• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3. Résultats

3.3 Résultats des tests de perception

3.3.1 Test de discrimination

Dans ce test, 516/2116 (24,39 %) réponses incorrectes ont été données par nos participantes. La figure 26 présente les pourcentages de réponses correctes et incorrectes par paire de voyelles pour toutes les participantes brésiliennes à l’étude dans le test de discrimination On remarque d’abord que les trois pourcentages de réponses incorrectes les plus élevés sont ceux des paires [ ]-[ ] (44,44 %), [ ]-[ ] (44,44 %) et [ ]-[ ] (33,05 %). Dans ces trois cas, la voyelle [ ] est présentée, ce qui porte à croire à une difficulté à discriminer cette voyelle des autres et à assimiler deux productions de cette voyelle à deux catégories différentes. En effet, cette voyelle n’a pas d’équivalent direct en PB et le mouvement formantique entre T1 et T2 est assez important. De plus, dans plusieurs cas, cette voyelle chevauche d’autres catégories du FQ ([ ] et [ ]), et par conséquent du PB ([ ]) si l’on compare les aires de dispersion des deux langues Nous supposons que la combinaison de ces facteurs contribue à l’assimilation de deux productions de [ ] dans deux catégories différentes ou à l’assimilation de deux productions de catégories différentes (dont une est [ ]) à une seule, ceux-ci rendant les productions de [ ] similaires à deux catégories du PB ou à la même tout dépendant des stimuli présentés. La variation des [ ] et [ ] doit également être prise en compte pour l’analyse de ces résultats de perception, c’est-à-dire que [ ] présente

également un important mouvement des formants et des valeurs de dispersion généralement élevées (notamment sur l’axe de F2, ce qui peut provoquer un chevauchement des productions de [ ] avec [ ]). Pour [ ], chez quelques participants du FQ, nous avons remarqué une fermeture marquée, ce qui fait que les moyennes de F1 pour [ ] et [ ] se rapprochent dans l’espace phonétique. Sachant que les valeurs moyennes de F2 sont plus ou moins similaires à la base pour ces deux catégories, le timbre de [ ] (surtout à T2) pourrait être à la base de la confusion avec [ ] au test de discrimination.

Figure 26. Résultats du test de discrimination par paire de voyelles du FQ – Pourcentages de réponses correctes et incorrectes pour toutes les participantes.

Quant à la paire identique [ ]-[ ], on remarque que le pourcentage de réponses incorrectes pour la discrimination est de 29,69 %, c’est-à-dire le quatrième contraste le moins bien discriminé par nos participantes. Nous supposons que la variabilité des productions de cette voyelle par rapport à la dispersion (valeurs généralement élevées, surtout pour F2) et au déplacement formantique est à la base de l’assimilation de deux productions de [ ] à des catégories différentes. Également, il est important de noter que les chevauchements de la

catégorie / / avec les autres voyelles du FQ ([ ] et [ ]) et du PB ([ ]) peuvent être à la base des réponses incorrectes pour ce contraste, comme observé précédemment.

Les paires différentes [ ]-[ ] et [ ]-[ ] sont quant à elle bien discriminées, le taux de réponses incorrectes étant plus bas pour ces contrastes. On remarque donc que la voyelle [ ] est généralement bien discriminée lorsque présentée dans des paires différentes (sauf lorsque présenté avec [ ]) dans 18,13 % et 2,44 % des cas.

