guinéo-Congolaise/Zambézienne de White (1979, 1986) correspond au District du Côtier, à une partie du District du Bas-Congo, du District du Kasai et du District du Bas-Katanga de Robyns (1948). Par contre selon le modèle de Ndjele (1988), cette zone correspond au Secteur du Lualaba, au Secteur Sud-Atlantique du Littoral Guinéen, au Secteur Lunda et une partie du Secteur de transition Congolo-Zambézien. Ndjele (1988) a reconnu le District du Côtier de Robyns (1948) sous le nom de Secteur Sud-Atlantique du littoral Guinéen (Figure 1.11).

De façon générale, quatre zones ont été reconnues par les trois auteurs sauf qu’elles diffèrent par la taille. Il s’agit du centre régional d’endémisme Guinéo-Congolais, de la zone de transition Guinéo-Congolaise/Soudanienne, du centre régional d’endémisme morcelé Afromontagnard incluant la Mosaïque régionale du lac Victoria et du centre régional d’endémisme Zambézien (White, 1979, 1986). C’est la zone de transition Guinéo-Congolaise/Zambézienne de White (1979, 1986) qui a été beaucoup subdivisée par les deux autres auteurs. Ceci pourrait être du au fait que cette zone contient beaucoup d’espèces communes aux autres zones, d’où son caractère de zone de transition.

Chapitre 1 : Introduction générale

__________________________________________________________________________________________

Figure 1.11 : Superposition des trois modèles phytogéographiques : en bleu le modèle de Robyns (1948), en rouge le modèle de White (1979, 1986) et en noir celui de Ndjele (1988).

Documents relatifs