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NORD

1. LE SYSTEME AGRICOLE :

1.1. Le calendrier aqricole :

Le calendrier cuttural

La vie rurale au village est essentiellement cyclique. La terre est perçue comme un patrimoine, un bien et un moyen de (re)production des unités sociales villageoises. Cette vision s’appuie sur une organisation annuellle et cyclique de la vie rurale. Celle-ci est en effet rythmée en zone de savane par l’alternance saisonnière de la pluviométrie. La saison des 1 Le système agricole est “la façon dont l’agriculteur tire parti de ses terres : choix des plantes cultivées, assolement” selon A MEYNIER. Ou pour P. FENELON, il s’agit de “l’organisation de la production agricole d’un domaine ou d’une région en fonction du milieu physique (relief, sol, climat, eau, tapis végétal) et du milieu humain (propriété, structure agraire...)”

2 MALASSIS défini le système de production comme “le produit d’une interaction entre :

- les formes d’organisation sociale de la production (notamment la consistance de l‘unité socio- économique de base)

-et I’éco-système d’un espace de production mis en valeur par les forces productives disponibles, et notamment par le moyen de techniques socialement praticables”

in Formation et développement des systémes agricoles de production, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier, sans date, p.4 à 6.

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pluies d’avril à septembre inclue la majeure partie des travaux agricoles, comme la préparation des sols, les semis et l’entretien des cultures. Puis la saison sèche, longue de 6 à 7 mois de’octobre à mars, également nommée saison morte, se caractérise par une moindre intensité des travaux agricoles. Cette saison comprend néanmoins des pointes de travail, notamment lors des mois de novembre et décembre consacrés aux récoltes, les plus astreignantes étant les récoltes du coton. Ce qu’il faut retenir du calendrier agricole c’est avant tout sa grande hétérogénéité au cours de l’année, juxtaposant ainsi des périodes de repos ou de faibles activités agricoles, à des pénodes de lourds travaux, voire de surcharge de travail.

Le Calendtier des travaux agricoles :

II ne s’agit pas de quantifier précisément les temps de travaux par culture, mais simplement de décrire qualitativement les types de travaux culturaux et de les situer dans leur succession au cours d’une année agricole. L’objectif est de situer dans l’année les quatre principaux types de travaux agricoles qui concernent l’ensemble des cultures, à savoir : la préparation des sols (défrichement, labour, buttage...), les semis, l’entretien des champs (desherbage, sarclage, rebuttage...), et enfin, les récoltes. _

C’est en avril-mai, avec les premières pluies que débute l’année agricole. Le retour aux champs s’ouvre par la préparation des sols à la daba ou à la culture attelée. C’est en mai que commencent les semis des cultures principales (dites de premier cycle) : le maïs et le coton principalement. Alors que les pluies sont installées en juin et juillet, suivent les travaux d’entretien des champs : désherbage, sardage, rebuttage... En juin s’effectuent également les semis des cultures plus tardives, comme : l’arachide, le haricot, le sorgho. C’est aussi l’époque où les femmes cultivent en marge des champs, ou entre les billons des champs, divers condiments pour la sauce : gombo, piments, ainsi que le riz de bas-fond à partir de juillet.

A ces mois de travaux quasi continuent, suivent quelques semaines de repos relatif en septembre avec la fin de la saison pluvieuse. Fin septembre débutent les récoltes; se succèdent ainsi celles du maïs (septembre-octobre), arachide, riz pluvial. L’opération de récolte la plus pénible et surtout la plus étendue dans le temps, est celle du coton.

La récolte du coton :

La récolte du coton s’étale en effet d’octobre à décembre (débordant parfois jusqu’en janvier), et est définie par les villageois comme,particulièrement longue et astreignante. II faut compter en moyenne un mois pour récolter à deux personnes un hectare de coton. Cette perception ardue du travail de récolte du coton est en outre accrue par le déséquilibre au niveau des techniques entre les travaux de préparation des sols et de désherbages et ceux de récolte. En effet les premiers travaux sont mécanisés : l’emploi généralisé dans les

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exploitations cotonnières de la culture attelée a contribué à alléger les temps de ces travaux, tandis que la récolte est restée entièrement manuelle et fastidieuse. Les boules de coton sont à retirer de leurs capsules. Cependant elles n’arrivent pas toutes à maturité en même temps, ce qui oblige les paysans à effectuer des passages répétés sur leur champ, étalant ainsi la récolte sur plusieurs semaines.

Au moment des récoltes, la perception différenciée entre cultures vivrières et culture de coton, s’inverse. En effet, le temps des récoltes oppose d’une part les cultures vivrières rapidement récoltées et une culture dévoreuse d’énergie et de temps, le coton, qu’aucune technique cette fois-ci ne permet d’alléger.

La saison sèche : une saison-morte?

