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1.6 Conséquences sur la santé à long terme

1.6.2.2 Syndrome métabolique

Les femmes avec un antécédent de DbG sont également plus à risque de développer un SM plus tard dans leur vie. Celui-ci se compose de facteurs de risque, tels que le tour de taille et l’hypertriglycéridémie, liés au développement de différentes problématiques de santé (Tableau 1) (1). En effet, le SM est associé au développement du DbT2 et des MCV au sein de la population générale (82-84). Le diagnostic du SM est fait lorsqu’un individu possède trois des cinq critères présentés dans le tableau 1 (1). Ainsi, plusieurs études se sont intéressées au risque de développer un SM chez les femmes ayant eu un DbG étant donné que différents facteurs de risque sont communs entre ces deux complications. Une méta-analyse en 2014 de 17 études a constaté que les femmes avec un antécédent de DbG étaient près de quatre fois plus à risque de développer un SM que les femmes ayant eu une grossesse sans complication (OR=3,96; IC 2,99-5,26) (16). Cet article a également observé que les femmes d’origine caucasienne étaient plus à risque de développer cette problématique que celles d’origine asiatique (Caucasiennes OR=4,54; IC 3,78-5,46 et

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Asiatiques OR=1,28; IC 0,64-2,56) (16). Cette étude a rapporté que les femmes avec un antécédent de DbG ayant un IMC élevé étaient également plus à risque de SM (OR=5,39; IC 4,47-6,50) (16). Bref, la littérature démontre bien que les femmes avec un antécédent de DbG sont plus à risque de développer un SM et que différents facteurs influencent ce risque.

Critères du syndrome métabolique

Le diagnostic nécessite la présence d’au moins 3 critères.

Seuils pour les femmes Obésité abdominale (seuils selon pays)

Canada, États-Unis ≥ 88 cm

Hypertriglycéridémie1 ≥ 1,7 mmol/L

Faibles taux de cholestérol HDL1 < 1,3 mmol/L

Hypertension1

Tension systolique ≥ 130 mm Hg ou Tension diastolique

≥ 85 mm Hg

Glycémie à jeun élevée1 ≥ 5,6 mmol/L

1Un traitement spécifique à ce trouble peut également servir d’indicateur (ex. médication).

Tableau 1. Critères diagnostiques du syndrome métabolique Adapté des Lignes

directrices de l’ACD de 2013 (1) 1.6.2.3 Diabète de type 2

Les femmes avec un antécédent de DbG sont plus à risque de développer un DbT2 plus tard dans leur vie. En effet, une méta-analyse de 2009 incluant 20 études de cohorte a rapporté que ces femmes étaient sept fois plus à risque de développer un DbT2 comparativement aux femmes ayant eu une grossesse sans cette complication (RR=7,43; IC 4,79-11,51) (17). Une des études de cette méta-analyse a été réalisée au Canada auprès de 21 823 femmes avec un antécédent de DbG (18). Les auteurs ont constaté que les femmes ayant eu un DbG étaient 37 fois plus à risque de développer un DbT2 comparativement aux femmes sans antécédent (HR=37,28; IC 34,00-40,88) (18). Cette étude a également rapporté que près de 4% des femmes ayant eu cette complication avait

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développé un diabète après seulement neuf mois post-partum et près de 19% d’entre elles après neuf ans post-partum comparativement à près de 2% chez les femmes sans antécédent de DbG (18). Une autre étude récente s’étant déroulée également au Canada a rapporté, après un suivi moyen de 5,5 ans, que 23,5% des 23 363 femmes avec un DbG avaient développé un diabète (85). Ainsi, il est possible de constater que la prévalence du développement du DbT2 varie selon la période post-partum visée par les études et semble augmenter avec le temps (17,86). À cet effet, une revue systématique de 2002 incluant 28 études a rapporté que la prévalence du diabète chez les femmes avec un antécédent de DbG variait entre 2,6 et 70% lors d’un suivi de six semaines à 28 ans post-partum (86). Cet article a observé une augmentation abrupte du risque de développer un diabète post- partum lors des cinq premières années et la formation d’un plateau après 10 ans (86). Cette grande variation de prévalence entre les différentes populations s’explique aussi par l’utilisation de différents critères diagnostiques du DbG et du DbT2, le taux de rétention au sein des études et les différentes caractéristiques des individus au sein des populations (50).

