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Chapitre 2 : Enseignement/apprentissage du français sur objectifs spécifiques (FOS)

2.1 Historique du FOS

2.1.1 Le français militaire

Le premier manuel d’un français dit spécifique a vu le jour en 1927. Il s’agit d’un ouvrage intitulé « règlements provisoire pour l’enseignement du français aux militaires indigènes et rédigé par des militaires et des médecins. Selon eux, ce type d’apprentissage avait pour objectifs selon Khan (1990) : « il était indispensable de leur assurer, dans la connaissance de notre langue, un bagage de plusieurs centaines de mots et d’expressions facilitant les rapports de la vie courante militaire » (p.97). Qotb (2008) rajoute qu’il :

« Il ne s’agit pas d’apprendre LE français mais précisément un bagage de plusieurs centaines de mots et d’expressions tout en favorisant la rentabilité de ce type du français militaire » (p .24).

2.1.2 Le français de spécialité (FS) / langue de spécialité (LSP)

Un autre type de français dit « spécifique » apparait à partir des années cinquante sous le nom de langue de spécialité (désormais LSP) ou français de spécialité (FSP). Pour Qotb (2008), « l’appellation du français scientifique et technique était utilisée à l’époque, pour cette langue de spécialité, dans les domaines scientifiques et techniques. Elle concerne des variétés de langue et des publics spécifiques sans préciser une méthodologie particulière. » (p.29).

Quant à Lerat (1995), il préfère l’appellation « langue spécialisée » qu’il définit comme étant « l’usage d’une langue naturelle pour rendre compte techniquement de connaissances spécialisées. » (P. 31).

Une telle définition souligne, selon l’auteur, l’aspect unitaire de la langue et de ses usages. Alors que Lehman (1993) accorde sa préférence à l’appellation langue de spécialité qu’il définit ainsi :

Langue de spécialité surtout utilisée dans la décennie 63-73, cette appellation ajoute à la précédente une coloration méthodologique affirmée, celle du structuro-globale audio-visuelle première génération. Elle s’inscrit dans la mouvance du français fondamental, avec la conception de cursus suivant une progression niveau 1, niveau 2 […]. Dans cette optique, l’accent est mis, quel que soit le niveau, sur des spécificités lexicales et sur une sélection syntaxique. (P. 41)

Qotb (2008) note que « le français fondamental » a une influence sur l’approche méthodologique du français de spécialité. À la suite de la deuxième

guerre mondiale, la France décide alors de restaurer son prestige à l’étranger et de lutter contre l’essor de l’anglais sur la scène internationale. Pour cela et sous la direction de Gougenheim, des linguistes tels que Sauvageot, Michéa, Benvéniste et de Rivenc ont mis en place le Français fondamental qui constitue un inventaire lexical des termes les plus fréquents du français, assortis des structures grammaticales essentielles. Il est basé sur une gradation grammaticale et lexicale à partir de l’analyse de la langue parlée. » (Qotb, 2008, p. 30)

2.1.3 Le français instrumental

En 1970, en Amérique Latine, un autre type de français de spécialité a vu le jour, le français instrumental. Selon Lehman (1993) :

Le terme lancé en Amérique latine dès le début des années 70 pour désigner un enseignement du français ne se voulant ni culturel ni usuel, mais souhaitant mettre l’accent sur la communication scientifique et technique. Sont concernées aussi bien les sciences dures que les sciences humaines. Dans les différents contextes intéressés par ce type d’objectif, le français instrumental recouvre essentiellement l’enseignement de la lecture de textes spécialisés. » (P. 41)

Selon Holtzer (2004) « l’adjectif « instrumental » véhicule l’image d’une langue objet, d’une langue outil permettant d’exécuter des actions, d’effectuer des opérations langagières dans une visée pratique et une sorte de transparence des messages. » (P. 20).

D’après Aupècle et Alvarez (1977), « c’est l’enseignement du français, langue étrangère, à des étudiants qui, sans se spécialiser en français, doivent avoir accès, en général dans leur pays, à des documents écrits de caractère informationnel » (p. 77).

Le Français Instrumental se base sur la lecture de textes spécialisés en prenant en compte leurs lecteurs. Le but est de mettre l’enseignement du français au service du développement technique et scientifique.

L’apprentissage du français devient ainsi un moyen, un « instrument » permettant à un public bien défini d’accéder à des textes de spécialité. Dans la plupart des cas, il s’agit de chercheurs, de doctorants qui tentent de perfectionner leurs compétences linguistiques en compréhension écrite pour accéder à des textes

de spécialité. C’est ce qui constitue notre contexte d’étude

et d’enseignement /apprentissage de la langue française à l’université algérienne.

2.1.4 Le français fonctionnel

Le français fonctionnel est apparu en 1974, au moment où cette langue a connu un recul à l’étranger. Ce qui a poussé les décideurs français à chercher d’autres publics qui pourraient rendre à la langue française son statut. Cela se traduit par un élargissement du champ du français qui ne se limite plus non seulement au domaine linguistique et littéraire, mais touche également les domaines professionnels. Lehmann (1993) le définit ainsi :

Français fonctionnel : terme lancé dans le milieu des années 70 par le ministère des affaires étrangères pour étiqueter une politique plus volontariste (bourses, stages de formation, opérations). En lançant sur les spécificités des publics et de leurs besoins, sur une pédagogie adéquate et une adaptation méthodologique, plus que sur les problèmes de langue. (P. 41)

2.1.5 Le français sur objectif spécifique (FOS)

Le français sur objectif spécifique (FOS) est apparu en 1990 et était destiné à des professionnels surtout dans le domaine médical et économique. Par la suite, ce type d’enseignement/apprentissage de la langue française a commencé à toucher de nombreux publics notamment les étudiants comme le soulignent Cuq et Gruca (2003) :

De fait, la formation linguistique d’étudiants de médecine, de droit, de sciences exactes, est une des priorités de la coopération universitaire. On appelle ces étudiants des non spécialistes (sous-entendu : en français) ou encore des publics spécifiques. Parmi ceux-ci, les étudiants dits scientifiques. (P. 96).

De plus, Lehmann (1993) précise que « l’enseignement du français sur objectifs spécifiques est calqué sur l’anglais ESP (English for Spécial / Spécific Purposes)…

et que « fonctionnel » est un mot qui veut tout dire et rien dire, et met l’accent avant tout sur les objectifs à atteindre, moins sur les moyens d’y parvenir. » (P. 41).

Le FOS désigne de ce fait, une situation particulière

d’enseignement/apprentissage du français où on enseigne le français dans un laps de temps limité en répondant à des besoins spécifiques du public ciblé. Il met l’accent sur les objectifs visés moins sur les moyens d’y parvenir. Dans ce contexte, la maitrise de la langue française n’est pas l’objectif de la formation mais le moyen d’atteindre un autre objectif qui est spécifique.