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Perception des voyelles nasales du français québécois : aspects acoustiques et perceptifs

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Perception des voyelles nasales du français québécois

Aspects acoustiques et perceptifs

Mémoire

Félix Desmeules-Trudel

Maîtrise en linguistique

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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RÉSUMÉ

Nous effectuons une description acoustique des voyelles nasales (VN) du français québécois (FQ) et du portugais brésilien (PB), langues qui possèdent des VN dans leurs systèmes phonologiques. Nous montrons que les VN du FQ et du PB ont des timbres différents : celles du FQ sont plus dispersées, possèdent un contraste moins important (VN correspondantes) et une plus grande amplitude de mouvement formantique. Nous évaluons également la perception des VN du FQ chez des locutrices du PB. Nous montrons que [ ] est difficilement perçue car cette voyelle ne possède pas d’équivalent en PB; le timbre variable et la grande dispersion de [ ] rend difficile sa discrimination, mais le mouvement formantique contribue à son identification correcte; [ ] et [ ] sont plus facilement discriminées, mais [ ] est légèrement moins bien identifiée probablement parce qu’elle chevauche plusieurs catégories, et [ ] est bien identifiée étant donné ses similarités avec [ ] du PB.

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ABSTRACT

We present an acoustic description of nasal vowels (NV) in Quebec French (QF) and Brazilian Portuguese (BP), languages that possess phonological NV in their inventories. We show that QF and BP NV have different vowel qualities: QF NV are more dispersed than BP’s, smaller contrast (for corresponding NV), and greater amplitude of formantic movement. We also assess discrimination and identification abilities of BP speakers for QF NV. We show that [ ] is difficult to perceive because it has no equivalent in Portuguese; variability of [ ]’s quality and its important dispersion makes it difficult to discriminate, while its formant movement contributes to its correct identification; [ ] and [ ] are more easily discriminated, but [ ] is misidentified in a greater proportion because it overlaps several categories, while [ ] is more easily identified because of its similarities with BP’s [ ]

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vii

Liste des tableaux ... xi

Liste des figures ... xv

Remerciements ... xix

Introduction et problématique ... 1

Chapitre 1. État de la question et cadre théorique ... 5

1.1 État de la question ... 5

1.1.1 Production et perception des voyelles nasales ... 5

1.1.2 Caractéristiques des voyelles nasales en français ... 7

1.1.3 Caractéristiques des voyelles nasales en portugais brésilien ... 10

1.1.4 Les voyelles (nasales) en langue seconde ou étrangère ... 11

1.2 Cadre théorique ... 13

1.2.1 Effet des aimants perceptifs et Native Language Magnet Model ... 13

1.2.2 Cadre interprétatif ... 16

1.2.3 Objectifs de la recherche ... 17

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2 1 Considérations méthodologiques pour l’évaluation de la similarité phonétique et de la

perception en langue seconde ou étrangère ... 19

2.2 Participants ... 22

2.3 Corpus de mots ... 24

2 4 Méthodes d’analyse des données ... 27

2.4.1 Enregistrement, segmentation et cueillette des données ... 27

2 4 2 Mesures de la dispersion, du contraste et d’amplitude du mouvement formantique .... 31

2.4.3 Analyse statistique des données acoustiques ... 32

2.4.4 Accord inter-juges pour les diphtongues perçues ou non ... 33

2.4.5 Validation des tests de perception ... 34

2.4.6 Élaboration des tests de perception ... 34

2.4.7 Compilation des tests de perception ... 37

Chapitre 3. Résultats ... 39

3.1 Résultats acoustiques – Valeurs formantiques, contraste et dispersion ... 39

3.1.1 Valeurs formantiques moyennes, contraste et dispersion en français québécois (femmes) ... 40

3.1.2 Valeurs formantiques moyennes, contraste et dispersion en français québécois (hommes) ... 51

3.1.3 Résumé des résultats et analyses statistiques pour les valeurs de dispersion et de contraste en français québécois ... 60

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3.1.5 Résumé des résultats et analyses statistiques pour les valeurs de dispersion et de

contraste en portugais brésilien ... 70

3.1.6 Similarité phonétique – Valeurs formantiques moyennes, contraste et dispersion ... 71

3.2 Résultats acoustiques – Amplitude du mouvement formantique ... 78

3.2.1 Voyelles perçues diphtonguées ou non en français québécois ... 78

3.2.2 Mesures de mouvement formantique en portugais brésilien ... 83

3.3 Résultats des tests de perception ... 85

3.3.1 Test de discrimination ... 85

3 3 2 Test d’identification et facilité d’identification ... 88

Chapitre 4. Discussion et conclusion ... 93

4 1 Discussion des résultats de l’analyse acoustique ... 93

4.1.1 Dispersion, contraste et mouvement formantique ... 93

4.2 Discussion des résultats des tests de perception ... 96

4.3 Limites de la recherche et avenues futures ... 98

Bibliographie ... 103

Annexe 1 ... 109

Caractéristiques des participants à l’étude acoustique ... 109

Annexe 2 ... 123

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Inventaire vocalique du français québécois (basé sur Martin, 1996; Martin et al.,

2001). ... 2

Tableau 2. Inventaire vocalique du portugais brésilien en position de syllabes accentuées (basé sur Mateus et D’Andrade, 2000) ... 3

Tableau 3. Corpus de mots en français québécois. ... 25

Tableau 4. Corpus de mots en portugais brésilien. ... 27

Tableau 5. Nombre de paires par voyelles nasales présentées pour le test de discrimination. ... 35

Tableau 6. Nombre de paires exclues par la validation pour le test de discrimination et nombre de paires conservées pour la compilation des résultats. ... 37

Tableau 7 Nombre de stimuli retirés par voyelle lors de la validation pour le test d’identification et nombre de stimuli conservés pour la compilation des résultats. ... 37

Tableau 8 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la participante AF01 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 41

Tableau 9. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante AF01. ... 43

Tableau 10 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la participante AF02 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 43

Tableau 11. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante AF02. ... 44

Tableau 12. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la participante BT01 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 45

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Tableau 13. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante BT01. ... 46 Tableau 14 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la participante BT02 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 47 Tableau 15. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante BT02. ... 48 Tableau 16 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la participante BT05 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 49 Tableau 17. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante BT05. ... 50 Tableau 18. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN du participant AF03 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 52 Tableau 19. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ du participant AF03. ... 53 Tableau 20 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN du participant AF04 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 54 Tableau 21. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ du participant AF04. ... 55 Tableau 22 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN du participant BT03 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 56 Tableau 23. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ du participant BT03. ... 57 Tableau 24 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN du participant BT04 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 58

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Tableau 25. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ du participant BT04. ... 59 Tableau 26. Résultats des tests statistiques (Wilcoxon) pour la dispersion T1 vs. T2 par formant, par voyelle et pour tout l’espace phonétique (toutes voyelles confondues) en FQ – valeurs de p ... 60 Tableau 27. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN accentuées de la participante SY01 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 62 Tableau 28. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » (accentuées) du PB de la participante SY01. ... 63 Tableau 29. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN accentuées de la participante SY02 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 64 Tableau 30. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » (accentuées) du PB de la participante SY02. ... 65 Tableau 31 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN accentuées de la participante SY03 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 66 Tableau 32. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » (accentuées) du PB de la participante SY03. ... 68 Tableau 33 Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN accentuées de la participante SY04 pour F1 et F2 à T1 et à T2. ... 69 Tableau 34. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » (accentuées) du PB de la participante SY04. ... 70 Tableau 35. Résultats des tests statistiques (Wilcoxon) pour la dispersion T1 vs. T2 par formant, par voyelle accentuée et pour tout l’espace phonétique (toutes voyelles confondues) en portugais brésilien – valeurs de p ... 71

