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c. Exemples d’espèces et de cycles valides dans nos contextes Calodium hepaticum

IV. La Lède du Gurp

1. Taxons identifiés

L’analyse paléoparasitologique a mis en évidence plusieurs taxons dont une famille Capillariidae et deux genres d’helminthes, Paramphistomum sp. et Trichuris sp. Une majorité des échantillons, soit 80 % (40/50) a observé au moins un taxon.

Capillariidae

Ce taxon a été le plus présent sur le gisement car retrouvé dans 58 % (29/50) des échantillons. Les Capillariidae sont cosmopolites et peuvent parasiter un large spectre d’espèces de vertébrés (amphibiens, mammifères, poissons, oiseaux et reptiles). Selon l’espèce parasite, le cycle de développement est différent. Que leur cycle soit monoxène ou hétéroxène, une partie de la phase d’embryonnement nécessite un passage par le milieu extérieur. D’après les caractéristiques morphologiques et métriques, plusieurs espèces ont été distinguées. Afin d’homogénéiser les mesures de longueurs des œuf, les bouchons polaires encore présents sur certains d’entre eux n’ont pas été pris en compte. Ce taxon est présent dès le Mésolithique à 7 874/7 604 B.C (figures 92, 93, 94). Il s’agit de la plus vieille occurrence identifiée sur le continent européen. Les œufs provenant des US 1044, 1039, 1037 identifiés comme mésolithiques avaient des tailles comprises entre 61,9 ± 1,7 µm de longueur et 29,7 ± 1,6 µm de largeur. Les œufs identifiés dans les US mésolithiques avaient une ornementation de leur coque soit lisse soit ponctuée. L’ornementation et les tailles des œufs suggèrent qu’ils peuvent être rattachés à des espèces de vertébrés à sang-froid tels que des amphibiens ou des poissons :

C. tritoniscristati, C. tritonispunctati, P. brevispicula, P. salvelini,, P. tuberculata, S. petruschewskii.


Les œufs provenant des niveaux néolithiques avaient des tailles de 55,3 ± 2,6µm de longueur et 24,3 ± 2 µm de large. Une partie des œufs provenant des US 1031, 1029 et 1011 avaient également des tailles élevées. Pour les US du Néolithique moyen, plusieurs types d’ornementation de la coque des Capillariidae ont été observés. Plusieurs espèces ont été identifiées dans ces niveaux. Les œufs ayant été retrouvés dans des couches d’occupation, il a été impossible pour certains de les rattacher individuellement à une espèce. Pour les US 1031, 1011 et 1029 datant du début du Néolithique moyen, il y a un mélange entre des espèces de vertébrés à sang froid (amphibiens, poissons) et celles à sang chaud (mammifères, oiseaux) (figures 95, 96, 97, 98). Les US sous-jacentes ne contiennent que des œufs de Capillariidae de vertébrés à sang chaud. Aucun œuf de Capillariidae n’a été identifié dans les échantillons du Néolithique récent.

Figure 93 : Capillariidae (type petruschewskii), la Lède du Gurp, P. 38

Figure 94 : Capillariidae (lisse), la Lède du Gurp, P. 34

Figure 95 : Capillariidae (type feliscati ou plica) 54,7 x 23,8µm, la Lède du Gurp P.18

Figure 96 : Capillariidae (type erinacei, legerae ou putorii) 55,5 x 26,9µm, la Lède du Gurp P.8

L’environnement des US (1044, 1039, 1037, datant du Mésolithique, et 1031, 1011 et 1029 du début du Néolithique moyen) a été caractérisé comme un milieu anaérobie saturé en eau (Verdin et al., 2018). La figure 99 ci-dessous met en évidence une différence entre la taille des œufs appartenant aux niveaux mésolithiques (bleus) et ceux des niveaux néolithiques (roses). Les espèces retrouvées pour la période Mésolithique sont toutes à rattacher à des espèces de faune poïkilotherme alors que pour les niveaux néolithiques des œufs de faune poïkilotherme et d’espèces à sang chaud ont été retrouvés.

Figure 97 : Capillariidae, la Lède du Gurp P.26 Figure 98 : Capillariidae, détails de la coque, la Lède du Gurp P.26 lar geur ( μm) 15 20 25 30 35 longueur (μm) 35 40 45 50 55 60 65 70

Figure 99 : projection des tailles des œufs de Capillariidae de la Lède du Gurp ; en bleu les œufs provenant des niveaux mésolithiques ; en rose les œufs provenant des niveaux néolithiques

Paramphistomum sp.

Ce genre a été retrouvé dans 20 % (10/50) des échantillons. Les œufs avaient une taille de 143,6 ± 4,4 µm de longueur et 87,6 ± 3,3 µm de largeur. Il a été identifié à partir des niveaux néolithiques moyens. Paramphistomum sp. est un parasite des ruminants sauvages ou domestiques (bovins, caprins, cervidés, ovins). Il se développe suivant un cycle dixène : qui comprend un hôte définitif qui est un ruminant sauvage ou domestique et un hôte intermédiaire qui est toujours un mollusque gastéropode.

Trichuris sp.

Ce taxon a été retrouvé dans 46 % (23/50) des échantillons. Les œufs identifiés avaient une taille de 52 ± 1,7 µm de longueur et 27 ± 1,7 µm de largeur. Il apparaît à partir des niveaux du Néolithique moyen. Son absence dans les niveaux mésolithiques ne peut être due à un problème de conservation, car des œufs de Capillariidae y ont été identifiés et ils possèdent tous les deux la même composition chimique (Wharton, 1980). Trichuris sp. est un parasite cosmopolite pouvant contaminer de nombreux mammifères et T. trichiura est l’espèce parasite de l’Homme. Une majorité, soit 65 % (15/23) ont été retrouvés dans des structures anthropiques : fosse de rejets d’os, silo. La projection de la taille des œufs (figure 100) montre qu’ils peuvent être rattachés à deux espèces T. suis (porc et sanglier) et T. trichiura avec une propension pour ce dernier. De plus, peu de restes de suinés ont été retrouvés sur l’ensemble du site. L’US 1025 où quatre échantillons sur cinq ont été positifs à ce taxon ne contenait aucun reste de suinés. Cette US correspond à un rejet des parties squelettiques de trois bovins en une seule fois et non le fait de dépôts successifs s’étalant dans le temps (communication personnelle, I. Carrère). L’espèce T. trichiura peut donc être retenue pour ce gisement. Ce parasite a un cycle de développement monoxène à un seul hôte. Le plus souvent sa présence est liée aux mauvaises conditions d’hygiène. Il est représentatif du péril fécal. L’infestation humaine se fait par ingestion d’œufs embryonnés dans le milieu exterieur, par la consommation d’eau de boisson impropre contenant des matières fécales, ou encore des mains ou des aliments souillés de terre contant des œufs embryonnés.