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Théories et modèles de communication

LANGAGIÈRES ORALES : L’EXPRESSION

II.2.1. Théories et modèles de communication

La communication se limite au transfert d'une information entre une source et une cible qui la reçoit. Parlant de conception télégraphique, Elle est présentée comme un système linéaire et mécanique sans encrage social. C’est en ce qui concerne la définition des premiers théoriciens.

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 Le modèle d’Harold D.Lasswell (1948)

Il fut l’un des premiers à s’intéresser à la communication de masse. On peut décrire convenablement une action de communication en répondant aux questions suivantes : « Qui, dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ? » (El Korso, 2005, p. 14)

- QUI : correspond à l’émetteur dont la personnalité marque la transmission (pensée, voix, sensibilité…) ; « c’est le créateur, le transmetteur d’informations » (El Korso, 2005, p.14)

- DIT QUOI : se rapporte au message, à l’analyse de son contenu.

- PAR QUEL CANAL : « le médium, le véhicule du message » (El Korso, 2005, p. 15) ; désigne l’ensemble des techniques qui à un moment donné et pour une société déterminée, diffusent à la fois l’information et la culture.

- A QUI : vise l’audience, les publics avec des analyses selon des variables (âge, sexe…). - AVEC QUEL EFFET (l’impact) : suppose une analyse des problèmes d’influence du message sur l’auditoire. C’est ce qui est « souhaité, recherché, attendu. » (El Korso, 2005, p. 15)

Le modèle de Lasswell conçoit la communication comme un processus d’influence et de persuasion.

Avantage

Dépasser la simple problématique de la transmission d’un message est l’intérêt essentiel de ce modèle.

Il envisage la communication comme un processus dynamique avec une suite d’étapes avec leur importance, leur spécificité et leur problématique. L’accent est porté aussi sur la finalité et les effets de la communication.

Limites

Assez simpliste, ce modèle s’inscrit dans un processus de communication qui est limité à l’aspect persuasif. Relation qualifiée d’autoritaire, l’absence de rétroaction est présente. Par ailleurs, le contexte sociologique et psychologique n’est pas pris en compte.

 Le modèle de Shannon et Weaver (1949- 1950)

Shannon était un ingénieur, Weaver, un philosophe. Leur préoccupation essentielle était « de régler les problèmes de transmission télégraphique : le signal devait arriver au niveau de la

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cible dans l’état le plus proche de ce qu’il était au niveau de la source. Ce signal peut être affecté ou brouillé, voir déformer par un phénomène de bruit. La communication est réduite à la transmission d’une information.»(Baylon et Mignot, 1999, p. 55)

Figure 1 : Schéma de communication de Shannon et Weaver17

.

Avec ces 2 modèles, la communication est vue comme « un processus linéaire centré sur le transfert d’informations. De plus ils présentent des situations de communication dégagées de tout contexte. Ces modèles sont tirés des héritiers d’une tradition psychologique (Béhavioristes). Le rôle de l’émetteur et du récepteur est totalement différencié. Le récepteur est considéré comme passif, ce qui est tronqué car il existe un inter influence entre l’émetteur et le récepteur. » (Baylon et Mignot, 1999, p. 59)

De nouveaux concepts

Certains chercheurs ont tenté de corriger les défauts de ces premiers modèles en introduisant la notion de contexte et de Feedback.

17 Schéma de communication de Shannon et Weaver

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 Le modèle de Matilda et John White Riley

Nous sommes des individus qui, avant tout, appartenons à des groupes, c’est ainsi que les auteurs de ce modèle tentent de nous le faire comprendre. « Le communicateur et le récepteur sont donc restitués dans des groupes primaires (familles, communauté, petits groupes…). Ces groupes primaires sont des groupes d’appartenance, ils influent la façon de voir et de juger. Ces groupes évoluent eux-mêmes dans un contexte social dont ils dépendent. » (Baylon et Mignot, 1999, p. 62)

Avantage

Une boucle de rétroaction voit le jour en ce modèle entre l’émetteur et le récepteur. Le phénomène de réciprocité est présent ainsi qu’un inter influence entre les individus.

On appelle la réaction du récepteur du message face au message émis, et aussi de son retour vers l’émetteur par feed-back. Les chercheurs ont pu, grâce à cette notion (feed-back), passer de la vision linéaire de la communication à la conception d’un processus circulaire.

 L'échange langagier

Rompre avec la perception mécaniste est, en effet, l’intérêt essentiel des linguistes, et concourant tous à la signification du message, ces linguistes ont démontré que la communication impliquait multiples facteurs remplissant des fonctions diversifiées.

 L’apport de Jakobson

Une réflexion sur le message dans la communication verbale est développée dans le modèle de Jakobson.

Il est composé de 6 facteurs : le destinateur ; le message ; le destinataire ; le contexte ; le code ; le contact.