L’étude succincte de la répartition des travaux agricoles au cours de l’année met en lumière l’étalement des activités sur l’ensemble de l’année. Certes il existe des périodes de creux concentrées pendant la saison-sèche (les mois de septembre, puis ceux de janvier à mars). Cependant, l’étalement des récoltes, et la préparation des champs à l’approche des premières pluies, contribuent à étirer les travaux agricoles au cours de la saison sèche, Cependant, cet étirement des activités le long de l’année est surtout plus ou moins étiré dans le temps selon les individus.

La notion de calendrier agricole à I’echelle villageoise masque la grande élasticité de celui-ci à I’echelle des exploitations et des paysans. Beaucoup de variables sont alors à prendre en compte pour saisir le décalage de ces activités ou leur étalement dans le temps selon les individus : situation familiale, âge, maladies, prestations de travail, migrations, possibilité ou non de semer dès l’annonce des pluies (maîtrise des risques), . . . tous ces déterminants sont autant de facteurs qui, à l’échelle d’un individu, d’une famille, d’une cour, contribuent à relativiser la notion de calendrier agricole.

La saison sèche est donc une période relative de repos et d’autonomie individuelle selon le statut de chaque individu. Celui-ci appartient à un tissu social qui lui offre un jeu de contraintes et de possibles différant en partie selon son âge, son sexe, son autonomie familiale et économique. Le systéme de production villageois, notamment l’année agricole ne fonctionne pas comme une référence absolue, mais recouvre une dimension fluctuante en fonction des individus et des groupes sociaux.

1.2. Les cultures :

Plus homogène apparaît le type de cultures. Chaque exploitation présente un même 47

choix de cultures principales et un même type de production relativement extensif. Les cultures se répartissent tout d’abord entre les cultures vivrières d’une part, et les cultures marchandes d’autre part. Si l’on s’en tient aux cultures des champs familiaux, c’est-à-dire des champs foroba, cette opposition correspond à une partition entre cultures pluviales vivrières et coton.

Chaque cour organise son bloc de culture foroba en fonction de deux objectifs : la production de subsistances pour le groupe, et la collecte d’un revenu monétaire pour la satisfaction des besoins élémentaires du groupe (vêtements, soins...) et l’entretien des moyens de production (boeufs de culture, réparations...) Le tableau et les graphiques descriptifs du système de production foroba, éclaire sur la place qu’y prennent les deux types de cultures, vivrières et cotonnières. Le coton occupe environ le tiers de l’espace mis en culture dans les champs foroba. La lecture des graphiques montre certes la primauté des cultures vivrières sur la culture marchande, mais elle souligne surtout la place écrasante de deux cultures sur l’ensemble des productions culturales villageoises : le coton et le maïs. Les cultures pluviales vivrières qui occupent la plus grande part des champs familiaux par rapport au coton se répartissent effectivement entre cultures de premier et de second cycle, c’est-à- dire selon leur successions en fonctions des pratiques culturales et de leurs exigences agronomiques.

La liste des cultures de Korokara en comprend une dizaine : cotonmaïs, riz pluvial, arachide, haricot, sorgho,igname, mil, patate, pois de terre (ces trois derniers regroupés dans la catégorie divers dans les tableaux). Cependant deux d’entre elles méritent une attention particulière par l’importance qu’elles revêtent dans le système de production, tant au niveau spatial, que socio-économique. II s’agit du maïs, base des productions vivrières et de la consommation villageoise, et du coton, base des budgets familiaux. Leur importance est confirmée par les surfaces qui leur sont consacrées, 3105 ha pour le coton et 253 ha pour le maïs, soit respectivement, 38,7% et 31,6% de la surface totale cultivée en foroba par les villageois. Ces deux cultures sont bien l’armature sociale et économique des unités de production. L’histogramme représentant la répartition des cours par type de culture pratiquée sur leur foroba l’illustre clairement.

Sur les 112 cours recensées au village, , 106 possèdent un bloc de culture en foroba;

6 cours dont le chef de famille est artisan (boutiquier, tailleur, mécanicien) ne possèdent pas de foroba, seul le mécanicien exploite un petit champ d’appoint en maïs Cette exception explique que les champs de maïs familiaux concernent un total de 107 cours VillageOiSeS.

L’histogramme correspondant révèle surtout la place et le rôle de la production du Coton et du maïs pour la communauté villageoise, puisque la quasi totalité des 106 cours possédant des foroba cultivent et du maïs (pour les 106 cours) et du coton (pour 100 d’entre elles). Cette

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LE SYSTEME DE PRODUCTION FOROBA

Somme en ha des surfaces foroba par culture

coton

q

maïs

q

riz pluvial

q

arachide

n

haricot

igname

sorgho adivers

300

200

100

0

total des superficies & ha

I

Répartition des forobas selon la superficie en ha par type de culture I

coton 38,7%

amaïs 31,6%

q

riz pluvial a,2%

q

arachide 5,0%

n

haricot 5,1%

igname 0,4%

q

sorgho

5,896

q

divers 5,2%

total des superficies en ha 49

LE SYSltMti DE PROOUC;IION FOROBA

Nombre de cours par type de culture foroba

lO- 00 - go- 80- 70 - 60 - SO- 40- 30- 20- 10-

coton Hmaïs

q

riz pluvial