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Chapitre 2 : Ingénierie des systèmes et apport à l’ingénierie d’une structure réticulaire

2.2. Ingénierie des systèmes

2.2.1. Système

Nous avons choisi d’initier ce travail sur la base d’un constat de départ large, en considérant que toute organisation est confrontée à trois difficultés :

 définir les exigences auxquelles elles doivent répondre ;

 délivrer des solutions (sous forme de produits et/ou services) qui satisferont effectivement les exigences retenues ;

 mettre en œuvre le système organisationnel capable de satisfaire les deux points précédents.

Nous avons conclu au terme de la partie 1.2 que, dans le contexte actuel, mettre en œuvre un système organisationnel signifie :

Constat révisé

DO 1 : Opérer des choix de gestion avec le souci de la performance globale de l’action publique.

DO 2 : Concevoir des réseaux composés d’organisations publiques et privées pour mettre en œuvre l’action publique.

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Nous avons choisi de porter notre attention sur cette Difficulté Organisationnelle (DO) en tenant compte de ses liens avec les deux autres difficultés. Pour se faire, les produits, « systèmes de servuction » (Eiglier & Langeard, 1987), « systèmes produit-service » (Tukker, 2004) ou tout autre « élément de valeur » (cette notion englobe les trois notions précédentes, voir définition ci-dessous) peuvent être observés selon un point de vue systémique et nous nous intéressons à leur ingénierie pour mieux conduire celle des systèmes organisationnels qui les réalisent.

Proposition

Nous définissons un élément de valeur comme étant un élément physique ou abstrait dont les caractéristiques sont reconnues par une ou plusieurs parties prenantes comme étant la source de création de valeur.

Le mot « système » vient du grec « sustêma », signifiant « ensemble cohérent ». La notion de système ayant été étudiée dans plusieurs domaines (économie, gestion, sociologie, biologie, etc.), il existe de nombreuses définitions dans la littérature. Certaines définitions insistent sur la structure organique d’un système, par exemple : « Un système est caractérisé par un ensemble de constituants (matériels technologiques, logiciels, opérateurs humains, matériaux, procédures, services) ; les constituants sont en forte interaction, et échangent des flux de matière, d’énergie et d’information dans un environnement ou contexte donné. Cet ensemble satisfait des besoins, des attentes ; il accomplit une mission assortie d’objectifs prescrits permettant de répondre à une finalité. » (Faisandier, 2014). D’autres insistent sur la structure fonctionnelle d’un système, par exemple : « Un système est caractérisé par un enchaînement d’activités ou de fonctions (on dit aussi de processus) en interaction mutuelle, et en interaction avec l’environnement, synchronisées en fonction de la mission. » (Meinadier, 1998). Bien qu’il existe des nuances parmi les définitions présentes dans la littérature, celles-ci s’accordent (explicelles-citement ou implicelles-citement) sur l’existence de :

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 constituants au sein d’un système ;

 relations (aussi qualifiées par le terme « interactions ») – existant entre ces

composants et incarnées par les flux échangés par les fonctions réalisées par chacun de ces composants – dont dépendent la (ou les) fonction(s) principale(s) d’un

système.

Outre ces deux aspects d’un système, la majorité des définitions mettent également l’accent sur la finalité inhérente à un système, cette finalité se matérialisant par une (ou plusieurs) fonction(s) principale(s) réalisée(s) par le système dans son environnement où il interopère avec d’autres systèmes.

« L’Ingénierie Système est une démarche méthodologique coopérative et interdisciplinaire qui englobe l’ensemble des activités adéquates pour concevoir, développer, faire évoluer et vérifier un ensemble de produits, processus et compétences humaines apportant une solution économique et performante aux besoins des parties prenantes et acceptable par tous (inspirée de IEEE 1220). Cet ensemble est intégré en un système, dans un contexte de recherche d’équilibre et d’optimisation sur tout son cycle de vie. » (AFIS, 2009)L’ingénierie des systèmes regroupe donc l’ensemble des processus à accomplir durant le cycle de vie d’un système. Conçue dans les années 60 pour le secteur militaire, et plus précisément pour gérer des appels d’offres passés par le Département de la Défense des États-Unis et les projets de développement de solutions correspondant, l’ingénierie des systèmes s’est par la suite tout d’abord diffusée dans les secteurs de l’aéronautique, l’astronautique, l’électronique et du logiciel, avant de se propager, à la fin des années 1990, dans la plupart des secteurs industriels : automobile, électroménager, biosystèmes, instrumentation scientifique, etc. (Bonjour, et al., 2009). Un effort de normalisation de ces processus, couvrant le cycle de vie des systèmes depuis leur conceptualisation jusqu’à leur fin de vie, a été réalisé par l’ISO/CEI 15288 (2003). Si les processus techniques de cette norme portent sur l’ingénierie d’un système de type « produit », la démarche promue par l’ingénierie système est quant à elle éligible à l’ingénierie de « système de servuction » mais également à l’ingénierie des systèmes de type « système produit-service » à condition de tenir compte des spécificités liées à la notion de service (Maussang, 2008) (Touzi, 2011). Le cycle de vie générique d’un système est également présenté par la norme ISO/CEI 15288 (figure 13). Il y est précisé la nécessité

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d’adapter ce cycle de vie à la nature du système étudié en regroupant, décomposant, ajoutant et/ou supprimant certains états, en réalisant plusieurs itérations d’un ou plusieurs états, etc.

Figure 13 : Cycle de vie générique d'un système, adapté de la norme ISO/CEI 15288 (2003)

Les organisations sont également considérées comme des systèmes dont l’évolution de leur complexité et le souci constant d’optimisation de leur performance ont conduit au développement de méthodologies d’ingénierie des systèmes spécifiques, il s’agit alors d’ « ingénierie d’entreprise ». De nombreux auteurs se sont intéressés à l’ingénierie des produits, systèmes de servuction et systèmes produit-service pour mieux conduire celle des systèmes organisationnels qui les réalisent. Ainsi, pour Burlat et Campagne (2001) la valeur générée par un produit lors de son utilisation ou sa consommation est « le résultat des actions menées et des décisions prises à l’intérieur de l’organisation. » Ils insistent sur la nécessaire identification et modélisation des relations qui existent entre les fonctionnalités du produit (réalisé ou à réaliser) et les activités qui les réalisent. Mauchand (2007) établit un lien entre la performance d’une organisation (de ces processus) et celle du produit (de ces fonctions) qu’elle réalise. Elle propose de lier le « modèle produit » et le « modèle processus » via des relations de causalités entre :

 les constituants qui réalisent les fonctions attendues du produit ;  les activités mises en œuvre pour réaliser ces constituants.

Maussang (2008) propose, pour la conception de services au sein de systèmes produits-services, de lier les fonctions d’un service, qui satisferont les attentes de ses parties prenantes, et les activités nécessaires pour réaliser ces fonctions.

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