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Techniques de décorrélation de la composante position avec la vitesse radiale

CHAPITRE 4. INTEGRATION DE LA VITESSE RADIALE MTI DANS

4.2. Techniques de décorrélation de la composante position avec la vitesse radiale

4.2.1. Modélisation de la vitesse radiale

Dans les chapitres précédents, seule la position des plots MTI z

( )

k , exprimée en WGS84 (référentiel imposé par le STANAG 4607) puis exportée dans le repère local

{

RTCF

}

au temps tk, était utilisée pour le pistage de cibles terrestres. Le vecteur d'observation z

( )

k donne la position du plot sur le plan (O,X,Y) du repère

{

RTCF

}

tel que:

z k( )=H k( ) ( )x k +b k( ) (181)

où la fonction H était telle que :

( ) 1 0 0 0

0 0 1 0

H k = (182)

et x k

( )

, l'état de la cible dans le plan (O,X,Y) tel que:

( ) ( ) ( ) ( ) ( ) x x y y k k x k k k = (183)

Or, la détection d'un objet mobile est effectuée par le capteur GMTI en mesurant l'effet Doppler. Ainsi, en effectuant un traitement adapté sur la fréquence Doppler, mesurée sur l'axe de visée du capteur (LOS), il est possible d'obtenir la vitesse radiale ρCap

( )

k de l'objet détecté z

( )

k . Sachant que la position de la mesure z

( )

k s'exprime dans le repère

{

RTCF

}

, il est nécessaire d'exprimer la vitesse radiale ρCap

( )

k dans le repère

{

RTCF

}

. Ceci permet d'ajouter la composante vitesse radiale ρ

( )

k , exprimée dans le repère

{

RTCF

}

, dans le vecteur d'observation, ce qui devient :

z k( )=H x k

(

( ),k

)

+w k( ) (184)

avecH x k

(

( ),k

)

le vecteur d'observation tel que:

(

( )

)

( )( ) ( ) x , y k H x k k k k ρ = (185)

et w k( ) est un bruit blanc gaussien tel que :

( ) ( ) ( ) b k w k bρ k = (186)

bρ( )k est le bruit blanc gaussien, centré, associé à la composante vitesse radiale.

De plus, d'après Umlke et al. [Umlke2002], la vitesse radiale ou vitesse Doppler est modélisée par la projection orthogonale de la vitesse réelle de la cible sur l'axe de visée du capteur (Figure 77). Cette hypothèse permet d'introduire la vitesse radiale dans la modélisation de l'équation

d'observation (8). Soit P_Cap

( )

k le vecteur dont les composantes représentent la position du capteur au temps courant tk dans le repère local

{

RTCF

}

tel que :

( ) ( ) ( ) ( ) 1 2 3 _ _ _ _ Pos Cap k Pos Cap k Pos Cap k Pos Cap k

= (187)

L'expression de la vitesse radiale ρCap dans le repère capteur est donnée par la relation suivante : ( ) ( )

(

( ) ( )

)

( )

(

( ) ( )

)

( ) ( )

( ) (

( ) ( )

)

( ) 1 2 2 2 2 1 2 3 x x _ y y _ x _ y _ _ Cap

k k Pos Cap k k k Pos Cap k

k

k Pos Cap k k Pos Cap k Pos Cap k

ρ = +

+ + (188)

où (x( ) ( )k,yk) représente la position de la cible, (x( ) ( )k,yk)le vecteur vitesse dans le plan local (O,X,Y) du repère

{

RTCF

}

.

L'expression de la vitesse radiale dans le repère

{

RTCF

}

est : ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )2 ( )2 x x y y x y k k k k k k k ρ = + + (189)

La conversion de ρCap à ρ est donnée en annexe 8.9.

( )k z O Z X Y LOS ( ) cap k ρ Line Of Sight Vitesse radiale capteur Position vraie de la cible Vitesse vraie de la cible Vitesse radiale TCF

( )k ρ

Plot MTI Incertitude du plot

Figure 77 – Vitesse radiale de la cible suivant l'axe de visée du capteur (LOS).

Par ailleurs, la modélisation la mesure z

( )

k (181) entraîne une relation linéaire entre l'espace des états et l'espace des mesures lorsque les plots MTI sont exprimés dans le repère local

{

RTCF

}

. Désormais, en intégrant la vitesse radiale (188) dans le vecteur d'observation z

( )

k , la relation (184) entre l'espace des observations et des états n'est plus linéaire.

