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4. Méthodologie

4.4. Les
conceptions
et
les
pratiques
de
l’éducation
à
la
sécurité

Concernant l’éducation à la sécurité en EPS, nous avons vu, avec inquiétude, que le constat de Eisenbis et Touchard (1995) expliquant que les enseignants n’abordent la question de la sécurité qu’aux travers d’une répétition d’interdits. Nous pensons qu’actuellement, la plupart de ces derniers pratiquent encore l’éducation à la sécurité de cette manière, ou ne la pratique pas par manque de temps. En d’autres termes, nous supposons qu’il y a plus d’enseignants qui ont une vision très utilitaire de la sécurité et qui se situent donc au niveau un, voire zéro, qu’au niveau deux, selon la classification de Eisenbis et Touchard (voir 2.12.4.).

Or, comme nous l’avons expliqué, il est nécessaire d’éduquer activement nos élèves à la sécurité. Afin de se rendre compte de la situation actuelle, nous désirons analyser le

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positionnement des enseignants d’éducation physique face aux dangers de leur discipline, au travers de leurs pratiques en matière d’éducation à la sécurité. Nous tâcherons donc de déterminer à quels niveaux se trouvent les enseignants que nous interrogeons, s’ils pratiquent principalement de la sécurité active ou passive, puis nous les comparerons avec leurs caractéristiques. Pour réaliser cela, nous leur demandons notamment de compléter une définition de la sécurité en EPS en choisissant, parmi une liste, une fin de phrase type correspondant à un des trois niveaux de positionnement face aux risques (Q17). Nous leur présentons également des définitions de l’éducation à la sécurité et de la sécurité active, inspirées respectivement par celle de Eisenbis et Touchard et celle de Derlon (1999). Après en avoir pris connaissance, ils doivent nous indiquer s’ils pratiquent ou non de l’éducation à la sécurité de manière active et expliquer leurs réponses. Pour ceux qui disent en pratiquer, nous nous intéresserons aux stratégies qu’ils mettent en place (Q18). Finalement, nous exploiterons les moyens mis en place pour sécuriser certaines activités afin d’identifier si la sécurité passive prend le dessus ou pas sur la sécurité active (Q 16). Nous prendrons en compte les réponses à ces trois questions afin de classer les enseignants. Comme il y a trois questions, la majorité des types de réponses l’emportera. Cela veut donc dire qu’un sujet doit correspondre deux fois sur trois à une conception active de l’éducation à la sécurité pour être classé comme tel. Pour la question 17, l’item correspondant au niveau 2 de Eisenbis et Touchard est : rendre les élèves autonomes dans

leur gestion du risque. Pour la question 16, les deux items de ce niveau sont : vous responsabilisez les élèves pour qu’ils se comportent de manière sécuritaire et vous autonomisez vos élèves face aux risques18.

De plus, Eisenbis et Touchard (1995) précisent que les attitudes face à la gestion des risques diffèrent selon plusieurs critères. Nous avons choisi d’analyser les différences du positionnement selon le sexe et l’expérience des enseignants d’EPS. Par rapport à ce dernier critère, nous imaginons que sur l'ensemble des enseignants se situant niveau 2 (sécurité active), il y a une majorité d’enseignants avec une certaine expérience.

À ce stade de notre recherche, nous pouvons nous intéresser aux choix d’activités que doit faire un enseignant d’EPS lors de la planification de ses cours. Nous rappelons que nous désirons analyser à quel point les représentations des dangers en éducation physique par les enseignants influencent leur cadre et dans quelles mesures ces risques influencent leur

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Pour cette dernière question, nous choisissons arbitrairement qu’il faut que ces deux items apparaissent quatre fois au minimum ou que l’un des deux représente une majorité.

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choix d’APS. Afin de neutraliser en partie le facteur de l’objectif ou de l’intention d’apprentissage, nous analysons ce choix en fonction d’une volonté de pratiquer une éducation active à la sécurité. Selon nous, il existe une tendance à choisir des activités comportant des dangers objectifs relativement élevés pour enseigner activement la sécurité : les anneaux, le rugby, le javelot, l’escalade, etc. Nous voulons donc confirmer notre point de vue en demandant aux enseignants quelles APS ils privilégieraient dans le but d’éduquer leurs élèves à la sécurité active (Q 21). Dès lors, nous présentons une liste non exhaustive de facteurs que nous avons énumérés dans notre problématique et pouvant influencer le choix d’une APS :

o La représentation des dangers objectifs

o Le cadre institutionnel (lois, plan d’études, projets d’établissement…) o Le contexte (matériel, temps, lieu…)

o Les élèves (désirs, capacités, âge, sexe…)

o L’objectif ou l’intention d’apprentissage (éducation à la sécurité ou autres…) o Le pouvoir motivationnel (effet de mode, sports funs…)

o La connaissance ou l’expérience des APS (personnelle ou en enseignement) o La préférence d’une APS (habitudes, routines…)

Ce sont ces facteurs, légèrement remodelés et intégrés dans un tableau qui nous permettent de questionner nos sujets concernant les éléments déterminant leurs choix d’APS (Q 22). Nous faisons l’hypothèse que la représentation des dangers est plus déterminante dans le choix des activités pour les enseignants se représentant des dangers élevés de manière générale. Un enseignant qui considère la plupart des APS comme peu ou pas dangereuse devrait alors accorder beaucoup plus d’importance à d’autres critères de choix qui celui du danger. De manière générale, il semble probable que le choix des APS par les enseignants est influencé par les élèves auxquels ils enseignent. Nous pensons que les enseignants accordent une forte importance au public cible.

Comme nous l’avons évoqué, l’hétérogénéité des capacités des élèves est un élément à prendre en compte lors de chaque leçon d’enseignement en EPS, encore plus lors d’activité à risque, comme le Parkour. À ce propos, nous désirons savoir si les enseignants interrogés ont recours à la différenciation pour des raisons de sécurité. C’est pourquoi, nous leur proposons cette démarche dans la liste des mesures potentielles de sécurisation de certaines activités sportives (Q 16, n°5) et nous analyserons son occurrence.

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