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Tableau 36. Valeurs de contraste moyennes en français québécois (participantes féminines) et en portugais brésilien (voyelles accentuées) à T1 et à T2. ... 73 Tableau 37. Valeurs moyennes de dispersion des catégories en FQ et en PB par formant à T1 et à T2. ... 73 Tableau 38. Nombre de voyelles perçues non diphtonguées et perçues diphtonguées par participant par voyelle en français québécois. ... 80 Tableau 39. Mesures de mouvement formantique (DEdyn) par participant par voyelle perçue non diphtonguée (PNDiph) et perçue diphtonguée (PDiph) et pour tout l’espace phonétique (toutes voyelles confondues) en français québécois. ... 81 Tableau 40. Résultats des tests statistiques (Mann-Whitney) pour la distance euclidienne des voyelles perçues diphtonguées vs. perçues non diphtonguées par catégorie et toutes voyelles confondues en français québécois – valeurs de p ... 82 Tableau 41. Nombre de voyelles accentuées (A) par participante par voyelle en portugais brésilien. ... 83 Tableau 42. Mesures de mouvement formantique (DEdyn) par participante par voyelle accentuée (A) et pour tout l’espace phonétique (toutes voyelles confondues) en portugais brésilien .... 84

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LISTE DES FIGURES

Figure 1. Configurations du conduit vocal pour la production des voyelles nasales du français (Delattre, 1968:52). ... 5 Figure 2. Espace phonétique à la naissance (A), prototypes des voyelles du suédois, de l’anglais et du japonais (B) et division de l’espace phonétique des locuteurs de ces langues (C; Kuhl et Iverson, 1995:140) ... 14 Figure 3. Exemple d’insertion d’un formant nasal au spectre d’une production de la voyelle [ ] en FQ ... 31 Figure 4. Graphique F1/F2 des productions avec ellipses de dispersion de VN en FQ – Participantes féminines ... 40 Figure 5. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante AF01 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 42 Figure 6. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante AF02 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 44 Figure 7. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante BT01 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 46 Figure 8. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante BT02 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 48 Figure 9. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante BT05 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 50 Figure 10. Graphique F1/F2 des productions avec ellipses de dispersion de VN en FQ – Participants masculins ... 51 Figure 11. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) du participant AF03 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 53

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Figure 12. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) du participant AF04 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 55 Figure 13. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) du participant BT03 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 57 Figure 14. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) du participant BT04 en FQ et mesures de dispersion (droite). ... 59 Figure 15. Graphique F1/F2 des productions avec ellipses de dispersion de VN accentuées en PB ... 61 Figure 16. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante SY01 et mesures de dispersion (droite). ... 63 Figure 17. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante SY02 et mesures de dispersion (droite). ... 65 Figure 18. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante SY03 et mesures de dispersion (droite). ... 67 Figure 19. Graphique F1/F2 des valeurs formantiques moyennes et des valeurs de contraste (gauche) de la participante SY04 et mesures de dispersion (droite). ... 70 Figure 20. Graphiques F1/F2 des valeurs formantiques (Barks) et des valeurs de contraste pour les participantes féminines en français québécois (noir) et en portugais brésilien (gris) à T1 (gauche) et à T2 (droite). ... 72 Figure 21 Moyenne des valeurs de σ des catégories par F1 et F2, T1 et T2 en français québécois (femmes) et en portugais brésilien (voyelles accentuées). ... 73 Figure 22. Productions de VN antérieures en FQ (noir) et en PB (gris) à T1 (haut) et à T2 (bas) et ellipses de dispersion. ... 75 Figure 23. Productions de VN centrales en FQ (noir) et en PB (gris) à T1 (haut) et à T2 (bas) et ellipses de dispersion. ... 76

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Figure 24. Productions de VN postérieures en FQ (noir) et en PB (gris) à T1 (haut) et à T2 (bas) et ellipses de dispersion. ... 77 Figure 25. Représentations des valeurs moyennes des F1 et F2 en FQ et déplacement dans l’espace phonétique (DEdyn) ... 83 Figure 26. Résultats du test de discrimination par paire de voyelles du FQ – Pourcentages de réponses correctes et incorrectes pour toutes les participantes. ... 86 Figure 27 Résultats du test d’identification par voyelle du FQ – Pourcentages de réponses correctes et incorrectes pour toutes les participantes. ... 88 Figure 28 Valeurs moyennes des cotes de facilité d’identification par voyelle du FQ (score sur 5) et écarts-types. ... 89 Figure 29. Moyennes globales des valeurs de F1 et F2 (espaces acoustiques) en FQ (gauche) et en PB (droite) – Éloignement des catégories « extrêmes ». ... 95

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REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement ma directrice de recherche, Johanna-Pascale Roy, pour ses nombreux conseils et discussions, sans qui cette recherche n’aurait jamais pu prendre forme. Merci aussi à mes collègues étudiants et professeurs du Département de langues, linguistique et traduction pour leurs support, réflexions et commentaires dans les cours comme dans les corridors.

Muito obrigado também a Beatriz Raposo de Medeiros, da Universidade de São Paulo, por sua ajuda com os meus dados e análises, e por sua paciência com o meu português. O meu estágio no Brasil foi um êxito graças à sua generosidade. Queridos amigos brasileiros, Clara, Isabel e Márcio particularmente, fico mais que feliz de ter encontrado vocês todos, obrigado pela acolhida calorosa! Apaixonei-me pela gente, cultura e simpatia brasileira. Agradeço também aos organismos de subvenção deste estágio: le Fonds d’enseignement et de recherche de la Faculté des Lettres, le Fonds général d’enseignement supérieur du CRSH (BBAF), le Bureau International e l’AÉLIÈS de l’Université Laval Esta experiência foi maravilhosa, uma formação extraordinária para o meu caminho acadêmico, mas sobretudo para o coração!

Je ne pourrais avoir écrit ce mémoire sans le support constant de ma famille et de mes amis Merci pour les encouragements et les questions, pour m’avoir fait réfléchir sur l’importance de ma recherche et sur mon avenir dans le domaine. Je salue tout particulièrement mes parents, Charles, Camille, Pénélope et Laurence pour leur patience lors de mes envolées et pour leurs encouragements lors de mon voyage.

Je remercie aussi tous les participants à ma recherche. Je ne peux les nommer pour des raisons éthiques, mais cette contribution a été plus qu’appréciée Merci aussi à Caroline, Josiane et Marie-Hélène pour leur oreille aiguisée, leurs questions et leur intérêt au fur et à mesure de notre cheminement en séminaire ou ailleurs.

Finalement, je salue bien bas les étudiants des classes de francisation que j’ai eu l’occasion de côtoyer Leur courage, leur rigueur et leur soif d’apprendre m’impressionnent Vous m’avez donné le goût de contribuer à votre intégration, la richesse de votre bagage est

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incroyable. Merci pour les nombreuses discussions en classe comme à l’extérieur, pour vos questions et votre bonté Merci à Rachel Sauvé de l’ÉLUL de m’avoir permis de connaître autant de gens, de son support dans l’apprentissage du « métier » et de son aide lors du recrutement de mes participants. Merci aussi à Manuela Ioachim de m’avoir laissé lui emprunter ses étudiants durant quelques heures.

