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Taux et facteurs prédictifs de réhospitalisation précoce

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 49-53)

IV. DISCUSSION

2. Résultats principaux et interprétations

2.3. Taux et facteurs prédictifs de réhospitalisation précoce

Notre étude a retrouvé un taux de réhospitalisation précoce des patients de 75 ans et

plus admis en court séjour sur le groupe Paris Ouest en 2013 et 2014 de 15,6%.

Le nombre d'hospitalisations programmées chez les 1236 patients non réhospitalisés

dans les 30 jours étant inconnu, nous avons du prendre en compte les réhospitalisations

programmées pour le calcul du taux de réhospitalisation précoce. Ce dernier est donc

probablement surestimé.

Ce taux est proche de celui retrouvé dans l'étude de Lanièce et al. ayant suivi une

cohorte de 1306 patients français âgés de plus de 75 ans, qui avait mis en évidence un taux

de réhospitalisation non programmée à 30 jours de 14%.

Plusieurs facteurs prédictifs de réhospitalisation précoce ont été mis en évidence dans

cette étude: une admission aux urgences dans les 6 mois précédent l'hospitalisation initiale,

un cancer évolutif, des chutes à répétition, une hospitalisation initiale pour insuffisance

cardiaque aigue, une polymédication en sortie d'hospitalisation et une durée de séjour de

plus de 7 jours.

Toutefois, selon les études, ces facteurs de risque diffèrent beaucoup.

Dans l'étude de Lanièce et al., les facteurs majeurs retrouvés étaient une altération de

l'état général, la présence d'escarres, une hospitalisation précédente dans les 3 mois et une

dépendance pour l'alimentation [25].

Une revue systématique de la littérature de 2004 [26] comprenant 313 publications et

étudiant les facteurs prédictifs de réhospitalisation chez les personnes âgées a retrouvé

comme facteurs significatifs : l’âge, la polymédication, les comorbidités, la sévérité de la

pathologie, le statut fonctionnel, la vitesse de marche et le diagnostic principal.

2.3.1. Admission aux urgences dans les 6 mois

Dans notre étude, un passage aux urgences dans les 6 mois était un facteur très

significativement associé à la réhospitalisation précoce.

Il est possible que ce résultat ait été surestimé du fait de la prise en compte d'un seul

service d'accueil des urgences, même si celui-ci regroupe l'activité d'urgences du sud-ouest

parisien. En effet, on peut penser que les patients hospitalisés de manière répétée sur un

site ont une plus grande probabilité de se rendre aux urgences du même site.

Dans la littérature, une admission aux urgences est un facteur associé à risque accru

d’hospitalisation. Ainsi, le taux de personnes âgées hospitalisées après une admission dans

un SAU s’élève à 25-30 % et il est de 50 % au-delà de 80 ans [27].

2.3.2. Cancer évolutif

Un antécédent de cancer évolutif était également très significativement associé à un

risque de réhospitalisation précoce.

Ce lien est retrouvé dans certains travaux [28].

Dans notre travail, les motifs de réhospitalisation les plus fréquemment retrouvés chez

ces patients étaient la pneumopathie pour 36% et l'insuffisance cardiaque aigue pour 24%.

Ces résultats peuvent témoigner de la plus grande polypathologie et fragilité de ces

patients.

2.3.3. Durée de séjour initial supérieur à 7 jours

Nos résultats montrent qu'une durée de séjour initial de plus de 7 jours était associée

à un risque accru de réhospitalisation à 30 jours. Certaines études montrent que le risque de

réhospitalisation augmente avec la durée du séjour initial[20], [21], [29].

D’autres études ont cependant montré une diminution du risque de réhospitalisation

après 14 jours [30].

Il semble raisonnable de penser que les séjours extrêmes, qu’ils soient courts ou longs,

constituent un facteur de risque de réadmission.

2.3.4. Motif d'hospitalisation: insuffisance cardiaque aigue(ICA)

Parmi les pathologies à l’origine des réhospitalisations précoces, nous avons retrouvé

une association significative avec l'insuffisance cardiaque aigue. Le taux de réhospitalisation

dans les 30 jours était de 24%, similaire à celui décrit dans la littérature [31].

Parmi les patients hospitalisés pour ICA, 21% ont été réhospitalisés pour le même

motif, le reste des réadmissions étant imputables aux pathologies associés chez ces patients.

Dans notre travail, la fraction d'éjection (FE) des patients était trop rarement

renseignée dans les courriers d'hospitalisation pour être un facteur d'étude. Dans d'autres

travaux, le taux global de réhospitalisation pour insuffisance cardiaque était similaire que la

FE soit altérée ou conservée [32].

D'après les études antérieures, les motifs d'hospitalisation les plus fréquemment

associés à une réhospitalisation à 30 jours sont l’insuffisance cardiaque et les

pneumopathies [33], [34], [35], les hépatopathies [34] et l’infarctus du myocarde à sa phase

aiguë [35].

Les taux de réhospitalisation à 30 jours sont respectivement de 24,8 % pour

l’insuffisance cardiaque, de 19,9 % pour l’infarctus et de 18,3 % pour les pneumonies, et les

2/3 des réhospitalisations surviennent dans les 15 jours suivant la sortie [35]. Les AVC, la

fracture de hanche, la BPCO, le diabète déséquilibré et la dépression sont également

associés à un risque élevé de réhospitalisation précoce [33].

Dans notre étude, la pneumopathie n'apparaissait pas comme significativement

associée à la réadmission précoce (30% pour les cas contre 18% pour les témoins, p=0,11)

mais la différence apparait néanmoins importante et il est possible qu'avec de plus grands

effectifs, une association significative aurait été retrouvée.

2.3.5. Chutes à répétition

La présence de chutes à répétition apparaissait également comme un facteur

significativement associé en analyse multivariée.

La chute constituait fréquemment le motif à la fois de l'hospitalisation initiale et de la

réhospitalisation précoce: 44% des patients ayant été hospitalisés pour une chute étaient

réhospitalisés à 1 mois pour une nouvelle chute.

Les chutes étant à l'origine d'une morbi-mortalité importante, ces résultats

démontrent l'importance d'en réduire la survenue.

2.3.6. Polymédication en sortie d'hospitalisation

Dans notre étude, la consommation médicamenteuse moyenne à l'entrée de

l'hospitalisation initiale était de 6,5 médicaments par patient pour les cas et 5.8 pour les

témoins, ce qui est proche des données de la littérature (6 médicaments par patients dans 2

études françaises) [36], [37].

Les ordonnances comprenaient à la sortie 6,8 contre 5,9 médicaments. La

polymédication en sortie d'hospitalisation (5 médicaments et plus) apparaissait comme un

facteur prédictif de réadmission précoce.

La définition classique de la polymédication se réfère à la prise régulière d’au moins 5

médicaments ou parfois d'au moins 5 médicaments dont 1 à risque élevé (anticoagulant,

BZD, diurétique..) mais il n’y a pas de définition consensuelle. La HAS a ainsi proposé une

définition plus qualitative, basée sur la polypathologie, qui serait la prise de plusieurs

médicaments nécessaires au traitement de plusieurs maladies chroniques.

Cette polymédication serait le principal facteur de risque lié à l’apparition des EIM chez

le sujet âgé [38].

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