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Chapitre 3 : Structure et analyse du texte explicatif

3.4 Le texte explicatif

3.4.1 Discours, séquence ou texte explicatif

Les travaux conduits par Grize (1981) et son équipe du centre de recherches sémiologiques de l’université de Neuchâtel se sont intéressés à la notion de « conduite explicative ». Alors que les recherches antérieures avaient plutôt mis l’accent sur l’étude de formes textuelles telles que l’argumentation, le récit et la

description. De plus, nous avons pu noter que le concept de discours explicatif est plus employé que celui de texte explicatif, étant donné que la visée des présupposées théoriques de ces études est essentiellement pragmatique. Dans ce sens, Borel (1981) avance qu’une :

Une explication ne peut être une chose en soi (…). Une des difficultés que nous rencontrons à vouloir isoler un objet d’étude dans le champ des discours pour l’insérer dans une typologie tient à ce qu’un type de discours n’a pas de réalité sémiotique lorsqu’il est isolé de son contexte, de ses rapports avec le d’autres discours, des situations qui le déterminent et où il a ses effets. Cela est vrai aussi du discours explicatif. (p.23).

Adam (1997), dans le même ordre d’idées, rejoint la conception de Borel (1981) et sa distinction entre texte et énoncé et opte pour une visée discursive en parlant de séquence et non de texte. L’explication est considérée comme un acte de langage régi par des règles que Grize (1981) récapitule comme suit :

En premier lieu, le phénomène à expliquer est incontestable : c’est un constat ou un fait. Nul ne cherche à expliquer une idée qu’il ne tient pas pour acquis [...]. En second lieu, ce dont il est question est incomplet […] le caractère lacunaire de la situation doit s’imposer. Tous ceux qui ont un tant soit peu la pratique de l’enseignement, savent bien les efforts qu’il faut souvent pour amener l’auditoire à se persuader que la question à laquelle va répondre le cours se pose réellement. En troisième lieu, celui qui explique est en situation de le faire. (p.9-10).

En d’autres termes, l’interlocuteur se doit d’identifier les capacités cognitives demandées, comme il se doit d’être distant et désintéressé. Toutefois, il

arrive que l’explication serve l’orateur pour argumenter ou pour accroitre ce que Bourdieu (1977) appelle son « capital d’autorité ». Dans ce cas-là, l’objectivité est indispensable dans l’explication et l’argumentation. Il est cependant peu fréquent de rencontrer un texte qui soit totalement explicatif. Dès lors nous emprunterons à Adam (1997) le concept de « séquence explicative » pour tout texte contenant des parties explicatives et nous parlerons de texte à forte tendance explicative pour le texte explicatif.

3.4.2 Texte informatif, expositif ou explicatif

Les recherches en matière de typologie textuelle ont longuement confondu les concepts de texte explicatif, informatif et expositif. Adam (1997) reprend la définition de Littré donnée au terme d’explication et qui la considère comme « un discours par lequel on expose quelque chose de manière à en donner l’intelligence, la raison » (p. 127).

Combettes et Tomassone (1988) quant à eux, s’intéressent au texte informatif par rapport aux autres genres textuels en raison de la place qu’il occupe particulièrement en milieu scolaire. En effet, même si l’apprenant produit peu de textes informatifs en cours de français, il est appelé à en produire dans d’autres matières. De plus, l’intérêt est accordé à l’intention de communication que véhicule ce type de texte.

En d’autres termes, la structure d’un texte ne détermine pas son type mais c’est bien son orientation discursive qui déterminera sa visée réelle. À cet effet, Combettes et Tomassone (1988) emploient le concept de texte informatif au lieu de texte expositif. Alors que chez Adam (1997), c’est le texte explicatif qui est retenu dans sa typologisation étant donné qu’il considère le texte expositif et informatif comme de variantes du discours encyclopédique où n’interviennent que des séquences descriptives ou explicatives. Dans la même perspective Adam (1997) rejoint la conception de Brassard (1990) qui avance :

Nous proposons donc de ne pas retenir l’expositif comme type textuel ou séquentiel et de décrire ces documents selon leurs propriétés d’organisation proprement textuelles, soit comme des descriptions (tel est quasi toujours le cas, par exemple, des fiches zoologiques que l’on trouve aujourd’hui en abondance dans les encyclopédies, les manuels, les publications pour la jeunesse) […], soit comme des explications (p. 34).

Dans le cadre de notre recherche, notre intérêt ne ciblera pas la distinction entre les différentes appellations abordées plus haut étant donné que les textes expositifs, informatifs et explicatifs peuvent être présents de manière complémentaire. Cependant, nous avons choisi de cerner les aspects et les caractéristiques du texte explicatif que nous développerons vu que, nous avons soumis à nos apprenants ce type de texte lors de notre expérimentation.

3.4.3 Le texte explicatif et ses fonctions

Le texte explicatif est un texte produit dans le but de donner le maximum d’information à propos d’un sujet donné pour accroitre les connaissances du lecteur. Il éclaircit au mieux les faits, apporte des informations supplémentaires censées être ignorées par le destinataire. Autrement dit, le texte explicatif va tenter de résoudre un problème posé ou alors de répondre à une question posée de manière directe ou indirecte énoncée soit par, le producteur du texte lui-même soit via, une question posée par une tierce personne. Le texte explicatif a trois fonctions :

D’abord, une fonction informative qui considère que le destinataire peut saisir immédiatement un message composé d’éléments simples ; ce qui va faire du texte explicatif un simple moyen de transmission d’informations.

Ensuite, une fonction didactique à travers laquelle l’émetteur doit mettre en place tous les moyens qui facilitent l’accès au sens en rendant un texte plus clair et par conséquent compréhensible.

Enfin, une fonction dans le récit de fiction qui intervient surtout dans les cas où le narrateur interrompt son récit pour donner plus d’informations et plus de détails sur les personnages et le décor dans lequel ils évoluent.