Le filtre de Kalman usuel, utilisé pour le pistage a été développé pour traiter des modèles linéaires. C'est pourquoi, l'utilisation de l'EKF (Extended Kalman Filter, cf. annexe 8.4) est ici nécessaire afin de linéariser la fonction d’observation H (185). La linéarisation est obtenue par un développement limité d'ordre 1 au voisinage de 0 de la fonction H. Le calcul de son Jacobien Hx( )k au temps tk nécessaire à la linéarisation est tel que :

( ) 10 00 01 00 x x y y x H k ρ ρ ρ ρ = (190)

L'équation d'observation devient :

z k( )=Hx( ) ( )k x k +w k( ) (191) La dépendance de la vitesse radiale (188) avec les composantes positions engendre une corrélation entre les différentes composantes. Ainsi, son introduction dans un filtre de Kalman nuit au bon fonctionnement du pistage puisque la corrélation entre les composantes dégrade la stabilité stochastique du système. C’est pourquoi certains systèmes opérationnels n’utilisent pas cette information supplémentaire dans le processus de pistage. Cependant, d'après Yeom et al. [Yeom2004], il semble que l’utilisation judicieuse de la vitesse radiale puisse améliorer la qualité de l’estimateur notamment pour le calcul des composantes vitesses. C’est, après tout, la seule mesure du radar contenant des informations sur la vitesse de la cible.

4.2.2. Etat de l'art

Le pistage d’une cible à partir d’un EKF qui linéarise directement la fonction d'observation (185) apparaît dans littérature. L'introduction de la vitesse radiale améliore de temps en temps la précision du pistage comme dans l’article de Kameda et al. [Kameda2002], où les auteurs estiment l’état de la cible en utilisant directement dans l’EKF le plot MTI z

( )

k (i.e. position et vitesse Doppler). Cependant, Schutz et al. montrent dans l’article [Schutz1997], que l'utilisation d'un EKF entraine la divergence dans la plupart des pistes dans le sens où l’erreur en position croît dans le temps. Les auteurs mettent alors en évidence le fait que l'utilisation de la fonction (190) ne permet pas d'assurer la stabilité du filtre sur l'ensemble des trajectoires. En revanche lorsque la vitesse radiale n'est plus prise en compte, le filtre reste stable sur ces mêmes trajectoires. Les auteurs proposent alors de pallier le problème en utilisant un filtre de Kalman combiné (CKF : Combined Kalman Filter). Il s’agit dans un premier temps d’effectuer, par filtrage de Kalman, l’estimation de l’état à partir des informations position uniquement, puis de mettre à jour cet estimateur en effectuant un nouveau filtrage de Kalman en prenant en compte uniquement la vitesse radiale. Il apparaît que la séparation de la mesure en position avec la mesure de la vitesse radiale dans le processus de pistage séquentiel contribue à résoudre le problème de divergence et donc de stabilité du filtre.

Une autre approche consiste à traiter directement le problème d’instabilité du filtre. En effet, Pearson et al. constatent dans [Pearson1997] que la corrélation entre le sous-espace position et le sous-espace vitesse radiale, présentée dans la partie 4.2.1, engendre une diminution de la matrice de covariance prédite P

(

kk−1

)

; le problème devient alors mal conditionné. Reif et al. [Reif1992] et [Reif1999] modifient alors le filtre de Kalman étendu usuel en introduisant une valeur additive α

positive dans la covariance a priori (i.e. covariance prédite) afin d’assurer la stabilité stochastique du filtre:

P

(

1

) (

( )4

) (

P 1 1

) (

( )4

)

T ( )

k k = F+α⋅Id k k F+α⋅Id +Q k (192)

Pourα>0, le filtre obtenu est un EKF modifié avec une heuristique qui augmente la valeur des éléments diagonaux de la covariance de l’état. L’augmentation de la matrice de covariance a priori assure une sensibilité "raisonnable " aux mesures et contribue ainsi à éviter la divergence du filtre. Une approche similaire proposée par Boutayeb et al. [Boutayeb1995] consiste cette fois-ci à modifier la covariance du bruit de mesure Q( )k afin de garantir le conditionnement de la matrice de covariance predite P

(

kk−1

)

.

