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Xe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage

Ouagadougou (Burkina Faso), 26-27 novembre 2004 Page 45

Synthèse du rapport général de la Conférence Discours de Son Excellence Monsieur Thérence Sinunguruza Ministre des Relations extérieures et de la Coopération du Burundi

Rapporteur général du Sommet de Ouagadougou

Monsieur le Président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,

Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,

Mesdames, Messieurs,

Le Burundi a été désigné comme rapporteur général de la Xe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. C’est un honneur pour mon pays et je tiens, avant toutes choses à le souligner et à vous en remercier vivement.

Mon chef de délégation, Son Excellence Monsieur Frédéric Ngenzebuhoro, vice-président de la République du Burundi, m’a mandaté pour jouer ce rôle.

Que de chemin parcouru, depuis février 1986, date à laquelle notre Conférence a siégé, à Paris, pour la première fois !

Ici, à Ouagadougou, où nous nous trouvons depuis quelques jours, nous sommes vraiment chez nous, comme l’a dit quelqu’un : « Nous sommes dans notre seconde patrie ». L’accueil, l’hospitalité de tout un peuple en mouvement et la totale disponibilité des autorités du Burkina Faso nous en ont donné la preuve à tous égards. Et tous les délégués qui ont pris la parole depuis hier l’ont exprimé, avec des mots différents, mais des mots qui venaient toujours du cœur.

Monsieur le Président du Burkina Faso, au nom de la Conférence, je vous exprime notre plus vive gratitude.

Au cours des années écoulées, nous avons réussi, par étapes successives, à créer un cadre qui nous permet depuis hier d’organiser, de façon structurée, nos travaux.

Ainsi, après avoir composé notre bureau, présidé par le Burkina Faso assisté de six vice-présidents (la Roumanie, le Canada-Québec, la République démocratique du Congo, le Cambodge, les Seychelles et le Maroc), nous avons unanimement adopté notre ordre du jour et l’ordonnancement des travaux de notre séance plénière.

Nous avons ensuite entendu le rapport de la Conférence ministérielle sur les demandes d’adhésion ou de modification de statut à la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. La Conférence a adopté à l’unanimité les recommandations formulées concernant :

- l’adhésion en qualité d’observateurs de l’Arménie, de l’Autriche, de la Croatie, de la Géorgie et de la Hongrie ;

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- l’adhésion en qualité de membres associés de la Grèce et de la Principauté d’Andorre.

Les demandes de modification de statut de l’Albanie et de la Macédoine, qui souhaitaient devenir membre de plein droit, ont été ajournées dans la perspective du XIe Sommet.

Le président de la Conférence ministérielle a ensuite fait état des consensus obtenus sur les projets de déclaration et de cadre stratégique décennal de la Francophonie, documents forts de cette Conférence, qui entendent apporter une réponse cohérente et concrète à la problématique du thème :

« La Francophonie, espace solidaire pour un développement durable ».

La Déclaration de Ouagadougou réaffirme, en effet, l’importance que la Francophonie attache à une vision globale et non parcellaire du développement durable dans ce qu’elle considère comme ses cinq piliers :

- l’environnement ; - l’économie ;

- la démocratie, l’État de droit et les droits de l’Homme ; - le développement social ;

- et enfin, la diversité culturelle et linguistique.

Le Cadre stratégique décennal, quant à lui, définit une démarche, fixe des objectifs et ouvre des perspectives, en affichant clairement des ambitions et des réponses authentiquement francophones. Le cadre stratégique énonce des priorités que nous avons voulu limitées. Il indique une méthodologie claire qui devra guider l’Organisation internationale de la Francophonie dans la mise au point d’une programmation quadriennale réaliste et réalisable. Nos ministres, réunis le 24 novembre, nous-mêmes, depuis hier, nous n’avons cessé d’insister sur l’urgence de pouvoir instaurer, dès la fin de ce Sommet, des mécanismes qui permettront de mieux affiner les indicateurs de rendement, de même que les différents points de synergies entre les opérateurs de la Francophonie et les autres acteurs et partenaires internes et externes.