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INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE

Dans un article sur la prononciation du français par des apprenants brésiliens, Fraga (2004) mentionne que les Brésiliens n’identifient pas correctement les voyelles françaises / / et / / – comme dans la paire minimale <paon> ~ <pain> L’auteure écrit (traduction libre:86) : « pour la majorité des élèves brésiliens apprenants du français langue étrangère, […] / / et / / sont un seul phonème. » Cette affirmation est issue d’une étude d’ordre pédagogique; on n’y trouve donc pas d’explication détaillée sur les raisons linguistiques (au sens strict) qui expliquent pourquoi les lusophones ont de la difficulté à discriminer certains contrastes nasaux du français. De plus, les voyelles nasales (VN) du français québécois (FQ) sont différentes de celles d’autres variétés de français, notamment européennes, ce qui peut amener d’autres difficultés pour la perception et l’apprentissage du système phonétique du FQ

L’un des facteurs influençant la perception des sons d’une langue seconde (L2) est la structure du système phonétique de la langue maternelle1 (L1) du locuteur (Best, 1995; Flege, 1995) Plusieurs auteurs ont montré que les sons d’une L2 sont catégorisés ou filtrés directement par le système de la L1 chez des locuteurs plus ou moins expérimentés en L2 (hypothèse du transfert : pour différents exemples, voir Troubetzkoy, 1938; Holden et Nearey, 1986; Kuhl, 1992; Best, 1995; Kuhl et Iverson, 1995; Frieda et Nozawa, 2007). En effet, l’expérience dans la L1 durant l’enfance conditionne la façon dont nous percevons les sons du langage tout au long de la vie, autant en L1 qu’en L2 Conboy et Kuhl (2011:242) écrivent : « Experience with language shapes infants’ abilities to process speech sounds, with early broad phonetic discrimination abilities narrowing as infants learn their native language. » Le système phonétique des jeunes enfants se transforme et devient donc spécifique à leur langue maternelle, ceci conditionnant la perception des sons du langage en L1 et, éventuellement, en L2. En parlant des locuteurs plus âgés, Best (1995:187) mentionne : « the gestural constellations [les traits gestuels qui forment les segments dans le cadre de la phonologie articulatoire] that serve phonological functions in the

1 Par langue maternelle, nous entendons ici la langue apprise en premier par un individu à la maison (langue parlée

par les parents), et usitée pendant plusieurs années comme langue dominante (pour les interactions sociales, à l’école, au travail, etc.) depuis un jeune âge Cependant, étant donné que l’usage et la dominance d’une langue (dans un milieu bilingue, par exemple) peuvent être variables d’un individu à l’autre, nous nous fierons au jugement des locuteurs dans le cadre de cette étude.

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native language become easily recognized as well-worn paths in the spatiotemporal terrain of the universal phonetic domain. » Suivant cela, on comprend que les segments d’une L2 peuvent être perçus selon les similarités ou les différences par rapport aux constellations gestuelles, ou segments, présents dans l’espace phonétique natif (Best, 1995:193).

Dans la recherche présentée ici, nous menons nos études sur la perception des VN du FQ par des apprenants locuteurs du portugais brésilien (PB) en classe de francisation dans la région de Québec.

Le tableau 1 présente les douze voyelles orales et les quatre VN phonologiques qu’on retrouve en FQ2.

Tableau 1. Inventaire vocalique du français québécois (basé sur Martin, 1996; Martin et al., 2001).

antérieures centrales postérieures

non-arrondies arrondies non-arrondie non-arrondie arrondies

fermées i y u

mi-fermées ø o

moyennes ə3

mi-ouvertes /

ouvertes

Le PB, quant à lui, possède sept voyelles orales et cinq VN phonologiques en position accentuée dans son système vocalique. Le tableau 2 présente les sept voyelles orales et les cinq VN contrastives du PB.

2 La notation phonologique des VN du FQ diffère ici de ce qui est habituellement admis dans la littérature qui

concerne les VN du français. La plupart du temps, on utilise les symboles / / et / /, alors que les symboles correspondants utilisés pour la présente recherche sont / / et / / Nous avons choisi d’utiliser cette notation afin de rester plus fidèle aux réalisations de ces voyelles spécifiques au FQ (Martin et al., 2001).

3 Bien qu’habituellement inclus dans le système phonologique du FQ étant donné sa position fonctionnelle dans le

système (par exemple, le e dit muet), /ə/ est souvent réalisé [œ] phonétiquement, ce qui rend son statut phonétique et phonologique discutable. Le lecteur intéressé à cette question peut se référer à Martin (1998; À Québec, a-t-on l’schwa ?)

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Tableau 2. Inventaire vocalique du portugais brésilien en position de syllabes accentuées (basé sur Mateus et D’Andrade, 2000)

antérieures centrales postérieures

fermées

mi-fermées

mi-ouvertes

ouvertes a

Tous les auteurs ne s’entendent toutefois pas sur le statut phonologique et la représentation mentale des VN du PB (Wetzels, 1997; Mateus et D’Andrade, 2000; Raposo de Medeiros 2007; 2011). Afin de simplifier notre analyse phonétique de ces voyelles, nous utiliserons un cadre de phonologie fonctionnelle dans lequel la permutation d’un son menant à un changement de sens suffit à établir le statut de phonème de ce son (Martinet, 1956). Étant donné que les monophtongues nasales / / en portugais s’opposent à d’autres sons (contreparties orales des VN) dans des paires minimales, nous les considérons comme des phonèmes à part entière.

Étant donné que certaines VN du PB et du FQ sont phonologiquement et/ou phonétiquement similaires, comme [ ] et [ ]4, on pourrait s’attendre à ce que les VN du FQ soient correctement discriminées et identifiées par des locuteurs du PB. Cependant, étant donné que les systèmes vocaliques du FQ et du PB sont organisés différemment, le transfert des phones du FQ vers le système du PB peut être difficile. Suivant cela, nous souhaitons trouver les facteurs

4 Il est toutefois important de noter que le timbre des VN du français est réalisé de façon différente selon la variété de

français – par exemple les voyelles [ ] et [ ] en FQ qui sont équivalentes aux voyelles [ ] et [ ] en français parisien – et que la notation phonologique de certaines VN du PB ne correspond pas exactement à la réalisation phonétique de ces VN – / / est réalisé [ ] et / / est réalisé [ ] selon De Sousa (1994). Les correspondances que nous supposons sont donc basées sur les réalisations phonétiques et constituent une hypothèse, mais nous tenterons d’évaluer quelle est l’influence des caractéristiques acoustiques, comme le timbre, la dispersion des voyelles et le mouvement formantique, par exemple, sur la perception des VN du FQ.

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phonétiques acoustiques et phonologiques perceptifs qui influencent la perception des VN du FQ par des locuteurs natifs du PB apprenant le FQ L25.

Ce mémoire s’articule de la façon suivante : le chapitre 1 : État de la question et cadre

théorique est consacré à la revue de la littérature qui concerne la nasalité des voyelles, les VN en

FQ et en PB ainsi qu’à la description du modèle théorique utilisé et à ses prédictions Nous exposons aussi en détail les objectifs spécifiques de notre recherche, lesquels sont rattachés aux prédictions du modèle théorique. Le chapitre 2 : Méthodologie est consacré à la présentation de la méthodologie utilisée pour notre recherche, c’est-à-dire les réflexions qui ont guidé nos choix méthodologiques ainsi que le détail des deux phases d’expérimentation (analyse acoustique et tests de perception). Y sont décrites les raisons des choix qui sous-tendent notre protocole expérimental, les participants, les corpus utilisés, les méthodes d’analyse acoustique et statistique ainsi que la constitution des tests de perception et la procédure utilisée. Le Chapitre 3 : Résultats est consacré à la présentation des résultats de l’analyse acoustique et statistique ainsi que des tests de perception. Le Chapitre 4 : Discussion et conclusion s’attarde à la discussion des résultats dans laquelle nous mettons en relation les différents résultats obtenus, nous discutons des implications théoriques de notre recherche en plus d’exposer les limites de notre étude et des avenues de recherche futures. La conclusion de notre recherche est ensuite présentée.

