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7. SYNTHÈSE, PERSPECTIVES ET CONCLUSION

7.1. Synthèse des résultats

Les études présentées dans cette thèse ont abordé la relation entre l’exposition aux métaux et les MND

dans un contexte français caractérisé par une activité industrielle et un droit de l’environnement et du

travail qui lui sont propres. Différents indicateurs ont été utilisés pour approcher l’exposition aux

métaux, soit de manière indirecte pour les expositions professionnelles (secteurs d’activité ou

profession spécifique), soit de manière plus directe pour l’exposition environnementale (retombées

atmosphériques). Ces travaux mettent en exergue la complexité de l’étude de nuisances dont les

déterminants d’exposition sont à la fois environnementaux et professionnels, notamment lorsqu’une

approche écologique est utilisée. Bien que de nature différente, ces déterminants sont en effet souvent

liés et démêler l’effet de chacun peut s’avérer difficile ; à titre d’exemple, une personne qui réside près

d’une industrie peut également y travailler, et être ainsi soumise à des expositions à la fois

environnementales et professionnelles.

Dans un premier temps, nous avons mis en évidence, en étudiant de manière exhaustive et

systématique tous les secteurs d’activité de France métropolitaine, une augmentation de l’incidence de

la MP dans les cantons caractérisés par des proportions élevées de travailleurs dans l’agriculture, la

métallurgie et l’industrie textile. L’association la plus élevée et robuste est rapportée, comme attendu,

pour l’agriculture (+4,2%) et l’hypothèse principale pour expliquer ce résultat est l’exposition

professionnelle et environnementale aux pesticides. Les résultats pour la métallurgie (+2,4%) et

l’industrie textile (+2,4%) sont plus originaux, et des hypothèses sur l’exposition aux métaux d’une

part, et l’exposition aux solvants et aux endotoxines d’autre part, peuvent être évoquées pour expliquer

ces associations.

Dans un second temps, nous avons montré une incidence de la MMN plus élevée (+16%) chez

les hommes affiliés à la CNMSS – proxy du métier de militaire – par rapport à la population générale.

Les analyses de sensibilité indiquent que la confusion par le tabagisme pourrait contribuer à expliquer

cet excès de risque. Parmi les autres hypothèses figurent notamment l’exposition au plomb par les

munitions ou à des produits chimiques, tels que les pesticides, ou encore les traumatismes crâniens.

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Dans un troisième temps, nous avons étudié à l’échelle de la France métropolitaine et en

milieu rural, l’association entre les retombées atmosphériques en métaux, approchées par les

concentrations d’ETM dans les mousses, et l’incidence de la MP. Une incidence plus élevée de la MP

(+4%) est observée dans les zones rurales où l’imprégnation des mousses en métaux (Cu, Fe, Hg, Mn,

Pb, Zn) est élevée. Pour l’étude de métaux spécifiques, des associations positives significatives sont

rapportées pour le Cu et le Hg, tandis que les résultats sont plus disparates pour d’autres métaux,

notamment le Pb (association inverse dans le modèle multivarié). Les résultats doivent être interprétés

avec précaution car des erreurs de classement, des biais de confusion et de sélection ainsi que des

limites liées aux variables d’exposition et leur modélisation pourraient être à l’origine de certaines

observations.

Il existe une variabilité suivant le sexe pour certaines des associations rapportées dans ces

travaux qui souligne l’importance de tenir compte du sexe dans les études sur les MND, notamment

lorsqu’elles impliquent des expositions professionnelles. La première étude montre en effet que

l’association de la métallurgie avec la MP est uniquement présente chez les hommes (bien qu’il n’y ait

pas d’interaction significative avec le sexe). Seuls les affiliés masculins à la CNMSS présentaient une

incidence de MMN plus élevée. L’association avec les retombées atmosphériques en métaux était par

ailleurs seulement observée chez les hommes. Nous faisons l’hypothèse que des profils d’exposition

professionnelle différents suivant le sexe pour un même secteur ou un même métier contribuent à

expliquer ces différences [301]. En effet, la distribution des métiers et des tâches exécutées suivant le

sexe au sein de la métallurgie et du personnel militaire, avec des situations plus exposantes pour les

hommes que les femmes, pourrait jouer un rôle. La proportion de salariés exposés aux métaux en

France par sexe [211] et la répartition des sexes par branche de l’armée [329] sont en faveur de cette

hypothèse. Quant à l’exposition environnementale, si elle est le reflet indirect, au moins en partie,

d’expositions professionnelles, les arguments évoqués précédemment pourraient expliquer

l’association différente suivant le sexe. Plus généralement, un rôle neuro-protecteur des hormones

sexuelles dans les MND chez les femmes, les rendant moins susceptibles vis-à-vis de certains

xénobiotiques, peut aussi être évoqué.

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Des différences suivant l’âge sont également observées. Les associations entre l’importance

des secteurs d’activité et la MP étaient dans l’ensemble plus fortes chez les personnes âgées (≥75 ans)

par rapport aux personnes jeunes. Des expositions professionnelles différentes en fonction de l’âge, en

termes de durée, d’intensité et de type de produits, pourraient contribuer à expliquer ces différences.

La règlementation visant à encadrer les expositions professionnelles, devenue plus stricte et réduisant

les risques au cours du temps, pourrait jouer un rôle. Une autre explication pourrait être une plus

grande importance des facteurs génétiques chez les patients parkinsoniens jeunes. En revanche,

l’association avec les retombées atmosphériques en métaux était seulement observée chez les

personnes jeunes (<75 ans) ; il est possible que cette différence soit liée à une mauvaise prise en

compte du temps de latence entre l’exposition et la maladie ou à un biais de survie. Pour la MMN,

l’incidence plus élevée observée chez les hommes affiliés à la CNMSS était principalement expliquée

par la classe d’âge des 70-79 ans et, comme pour les secteurs d’activité, des changements des

expositions au cours du temps chez les militaires pourraient être en cause. L’effet de fenêtres

d’exposition spécifiques correspondant à des conflits historiques de la France (guerre d’Algérie et

d’Indochine) est en effet une hypothèse. Une différence dans le comportement tabagique avec la

population générale plus marquée chez les militaires âgées pourrait aussi être envisagée.

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