De plus, notre Conférence a confirmé le consensus qui s’est dégagé à la Conférence ministérielle sur le projet de directives portant sur les relations entre les instances de la Francophonie, d’une part, les OING, les ONG et les organisations de la société civile, d’autre part, ainsi que sur le projet de vade-mecum sur les modalités de fonctionnement des Sommets de la Francophonie, texte qui complète désormais l’éventail des instruments de travail destinés à améliorer le fonctionnement des instances de la Francophonie.

Notre Sommet a, par ailleurs, confirmé le transfert du Comité international des Jeux de la Francophonie à l’Agence intergouvernementale de la Francophonie en lui conférant le statut d’organe subsidiaire.

Comme l’usage s’en est établi depuis Hanoi, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, notre assemblée consultative, nous a présenté son Avis circonstancié sur le thème du Sommet et notre Conférence, en recevant la Déclaration des

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jeunes parlementaires de la Francophonie, leur a exprimé à la fois sa profonde satisfaction et sa pleine confiance dans leur engagement.

À propos de l’actualité internationale, notre Conférence a estimé devoir faire porter l’accent sur des points saillants faisant l’objet de résolutions spécifiques concernant :

- la Côte d’Ivoire ; - le Proche-Orient ;

- le Fonds mondial de solidarité ;

- le Sommet mondial sur la société de l’information ; - la diversité culturelle ;

- la liberté de la presse ;

- le Fonds de solidarité numérique ; - le coton.

Nous invitons l’Organisation internationale de la Francophonie à mettre tout en œuvre en vue d’un suivi diligent de ces résolutions, avec notre plein appui.

Dans son rapport, le Secrétaire général a souligné combien il s’est attaché, depuis sa prise de fonction, à la mise en œuvre des priorités inscrites dans la Déclaration et le Plan d’action de Beyrouth. Il a confirmé, dans ce cadre, l’importance, d’une part, de la concertation francophone sur les grands enjeux mondiaux et, d’autre part, du lien solide que l’Organisation doit entretenir avec ses États et gouvernements membres.

S’agissant du rayonnement de la langue française, le Secrétaire général a rappelé les principales actions menées, notamment la promotion du français dans les organisations internationales, la désignation d’un Grand témoin aux Jeux olympiques d’Athènes, le renforcement de TV5.

Dans le domaine des droits de l’Homme, de l’État de droit et de la démocratie, le Secrétaire général a mis l’accent sur le renforcement de la collaboration avec l’ONU, notamment pour ce qui est de la prévention et de l’alerte précoce, et avec les réseaux institutionnels francophones ; la mise en réseau des structures gouvernementales chargées des droits de l’Homme a constitué, à cet égard, une étape importante.

La Francophonie s’est également fortement impliquée dans le Sommet mondial sur la société de l’information, notamment par l’adoption d’une contribution réaffirmant la vision francophone sur cet enjeu majeur. Il en va de même du dossier de la diversité culturelle, à propos duquel le Secrétaire général a salué les résultats très satisfaisants de la mobilisation francophone, tout en exhortant les États et gouvernements à persévérer dans leurs efforts en vue de l’adoption d’une convention à l’Unesco.

Le Secrétaire général a également rappelé la nécessité de s’engager encore davantage dans le secteur de l’éducation et dans celui du développement économique, clés de voûte du développement durable. L’appui au Nepad et aux Objectifs de développement du millénaire, le soutien aux États et gouvernements

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dans les négociations commerciales internationales et la mobilisation en faveur de nouveaux financements internationaux s’inscrivent dans cette perspective.

Enfin, tout en se félicitant des progrès significatifs constatés, le Secrétaire général a estimé que des améliorations doivent encore intervenir, s’agissant notamment des méthodes de travail, pour parvenir à davantage de cohérence et de lisibilité pour l’Organisation et de synergie entre les opérateurs. C’est pourquoi, il se félicite de l’adoption, lors de ce Xe Sommet, du premier Cadre stratégique décennal de la Francophonie, qui constitue une véritable feuille de route pour les dix ans à venir.