5 Le terme L2 ne tient pas compte du fait que les participants lusophones puissent connaître une autre langue que le

PB ou le FQ dans la présente recherche. Étant donné que la ville de Québec est un milieu essentiellement francophone, nous supposons que les apprenants n’ont pas à utiliser une autre langue connue (comme l’anglais par exemple) quotidiennement, et que le français constitue leur L2, c’est-à dire la langue seconde ou étrangère qu’ils utilisent le plus souvent dans des situations de communication.

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CHAPITRE 1. ÉTAT DE LA QUESTION ET CADRE THÉORIQUE

1.1ÉTAT DE LA QUESTION

1.1.1 Production et perception des voyelles nasales

Il est connu depuis longtemps que la nature acoustique des sons de la parole est définie en grande partie par la configuration articulatoire du conduit vocal lors de la production. En termes articulatoires, pour la production des voyelles orales, le voile du palais est relevé, ce qui empêche l’air provenant du pharynx d’entrer dans la cavité nasale Pour les VN, le voile du palais s’abaisse et ouvre ainsi la cavité nasale dans laquelle l’air venant du pharynx peut circuler (Durand, 1953; Delattre, 1965), comme illustré dans la figure 1 pour les quatre VN françaises.

Figure 1. Configurations du conduit vocal pour la production des voyelles nasales du français (Delattre, 1968:52).

L’abaissement du voile du palais permet à l’onde sonore de se répartir entre la cavité orale et la cavité nasale, ce qui a d’importantes répercussions sur l’amplitude des fréquences de résonance. De façon générale, l’intensité des formants des VN est moins importante que celle des formants des voyelles orales (Delattre, 1965; Beddor, 1993) La répartition de l’énergie spectrale a également une grande influence sur l’étendue des fréquences formantiques, c’est-à-dire que la nasalité implique l’élargissement des bandes spectrales (Delattre, 1965; 1968; Beddor, 1993; Delvaux, 1999; 2003). Aussi, le couplage des cavités orale et nasale a pour conséquence d’intégrer au spectre acoustique de nouvelles fréquences de résonance, soit des formants de résonance nasale (formants nasaux) et des anti-formants qui, en se superposant aux résonances

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orales, annulent ces dernières (Delattre, 1965; Maeda, 1984; Beddor, 1993; Feng et Castelli, 1996).

Beddor (1993) effectue une revue des résultats d’études sur la perception de la nasalité des voyelles L’auteure explique, entre autres, quels sont les effets des caractéristiques acoustiques des VN sur la perception de la nasalité : « Most studies of the perception of nasality in vowels […] agree that despite the variable acoustic characteristics of nasal vowels of different heights, there appears to be a vowel-independent spectral correlate: the relative prominence or flatness of the low-frequency region of the vowel spectrum. » (p.173). Il s’agit du principal corrélat acoustique pour la perception de la nasalité 6 L’auteure relie également les caractéristiques acoustiques des VN à la perception du timbre de ces voyelles. Par exemple, la présence des formants nasaux a tendance à abaisser la valeur du premier formant (F1) des voyelles ouvertes, voyelles qui ont habituellement des valeurs de F1 plus élevées, étant donné les valeurs fréquentielles semblables (quoique les formants nasaux soient moins intenses) entre les formants nasaux et F1. Les VN ouvertes sont alors perçues comme étant plus fermées que leurs contreparties orales Le contraire se produit pour les VN moyennes et fermées, c’est-à-dire que les valeurs de F1 des VN seront plus élevées par rapport à leurs correspondances orales (valeurs généralement basses de F1 pour les voyelles fermées). Elles seront donc perçues comme plus ouvertes que leurs contreparties orales L’auteure rapporte également qu’il n’a pas encore été statistiquement démontré que la nasalité ou la nasalisation des voyelles a une influence majeure sur la postériorité/antériorité des voyelles en comparaison aux correspondances orales, mise à part une tendance à effectuer une rétraction des voyelles antérieures. Toutefois, des études d’ordre articulatoire plus récentes (Delvaux et al., 2002; Carignan, 2011) ont montré que les locuteurs effectuent en effet une rétraction des VN antérieures en français. On observe donc que l’espace perceptif des VN est plus concentré que celui des voyelles orales, c’est-à-dire que l’espace perceptif entre deux VN est moindre que celui entre deux voyelles orales correspondantes (Beddor, 1993).

6 Il est également important de noter que, tout dépendant du degré de couplage entre les cavités orale et nasale lors de

la production des VN, les conséquences sur le spectre acoustique sont variables (Feng et Castelli, 1996). Le lecteur intéressé peut se référer à Maeda (1984) ainsi qu’à Feng et Castelli (1996) pour des considérations plus détaillées sur le sujet.

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1.1.2 Caractéristiques des voyelles nasales en français

Delvaux et al. (2002) donnent une description des propriétés articulatoires et acoustiques des VN du français belge. Dans cette variété de français, les VN sont articulées différemment des voyelles orales correspondantes selon leur qualité Par exemple, l’arrondissement des lèvres pour [ ] est plus prononcé que pour [ ]. Les locuteurs à l’étude ont également tendance à effectuer une postériorisation de la racine de la langue (vers le pharynx) lorsqu’ils prononcent les VN (Delattre, 1965; Delvaux et al., 2002). Par exemple, Delvaux et al. (2002:358) écrivent, pour la paire de voyelles [ ]-[ ] : « Ces deux voyelles sont très différentes au point de vue articulatoire. De façon consistante et dans tous les contextes, / / est une voyelle plus postérieure et nettement plus ouverte que / /. Pour les sujets féminins, la racine de la langue peut être très proche du pharynx. » Ces caractéristiques articulatoires ont une influence sur l’acoustique des VN du français Toujours pour la paire [ ]-[ ], par exemple, Delvaux et al. (2002:359) remarquent que « F1 est plus élevé et F2 nettement plus bas pour / / […], la nasale est [donc] plus compacte et plus grave que l’orale »

Dans un article qui s’attarde à l’articulation orale des VN du français hexagonal et québécois, Carignan (2011) montre que la configuration du conduit buccal (configuration labiale et linguale) lors de la production des VN est différente de la configuration utilisée pour la production des correspondances orales, ce qui aurait une influence sur l’acoustique des VN, à l’aide d’un échantillon de cinq participants locuteurs du français de Paris (trois participants) ou du FQ (deux participants). En effet, dans cette première variété de français, les analyses des VN montrent une « rotation antihoraire » des productions par rapport aux correspondances orales. En FQ, le patron inverse est observé, c’est-à-dire une « rotation horaire » de l’articulation des VN en comparaison aux correspondances orales. C’est donc dire qu’il existe des différences inter-dialectales entre le français septentrional et le FQ en termes d’articulation des VN, ce qui peut avoir une influence sur leurs représentations acoustiques, et que les VN du français en général subissent une centralisation de l’articulation (Carignan, 2011:411)

Vajta (2012) dresse un portrait général qualitatif du système de VN du français dans le but de montrer que ce type particulier de voyelles est un marqueur régional majeur, d’où l’intérêt de

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s’attarder à l’étude des voyelles nasales en contexte d’apprentissage En effet, l’auteure donne l’exemple du français septentrional (standard parisien) ou les quatre nasales sont prononcées [ , ]7 (la dernière étant souvent exclue du système d’oppositions phonologiques et

phonétiques) selon l’auteure Elle donne aussi l’exemple du français du Midi où les VN sont réalisées [ ] souvent avec un murmure nasal lorsque suivies d’une occlusive ou en fin de mot En français canadien (dans les termes de l’auteure, sans préciser s’il s’agit du français du Québec ou d’ailleurs au Canada), elles sont prononcées de façon « complexe », c’est-à-dire parfois avec une phase orale suivie d’une phase nasale et d’un murmure nasal (un appendice sans timbre vocalique particulier qui, auditivement, donne l’impression d’une consonne homorganique à l’occlusive suivante ou, dans le cas de l’absence d’une consonne suivante – en fin de mot, par exemple – de la consonne [ɲ]), parfois comme une diphtongue nasale ou encore comme une voyelle dénasalisée (comme dans <Montréal> [m eal]  [m eal]).

