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5.5.1. Surveiller l’utilisation et la consommation d’antimicrobiens

Contexte : La documentation et la rédaction de rapports sur l’usage et la consommation d’antimicrobiens ont de multiples utilisations : faire le lien entre l’exposition aux antimicrobiens et l’apparition d’une RAM, identifier et alerter précocement en cas de problèmes relatifs au marché des médicaments, accéder à des traitements efficaces dans le cadre de la CSU, identifier l’exposition aux antimicrobiens et leur utilisation et élaborer des interventions pour résoudre les problèmes soulevés, suivre les pénuries et ruptures de stock d’antimicrobiens, suivre les résultats des interventions visant à faire évoluer les comportements, évaluer la qualité des prescriptions par rapport aux directives sur les meilleures pratiques et sensibiliser les professionnels de santé, les consommateurs et les décideurs au sujet de la RAM et de la contribution de l’usage inapproprié des antimicrobiens chez l’homme (41). La production de données probantes de bonne qualité et la sensibilisation à l’ampleur du problème prennent du temps. Les méthodologies pour le suivi de l’utilisation de la consommation d’antimicrobiens peuvent varier en fonction des objectifs du suivi et de la maturité des systèmes de surveillance. Les recueils de données sur la consommation et l’utilisation répondent chacun à des objectifs spécifiques et sont plutôt complémentaires que redondants.

Les données d’utilisation des antimicrobiens font référence à des estimations tirées de données collectées au niveau des patients, elles sont principalement recueillies par des études et audits, mais également grâce aux processus de remboursement. Ces données peuvent être ventilées en fonction des caractéristiques des patients (sexe, âge) ou de l’indication pour laquelle le médicament est utilisé. En fonction de la source des informations, il peut être possible de déterminer les symptômes des patients, les diagnostics des médecins et les médicaments prescrits. Ce type de données, au niveau des patients, facilitent l’évaluation des traitements des patients, le respect par la pratique clinique des protocoles et recommandations thérapeutiques approuvés, aident à identifier les populations à risque, nourrissent les stratégies de prise de décision et de bon usage pour atteindre un usage plus optimal des antimicrobiens et évaluent l’effet des interventions ciblées.

Les données de consommation des antimicrobiens font référence à des estimations tirées de sources de données agrégées comme les données d’importation, de production ou celles des grossistes ou de données agrégées de l’assurance-maladie dans un contexte spécifique (pays, district, établissement de santé). Par essence, ces données de consommation sont une approximation de l’utilisation réelle au niveau des patients. Les données de consommation ne fournissent aucune information sur les patients qui reçoivent le médicament ni sur les raisons sous-jacentes à leur utilisation. Les données de consommation des antimicrobiens fournissent plutôt des informations sur les types et quantités d’antimicrobiens consommés et sont souvent utilisées pour éclairer la surveillance systématique et les programmes de bon usage des antimicrobiens.

Pour accroître la sensibilisation à l’utilisation optimale des antimicrobiens et son importance, il faut tout d’abord, de manière régulière, mesurer les informations de consommation et les transmettre aux prescripteurs et décideurs.

Avec le temps, ces données agrégées sur le volume et les habitudes de consommation d’antimicrobiens fournissent une image plus complète des tendances d’utilisation des antimicrobiens. Les données agrégées de consommation peuvent également aider à identifier les domaines à étudier plus en profondeur et donc à trouver les moyens d’accroître l’accès aux antimicrobiens là où c’est nécessaire, notamment les décisions politiques concernant les investissements dans la surveillance, l’autorisation, la sélection et l’approvisionnement des antimicrobiens, le remboursement, les recommandations de prescription et les livrets thérapeutiques. Les données de consommation peuvent également être utilisées pour suivre la portée de telles décisions et les résultats des interventions.

Ces activités de surveillance de l’utilisation et la consommation des antimicrobiens doivent être adaptées aux objectifs et au public cible qui utilisera ces données pour agir.

Actions et éléments à considérer :

Mettre en place ou améliorer les programmes nationaux de surveillance de l’utilisation et de la consommation des antimicrobiens, en définissant leurs structures, leur gouvernance et leurs objectifs de travail (par exemple recueil, validation, analyse et communication des données et transmission des données à toutes les parties prenantes).

Aux niveaux national et infranational et au niveau des établissements, élaborer une méthodologie de surveillance de l’utilisation et de la consommation des antimicrobiens s’appuyant sur les méthodologies normalisées internationales, notamment le Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS) de l’OMS (42, 43) et le système ATC/DDD (classification anatomique, thérapeutique et chimique/

Élaborer ou adapter des outils pour soutenir un système national, harmonisé et normalisé, permettant une utilisation documentée et déclarée des antimicrobiens à usage systémique, conformément aux recommandations approuvées au niveau international, la constitution de jeux de données et de sources de données dans le cadre des soins primaires et secondaires et utiliser les informations obtenues pour nourrir les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens.

