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SYNTHÈSE CHRONOLOGIQUE Acquis 2013-2015 et perspectives

Fig 1 État général 2015 des études de mobilier métallique de Bibracte.

SYNTHÈSE CHRONOLOGIQUE Acquis 2013-2015 et perspectives

Outre l’enrichissement du corpus documentaire au fil du développement des chantiers – notamment sur le secteur du Parc aux Chevaux qui a livré de nouveaux ensembles clos étalés sur l’ensemble de la période d’occupation de l’oppidum –, l’évolution de ce dos‑ sier s’est faite de façon impressionniste par différentes avancées sectorielles.

On doit tout d’abord noter que le recrutement au printemps 2013 d’une archéologue responsable des mobiliers, en la personne de Cl. Leger, met à la

disposition des chercheurs qui travaillent sur les col‑ lections de Bibracte une interlocutrice qui est, de fait, devenue le pivot des études de mobilier. Après avoir intégralement reconditionné les dépôts en 2014‑2015, Cl. Leger dispose d’une vision précise et complète des collections. Elle assure la circulation de l’information et veille au jour le jour à la qualité des informations produites et archivées dans le système d’information de Bibracte, assurant par elle‑même la vérification des informations archivées au rythme de la préparation des publications.

Dans un tout autre registre, la publication en 2012 des actes de la table ronde tenue en 2007 sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer a per‑ mis une mise au point utile des connaissances et des points d’amélioration possibles dans un cadre régional élargi (Barral, Fichtl 2012). Retenons sur‑ tout que la comparaison des différents systèmes chronologiques régionaux permet de discerner quatre étapes d’évolution de la culture matérielle au cours du Ier s. av. J.‑C., que l’on a ici dénommées

La Tène D1b+, La Tène D2a, La Tène D2b, Augus‑ téen, et qui englobent jusqu’à plus ample informé la totalité de l’occupation de l’oppidum de Bibracte. On a aussi souligné le grand potentiel de certaines caté‑ gories de mobilier largement distribuées à l’échelle interrégionale pour synchroniser finement les chro‑ nologies régionales, notamment les amphores qui ont le double avantage d’être collectées en grand nombre et de disposer d’une typologie qui varie très vite au cours de la période considérée. De fait, l’étude des amphores de Bibracte a notamment été poursui‑ vie dans cette perspective chronologique, avec des résultats qui sont très concluants. Ils démontrent que des ensembles clos d’amphores Dressel 1 de gros effectif se classent sans difficulté les uns par rapport aux autres à l’échelle du site et à l’échelle bien plus large de la zone de diffusion des amphores Dressel 1 (Olmer, Guichard dans : Bonenfant 2014, p. 118‑123 ;

cf. supra, Les amphores).

Enfin, l’exploitation des données de la nécropole de la Croix du Rebout (notamment dans le cadre des travaux préliminaires de W.‑R. Teegen et du mémoire d’A. Lachambre en 2015) a permis de préciser les conditions d’une synthèse chronologique à l’échelle du site. Il en découle un projet de recherche docto‑ rale qui, après validation à l’automne 2015, est publié au printemps 2016 par l’université de Franche‑Comté. Sa formulation est la suivante :

Chronologie de l’oppidum de Bibracte (Saône-et-Loire, Nièvre) : développements méthodologiques, confronta- tion et synthèse des données.

Projet de recherche doctorale

Chronologie de l’oppidum de Bibracte (Saône-et-Loire, Nièvre) :

développements méthodologiques, confrontation et synthèse des données

• Direction : Philippe BARRAL (Pr, Chronoenvironnement)

• Co‑encadrement : Philippe LANOS (DR CNRS, IRAMAT, Rennes), Sylvie BARRIER (IASA, Lausanne)

L’oppidum de Bibracte, capitale du peuple éduen à la fin de l’indépendance gauloise et dans les premiers temps de l’époque romaine, est un site phare de la Protohistoire européenne, qui illustre l’émergence des premières formes d’organisation

urbaine, en Europe celtique, aux IIeIer s. av. J.‑C. D’abord exploré à la fin du xIxe et au début du xxe siècle, il fait l’objet

depuis 1984 de recherches menées dans un cadre international, visant à mieux comprendre les modalités et rythmes de développement et de déclin d’un grand oppidum, mentionné à plusieurs reprises dans la Guerre des Gaules de César, et élément central pour la compréhension du processus de romanisation en Celtique occidentale.