Léon (1983) identifie également deux des phénomènes particuliers qui touchent les VN contrastives en français canadien (ce qui inclut les parlers francophones des Maritimes et de l’Ouest canadien à partir de l’Ontario) : « la dénasalisation de[s] voyelles nasales [et la] multiplicité des variantes nasales (monophtongues et diphtongues). » (p.49). Selon l’auteur, entre 0,3% et 3,9% des VN contrastives sont dénasalisées dépendamment du timbre ([ ] est plus souvent dénasalisée que les autres VN), de la distribution phonématique et de la position de la VN dans le mot (les VN en finale de mot ont plus tendance à la dénasalisation que les VN en initiale de mot). Concernant la diphtongaison ou non des voyelles, on liste une série de variantes en français de la Saskatchewan (Jackson, 1968, cité dans Léon, 1983) et du Québec (Leclerc, 1979, cité dans Léon, 1983) : [ ] pour / /, [ ] pour / /, [ ] pour / / et [ ] pour / / L’auteur mentionne aussi la possibilité d’avoir la réalisation d’une nasale dite complexe, c’est-à-dire le retardement de la nasalité ou l’apparition d’un murmure nasal après une amorce orale de la VN. Ces variantes illustrent la variété possible des réalisations des VN en FQ et en français canadien et seraient dues à des facteurs diachroniques ou étymologiques (résidus de

7 Ni Carignan (2011) ni Vajta (2012) ne justifient leur notation des VN dans leurs articles, mais on devrait tout de

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la formation de VN contrastives à partir de l’ancien français), de distribution phonématique (certaines variantes sont plus fréquentes que d’autres et pourraient montrer un changement en cours à l’époque), géographiques (bien que les systèmes phonologiques présentés par les différentes enquêtes soient analogues, selon l’auteur) ou sociologiques (effets de la ruralité/urbanité des locuteurs sur la prononciation des VN, par exemple).

Martin et al. (2001) ont également publié un article dédié aux VN du FQ dans lequel ils examinent divers aspects de ces voyelles, notamment leur rendement fonctionnel en relation avec les autres voyelles de leur corpus, certains aspects attitudinaux qui concernent les VN ainsi que les caractéristiques acoustiques de ces voyelles. Nous nous concentrons ici sur les aspects acoustiques aux fins de la présente étude. La première caractéristique importante des VN du FQ, comme mentionné par d’autres auteurs auparavant, est la diphtongaison de ces voyelles. Par exemple, dans certains cas, / / est prononcé [ ], / / est prononcé [ ], / / est prononcé [ ] et / / est prononcé [ ], ce qui ajoute quelques variantes à celles colligées dans Léon (1983). Dans leur corpus, les auteurs affirment que 24% (1026/4240) des VN sont diphtonguées. Les VN du FQ sont aussi antériorisées comparativement aux VN du français européen (FE)8. Par exemple, le phonème / / peut être prononcé [ ] en FQ (dans 93% des cas), / / peut être prononcé [ ] en FQ (dans 49% des cas) et / / peut être prononcé [ ʵ] en FQ (dans 11% des cas). Les valeurs des formants sont également différentes pour les locuteurs de sexe masculin et de sexe féminin : les valeurs formantiques sont plus basses pour les hommes que pour les femmes. Aussi, les locuteurs de sexe masculin ont généralement un espace phonétique plus petit que celui des locuteurs de sexe féminin (pour une revue et une hypothèse sur les causes du phénomène, voir Simpson et Ericsdotter, 2007). Concernant la durée, on mentionne que les VN du FQ sont généralement plus longues (150 ms en moyenne) que les voyelles orales (107 ms en moyenne).

En résumé, on remarque que la réalisation des VN en français est variable selon plusieurs facteurs, qu’ils soient d’ordre articulatoire ou acoustique L’exploration de ces aspects permet donc d’avoir une meilleure connaissance de la structure phonétique des VN, plus précisément de

8 Dans leur article, Martin et al. (2001) utilisent les termes « variétés hexagonales notamment parisiennes » et

« français général de France » (p.69) pour parler du français européen. Bien que la dénomination « français européen » puisse sembler très générale, nous l’utilisons afin de demeurer conforme à ce que les auteurs écrivent

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celles du français québécois dans le cas présent, et de comprendre en quoi ces caractéristiques de variation peuvent avoir une influence sur la perception en L2.

1.1.3 Caractéristiques des voyelles nasales en portugais brésilien

Les études et descriptions d’ordre phonologique des VN du PB rapportent, pour la plupart, que ce type de voyelles comporte un timbre (oralisé) suivi d’un murmure nasal (Wetzels, 1997; Mattoso Camara, 2004; Mateus et D’Andrade, 2000) Toutefois, ces études ne précisent pas dans le détail les facteurs phonétiques à la base de ce phénomène, les auteurs se fiant pour la plupart sur leurs impressions auditives pour effectuer cette affirmation D’autres approches expérimentales (notamment De Sousa, 1994; Jesus, 2002; Raposo de Medeiros 2007; 2011; 2012; Seara, 2000) ont toutefois décrit plus en détail les phénomènes découlant de la nasalité des voyelles en PB. Sont présentées ici deux études qui s’attardent principalement au timbre des VN du PB, intérêt principal de la présente recherche9.

Dans un mémoire de maîtrise non publié, De Sousa (1994) décrit et caractérise acoustiquement les VN du PB. Elle se base sur les productions de quatre locuteurs masculins du PB. Les VN du PB possèdent deux parties : un timbre (plus ou moins) nasal au début de la voyelle et un murmure nasal à la fin de la voyelle. Si on compare les VN avec leurs contreparties orales, on remarque que le [ ] est plus près acoustiquement du [ ] oral que du [e] oral, et que le [ ] est plus près du [ɔ] oral que du [o] oral L’auteure conclut que la réalisation de ces deux voyelles est variable.

Raposo de Medeiros (2007) donne également une description acoustique des timbres des VN [ ] (la dernière représentant la voyelle centrale mi-ouverte [ ] dans notre notation) du PB. Entre autres, certains formants des VN du PB sont abaissés comparativement aux contreparties orales (F1 pour [ ], F2 pour [ ] et F3 pour [ ]) et que malgré le geste nasal complexe, « la voyelle nasale maintient son timbre [oral] afin de se distinguer des autres voyelles

9 Il est important de savoir que le PB possède, dans son inventaire phonologique, des diphtongues nasales

contrastives. La présente étude porte toutefois sur les segments considérés traditionnellement comme des monophtongues nasales. Ces monophtongues peuvent parfois être diphtonguées phonétiquement, selon Raposo de Medeiros (2011), tout dépendant de l’origine géographique du locuteur (notamment au sud-est), mais dans une moins grande mesure que les diphtongues contrastives. Nous considérons ces monophtongues comme telles dans nos analyses, une seule participante à notre étude provenant de la région où ces voyelles sont susceptibles d’être diphtonguées.