Les paires identiques [ ]-[ ] et [ ]-[ ] et les paires différentes [ ]-[ ] et [ ]-[ ] sont mieux discriminées que les paires mentionnées ci-haut. La voyelle [ ] est incorrectement discriminée lorsque dans des paires différentes avec [ ] et [ ] dans 22,81 % et 23,11 % des cas respectivement, ce qui peut être dû au mouvement formantique plus important de [ ] et au timbre final de [ ] à T2 (postériorisé et plus fermé, tout comme [ ]). [ ] est une VN « extrême » du FQ et semble conserver un timbre plus distinct des autres VN, ce qui explique pourquoi cette voyelle est tout de même généralement bien discriminée des autres. Les paires qui contiennent la voyelle [ ], tout comme pour celles qui contiennent [ ], ont généralement été plus ou moins bien discriminées. Ceci s’explique par le fait qu’au début de leur durée, les productions de cette voyelle se distinguent des autres par leur ouverture et leur position centrale, en plus de moins chevaucher les autres catégories du FQ. De plus, / / du FQ et / / du PB se chevauchent grandement, ce qui favorise la reconnaissance de cette voyelle, et par conséquent sa discrimination des autres catégories.

En résumé, on remarque que

 la discrimination de [ ] des autres voyelles semble plus problématique pour les participantes lusophones étant donné qu’elles ne possèdent pas d’équivalent dans leur système phonologique natif pour cette catégorie;

 la discrimination de [ ], bien que moins problématique que [ ], semble également difficile pour les participantes à notre étude, probablement étant donné l’importante aire

de dispersion de cette voyelle et les nombreux chevauchements avec d’autres catégories ([ ] et [ ] du FQ et [ ] du PB);

 la discrimination des voyelles [ ] et [ ] entre elles ou avec d’autres voyelles semble plus ou moins problématique en comparaison aux deux autres voyelles pour notre groupe de participantes étant donné qu’elles possèdent des équivalents en PB

La prochaine section présente les résultats du test d’identification qui a également été effectué dans notre recherche afin de documenter de façon plus précise la perception des VN du FQ en L2.

3.3.2 Test d’identification et facilité d’identification

Le nombre de réponses incorrectes au test d’identification est de 598/2120 (28,21 %).

Figure 27 Résultats du test d’identification par voyelle du FQ – Pourcentages de réponses correctes et incorrectes pour toutes les participantes.

Dans la figure 27, qui présente les pourcentages de réponses correctes et incorrectes pour le test d’identification par voyelle, on remarque que les participantes ont donné des réponses incorrectes pour la voyelle [ ] dans 55,32 % des cas, ce qui constitue le plus haut taux de réponses

incorrectes pour l’identification des catégories Pour la voyelle [ ], on remarque que les participantes l’ont identifiée incorrectement dans 31,51 % des cas, [ ] dans 19,01 % des cas, et [ ] dans 13 % des cas Ces résultats concordent avec ceux du test de discrimination, c’est-à-dire que lorsque la voyelle [ ] est impliquée, le nombre de réponses incorrectes est plus élevé. Pour les stimuli correspondant à cette dernière voyelle, 52,08% des réponses données ont été [ ], 30% ont été [ ] et 17,92% ont été [ ], c’est donc dire que les participantes brésiliennes ont le plus souvent confondu la voyelle [ ] du FQ avec / / et / /. Ceci peut être expliqué par le fait que les productions de [ ] chevauchent souvent les aires de dispersion de [ ] et [ ]-[ ] du FQ et du PB.

Figure 28. Valeurs moyennes des cotes de facilité d’identification par voyelle du FQ (score sur 5) et écarts-types.

Afin de raffiner notre analyse, la figure 28 présente les cotes de facilité d’identification moyennes données par nos participantes lors de la complétion du test, pour les réponses correctes au test En général, on remarque que la cote de facilité d’identification est plus basse pour la voyelle [ ], catégorie qui a également été le moins bien identifiée par les participantes brésiliennes. Concernant [ ], on observe que la cote de facilité d’identification moyenne est la

plus haute des quatre VN étudiées, c’est-à-dire que les participantes l’ont trouvée plus facile à identifier que les autres catégories. Également, cette voyelle comporte le plus petit pourcentage de réponses incorrectes au test. Les deux autres voyelles, [ ] et [ ], présentent des cotes de facilité d’identification qui se rapprochent de la moyenne totale Lorsqu’on met en lien les cotes de ces voyelles avec le nombre de réponses incorrectes au test d’identification, on remarque des tendances semblables, c’est-à-dire que [ ] possède une cote de facilité d’identification plus basse que [ ], les participantes ayant donc trouvé cette première voyelle plus difficile à identifier, et que le pourcentage de réponses incorrectes au test de perception est plus élevé pour [ ] que pour [ ]. On comprend donc qu’il existe une relation entre le taux de succès au test d’identification et les cotes de facilité d’identification octroyées par les participantes lors du test

