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Synthèse croisée et évolution de la question de départ

1. Synthèse croisée des trois séries d’entretiens

Le référentiel de 2009 a engendré des modifications dans les fonctions des différents professionnels intervenant dans l’apprentissage des étudiants.

Les tuteurs ont ce sentiment de responsabilité accrue avec l’évaluation des compétences de l’étudiant. Les formateurs et les maîtres de stage s’accordent tous sur la fonction pédagogique et d’accompagnement des étudiants.

Les tuteurs et les formateurs perçoivent le maître de stage comme un gestionnaire administratif. Seul un tuteur exprime son rôle dans la gestion des difficultés avec des étudiants. Leur aspect organisationnel est exprimé par les tuteurs et les formateurs, tout comme dans le référentiel de formation. Les maîtres de stage développent plus leur fonction dans le parcours de l’étudiant (accueil, collaboration avec le tuteur, gestion des difficultés…).

Le manque de collaboration dans l’équipe est évoqué par deux tuteurs (T1 et T2). Ceux-ci travaillent dans le même établissement. Par contre les formateurs et les maîtres de stage témoignent de l’importance d’une collaboration au sein de l’équipe. Aucun d’entre eux n’exprime un manque de collaboration. On s’aperçoit même d’une différence de point de vue entre T1 et MdS1qui travaillent dans le même service. En effet pour T1 il y a un manque de cohésion et de collaboration dans l’équipe avec un sentiment de solitude. Par contre MdS1 décrit une collaboration dans l’équipe. Le tuteur intervient plus au niveau opérationnel par rapport à l’étudiant alors que le maître de stage se situe au niveau de l’ingénierie. Mais qu’est ce qui peut provoquer cette différence de perception ?

De plus en réalisant cette synthèse, nous remarquons une grande différence dans les propos de F3 et MdS2 et T3, qui sont rattachés au même établissement. En effet F3 parle « d‘accompagnement professionnalisant » une fois par an et d’évaluations réalisées par les formateurs dans les services de soins depuis le référentiel de 2009. Tandis que MdS2 et T3 signalent le fait que le formateur ne vient jamais dans le service mis à part s’il est sollicité par le maître de stage pour des difficultés avec un étudiant. Qu’est ce qui peut conduire à des propos si divergents ?

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Néanmoins l’importance d’une collaboration entre l’IFSI et les services de soin est fondamentale pour tous les acteurs, notamment afin de pallier aux difficultés évoquées par ces derniers sur l’évaluation des compétences des étudiants. Même si les formateurs et les maîtres de stage s’accordent sur un rapprochement des formateurs et des tuteurs, les attentes de chaque acteur sont une coopération plus grande entre les différents partenaires de l’apprentissage. Les tuteurs souhaitent tous pouvoir échanger, construire des outils en partenariat avec les formateurs. Les maîtres de stage et les formateurs abondent dans ce sens. Ceux-ci évoquent l’importance d’une réciprocité qui doit se créer entre IFSI et services de soins afin que chacun grandisse et permette à l’étudiant de se professionnaliser.

Suite à l’évocation des termes de coopération et de collaboration, nous souhaitons souligner que des auteurs, tels que notamment G. Le Boterf, P. Zarifian ou N. Alter, se sont penchés sur la mise en lumière de ces deux mots. Cependant notre objet de recherche n’étant pas centré sur ces termes, nous emploierons donc indifféremment ces deux expressions dans la suite de notre travail.

2. Evolution de la question de départ vers la problématique

De notre questionnement initial :

En quoi résident les difficultés d’évaluation des étudiants en soins infirmiers par les tuteurs de stage ?

Nous avons pu, au travers des différentes séries d’entretiens faire évoluer notre réflexion. En effet la première série d’entretiens auprès des tuteurs a fait émerger une question plus précise :

En quoi et comment l’accompagnement des tuteurs professionnels par les formateurs au sujet de leurs compétences pédagogiques induirait le développement de l’apprentissage des étudiants ?

Puis les séries d’entretiens auprès des formateurs et des maîtres de stage ont renforcé l’importance d’une coopération entre l’IFSI et les services de soins et ont soulevé la notion de réciprocité.

Avant de commencer la formation cadre de santé, nous savions que l’IFSI et le terrain étaient deux lieux complémentaires dans le parcours en alternance de l’étudiant mais pour nous le cadre formateur restait le « maître » à qui les professionnels des services de soins se référaient concernant l’étudiant. Après cette recherche empirique, nous avons pris conscience de l’importance de cette réciprocité entre les cadres formateurs et les services de

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soins, comme nous l’ont soulignés les formateurs et les maîtres de stage. C’est ainsi que notre réflexion a évolué pour aboutir à la question suivante :

En quoi la réciprocité entre formateurs et professionnels des services de soins, dans une formation en alternance, est susceptible de favoriser l’apprentissage des étudiants ?

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TROISIEME PARTIE :

A la rencontre des

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Dans le cadre de la formation en soins infirmiers qui est basée sur une formation en alternance, « des liens forts sont établis entre le terrain et l’institution de formation » (référentiel de formation, p. 48), ceci dans le but de co-construire des dispositifs pédagogiques et d’encadrement.

Le terme co signifie d’après M. Beauvais (2006), « le fait d’être en permanence en

duo » et par extension que la co-construction va favoriser la co-élucidation, la co-

compréhension, la co-interprétation et la co-modélisation, par, et avec les acteurs eux- mêmes, ceux-ci étant impliqués et engagés dans un projet collectif.

Cette co construction doit donc amener à une coopération entre les cadres formateurs et les services de soins. « Pour cela, des échanges en amont entre les responsables des deux

lieux de formation, IFSI et terrain, doivent permettre de bien réfléchir aux rôles de chacun et de mettre au point une stratégie de rencontres futures pour le suivi de la mise en place des nouveaux outils et de l’encadrement des étudiants. » (M-A Coudray et C. Gay, 2009, p. 90).

Dans la formation en soins infirmiers, la co-construction allie de ce fait trois éléments :

- Une pédagogie basée sur l’alternance

- Un partenariat instauré entre les acteurs des IFSI et les terrains de stage - Un accompagnement de type tutoral

Au regard de ces éléments, et de notre question repensée qui est :

En quoi la réciprocité entre formateurs et professionnels des services de soins, dans une formation en alternance, est susceptible de favoriser l’apprentissage des étudiants ?

Nous avons donc fait le choix d’approfondir, dans les chapitres suivants, les concepts d’alternance, de partenariat et d’accompagnement. Pour ce faire nous avons réuni divers ouvrages et articles provenant d’auteurs principalement issus du champ des sciences de l’éducation.

Avant de nous pencher sur ces différents concepts, nous souhaitons, avant toute chose, mettre en lumière le terme de réciprocité.

D’après le dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation (1998,p. 225) « l’hypothèse de la réciprocité n’est pas un a priori mais découle d’une pratique dans

laquelle les différents partenaires de la relation éducative prennent conscience qu’ils apprennent les uns des autres ». D’ailleurs ceci est repris dans les entretiens par plusieurs

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Pour nous la réciprocité tient compte de la singularité de chacun dans une relation asymétrique. Il est donc important de prendre en compte l’autre dans sa globalité et dans son contexte.

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