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nasales. » (traduction libre:173). Il reste toutefois important, selon l’auteure, de porter une attention particulière à la variabilité à l’intérieur de la catégorie des VN et de considérer à la fois l’articulation et l’acoustique pour l’évaluation phonétique des VN en PB.

En résumé, on comprend que les VN du FQ et du PB présentent des structures phonétiques différentes, c’est-à-dire qu’en FQ, les réalisations semblent plus variables qu’en PB en ce qui concerne le timbre. De plus, le PB possède des VN fermées, contrairement au FQ, alors que le FQ possède une troisième VN moyenne qui n’a pas d’équivalent en PB Étant donné que la présente recherche s’attarde à la perception des VN du FQ en L2, la section suivante expose certaines études qui concernent la perception en L2 en général ainsi que deux études effectuées sur les VN du français en L2.

1.1.4 Les voyelles (nasales) en langue seconde ou étrangère

En général, les voyelles sont perçues de façon continue, c’est-à-dire que les limites perceptives des catégories vocaliques peuvent se « fondre » les unes avec les autres pour les voyelles adjacentes, les productions étant plus difficiles à catégoriser. De plus, les locuteurs sont sensibles aux variations intra-catégorielles (perception continue; Liberman et al., 1967:442-443). Ainsi, pour évaluer la perception des voyelles en contexte d’acquisition L2, une attention particulière doit être portée à l’égard de la variabilité acoustique intra-catégorielle (contexte phonologique, accentuation, coarticulation, etc.) à la fois dans la L1 et la L2 des locuteurs. De plus, plusieurs effets de contexte expérimental (ordre de présentation des stimuli, taille du corpus) peuvent avoir une influence sur la perception des voyelles en L2 (Strange, 2007). En effet, la capacité de perception correcte des catégories segmentales en L2 peut être prédite, entre autres, en évaluant la similarité phonétique des segments de la L1 et de la L2, c’est-à-dire à quel point les réalisations concrètes des phonèmes sont semblables ou différentes dans chacune des langues (Strange, 2007). On fait également référence à cette notion en termes d’interférence de la L1 du locuteur Ceci dit, étant donnée l’interaction possible entre les deux systèmes et l’influence de la variabilité selon plusieurs facteurs, Strange (2007) recommande que l’évaluation de la similarité phonétique entre deux langues en contexte d’acquisition d’une L2 (en l’occurrence la similarité entre la L1 et la L2 du locuteur) soit effectuée sur la base des réalisations phonétiques des catégories phonologiques.

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Peu d’études ont été consacrées à la perception des VN en L2, probablement à cause de la complexité articulatoire et acoustique de ce type de voyelles. L’une des rares est celle de Detey et

al. (2010) qui ont effectué une étude sur la production des VN du FE par des apprenants locuteurs

du japonais et des apprenants hispanophones. Dans leur étude, qui consiste en une analyse des productions de locuteurs de niveau avancé en FE L2, on cherche à évaluer la qualité de

réalisation (non définie précisément dans l’article) des VN. On a donc demandé à des locuteurs

natifs (non experts) du FE d’effectuer une tâche d’identification lexicale et à des professionnels de l’enseignement du français d’évaluer si les VN étaient décompactées (soit si elles étaient réalisées comme une voyelle orale suivie d’une consonne nasale) ou non. Selon les auteurs, les jugements des locuteurs non-experts montrent le degré d’intelligibilité des locuteurs non-natifs. Les jugements des professionnels de l’enseignement ont été utilisés pour évaluer jusqu’à quel point les locuteurs non-natifs effectuent un décompactage des VN, et les auteurs interprètent ce décompactage comme un indicateur de la qualité de réalisation des VN. Les résultats montrent que les VN du français sont correctement identifiées à 64,5% dans le cas des locuteurs du japonais et à 50,72% dans le cas des locuteurs hispanophones par les évaluateurs non-experts. Aussi, la voyelle [ ] est correctement identifiée dans le plus grand nombre de cas par ces mêmes évaluateurs. En ce qui concerne les jugements des professionnels, on montre que le décompactage est plus fréquent dans un contexte où la VN est suivie d’une consonne prononcée (comme dans le mot tante [t ]) que lorsqu’elle n’est pas suivie d’une consonne prononcée (comme dans le mot tant [t ]). En conclusion de leur article, les auteurs proposent la hiérarchie suivante en ce qui concerne la facilité de production des VN du FE en L2 : / />/ />/ / (Detey et

al., 2010:288).

À la session d’hiver 2012, nous avons effectué une étude pilote sur l’identification des VN du FQ par des lusophones brésiliens Dans cette étude, nous avons d’abord confirmé, par l’examen acoustique d’enregistrements de VN, que certaines des VN du FQ étaient diphtonguées acoustiquement et que l’espace phonétique des VN du FQ était plus petit que celui des VN du PB, même en considérant les voyelles correspondantes [ ] et [ ]-[ ] et [ ]-[ ] seulement. De plus, nous avons observé des placements différents dans l’espace phonétique des VN pour chacune des langues, c’est-à-dire que les VN du FQ étaient en moyenne plus basses et concentrées au centre

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de l’axe d’antériorité/postériorité que celles du PB Ces deux facteurs phonétiques pourraient expliquer, du moins en partie, pourquoi les lusophones ont de la difficulté à identifier les VN du FQ. Nous avons aussi montré, dans un test d’identification (choix forcé à 4 réponses, une pour chacune des catégories du FQ), que la voyelle [ ] était mal identifiée par les participants à notre étude (dans 87,5% des cas), et que les voyelles [ ] et [ ] étaient plus ou moins bien identifiées selon nos participants (dans aucun cas pour un participant et dans 68,75% des cas chez l’autre participant pour [ ], et dans 34,4% des cas chez le premier participant et dans 12,5% des cas chez l’autre participant pour [ ]). Ces conclusions sont toutefois partielles et la présente recherche vise à approfondir et documenter ces aspects phonétiques et perceptifs.

En résumé, bien que peu d’études aient été complétées sur la perception des VN en L2, les éléments présentés permettent de comprendre qu’une attention particulière doit être portée à l’égard de la variabilité (timbres différents en FQ et en PB, dispersion et contraste, mouvement formantique) des VN à la fois en FQ et en PB, et que ces segments du français peuvent être problématiques pour des apprenants L2. Nous présentons, dans la section suivante, un cadre interprétatif qui permettra de relier les propriétés acoustiques étudiées dans la présente recherche à la perception de locuteurs du PB et d’expliquer certains facteurs à la base des difficultés rencontrées par les apprenants.

1.2CADRE THÉORIQUE

1.2.1 Effet des aimants perceptifs et Native Language Magnet Model

Dans le cadre de cette étude, nous utilisons le Native Language Magnet Model (NLM) comme cadre théorique (Kuhl, 1992; Kuhl et Iverson, 1995). Ce modèle est basé sur la notion d’aimants perceptifs, qui sont en fait des prototypes des catégories des sons du langage. Ces prototypes, qui sont stockés dans la mémoire à long terme, agissent comme des aimants qui attirent les sons placés dans un espace phonétique vers leur catégorie. Selon Kuhl et Iverson (1995:141), l’espace phonétique total d’un locuteur serait divisé, à la naissance, par des limites psychophysiques

naturelles (c’est-à-dire une représentation des divisions innées de l’espace phonétique que les

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langage; voir la figure 2, en A, pour une représentation de ces limites) pour ensuite être modifié par l’input auquel le locuteur est exposé dans les premiers mois de sa vie. La figure 2 montre respectivement les limites psychophysiques naturelles à la naissance (en A) ainsi que des représentations de l’espace phonétique de locuteurs de l’anglais, du japonais et du suédois (en B et C).