Introduire et utiliser l’outil de suivi de la consommation des antimicrobiens (Outil CAM) (45) (un programme en libre d’accès pour calculer la consommation d’antimicrobiens) pour calculer la consommation d’antimicrobiens à partir de paquets de données pour les transformer en doses journalières définies (DDD).

Réaliser des enquêtes sur l’utilisation des antibiotiques dans les établissements de santé (établissements de soins de santé primaires et hôpitaux) en s’appuyant sur des directives reconnues au niveau international, notamment la méthodologie de l’OMS pour les études sur la prévalence ponctuelle (46), et accroître l’utilité des données pour éclairer les décisions programmatiques dans les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens, aux niveaux local et national.

Promouvoir et faciliter la diffusion des données afin d’optimiser l’utilisation des médicaments antimicrobiens et mettre en place un système d’accompagnement, de supervision, d’audit et de retour d’information, systématiques, des pratiques de prescription et dispensation s’appuyant sur les données d’utilisation des antimicrobiens.

Inclure une identification périodique du pourcentage d’établissements de santé qui dispose constamment d’un ensemble d’antibiotiques appropriés à un coût abordable.

5.5.2. Surveiller la RAM

Contexte : La surveillance de la résistance aux médicaments est essentielle pour guider la planification et la mise en œuvre des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens. Les autorités nationales peuvent répondre à cette exigence en renforçant la capacité des laboratoires, en normalisant la méthodologie les modes opératoires, en mettant en place une assurance qualité interne et externe et en participant au système GLASS (48, 49) et à d’autres systèmes de surveillance reconnus. Il convient de recueillir des données représentatives et de qualité sur l’étiologie des infections et le profil de pharmacorésistance, de manière systématique ou périodique, et de les utiliser pour guider la mise en œuvre et l’avancement des activités de bon usage des antimicrobiens. Les efforts de renforcement des laboratoires doivent garantir la présence d’infrastructures appropriées pour la réalisation d’analyses microbiologiques de qualité, notamment pour isoler, identifier les pathogènes et tester leur sensibilité.

Actions et éléments à considérer :

Réaliser et faciliter une surveillance nationale de la consommation et de l’utilisation des antimicrobiens et de la RAM afin de guider la planification, la mise en œuvre et le suivi de l’avancement des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens et d’avoir de meilleurs résultats thérapeutiques chez les patients. L’organisme national responsable de la surveillance de la RAM doit élaborer des stratégies pour obtenir des données représentatives de qualité afin d’optimiser le traitement empirique et d’inspirer les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens.

Renforcer les capacités, processus et méthodologies des laboratoires afin d’optimiser le diagnostic des maladies infectieuses et d’améliorer l’identification des pathogènes et les tests de sensibilité aux antimicrobiens.

Faciliter le lien entre les données de surveillance de la RAM, de l’utilisation et de la consommation d’antimicrobiens avec les données de surveillance similaires dans le domaine animal afin de guider les décisions stratégiques à prendre pour contenir la RAM.

5.5.3. Suivre et évaluer les activités de bon usage des antimicrobiens

Contexte : L’évaluation et le suivi réguliers aident à déterminer la qualité, l’efficacité, la couverture et la prestation des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens et à apporter les ajustements nécessaires selon un cycle d’amélioration continue de la qualité. Cela encourage une culture de l’apprentissage entre les programmes et garantit une amélioration continue de la qualité des activités de bon usage des antimicrobiens, individuellement et de manière globale. Il est essentiel de mettre en œuvre des indicateurs normalisés, reconnus au niveau international, dans les activités de bon usage des antimicrobiens (10) et de mettre en place des formats normalisés pour les rapports et les enregistrements, au niveau

