• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 : Structuration, intégration aux marchés et contexte institutionnel des exploitations

2- Des systèmes de production diversifiés

aider à développer le monde rural, se sont transformées avec l’appui d’ONG internationales en associations endogènes pour se soustraire de l’emprise étatique. « La formation, notamment en organisation, la mise en place d’animateurs pour promouvoir des structures démocratiques et transparentes, l’enracinement des leaders dans leur terroir et la prise en charge par les membres pour assurer l’autonomie des groupements sont les principales caractéristiques » (De Janvry et al., 2003). Cette nouvelle orientation qui aboutit à la création du Conseil National de Concertation des Ruraux (CNCR) est liée à l’impératif pour les ruraux de prendre en charge leur destinée. Ainsi, les producteurs deviennent leur propre porte-parole face à l’État et aux partenaires intérieurs et extérieurs sur les questions de développement rural. Ils développent leur propre réflexion sur les différentes questions de l’heure en rapport avec leurs activités et partagent des expériences avec d’autres producteurs de la sous-région afin d’augmenter leur capacité. Le CNCR s’implique aussi dans la constitution d’un mouvement paysan pour l’Afrique de l’Ouest, afin de fournir une plate-forme de représentation des producteurs de la sous-région au niveau régional et international. Il suscite ainsi la création du ROPPA : Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest.

2- Des systèmes de production diversifiés

Au Sénégal, le secteur agricole est caractérisé par l’importance de la population active qu’il mobilise. En effet, 60 à 70% de la population vit directement ou indirectement des activités agricoles avec, toutefois, des performances relativement faibles et des régressions notées au niveau de certains indicateurs. Les terres arables au Sénégal sont de l’ordre de 3,8 millions d’hectares, soit 20% de la superficie du pays, et dont 65%, en moyenne, sont cultivées. Cependant, une forte inégalité est notée dans la répartition entre les cultures sous pluie (95%) et les cultures irriguées (5%). Le reste des réserves foncières est constitué de forêts, savanes et parcours (32% de la superficie du pays) ainsi que des zones non classées et des terres non cultivables (49%). Le Produit Intérieur Brut (PIB) agricole qui se situait à hauteur de 30% dans les années 60 est passé à 20% dans la fin des années 70 pour se maintenir aujourd’hui autour de 10% et ce, malgré d’importantes et diverses politiques entreprises par les autorités. Les causes sont multiples (naturelles, économiques, politiques, organisationnelles,…) mais la principale que l’on peut relever est le faible niveau d’investissements des exploitations agricoles familiales dans leurs outils de production. La production s’articule généralement

30

autour de deux cultures céréalières locales de grande consommation et une culture de rente dominante avec un matériel rudimentaire et des opérations culturales peu adaptées à l’environnement de production.

Ce système a fini de montrer ses limites avec la récurrence des déficits alimentaires et la vulnérabilité des revenus particulièrement à cause des problèmes climatiques, structurels et de l’instabilité des marchés (baisse des prix au producteur). En effet, la majorité de la production des EAF est autoconsommée mais, avec la croissance démographique et la baisse de la productivité, elles n’arrivent plus à développer des stratégies d’expansion qui étaient l’une des formes d’auto-assurance les plus usitées. L’épargne monétaire n’a jamais été importante (une priorité) dans les EAF qui thésaurisent principalement dans le troupeau qui joue souvent un rôle social.

Différents systèmes de productions sont observés en fonction de la situation agro-climatique. Ainsi, on dénote au Sénégal sept zones agro écologiques (ISRA-ITA-CIRAD, 2005) qui ont été identifiées en tenant compte de la diversité climatique, socioéconomique et des disponibilités en ressources hydriques :

La Vallée du Fleuve Sénégal (9 658 km²), avec deux écologies, le Walo (partie inondable

avec des sols lourds et des aménagements rizicoles), le Delta (où la culture pluviale est presque inexistante et l’essentiel de la production provient des cultures irriguées) et le Diéri (zone à vocation pastorale). La vallée présente des cultures irriguées (maraîchages, rizicultures) et de décrues (sorgho, maïs et niébé) ainsi que des cultures industrielles (canne à sucre et tomate).

La zone sylvo-pastorale ou Ferlo (56 269 km²), caractérisée par la faiblesse et l’irrégularité

des précipitations (200 à 400 mm), se situe dans la partie la plus aride et la plus chaude du pays. C’est une zone qui présente une « forte détérioration des ressources ligneuses et fourragères, la déstructuration des sols, la destruction du couvert végétal et la faible disponibilité des ressources en eau » (Banque Mondiale, 2010). Cette zone est essentiellement pastorale avec des systèmes de production organisés suivant un mode extensif transhumant en fonction de la disponibilité de fourrages et de l’existence des points d’eau permanentes (forage ou mare) ou temporaires.

31

Carte 1 : Différentes zones agro-écologiques et pluviométrie (septembre 2007) au Sénégal

Source : ISRA et CSE

Le centre-nord du Bassin arachidier (14 783 km²) est caractérisé par une baisse de la

pluviométrie (entre 400 et 600 mm) et une forte dégradation de l’écosystème L’agriculture y est de type pluvial avec une prédominance de l’arachide et du mil ainsi qu’une faible intégration avec l’élevage ou la foresterie. L’horticulture (maraîchage et arboriculture) y est importante particulièrement dans la région de Thiès.

Le centre-sud du Bassin arachidier (23 945 km²) est marqué par une sécheresse persistante

et par une pluviométrie (600-800 mm) en baisse mais il constitue l’une des premières régions agricoles du pays. L’arachide et le mil sont de loin les cultures les plus cultivées suivies du maïs et du sorgho. Il y a une forte intégration agriculture-élevage et la forêt reste présente mais subit de grandes transformations.