Figure 2 Espace phonétique à la naissance (A), prototypes des voyelles du suédois, de l’anglais et du japonais (B) et division de l’espace phonétique des locuteurs de ces langues (C; Kuhl et Iverson, 1995:140)

Le mécanisme qui expliquerait la réorganisation des limites psychophysiques naturelle est l’effet des aimants perceptifs Les aimants perceptifs sont des prototypes (au sens strict, « a good instance of a category »; Kuhl et Iverson, 1995:123; voir aussi Evans et Green, 2006, pour une introduction à la notion de prototype en linguistique cognitive) qui produisent un effet d’attraction sur les sons qui se trouvent autour dans un espace phonétique donné L’effet des aimants implique que la distance perceptuelle entre des sons dits à proximité est réduite comparé à la distance perceptuelle lorsque des sons sont éloignés dans ce même espace : « [T]he area around a phonetic prototype is associated with reduced discrimination sensitivity when compared

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to areas around nonprototypic members of a category. This, in turn, suggests that the perceptual space underlying a phonetic category is distorted so that the perceptual distance around a prototype is reduced. » (Kuhl et Iverson, 1995:131). Il faut toutefois noter que, dans le NLM, l’espace phonétique est représenté par les propriétés d’abord acoustiques puis polymodales stockées en mémoire à long terme (on postule que l’enfant traite d’abord et de façon statistique l’information acoustique fournie dans l’environnement pour établir un système de reconnaissance phonologique, puis intègre des notions articulatoires et visuelles au fur et à mesure de la maturation du système) C’est une des raisons pour lesquelles ce modèle se prête bien à une analyse acoustique et nous permet de représenter les aimants perceptifs des locuteurs d’une langue donnée en fonction des caractéristiques acoustiques de leurs productions. En résumé, l’effet des aimants perceptifs peut causer une « distortion of the perceptual space in the region of the prototype. Specifically, perceptual distance appears to be shrunk in the region where the best instances occur, while it is stretched in the regions where the worst instances occur » (Kuhl et Iverson, 1995:137), c’est-à-dire que les aimants attirent les bons représentants d’une catégorie et repoussent les mauvais représentants. Ce mécanisme est dynamique et motivé temporellement d’un point de vue développemental, c’est-à-dire qu’il est plastique et n’exclut pas la possibilité de l’apprentissage d’un système « supplémentaire ».

Le NLM rend compte de la période initiale en perception du langage et de la parole, c’est-à-dire qu’il s’attarde en premier lieu à expliquer le développement du système phonétique dans la première année de la vie. Par exemple, on assume que les enfants naissent avec la capacité de répartir les sons du langage dans des catégories assez larges, tel qu’illustré dans la figure 2 (A) On a montré à plusieurs reprises que les enfants possèdent l’habileté de répartir les sons de la chaine parlée dans des catégories « grossières », ce qui rappelle les conclusions des études sur la perception catégorielle : « infants are born with a capacity to resolve the acoustic differences between sounds that belong to different phonetic categories. In tests of categorical perception, infants have shown that they are sensitive to the acoustic cues that underlie phonetic distinctions in language. » (Kuhl et Iverson, 1995:139). Il est toutefois important de noter que les expériences sur les animaux n’ont pas permis d’observer l’effet des aimants perceptifs avec du langage humain, effet qui serait spécifique aux humains et qui conditionnerait l’apprentissage et la maîtrise du langage à un très jeune âge, alors que d’autres expériences ont montré la capacité des animaux à catégoriser les sons du langage humain C’est l’input de l’environnement de l’enfant

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qui conditionne le développement d’un système spécifique à la langue, input qui est analysé de façon distributionnelle par l’enfant afin de créer des catégories, ou plutôt d’atténuer certaines limites psychophysiques et de remodeler le système.

Malgré le fait que le modèle porte principalement sur le développement de la perception chez des jeunes enfants et sur la réorganisation perceptive des catégories innées, on a tout de même beaucoup étudié l’effet des aimants perceptifs chez les adultes, effet qui est manifeste en perception des sons d’une L2 De plus, ce modèle s’applique facilement à un groupe d’adultes locuteurs naïfs de la L2 ou en début d’apprentissage et permet d’expliquer pourquoi on retrouve certains phénomènes, par exemple la confusion ou certaines erreurs d’identification, spécifiques à la perception en L2 : « it has been suggested that the native-language categories of the listener somehow interfere with the ability to perceive the phonetic distinctions in the new language [and] that the magnet effect contributes to this difficulty. » (Kuhl et Iverson, 1995:143). Ainsi, en suivant l’hypothèse du transfert, le NLM prédit que les sons d’une L2 seront attirés par les aimants de la L1, soit qu’il y aura interférence de la L1 sur la perception. Autrement dit, plus un son de la L2 est près, dans l’espace phonétique, d’un prototype ou aimant de la L1 (plus il est un bon représentant d’une catégorie donnée), plus la discrimination de ce son et d’un autre son prototypique de cette catégorie sera difficile, car assimilés à la catégorie de la L1. Ainsi, on peut comprendre que la configuration de l’espace phonétique de la L1 par rapport à celui de la L2 est très important dans le processus de perception en L2 et sera donc déterminant dans l’apprentissage d’une L2

1.2.2 Cadre interprétatif

Étant donné l’influence des caractéristiques acoustiques des VN du FQ, caractéristiques qui sont différentes et qui conditionnent l’organisation des aimants perceptifs, sur la perception des apprenants lusophones, les aimants perceptifs des VN des locuteurs natifs du PB sont organisés différemment de ceux des locuteurs natifs du FQ. La principale prédiction du NLM, cadre interprétatif de la présente recherche, en ce qui concerne la perception, est donc que :

1. La discrimination de certains contrastes nasaux et, par conséquent, l’identification des VN du FQ seront difficiles pour des apprenants lusophones peu expérimentés en FQ parce que

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les aimants perceptifs des lusophones peuvent attirer deux ou plusieurs sons vocaliques nasaux distinctifs du FQ.

1.2.3 Objectifs de la recherche

Pour cette recherche, nos objectifs sont donc de :

1. Caractériser acoustiquement les VN du FQ et du PB et en faire une analyse comparative afin de déterminer la similarité phonétique entre les systèmes des deux langues (organisation des aimants perceptifs des locuteurs);

2. Évaluer les capacités de discrimination et d’identification des VN du FQ par des apprenants lusophones brésiliens de niveau débutant;

3. Évaluer et déterminer l’importance de certaines caractéristiques acoustiques du FQ et du PB sur la perception des VN par des apprenants lusophones brésiliens débutants.

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CHAPITRE 2. MÉTHODOLOGIE

2.1CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES POUR L’ÉVALUATION DE LA SIMILARITÉ PHONÉTIQUE ET DE LA PERCEPTION EN LANGUE SECONDE OU ÉTRANGÈRE

Plusieurs auteurs se sont penchés sur les questions d’ordre méthodologique pour l’étude de la similarité phonétique de deux langues en contact et de la perception d’une L2 ou étrangère Les deux chapitres de livres présentés ici et les réflexions qu’ils contiennent ont guidé nos choix méthodologiques pour la présente étude et nous ont permis de mettre sur pied un protocole expérimental adéquat en lien avec nos objectifs de recherche.

