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5. Résultats

5.2. Comment
les
enseignants
d’EPS
se
représentent­ils
les
dangers
de
leur

Une de nos premières hypothèses était de dire que certaines activités peuvent être évitées à l’école pour se protéger des risques pénaux. Neuf enseignants interrogés sur vingt, déclarent qu’il y a des APS dans le programme d’établissement ou dans les plans d’études officiels qui leur font peur. En observant quelles sont ces activités, nous percevons qu’elles font souvent partie des agrès. En effet, huit des neufs sujets qui ont dit avoir des craintes ont nommé : les anneaux, le mini-trampoline ou les agrès en général. Un sujet s’est distingué des autres en citant les sorties en vélo et les plongeons. Néanmoins, un seul enseignant a dit refuser pratiquer l’activité qui lui fait peur, à savoir le saut périlleux. Nous pouvons donc remarquer que plusieurs enseignants pratiquent des activités prévues dans le programme d’établissement ou dans les plans d’études officiels, malgré le sentiment de peur qu’ils peuvent ressentir. Il serait maintenant intéressant de comprendre le fondement de ces peurs, pour savoir s’ils craignent une sanction pénale. Le sujet qui évite le saut périlleux est une femme qui a dix ans d’expérience et qui se dit « très familiarisée » avec le risque. De plus, lorsqu’un élève est face à un danger lors d’une APS, elle se sent « responsable », bien qu'elle ne ressente qu’une pression « moyenne » de la part des lois durant son enseignement. Nous pouvons donc affirmer que notre hypothèse n'est pas véridique car une seule enseignante sur vingt évite une activité à cause

Nora Schlossbauer et Jérôme Borel 06/2012 66 /90 Image 7 – Graphique question 13

Image 6 – Graphique question 11

de ses peurs, la jugeant sûrement trop dangereuse. Nous pensons qu’elle refuse de la pratiquer, non pas directement pour se protéger des risques pénaux, parce qu’elle ne ressent qu’une pression relative de la loi, mais plutôt pour des raisons d'image ou d'éthique.

En ce qui concerne les connaissances des lois et des documents officiels relatifs à leur profession ainsi que des risques qu’ils encourent en cas d’accident d’un élève, 16 personnes sur 20 s’estiment être « plutôt à jour » ou « tout à fait à jour ». Ces derniers ont souligné plusieurs éléments importants, pour éviter des conséquences judiciaires, comme : le non-respect des règles de sécurité, une mauvaise organisation, l’oubli d’un échauffement correct, etc. Il n'y a que quatre sujets qui estiment leurs connaissances comme étant « plutôt pas à jour ». Il est intéressant de constater que ces personnes n'ont toutes qu'une année d’expérience. Malgré le nombre restreint de sujets, nous pouvons confirmer notre hypothèse des connaissances relativement moindres chez les enseignants débutants. Ensuite, par rapport à la pression des lois ressentie en exerçant le métier d’enseignant, nous constatons que 17 sujets sur 20 ont déclaré ressentir une pression « moyenne » ou « forte ». Deux sujets seulement jugent la pression des lois « faible » et un la juge « inexistante ».

Nous pouvons donc dire que la plupart des sujets ressentent une certaine influence des lois, mais, par contre, nous n’arrivons pas à établir de lien avec les années d’expérience. Les cinq enseignants ayant de l’expérience ont répondu, en effet, de manière très différente et ce ne sont pas forcément eux qui ressentent une pression moindre. La pression ne diminue donc visiblement pas avec l’expérience. L'enseignant qui juge la pression des lois inexistante est un homme de 31ans qui a peu expérience (2ans). Il est le seul à avoir répondu « très rarement » à la question : « lorsque vous planifiez votre enseignement, à quelle fréquence pensez-vous aux risques que vous encourez

Nora Schlossbauer et Jérôme Borel 06/2012 67 /90 Image 8 – Graphique question 14

Image 9 – Graphique question 8

personnellement en cas d’accident d’un de vos élèves ? ». Nous pouvons donc nous demander s'il existe une sorte d'irresponsabilité chez certains enseignants débutants, car ses réponses paraissent surprenantes. Or, selon les résultats de la question 8, ce sujet dit se sentir « responsable » face à un danger en EPS et, selon la situation, confiant ou anxieux. Nous pouvons donc conclure que cet enseignant semble responsable mais sans ressentir une pression des lois.