Évidemment, il existe différents facteurs de risque du développement d’un diabète post- partum chez les femmes avec un antécédent de DbG. Une récente méta-analyse de 39 études a constaté qu’avoir un IMC élevé (RR=1,95; IC 1,60-2,31), avoir une histoire familiale de diabète (RR=1,70; IC 1,47-1,97), être d’une ethnicité autre que caucasienne (RR=1,49; IC 1,14-1,94), avoir un âge avancé (RR=1,20; IC 1,09-1,34), avoir des glycémies élevées suite au test d’HGPO (RR=3,57; IC 2,98-4,04), avoir une hémoglobine glyquée (HbA1c) élevée (RR=2,56; IC 2,00-3,17) et utiliser de l’insuline lors de la grossesse (RR=3,66; IC 2,78-4,82) étaient tous des facteurs de risque de développer un DbT2 suite à un DbG (19). Trois revues de la littérature ont d’ailleurs rapporté les mêmes principaux facteurs de risque au sein de cette population (86-88). Quant au poids, Bao et

al. (89) ont d’ailleurs constaté une augmentation de l’incidence du diabète post-partum

avec l’augmentation de l’IMC de la mère, comme illustré à la figure 4. Une récente étude s’étant déroulée en Alberta, au Canada, chez plus de 240 000 femmes a également démontré que le poids pré-grossesse de la mère augmentait le risque de développer un DbT2 plus tard (15). En effet, lors d’un suivi moyen de 5,3 ans, les femmes avec un antécédent de DbG et en surplus de poids étaient deux fois plus à risque de DbT2

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comparativement aux femmes avec un antécédent de DbG sans surplus de poids (HR=40,1; IC 34,4-46,6 et HR=20,3; IC 18,1-22,6, respectivement) (15). Une étude chez 1 263 femmes d’origine asiatique avec un antécédent de DbG a d’ailleurs évalué l’association entre le changement de poids pré-grossesse et celui post-partum et le risque de DbT2 en moyenne 2,3 ans suite à l’accouchement (90). Les auteurs ont constaté que les femmes ayant eu un gain de poids de sept kilogrammes ou plus (≥7 kg) pendant cette période avaient une augmentation du risque de 86% de DbT2 (HR=1,86; IC 1,02-1,71) comparativement à celles ayant maintenu un poids stable (±3 kg) (90). En résumé, les femmes avec un antécédent de DbG sont plus à risque de développer un DbT2 au cours de leur vie et différents facteurs de risque ont été associés au développement de cette complication, dont le surplus de poids ou l’obésité de la mère.

IMC ˂25,0 kg/m2 (ligne rouge); IMC 25,0-29,9 kg/m2 (ligne verte); IMC 30,0-34,9 kg/m2 (ligne bleue); IMC 35,0-39,9 kg/m2 (ligne cyan); IMC ≥40,0 kg/m2 (ligne mauve)

Figure 4. Incidence de DbT2 chez les femmes avec un antécédent de DbG selon

différentes catégories d’IMC Tiré et adapté de Bao et al. (89)

Traduit avec la permission de Springer Nature License : Springer Nature, Diabetologia, Long-term risk of type 2 diabetes mellitus in relation to BMI and weight change among women with a history of gestational diabetes mellitus: a prospective cohort study, Bao W et al., Copyright (2015)

Durée depuis que le DbG a été rapporté (mois)

In ci d en ce c u m u la ti v e d u D b T2

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