D’un point de vue méthodologique, Strange (2007) affirme :

[I]f cross-language phonetic similarity is not empirically characterized independently of L2 perceptual difficulties, then the concept becomes circular, with no predictive or explanatory value Thus, […] the comparison of L1 and L2 categories cannot be performed at the level of abstract phonological classes or distinctive features […] Rather, cross-language comparisons should be conducted at levels of analysis more closely related to the actual phonetic realizations of the abstract phonological categories as they are perceived by the listeners. (p.37)

Ceci constitue un des points de départ majeurs de notre recherche, c’est-à-dire qu’il devient nécessaire d’effectuer une description détaillée des segments étudiés indépendamment des difficultés perceptives des locuteurs de la L2 en effectuant des enregistrements les plus représentatifs possibles des réalisations des phonèmes à l’étude dans chacune des langues De plus, comme mentionné par l’auteure dans son chapitre, les éléments perceptifs d’ordre phonétique risquent d’avoir une plus grande influence sur la catégorisation (discrimination et identification) que les éléments exclusivement phonologiques, d’où l’intérêt d’étudier de façon détaillée la variation phonétique dans la L1 et la L2 des locuteurs (Brosseau-Lapré et al., 2013).

Deux aspects importants sont discutés dans le chapitre de Strange (2007) : la comparaison acoustique des inventaires vocaliques et l’évaluation directe de la similarité perceptive inter-linguistique. Étant donné les objectifs de notre recherche, seul le premier aspect sera discuté10. L’auteure souligne entre autres le problème de normalisation du locuteur (changements

10 En effet, étant donné que nous voulons évaluer la similarité phonétique (acoustique) entre le FQ et le PB et vérifier

l’influence de ces caractéristiques sur la perception L2 en contexte d’apprentissage, l’évaluation de la similarité perceptive entre les deux langues (et non l’évaluation des capacités de discrimination et d’identification en L2) n’est pas essentielle à la complétion de notre recherche.

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individuels potentiels dus à la taille ou la forme du conduit vocal qui doivent être pris en compte) et celui de la composition du corpus de stimuli Elle recommande donc l’utilisation d’une échelle d’unités psychophysiques réalistes (comme l’échelle des Barks, par exemple; Traunmüller, 1990; voir également Sigouin, à paraître, pour l’évaluation et la comparaison de diverses procédures de normalisation), voire la conversion des mesures de formants en ratios (F2-F1, F3-F2, etc.). Strange (2007) recommande aussi l’utilisation d’un corpus d’occurrences suffisant et varié aux fins de l’évaluation de la similarité phonétique Une attention particulière doit donc être portée à la constitution du corpus de mots et au recrutement des participants afin d’avoir des données phonétiques comparables par rapport au contexte phonologique, au contexte d’enregistrement et à l’uniformité des groupes de participants.

Beddor et Gottfried (1995) soulèvent également des questions d’ordre méthodologique en ce qui a trait à la perception des adultes en L2 en considérant principalement trois aspects : les participants, les stimuli utilisés, et les tâches expérimentales. Concernant les participants, les auteurs mentionnent que leur bagage linguistique revêt une importance particulière : « there is no simple definition of ―native speaker‖, and, in practice, designation of a particular language as native to a given speaker is generally left up to the speakers themselves. » (Beddor et Gottfried, 1995:211). Étant donné le nombre de facteurs qui peuvent avoir une influence sur la définition du

locuteur natif d’une langue, l’accent doit être mis sur l’homogénéité du groupe de participants et,

dans la mesure où ces facteurs ne peuvent être contrôlés ou être difficilement évalués, il est nécessaire de se fier au jugement personnel des participants en plus de tenter d’obtenir le plus d’informations possible sur leur bagage linguistique pour établir cette homogénéité (langue maternelle, autres langues secondes ou étrangères, langue d’usage à la maison ou au travail, langue maternelle des parents, origine géographique, bagage académique, etc.). Aussi, étant donné l’influence mutuelle des deux (ou plus) systèmes en contact, l’expérience phonétique (au sens large, en production et en perception) des participants doit être décrite et évaluée. Il est donc nécessaire d’accéder à un niveau de description élevé de chacune des langues en contact en fonction de plusieurs aspects Par exemple, les auteurs mentionnent qu’il est important de décrire le système phonologique mental des locuteurs et de chacune des langues, mais aussi la variation allophonique, les aspects acoustiques des productions des segments, en plus de mettre l’accent sur la multiplicité des variantes et sur l’aspect dynamique de la parole en production et en perception.

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En ce qui concerne les stimuli utilisés pour la présentation des tests, Beddor et Gottfried (1995) soulèvent trois points majeurs : la distinction phonétique étudiée (en termes de lieu ou de manière d’articulation, par exemple), le contexte des occurrences (présentés en isolation, à l’intérieur d’une syllabe, d’un mot, d’une phrase, etc ), et le type de stimuli présentés (parole synthétique, naturelle ou naturelle modifiée, par exemple). Par exemple, on souligne que les distinctions vocaliques sont habituellement mieux discriminées que les distinctions consonantiques : « non-native vocalic distinctions are generally well distinguished both within and across target language categories » (Beddor et Gottfried, 1995:214). Concernant le contexte phonétique de présentation des stimuli, on souligne que celui-ci peut avoir une influence sur le patron de réponses aux tests de perception. Il est donc important de considérer les contraintes phonotactiques du système natif des locuteurs L2 : « phonetic context [lorsque les contraintes phonotactiques ne sont pas considérées] might distract non-native listeners’ attention from the target distinction, thereby decreasing perceptual performance. » (Beddor et Gottfried, 1995:215; voir aussi Strange, 2007; Strange et Schafer, 2008) Aussi, l’utilisation de stimuli synthétiques ou naturels peut avoir une influence sur les réponses des participants aux tests de perception. Alors que les stimuli synthétiques permettent de contrôler de façon stricte les paramètres phonétiques, ils ne permettent pas toujours de représenter fidèlement certaines autres propriétés du signal qui peuvent être pertinentes pour la perception, c’est-à-dire que tous les paramètres présents dans un stimulus naturel ne sont pas nécessairement présents alors que l’utilisation de stimuli naturels ne permet pas toujours de contrôler les paramètres à l’étude. Le choix attentif des stimuli présentés aux tests de perception revêt donc une importance particulière pour obtenir des résultats probants aux tests de perception.

Le troisième aspect soulevé par Beddor et Gottfried (1995) concerne les tâches demandées et la procédure utilisée pour la présentation des tests de perception. Par exemple, on dit que la langue dans laquelle les instructions sont données peut avoir une mince influence sur les réponses données aux tests. Dans une étude sur la distinction [pa]-[ba] (en espagnol et en anglais) avec des participants bilingues considérés compétents de façon équivalente en anglais et en espagnol, Elman et al. (1977; cités dans Beddor et Gottfried, 1995) ont montré que la phrase porteuse présentée en espagnol ou en anglais avait une influence sur les réponses des participants aux tests de perception Cette influence n’était toutefois présente que lors de la présentation

Figure

Figure 4. Graphique F1/F2 des productions avec ellipses de dispersion de VN en FQ – Participantes féminines
Tableau 8. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la  participante AF01 pour F1 et F2 à T1 et à T2
Tableau 10. Valeurs formantiques moyennes (Barks) et valeurs de dispersion (σ) des productions de VN de la  participante AF02 pour F1 et F2 à T1 et à T2
Tableau 11. Valeurs de contraste moyennes pour les voyelles « extrêmes » du FQ de la participante AF02
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Références

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