En ce qui concerne les réponses au test d’identification et les observations faites dans les sections 3.1 et 3.2, on remarque que la voyelle [ ], qui a été identifiée incorrectement dans la plus grande proportion, présente aussi un timbre particulier non présent dans le système du PB En effet, cette voyelle se situe entre [ ] et [ ] sur l’axe de F2, mais possède un degré de fermeture similaire à ces deux voyelles, ce qui peut être à la source des difficultés d’identification des participantes brésiliennes à notre étude, en plus de chevaucher souvent d’autres catégories du FQ et du PB Pour les réponses incorrectes données pour l’identification de [ã], nous avons observé que la variabilité de cette voyelle en ce qui concerne son timbre à T1 et à T2, notamment sa fermeture vers la fin de la durée et le fait que les productions de [ ] chevauchent celles du [ɔ ] du FQ, peut être à l’origine de son identification incorrecte

En conclusion, dans ce chapitre, nous avons examiné certains aspects acoustiques des VN en FQ et en PB, en plus d’évaluer les capacités de discrimination et d’identification des VN du FQ par des locutrices natives du PB débutant l’apprentissage du FQ L2 Ainsi, en général, les VN subissent une hausse des valeurs moyennes de F1 au fur et à mesure de leur durée, soit une fermeture moyenne des productions dans l’espace phonétique Les voyelles [ ], [ ] et [ ] en FQ, et [ ], [ ] et [ ] en PB ont tendance à se diriger vers la périphérie de l’espace phonétique au fur et à mesure de leur durée. Par conséquent, le contraste entre les VN du FQ est généralement plus

élevé vers la fin de la durée des productions, c’est-à-dire que les catégories sont plus isolées les unes des autres dans l’espace phonétique tout comme en PB. Les valeurs de dispersion sont plus réduites vers la fin de la durée en FQ alors qu’en PB, les valeurs de dispersion sont plus réduites au début de la durée des productions De plus, en FQ, l’amplitude du déplacement des formants au fur à mesure de la durée des productions est plus importante qu’en PB, ce qui a pour conséquence de laisser une impression auditive de diphtongaison en FQ et non en PB.

Concernant la perception des VN du FQ par nos participantes brésiliennes, nous avons pu observer que :

 la voyelle [ ] est généralement moins bien discriminée des autres voyelles, moins bien identifiée et plus difficile à identifier étant donné qu’elle ne possède pas d’équivalent en PB Cette voyelle est souvent assimilée à la catégorie [ ] du FQ;

 la voyelle [ ] est plus ou moins bien discriminée étant donné les chevauchements de cette catégorie avec d’autres du FQ ([ ] et [ ]) et son aire de dispersion plus large que sa correspondante du PB Deux productions de cette catégorie sont aussi souvent assimilées à deux catégories étant donné sa grande aire de dispersion Elle a été bien identifiée étant donné ses similarités avec [ ] du PB qui comporte des similarités de direction et d’amplitude du mouvement formantique;

 les voyelles [ ] et [ ] ont généralement été bien discriminées des autres catégories du FQ;  [ ] a été plus ou moins bien identifiée étant donné le mouvement formantique plus

important qu’en FQ;

 [ɔ ] a été bien identifiée vu sa position extrême et les chevauchements réduits avec d’autres catégories du PB, mais correspondant tout de même à [ ] du PB

Dans le chapitre suivant, nous mettons en relation nos résultats avec les études décrites au chapitre 2 et discutons plus en profondeur des implications des particularités acoustiques dans chacun des systèmes de VN sur la perception en L2.

Documents relatifs