Pour définir les indicateurs et cibles essentiels, il est possible d’utiliser les indicateurs suivants, reconnus au niveau international, pour les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens en santé humaine, en fonction du contexte national (47) :

consommation humaine totale d’antibiotiques à usage systémique (ATC J01) en doses journalières définies (DDD) pour 1000 personnes (ou habitants) par jour ;

pourcentage d’antibiotiques à usage systémique dont l’accessibilité est essentielle (Access), par rapport à la consommation totale d’antibiotiques en DDD ;

pourcentages relatifs d’antibiotiques de la classification AWaRe (Access, Watch, Reserve, qui distingue les antibiotiques dont l’accessibilité est essentielle, les antibiotiques à utiliser sélectivement et les antibiotiques de réserve) dans les formules pédiatriques ;

pourcentage de patients hospitalisés (adultes et pédiatriques) qui reçoivent des antibiotiques des différentes catégories de la classification AWaRe ;

pourcentage d’établissements de santé qui disposent constamment d’un ensemble d’antibiotiques essentiels appropriés à un coût abordable ;

pourcentage des interventions chirurgicales avec hospitalisation réalisées en temps voulu et durée de la prophylaxie antibiotique chirurgicale ; et

existence d’une législation ou réglementation qui exige que les médicaments antimicrobiens soient uniquement dispensés sur prescription d’un agent de santé agréé.

Les autorités nationales doivent mettre les ressources à disposition et évaluer la capacité à mettre en œuvre ces indicateurs, mais également à introduire d’autres indicateurs optionnels, pour suivre les résultats ou les processus, en fonction de l’évolution de l’infrastructure sanitaire et du contexte national, afin de faciliter la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens. Ce processus peut être facilité en utilisant les outils d’évaluation du bon usage des antimicrobiens de l’OMS, aux niveaux national, infranational et au niveau des établissements de santé (Annexe).

Actions et éléments à considérer :

Établir un cadre national de suivi et d’évaluation, comportant les indicateurs essentiels reconnus au niveau international pour les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens en santé humaine (24). D’autres indicateurs optionnels de suivi des processus et des résultats peuvent être inclus en fonction du contexte national.

Le cadre national de suivi et d’évaluation doit également créer des mécanismes pour :

a. utiliser les données de pharmacorésistance et de consommation et utilisation des antimicrobiens, aux niveaux national, infranational, et au niveau des établissements de santé, pour améliorer continuellement les activités intégrées de bon usage des antimicrobiens ;

b. s’assurer que des modalités de responsabilisation sont mises en place aux niveaux national, infranational et au niveau des établissements, que la supervision bienveillante est favorisée et que les autorités locales et les bonnes pratiques sont reconnues ;

c. entreprendre une évaluation initiale des activités de bon usage des antimicrobiens aux niveaux national, infranational, et au niveau des établissements ;

d. intégrer aux activités d’évaluation et de suivi du bon usage des antimicrobiens les indicateurs de la lutte anti-infectieuse et des services de l’eau, l’assainissement et l’hygiène ;

e. identifier les catalyseurs et les risques du processus de mise en œuvre et proposer les actions appropriées, notamment par l’application de principes scientifiques, d’évolution des comportements et d’amélioration continue de la qualité.

Élaborer des mesures de la qualité des soins, aux niveaux national et infranational, en utilisant des données intégrées de surveillance pour mettre en lumière l’évolution de la prise en charge des patients et des résultats sur leur santé à la suite de la mise en œuvre des activités de bon usage, notamment l’utilisation d’antibiogrammes et de plan de bon usage des antimicrobiens adaptés au contexte local.

Envisager de mener une surveillance post-commercialisation périodique des agents antimicrobiens dans le

6. Considération pour la mise en œuvre

Contexte : Différents facteurs influent sur la mise en œuvre des politiques de santé publique et il est nécessaire d’entreprendre quelques étapes supplémentaires pour faciliter la mise en œuvre de la politique. Il est préférable de mettre en œuvre les activités de bon usage des antimicrobiens de manière intégrée afin d’optimiser la prescription des antimicrobiens et d’assurer la sécurité des patients et de la population. Il est important que l’unité de coordination centrale soit à l’origine des initiatives, en impliquant toutes les parties prenantes appropriées dans l’élaboration de la politique nationale et dans les processus de planification stratégique afin d’identifier les objectifs prioritaires, les contributions et les ressources nécessaires et, enfin, de mettre en œuvre la politique.

L’évaluation et le suivi sont importants pour apprécier l’avancement et l’efficacité de l’utilisation des ressources. Le cadre national d’évaluation et de suivi doit être élaboré pour aider à mettre en œuvre de manière normalisée l’évaluation et le suivi et pour fournir une filière claire pour compiler les rapports d’avancement et documenter le succès et les difficultés rencontrées avec chacune des actions proposées. Il est nécessaire de recueillir en permanence les bonnes pratiques et de les utiliser pour étendre les possibilités d’apprentissage.

Les étapes suivantes sont essentielles pour soutenir la mise en œuvre et l’expansion des activités intégrées de bon usage des antimicrobiens qui doivent être envisagées et adaptées au contexte national, infranational et local du pays.

6.1.

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