Si les recherches menées depuis une trentaine d’années sur le site ont contribué à renouveler de fond en comble nos connaissances sur l’urbanisme de l’oppidum, les observations réalisées tant sur le plan de l’évolution globale du site, sous l’aspect de ses composantes principales (trame d’occupation, réseau viaire, aménagements publics, habitat résidentiel, etc.) que dans différents domaines connexes (architecture, économie, organisation sociale, etc.) restent entachées par un niveau de précision chronologique insuffisamment précis, ce qui est lié en grande partie à l’absence de synthèse chronologique à l’échelle de l’ensemble du site. La segmentation des opérations de terrain et des études spécialisées portant sur les différentes catégories de mobilier mises au jour (céramique, amphores, métal, etc.), conduisent à une dispersion des données, tant du point de vue chrono‑stratigraphique que du point de vue de l’établissement de faciès typo‑ chronologiques de mobilier, ces deux niveaux d’observation n’étant d’ailleurs que très peu corrélés entre eux. Or, l’enjeu de déterminer, pour l’ensemble du site, un cadre de description chronologique affiné et étayé par des bases documentaires solides est absolument déterminant, pour mieux cerner les mutations rapides qui affectent l’oppidum, de sa création dans

les dernières décennies du IIe s. av. J.‑C., à son abandon au profit d’une nouvelle capitale de cité, Augustodunum, autour du

changement d’ère, et les replacer dans le cadre plus global de compréhension des transformations qui accompagnent le passage de la société celtique à la société gallo‑romaine.

Dans ce contexte, l’objectif principal de la thèse consistera à élaborer un nouveau cadre chronologique pour l’oppidum de Bibracte, au moyen d’une synthèse des données chrono‑stratigraphiques et des données associées aux ensembles de mobilier représentatifs des différentes phases d’occupation du site. Cette synthèse nécessitera, d’une part, la mise à plat d’une documentation multiforme, très conséquente, suivant un protocole d’enregistrement unifié, et l’intégration des données dans une base dédiée, d’autre part, l’utilisation des outils de l’analyse statistique multivariée permettant de confronter l’ensemble des données réunies et d’en déduire un nouveau cadre chronologique affiné. Outre de bonnes connaissances de la culture matérielle de la fin de l’âge du Fer et des principes d’enregistrement stratigraphique en milieu urbain, le candidat devra maîtriser les outils et méthodes d’analyse statistique appliqués aux corpus de données archéologiques. Ce travail contribuera également, par une formalisation poussée des données, à la diffusion des corpus documentaires relatifs à Bibracte auprès de la communauté scientifique.

La réalisation d’une synthèse récente sur la chronologie de la fin de l’âge du Fer en Gaule interne (Barral, Fichtl 2012), ainsi que le travail d’élaboration des données de fouille et de mobilier entrepris depuis quelques années dans le cadre du programme de recherche sur Bibracte alimentent un contexte favorable au lancement de ce projet de recherche doctorale. Celui‑ci s’inscrit par ailleurs dans l’un des axes de recherche prioritaires du Laboratoire Chrono‑environnement, qui s’intéresse à la dynamique des sociétés et des systèmes territoriaux sur le temps long (DySSAT). Il est en lien avec un Projet Collectif de Recherche porté par ce laboratoire (Agglomérations antiques des régions de Bourgogne, Champagne-

Ardenne et Franche-Comté) et avec une des actions prioritaires du projet triennal du Centre archéologique européen de

Bibracte (III‑3 et III‑4 : études spécialisées et synthèse chronologique). Du point de vue méthodologique, il bénéficiera des acquis des recherches menées dans le cadre de l’ANR Chrono-model, pilotée par Ph. Lanos. Le doctorant sera encadré par des chercheurs dont les spécialités correspondent aux différents aspects du sujet (Ph. Barral, Ph. Lanos, S. Barrier). Il bénéficiera de l’accueil des plateformes technologiques du laboratoire de Chrono‑Environnement et de la MSHE Cl.‑N. Ledoux et d’un soutien matériel et logistique de Bibracte, outre une intégration dans les réseaux des équipes de chercheurs partenaires de Bibracte, à l’échelle nationale et internationale.

Esquisse de tableau synoptique de l’évolution des quartiers de Bibracte

Nous développons ici une tentative qui a été esquis‑ sée pour le secteur de la Pâture du Couvent à l’occasion de la publication des fouilles de l’Université libre de Bruxelles (Bavay, Guichard, dans : Bonenfant 2014, p. 158‑160) et qui a été formalisée de façon plus som‑ maire, mais plus globale, à l’occasion de la rénovation du musée (ill. 114). Il nous a semblé en effet stimulant

de tenter de confronter l’évolution de l’occupation des principaux secteurs de l’oppidum qui ont été étudiés depuis les années 1980 pour mieux appréhender le développement urbain du site. La synchronisation des séquences des différents chantiers s’appuie en premier lieu sur la confrontation des éléments datants associés aux différentes séquences. Ce sera un des enjeux les plus importants de la recherche doctorale relative à la chronologie du site, évoquée ci‑dessus, de systématiser cette confrontation, que nous proposons seulement

114. Bibracte, Mont Beuvray. Synthèse chronologique. Les étapes du développement de l’occupation du mont Beuvray au ier s. av. J.-C., telles qu’elles sont évoquées au musée de Bibracte depuis 2013.