En 2002, Bizup et Brown [Bizup2002] prouvent analytiquement que la corrélation entre la vitesse radiale et les composantes en position engendre une augmentation indésirable du gain du filtre de Kalman, ce qui entraîne un problème de conditionnement de la matrice de covariance

prédite P

(

kk−1

)

. Ainsi, les auteurs proposent une linéarisation alternative de la matrice H(x( )k,k) qui respecte les hypothèses de modélisation et évite l’explosion du gain. Soit Hx( )k , la matrice modifiée des dérivées partielles telle que:

( ) ( ) ( ) 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 x y x H k k k ρ ρ = (193)

Un calcul simple (cf. annexe 8.10) permet de vérifiée l’égalité :

Hx( ) ( )k x k =Hx( ) ( )k x k (194) où Hx( )k (190) est le Jacobien de la fonction d'observation (185). Les résultats obtenus sur différents scénarii prouvent que l’utilisation de la matrice Hx( )k assure la convergence du filtre. Cette nouvelle approche, appelée AEKF pour Alternative Extended Kalman Filter, assure la stabilité du filtre tout en conservant une faible complexité de calcul.

Par ailleurs, la corrélation entre les deux sous-espaces liée à la modélisation de la vitesse radiale (188) est d’autant plus forte que le nombre de termes multiplicatifs et divisibles est important. C’est pourquoi, A. Farina et al. [Farina1985] proposent une méthode qui contribue à diminuer la corrélation en supprimant le dénominateur. Pour cela, les auteurs définissent la "pseudo-mesure convertie" η

( )

k qui représente le produit entre la distance ρ

( )

k et vitesse radiale

( )

k

ρ . Il vient :

η

( )

k

( ) ( )

k ⋅ρ k =x

( ) ( )

k ⋅x k +y

( ) ( )

k ⋅y k (195)

Cette nouvelle définition permet de s’affranchir du dénominateur présent dans la modélisation (188). A partir de la "pseudo mesure convertie " une nouvelle équation de mesure est définie. Les équations du filtre de Kalman étendu sont mises à jour. Les résultats présentés dans l'article [Zollo1999] montrent que la prise en compte de la vitesse radiale par l'intermédiaire de la "pseudo mesure convertie" (195) améliore la performance de l’estimateur en position et en vitesse par rapport à un filtre qui ne prend pas en compte la vitesse radiale. Cependant cette amélioration reste sensible à la trajectoire de la cible puisque le problème de décorrélation est atténué mais pas résolu. Finalement, Duan et al. [Duan2003] et Wang et al. [Wang2002] proposent une méthode mathématique pour la décorrélation de la "pseudo mesure convertie " (195) avec les composantes positions. La technique proposée repose sur une factorisation de Cholesky par une matrice L permettant de décorréler les composantes positions avec une "nouvelle pseudo-mesure convertie ". L’estimation peut enfin être réalisée avec un filtre séquentiel EKF d’ordre 2 (SEKF : Sequential Extended Kalman Filter). Le Jacobien de la fonction H(x( )k,k) se retrouve modifié par les coefficients de la matrice L issue de la factorisation. Ainsi, l'état estimé du SEKF est obtenu à partir des composantes positions du plot MTI puis de la nouvelle "pseudo-mesure convertie" décorrélée. Dans l’article de Wang et al. [Wang2003b], les auteurs présentent les performances de l’algorithme SEKF par rapport à l’EKF et aboutissent à la conclusion que le SEKF est meilleur ou au moins aussi bon que l’EKF conventionnel. Cependant les auteurs précisent que le processus d’estimation est sensible au bruit de mesure sur la vitesse radiale et à la valeur du coefficient de corrélation entre la vitesse radiale ρ

( )

k et la distance ρ

( )

k .

4.2.3. Bilan

Les techniques opérationnelles de trajectographie n’utilisent pas directement la vitesse radiale dans le processus d’estimation. A cause de la corrélation dans l’espace des mesures entre le sous-espace position et le sous-espace vitesse radiale qui peut provoquer la divergence du système. Il existe plusieurs solutions : soit une approche physique qui consiste à maintenir la stabilité du filtre en augmentant l’incertitude sur le modèle dynamique, soit une approche séquentielle qui estime l’état en prenant en compte dans un premier temps l’information en position puis dans un deuxième temps l’information vitesse Doppler pour mettre à jour l’estimateur, soit une linéarisation alternative du Jacobien de la matrice d’observation qui assure la stabilité filtre en évitant l'explosion du gain de Kalman, soit une nouvelle modélisation de la vitesse radiale diminuant ainsi les effets de la corrélation ou soit une décorrélation mathématique qui nécessite cependant la conversion des données cartésiennes dans le repère polaire capteur.

Les résultats obtenus sur quelques scénarii prouvent que pour des données GMTI, l'AEKF et le SEKF présentent des performances comparables en termes de précision sur l’estimateur. Cependant la simplicité de l'AEKF n’implique pas la conversion de toutes les données cartésiennes dans le repère polaire capteur et assure une complexité raisonnable en temps de calcul. C'est pourquoi l'approche AEKF est privilégiée.

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