Observons, maintenant, le rapport des

enseignants avec les lois. Nous

remarquons que ces dernières sont perçues plutôt positivement. Quelques professeurs disent se sentir protégés par la loi et la majorité trouve qu’elles offrent un cadre de référence au service de l’enseignement. En même temps, lorsqu’un élève est face à un danger lors d’une APS, la plupart des enseignants interrogés se sentent « responsables » ou « sous pression ». Une vision positive des lois n'empêche donc pas, voire demande, une attitude responsable et une

vigilance dans l'engagement

professionnel des enseignants d'EPS. Il est intéressant de remarquer que certains sujets ont donné des réponses où leurs sentiments s'opposent. Nous expliquons cela par le fait que selon la situation, l’activité, la dangerosité de l’exercice ou le type d’élève, les sentiments peuvent être très différents.

La question 16 nous prouve, pour chacune des six activités examinées, qu'il existe un rapport entre le degré de danger que se représentent les enseignants et le degré de vigilance qu'ils estiment nécessaire, même si cette corrélation n'est pas totale. Les deux tableaux qui suivent, l'un concernant le Parkour, l'autre le unihockey (deux activités offrant des résultats intéressants), nous montrent que plus l’activité est jugée dangereuse, plus le niveau de vigilance sera élevé. Pour chaque discipline, nous avons demandé à nos collègues à quels éléments ils feraient particulièrement attention lors de leur mise en pratique. Pour le Parkour, jugé, de manière générale, « assez dangereux » et où il faudrait

Nora Schlossbauer et Jérôme Borel 06/2012 68 /90 Image 11 – Graphique question 16

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être « assez ou très vigilant », les éléments cités sont : passages d’obstacles, hauteur de la chute, atterrissages, et les différents niveaux des élèves. Pour sécuriser l’activité, les enseignants ont relevé trois principales mesures : mettre des tapis et d’autres outils de protection, faire très attention aux consignes et mettre en garde les élèves du danger potentiel. Pour le unihockey, jugé nettement moins dangereux, les enseignants interrogés ont dit faire surtout attention au respect des règles (canne haute, bon comportement, etc.). Ils insistent sur les comportements interdits, ils responsabilisent les élèves pour qu’ils se comportent de manière sécuritaire et les mettent en garde du danger potentiel. Grâce à ces deux exemples nous pouvons donc conclure que, selon la représentation des dangers de la discipline, les enseignants mettront en place des mesures différentes.

Pour terminer cette première partie d’analyse des résultats, nous voulons vérifier notre hypothèse qui soupçonne que plus un enseignant est familiarisé avec le risque, moins son appréciation du danger est élevée. Pour la vérifier, nous avons opposé deux extrêmes, c’est-à-dire les enseignants qui ont donné, de manière générale, un haut degré de dangerosité aux activités proposées (sujets 12 et 15) et ceux qui, au contraire, les ont jugées « peu ou pas dangereuses » (sujets 1 et 18). Malheureusement, la comparaison avec la familiarisation aux risques ne nous donne pas des résultats significatifs. En effet, ces quatre sujets disent être tous « plutôt familiarisés » avec le risque. En analysant davantage ces individus, nous nous sommes rendus compte que les deux sujets qui jugent le niveau de danger plutôt élevé sont des femmes, alors que les deux autres sont des hommes. Mais cela ne peut pas induire de prédictions. De plus, nous n’avons pas trouvé de lien avec les sports qu'ils pratiquent ou l’expérience d’enseignement qu'ils possèdent.

Nora Schlossbauer et Jérôme Borel 06/2012 69 /90 Image 13 – Graphique question 5

Image 12 – Graphique question 4