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Chapitre 3 : Structure et analyse du texte explicatif

3.2 Les types de textes et leurs classifications

Charaudeau (1992) et Combettes (1983) analysent la classification à partir des marques de l’énonciation en considérant le texte comme un discours à partir duquel nombreuses mises en forme textuelles sont possibles. En effet, Charaudeau (1992) tente d’appréhender les modalités d’organisation du discours afin de décrire les paramètres nécessaires pour la catégorisation des différents textes. Selon lui, cette classification de textes dépend de trois critères essentiels : la situation, les modes d’organisation du discours et les textes.

3.2.1 La situation

Pour Charaudeau (1992), la prise en compte de la « situation » permet de distinguer deux types de productions langagières : les interlocutives et les monolocutives13. Ainsi, la présence physique des interlocuteurs de la communication en position -face à face-, au même moment, et à la même place détermine la situation interlocutive. En effet, cette dernière, permet non seulement un échange direct et immédiat entre les interlocuteurs, mais aussi implique une influence de la chacune des deux parties. De plus, une telle position assure une totale compréhension, sans qu’il ne soit nécessaire d’expliciter verbalement les

      

13 Pour Chareadeau les interlocutives sont les productions langagières orales et les monolocutives sont les

intentions des locuteurs, étant donné que les règles de la logique ne sont pas forcément respectées dans la construction des séquences.

Cependant, dans une situation monolocutive, où le sujet parlant n’est pas présent physiquement, ou il n’a pas le droit de prendre la parole et par conséquent il n’y a pas d’échanges, cette situation va donner libre cours au sujet parlant de guider et mener sa discussion sans pour autant prendre en considération les réactions de l’autre. Charaudeau (2000), évoque que :

Le sujet de l’interlocution est un sujet qui doit défendre constamment son droit à la parole en régulant au mieux les mouvements d’acceptation ou de rejet de l’autre, alors que le sujet de la monolocution est un sujet qui sollicite l’autre et s’impose à lui en lui imposant son univers et son organisation thématique. (p.4)

3.2.2 Les modes d’organisation du discours

Charaudeau (1992) répertorie quatre modes d’organisation : l’argumentatif, l’énonciatif, le narratif et le descriptif. Selon lui,

Chacun de ces modes d’organisation possède une fonction de base et un principe d’organisation. La fonction de base correspondant à la finalité discursive du projet de parole du locuteur, à savoir : qu’est-ce qu’énoncer ? Qu’est-ce que décrire ? Qu’est-ce que raconter ? Et qu’est-ce qu’argumenter ? » (p.641).

Alors que les modes d’organisation de l’argumentatif, du descriptif et du narratif se basent sur deux fondements : la logique de construction relative à

chaque mode et les procédés de mise en scène ; le mode d’organisation de l’énonciatif, lui, est quelque peu différent. En effet, la présence physique des interlocuteurs, leurs places respectives dans l’interaction verbale, les relations qui les unissent et les divers échanges qui en résultent représentent non seulement un critère d’organisation mais aussi conditionnent les modes d’organisation du discours à générer.

3.2.3 Les textes

Toujours selon Charaudeau (1992), le texte se caractérise par « la manifestation matérielle (verbale, gestuelle, iconique, etc.), de la mise en scène d’un acte de communication dans une situation donnée » (p. 642). Il propose une classification des textes selon ce qu’il appelle « les modes de discours dominants » (p. 641) qui peuvent exister dans tous les textes. À titre d’exemple, les textes à visée scientifique recourent au mode argumentatif alors que les textes politiques font appel au mode énonciatif. Les textes didactiques quant à eux, tels qu’ils sont par exemple présents dans les manuels emploient majoritairement le descriptif et le narratif.

Par ailleurs, les textes de type descriptif et narratif accordent de l’importance au référent, les textes argumentatifs, informatifs et injonctifs, quant à eux, se basent sur la relation émetteur/ récepteur. Ainsi, l’argumentation tente de modifier une conviction du récepteur et le pousse à en choisir une autre considérée plus pertinente et sensée. Alors que, le texte injonctif incite le récepteur à une réaction immédiate. Le texte informatif, quant à lui, se charge de fournir au récepteur un certain nombre de données et d’informations sans chercher à le convaincre, ni à changer ses croyances ou à le faire agir.

En matière de typologie textuelle, nous remarquons que Charaudeau (1992) catégorise les textes en fonction des traits saillants qui les organisent et considère que c’est la visée qui détermine l’organisation textuelle. Dès lors, son intérêt porte sur le discours et sa vision est énonciative.

Combettes (1987) distingue cinq types de texte : Narratif, descriptif, argumentatif, informatif et injonctif. Toutefois il précise qu’un « un type de texte se définit par un regroupement, un faisceau d’indice : toutes les composantes de la langue doivent être prises en compte » (p.7). De plus, il souligne plus tard, que « la typologie textuelle n’est pas une fin en soi, mais réside dans la possibilité de mettre les types de textes en relation avec « autre chose », cet autre chose étant, en l’occurrence ; majoritairement le domaine linguistique » (1990, p.14).

Combettes (1990), s’intéresse aux enchainements intratextuels en décrivant des séquences à l’intérieur des textes et prend en considération tous les paramètres qui entrent en jeu dans la production d’un texte. Il expliquera que la relation entre les faits de langue et les types de textes est assurée par :

L’intermédiaire d’autres domaines tels que le traitement de « la connaissance partagée », la « mise en relief », la « distanciation », la gestion de « la progression de l’information ». Ces notions ne sont pas des « types » de textes, ils ne sont pas non plus des faits de la langue. Il s’agit plutôt de regroupement de divers phénomènes linguistiques » (1990, p.16).

Adam (1997), « prolonge » la réflexion de Charaudeau (1992), dans la mesure où il considère que les séquences sont organisées en fonction des différentes visées énonciatives du discours produit. Enfin, les perspectives de ces chercheurs sont différentes mais restent néanmoins complémentaires. En effet, Charaudeau(1992) a une perception pragmatique alors que Combettes(1987) et Adam(1997) adoptent une approche structuraliste.

Nous allons, dans ce qui suit, aborder en détails les idées maitresses des travaux d’Adam relatifs à la catégorisation des textes, étant donné que notre choix dans l’analyse du corpus s’est porté sur l’approche structuraliste.