Les Niayes (2759 km²) bénéficient d’un micro climat sub-canarien en raison de l’influence

des alizés maritimes et présentent une très forte densité de la population. C’est la zone de prédilection des cultures maraîchères (80% de la production nationale) et de l’aviculture industrielle.

Le Sénégal oriental et la Haute Casamance (73 335 km²) avec une pluviométrie moyenne

supérieur à 600 mm et correspond à la zone cotonnière. C’est une zone à forte potentialité agricole et pastorale dispose d’énormes ressources naturelles réparties de façon inégale. Néanmoins elle est caractérisée par une grande pauvreté rurale. C’est une zone dont

32

l’importance s’accroit sur le plan agricole avec le glissement du Bassin arachidier mais elle reste confrontée à un enclavement qui ne favorise pas la mise en valeur de son potentiel.

La Basse et Moyenne Casamance (14 632 km²), avec une pluviométrie moyenne supérieure à

800 mm, reste l’une des zones les plus arrosées du pays avec la présence d’un flux de mousson de plus de six mois. C’est une zone qui bénéficie d’un fort potentiel de ressources naturelles avec les formations forestières les plus importantes du pays tant du point de vue spatial que du point de vue qualitatif. La densité du réseau hydrographique rend cette zone très propice à la riziculture, surtout au niveau des bas-fonds. Les principales cultures vivrières sont le riz, le mil, le sorgho, le maïs et le fonio alors que les cultures de rente sont principalement constituées de l’arachide. L’arboriculture fruitière (mangue et agrumes) y est très développée. Cette zone est toutefois caractérisée par des problèmes d’insécurité et d’enclavement. Les produits de cueillette apportent des revenus non négligeables aux économies des régions.

Le taux d’exploitation des terres arables est très variable selon les zones agro écologiques. Il est plus important dans le Bassin arachidier (81%) et les Niayes (65%) et un peu moins en Casamance et au Sénégal Oriental (40%) (DAPS et al., 2009).

Les principaux acteurs économiques en milieu rural sont représentés par les exploitations agricoles familiales, de petites tailles, qui exercent la quasi-totalité des activités agricoles villageoises. En effet, une partie des revenus, des 85 à 100% des ménages ruraux, proviennent des cultures qu’ils pratiquent (Ba et al., 2009). Ils occupent 95% des terres agricoles du pays qu’ils exploitent à travers des systèmes pastoraux et/ou des systèmes de polyculture sous pluviale ou en irriguée. Les productions agricoles restent, pour l’essentiel, soumises aux aléas du climat et les agriculteurs, dans leur majorité, continuent de pratiquer des systèmes de production extensifs. Les 5% restant constituent des exploitations agricoles intensives (horticulture, riziculture, aviculture), souvent localisées dans la Vallée du Fleuve Sénégal ou dans les zones périurbaines (Niayes), orientées dans les cultures commerciales destinées l’exportation ou aux industries agroalimentaires.

Globalement, quatre systèmes de culture sont pratiqués au Sénégal : le pluvial, l’irrigué, les bas-fonds et la décrue. Le système pluvial est le plus généralisé et se rencontre sur toute l’étendue du territoire national. L’irrigation est principalement localisée dans les Bassins du

33

Fleuve Sénégal, de l’Anambée et au niveau de certaines exploitations agricoles dans les Niayes et le long des points d’eau. Les cultures de bas-fonds, généralement dans le système pluvial, sont situées dans le Bassin arachidier (Fatick), dans la zone sud et sud-est du Sénégal alors que les cultures de décrues sont principalement rencontrées au Nord du pays.

Les zones agro écologiques sont caractérisées par la présence de différents systèmes de production qui sont déterminés par leur diversification et leur sensibilité aux changements climatiques. On relève globalement six systèmes de production qui se différencient par l’orientation de la production et par leur écologie.

système agropastoral est le plus représenté au niveau national et est caractérisé par la prédominance des activités agricoles et par la présence d’un élevage bovin ou de petits ruminants relativement importante ;

système sylvo-pastoral, représente la deuxième zone la plus importante en superficie et regroupe le Ferlo et une partie du Diéri le long du Fleuve Sénégal. Les cultures (niébé, béréf, cultures maraîchères) occupent une place secondaire face à l’élevage de type extensif transhumant basé sur l’exploitation des pâturages naturels et la recherche de points d’eau. Cette zone, plus ou moins enclavée, est caractérisée par la présence d’infrastructures (forages,…) et des marchés ;

système agro-sylvo-pastoral caractérisé par une bonne pluviométrie et la présence de forêts. Elle est caractérisée par une prédominance des céréales locales, des cultures de rente (arachide et coton) et de l’arboriculture. Elle est aussi caractérisée par une forte exploitation des forêts et des ressources minières. C’est aussi la zone de prédilection de la riziculture pluviale.

système agro-pastoral fortement influencé par les activités de la côte dans ses régions de Dakar, Thiès et Saint-Louis. Elle est caractérisée par la production fruitière, par l’influence du tourisme qui crée des emplois saisonniers et un système de mangrove qui génère des produits de pêche et est fortement sous l’influence du tourisme ;

système irrigué de la zone des Niayes qui présente une zone où l’horticulture et la pêche sont dominantes et un système mixte avec une production intensive laitière, l’aviculture et l’horticulture. C’est une zone est influencée par les marchés de Dakar où la consommation est importante ainsi que les possibilités d’exportation. C’est une zone très pourvoyeuse d’emplois ;