La principale originalité de ce modèle, c’est qu’à chaque facteur correspond une fonction: « la fonction expressive (ou émotive), la fonction conative(ou impressive), la fonction phatique(ou de contact), la fonction métalinguistique, la fonction référentielle, la fonction poétique(ou stylistique).» (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006, p. 14)

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En analysant ces 6 fonctions du langage, on peut remarquer que :

- Trois d'entre elles (expressive - conative - phatique) sont du domaine du langage analogique, c'est à dire de la relation.

- Les trois autres (référentielle - métalinguistique - poétique) sont du domaine du langage digital, c'est à dire du contenu.

a- Le schéma canonique de Jakobson

Jakobson a été parmi les premiers à suggérer un schéma de communication. Pour lui à tout acte de communication verbale interviennent les facteurs constitutifs suivants :

Le destinateur envoie un message au destinataire. Pour être opérant, le message requiert d’abord un contexte auquel il renvoie( c’est ce que dans une terminologie quelque peu ambiguë, on appelle « le référent », contexte saisissable par le destinataire, et qui est, soit verbal, soit susceptible d’être verbalisé ; ensuite le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire (ou, en d’autres termes, à l’encodeur et au décodeur du message) ; enfin, le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication. (Jakobson, 1960, pp. 213-214, cité par, Baylon et Mignot, 1999, p.75)

b- Les fonctions du langage

Selon Jakobson, les facteurs qu’il a distingués dans son schéma peuvent chacun faire l’objet d’une attention particulière dans l’utilisation du langage. On aura donc six fonctions du langage : ce sont dans l’ordre, les fonctions référentielle, émotive, conative, phatique, poétique, et métalinguistique.

124 Figure 2 : Schéma canonique de Jakobson.18

♦ Commentaires

C’est le linguiste Roman Jakobson qui a proposé en 1969 le schéma général de la communication.

18 Schéma canonique de Jakobson. [http://www.internet.uqam.ca/web/t7672/schema.htm#haut] (Consulté le 31 juillet 2013) Contexte (référent) Fonction référentielle Message Fonction poétique ou stylistique Code Fonction métalinguistique Contact (canal) Fonction phatique Destinateur Fonction émotive Destinatair e Fonction conative

125 La fonction référentielle

Elle concerne principalement le référent auquel renvoie le message. « Autrement dit le langage sert à donner des informations sur le contenu. Il s'agit de la fonction informative de tout langage : c’est le cas d’un récit, d’une explication ou de même d’un panneau routier indiquant une direction » (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006, p. 14)

La fonction expressive (ou émotive)

Centrée sur le destinateur, sur l'émetteur et lui permet d'exprimer son émotion, son attitude, et son affectivité par rapport à ce dont il parle. Tous les traits dits suprasegmentaux – « intonation, timbre de la voix, le choix du vocabulaire etc. » (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006, p. 14) - du langage parlé se rattachent à la fonction expressive.

La fonction conative (ou impressive)

Centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconnaître au langage une visée intentionnelle sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet : « l’emploi de l’impératif ; le vocabulaire de l’injonction etc. » (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006, p. 14)

La fonction phatique (ou de contact)

Sert à établir la communication, « à assurer le contact et entretenir l'attention entre les interlocuteurs » (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006.p14).

Les habitués aux formes de communication médiatisée par ordinateur mesurent l’importance de cette fonction. Les modalités de régularisation sont capables d’entraver la convivialité et l'efficacité au sens le plus strict. (Telles certaines expressions qui servent à attirer l’attention de l’auditoire : «voyez-vous », « on est d’accord ? » ou encore « allo » etc.

La fonction métalinguistique

Parfois, les formes mêmes du langage ressentent le besoin d’être explicitées, voilà où intervient la fonction métalinguistique, car elle répond à cette nécessité. A chaque fois qu’on assure que nos interlocuteurs partagent le même code que nous et, on fait appel à la capacité qu'a la langue de pouvoir expliciter ses propres codes, ses propres règles et son propre lexique. « Le message porte sur le fonctionnement de la langue elle-même : par exemple, sur

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l’explication du vocabulaire employé par les interlocuteurs. Cette fonction est centrale dans les dictionnaires. » (Artignan, Bleynie et Desaintgislain, 2006, p. 14).

La fonction poétique

Met l'accent sur le message lui-même et « le prend comme objet »(Artignan, Bleynie, Desaintgislain, 2006, p. 14).

Mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code est le propre de cette fonction.

Allitération, rimes, publicité avec le travail sur les mots, leur sonorité et les rythmes, sur les couleurs, la matière ou la composition etc. sont les procédés étudiés. L’étude est semblable à celle du peintre qui, avant de finaliser une toile, travaille d’abord sur la couleur et la lumière. Classer les différentes formes de production langagière par rapport aux fonctions dominantes y figurant était la feuille de route du modèle de Jakobson. Il est ainsi normal de trouver plusieurs fonctions dans le même texte, il suffit toutefois de relever la fonction qui domine.