Toutes les délégations présentes ont tenu à féliciter le Secrétaire général Abdou Diouf pour son rapport dense et constructif, en le remerciant de son action éclairée et en lui renouvelant leur confiance.

Au volet économique, après que le Président Compaoré ait annoncé que le Burkina Faso ferait circuler un texte sur le thème de la « lutte contre la pauvreté » résultant du Sommet africain qui s’est tenu récemment à Ouagadougou, la Conférence a entendu successivement trois interventions liminaires :

L’intervention du Président Chirac s’inscrit dans la perspective de l’année 2005 consacrée « Année du microcrédit ». Convaincu que le microcrédit constitue un formidable instrument de développement durable pour des millions d’hommes et de femmes, il a évoqué les pistes d’aide publique possibles pour en améliorer les performances. Il a par ailleurs cité, comme solution alternative aux problèmes de financement pour atteindre l’objectif du millénaire portant sur la réduction de la pauvreté, la résolution sur la taxation internationale présentée par son pays conjointement avec le Brésil, le Chili et l’Espagne, qui a obtenu la signature de cent dix pays, amorçant un mouvement irrésistible.

Le Président Wade a rappelé la genèse du Nepad et souligné son caractère régional. Le Nepad a reçu de nombreuses offres de financement mais, si les projets ont bien été identifiés, ils n’ont pas encore été mis en œuvre. Le président sénégalais a attiré l’attention de la Conférence sur la question de la fracture numérique, handicap central du développement, en annonçant la création à Genève d’un fonds de solidarité numérique avec, notamment, le soutien des maires francophones.

L’intervention du représentant du président tunisien a porté sur le projet de création du Fonds mondial de solidarité, adopté par l’Assemblée générale de l’ONU à l’initiative de la Tunisie. Ce fonds, destiné à la réalisation de petits projets au bénéfice des populations des zones déshéritées, se distingue par le fait que les ressources collectées émaneraient de dons volontaires provenant surtout du secteur privé.

Au cours des débats qui ont suivi ces exposés, plusieurs délégations ont salué le rôle de la France dans la promotion du microcrédit. Elles ont fait état de l’adhésion de leurs gouvernements et des fonds déjà investis dans de tels programmes.

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En clôturant les débats, le président de la Conférence s’est associé aux différentes préoccupations exprimées et, en matière de microcrédit, a évoqué la réussite de l’expérience burkinabé de « Banque des femmes ».

Les chefs d’État et de gouvernement ont largement partagé la vision selon laquelle, face aux convulsions du monde qui accentuent les fractures au sein de nos sociétés, seule une Francophonie plus solidaire et ouverte sur l’avenir pouvait contribuer à asseoir une véritable communauté de destin entre nos peuples. À cet égard, le Sommet a tenu à réaffirmer le rôle premier des États et des gouvernements mais aussi de l’Organisation internationale de la Francophonie, et celui de nombreux acteurs et partenaires du secteur privé aussi bien que des organisations internationales non gouvernementales, des organisations non gouvernementales et de la société civile.

Ouagadougou restera pour nous un très grand rendez-vous ! Le Xe Sommet de la Francophonie a été à la hauteur de nos espoirs. Il ne pouvait en être autrement puisque, venant au « pays des hommes intègres », l’hospitalité nous était d’avance acquise, chaleureuse et toute empreinte de simplicité et de fraternité.

Nous avons trouvé à Ouagadougou des femmes et des hommes qui luttent contre une nature austère, avec le courage et la ténacité qui sont leurs atouts et leur force irrépressible. Toutes les interventions l’ont bien souligné avec talent et ferveur, et je tenais à le dire.

Je voudrais exprimer mes plus vifs remerciements au Secrétaire général, Son Excellence le Président Abdou Diouf, qui nous a apporté son soutien.

À vous toutes et à vous tous, je tiens à réitérer la gratitude de mon pays pour ces journées qui marqueront l’histoire de notre communauté, laquelle vient de franchir une nouvelle étape dans le sens à la fois de la consolidation et de l’ouverture sur l’avenir.

Je vous remercie de votre haute attention.