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5. Résultats

5.6. Synthèse
des
résultats

Nous pouvons, à présent, revenir à nos questions de recherche. Pour rappel, les voici : o Dans quelles mesures les enseignants d’éducation physique sont-ils influencés par

leurs représentations des dangers lors du choix d’une activité en vue d’éduquer leurs élèves à la sécurité ?

o Sous quelles conditions une pratique adaptée du Parkour serait-elle profitable selon

eux ?

Un élément central qui nous permet de répondre à notre première question de recherche est le fait qu’il existe une relation entre les représentations des dangers chez les enseignants d’EPS et l’importance de ce facteur dans le choix d’une activité pour éduquer leurs élèves à la sécurité. En effet, plus ces enseignants perçoivent des risques importants liés à leur profession, plus le poids de ce critère pèse dans la balance du choix des APS qu’ils proposent. À ce propos, 17 enseignants sur 20 considèrent le niveau de danger comme un facteur assez ou très important. Nous pouvons préciser que cet élément n’est, bien évidemment, pas le seul à influencer les choix des enseignants d’EPS. Nous avons notamment relevé les rôles primordiaux que jouent l’hétérogénéité des élèves et le contexte général. Nous devons, malheureusement, relever la probabilité d'une mauvaise compréhension des questions 20 à 22. Les sujets devaient garder en tête l'idée d'éduquer leurs élèves à la sécurité de manière active pour répondre à ces dernières questions, or nous ne sommes pas certains qu'ils l'aient fait, car l'information figurait uniquement avant la question 19 et n'a peut-être été prise en compte que pour celle-ci. Nous nous interrogeons donc quant à l'implication de ce malentendu par rapport à l'importance du critère des représentations des dangers dans le choix des APS.

Concernant les représentations des dangers, nous pouvons expliquer qu’elles influencent de manière générale l’enseignement des maîtres d’éducation physique et, notamment, les mesures mises en place par ces derniers pour sécuriser leurs leçons, ainsi que leur degré de vigilance. De plus, par rapport à l’engagement professionnel des enseignants d’EPS, nous constatons qu’ils ont une vision sécurisante ou encadrante des lois liées à leur métier tout en se sentant fortement responsables. Il ressort de notre étude, qu’en principe, les enseignants d’EPS n’évitent pas des activités par craintes des risques pénaux pouvant leur incomber en cas d’accident et de faute professionnelle avérée. Néanmoins, nous supposons qu’il est possible que certaines pratiques soient évitées pour des raisons

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éthiques ou personnelles, plus liées aux impacts sur leur image d’enseignant qu’à la crainte des lois. Or, nous pensons qu’il existe un lien, pas forcément conscient chez les enseignants, entre ces deux éléments.

En matière de positionnement face aux risques liés à leur discipline, 10 enseignants d’EPS sur 20 semblent accorder un statut éducatif important à l’erreur et être animés d’une volonté d’aider à la prise de décision pour permettre à l’enfant d’accéder à une gestion autonome du risque. Selon notre méthode, ils pratiquent effectivement de la sécurité active. Néanmoins, à ce stade, nous devons apporter une critique importante par rapport à l’indicateur des niveaux d’Eisenbis et Touchard (1995) que nous avons utilisé pour notre recherche. En effet, comme nous l’avons déjà mentionné, il n’est pas toujours évident de différencier les trois niveaux. De plus, il est assez compliqué d’analyser les pratiques et de classer unilatéralement les enseignants dans un niveau, d’autant plus par un questionnaire. Nous avons été forcés de sélectionner des critères arbitraires pour définir leur positionnement, uniquement en distinguant des pratiques actives ou passives d’éducation à la sécurité. En réalité, la plupart des enseignants se situe sûrement à un niveau variable selon les APS qu’ils sélectionnent et les élèves auxquels ils ont affaire, le temps qu’ils disposent ou les objectifs qu’ils visent. En effet, nous avons vérifié qu'il n'était pas évident de travailler l'éducation à la sécurité de manière active par un enseignement autonome avec tous types d'élèves. Finalement, il est important de préciser que le positionnement des enseignants d'EPS face aux dangers de leur discipline n'est pas figé dans le temps, mais peut évoluer, notamment, en fonction de leurs rapports avec leurs pairs, aux travers d'échanges de conseils, d'indications ou de discussions.

Un autre résultat intéressant de notre recherche est le fait que les enseignants semblent tous être d’accord pour affirmer que, pour travailler la sécurité active, il faut que les élèves soient confrontés à des dangers objectifs relativement élevés. Cela nous permet de présenter des éléments de réponse pour notre deuxième question de recherche. Nous pouvons remarquer qu’il existe un intérêt réel, notamment au niveau de la motivation, d’intégrer le Parkour dans les programmes scolaires d’EPS. Par ailleurs, la plupart des enseignants interrogés ont une opinion plutôt positive du Parkour. Or, comme pour les autres APS, en plus des conditions d’enseignement liées aux élèves ou au contexte scolaire, les représentations et la perception des dangers du Parkour influencent le choix de pratiquer ou non cette activité. De plus, les enseignants évaluent différemment le niveau de danger de cette pratique et y associent des intérêts divergents. C’est pourquoi ils

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l’utiliseraient plus ou moins régulièrement pour éduquer leurs élèves à la sécurité. Cependant, la plupart d’entres-eux, ont relevé de nombreux avantages offerts par cette pratique, comme la possibilité de remplacer en partie les agrès pour confronter les élèves à leurs limites, pour travailler la gestion du risque, l’entraide ou la collaboration. Finalement, la majorité des enseignants déclare envisager de proposer plus fréquemment le Parkour si ce dernier faisait partie du guide des mesures de sécurité et s’ils pouvaient disposer d’une formation didactique spécifique.

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