0 100 m 200 m

L5L4L3L8

L15

0510 m

Vers 100 av. J.-C. : l’érection d’une vaste enceinte fonde l’oppidum

0 100 m 200 m

Vers 60 av. J.-C. : une agglomération active

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[1731][1719]

Vers 25 av. J.-C. : l’oppidum à son apogée

0 100 m 200 m

115. Bibracte, Mont Beuvray. Synthèse chronologique. Séquence chronologique de PC1 (d’après Paunier, Luginbühl 2004, ill. 4.2, p. 40).

ici à titre d’hypothèse de travail. Les lignes qui suivent expliquent succinctement comment a été construit le tableau synoptique (cf. infra, ill. 116).

Le cadre chronologique d’ensemble et la séquence de référence du secteur de la domus PC1

La séquence chrono‑stratigraphique de la fouille de la domus PC1, élaborée dès le début des années 1990, demeure encore aujourd’hui le pilier le plus solide pour aborder la chronologie de Bibracte. Maintenue jusqu’à la publication finale du chantier de l’université de Lausanne (Paunier, Luginbühl 2004), elle repose sur cinq « horizons » de mobilier qui sont fortement corré‑ lés avec la séquence architecturale mise en évidence (ill. 115). La distinction des cinq horizons n’a pas été remise en cause à l’échelle du site. Des ajustages chro‑ nologiques peuvent néanmoins être proposés dès à présent, dans l’attente d’une nouvelle analyse plus glo‑ bale des données chrono‑stratigraphiques du site.

Ainsi, la question du faciès tardif de l’oppidum a été reprise dans un article récent (Barrier 2014). Ce faciès, désormais bien caractérisé par plusieurs ensembles clos (outre les trois étudiés dans cet article – bassin de la Pâture, cave [6940] du Parc aux Chevaux, fosse [505] des Barlots –, on doit aussi y ajouter notamment la fosse [2631] de la Pâture du Couvent – Szabó 2012, p. 263 – et le remblai [2358] de PC15 – Nouvel et al. 2015, p. 160‑ 167). Les marqueurs céramiques qui le caractérisent sont notamment les vases bobines, la TS du service 2 de Haltern, les imitations en céramique grise de plats en TS du service 1 ; l’ensemble révèle un faciès que

l’on placera à l’Augustéen moyen (entre 15 av. J.‑C. et le changement d’ère), avec la possibilité, non étayée par des types d’objets présentant un TPQ indiscutablement postérieur au changement d’ère, d’un prolongement à l’Augustéen final. La comparaison avec le faciès le plus précoce des niveaux urbanisés d’Autun, daté de l’Au‑ gustéen final, qu’il faudrait absolument approfondir (pour une première approche : Barrier 2014, p. 344‑ 346), conforte néanmoins l’affectation à l’Augustéen moyen du faciès tardif de l’oppidum. L’analyse globale du faciès mobilier du site, qu’il s’agisse par exemple de la céramique d’importation (Barrier 2014, p. 344‑348) ou du faciès monétaire (Popovitch, dans : Gruel, Popo‑ vitch 2007, p. 55‑56), confirme aussi l’hypothèse d’une chute d’activité dès le début de l’Augustéen moyen et d’une activité très réduite (et localisée en un nombre limité de lieux du site) à l’Augustéen final et à l’époque tibérienne.

Une seconde raison invite à revenir sur la datation de la fin de l’occupation de la parcelle PC1, que l’équipe de fouille place à l’époque tibérienne (Paunier, Lugin‑ bühl 2004, p. 188). De fait, les couches d’occupation de l’état 5.2, qui correspond à la grande domus, com‑ portent de la sigillée gauloise résolument postérieure au règne d’Auguste. Mais on note que cet état a une durée importante, que traduisent plusieurs réaménage‑ ments qui ne sont sans doute pas tous contemporains : réorganisation des thermes, changement du niveau de circulation des pièces axiales, adjonction en plusieurs étapes de nouveaux espaces construits au sud et au nord‑est. L’état immédiatement antérieur (5.1), qui correspond à l’aménagement de la terrasse artificielle

116. Bibracte, Mont Beuvray. Synthèse chronologique. Tableau synoptique de la chronologie de l’oppidum de Bibracte.

Tableau synoptique de la chronologie de l’oppidum de Bibracte