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La supplémentation en composés antioxydants contre le stress oxydatif et la réponse inflammatoire

Plusieurs études se sont penchées sur les bienfaits des composés antioxydants, comme les vitamines A, C et E et les polyphénols, contre le stress oxydatif. Il semblerait, selon l’étude de Lee et Wan (2000), que, chez l’homme, la supplémentation en vitamine E permettrait de diminuer la concentration de 8-OhdG urinaire et la concentration de MDA plasmatique. Cette supplémentation en vitamine E (233 mg de dl-α-tocophérol) a aussi permis de diminuer la production d’H2O2 par les lymphocytes de 44 % et d’augmenter, en réponse à

un agent mitogène, la prolifération des lymphocytes autant en présence qu’en absence de LPS. Cependant, ces effets n’ont pu être observés dans l’étude de Choi et al. (2004), dans laquelle il a été montré que les effets des vitamines C et E sont désynchronisés. Effectivement, dans cette étude, la concentration d’acide ascorbique plasmatique a augmenté rapidement suite à l’ingestion de la vitamine C, tandis que l’α-tocophérol plasmatique a augmenté dans le plasma 24 heures suivant l’ingestion de la vitamine E. Aucun effet synergétique n’a été observé avec la combinaison des vitamines C et E, et la supplémentation avec les vitamines C et E, seules ou combinées, n’a eu aucun effet sur les niveaux de MDA plasmatiques ni sur les dommages à l’ADN lymphocytaire. Il semblerait que les bienfaits d’une telle supplémentation soient seulement observables chez les individus dont le statut antioxydant est faible (Choi et al., 2004). Par contre, dans l’étude de Fernández-Dueñas et al. (2008), la supplémentation vitaminique n’a eu aucun effet bénéfique, au moment du sevrage, chez les porcelets élevés en milieu commercial de façon intensive avec un statut sanitaire précaire (présence de mycoplasme, streptocoque et syndrome reproducteur et respiratoire porcin : « SRRP »). En effet, selon cette étude, aucune différence significative n’a été notée pour l’activité de la GPX et pour la

peroxydation lipidique, évaluée à l’aide de la mesure des TBARS, suite à l’ingestion de vitamine C et/ou de β-carotène. La supplémentation en sélénium des truies durant la gestation et la lactation pourrait expliquer la stabilité de l’activité de la GPX chez les porcelets au sevrage. De fait, le transfert du sélénium par le colostrum de la mère aux porcelets a pu être suffisant pour masquer l’effet de la vitamine C et de la β-carotène. L’absence de différences dans les niveaux de TBARS, pendant la période expérimentale, peut être expliquée par les niveaux adéquats de vitamine E dans la ration diminuant la présence de ROS dans les tissus (Fernández-Dueñas et al., 2008).

D’autres études ont aussi tenté d’évaluer les effets des polyphénols sur les systèmes oxydatif et antioxydant. Chez le rat, la supplémentation avec des acides phénoliques, tels que l’acide férulique (FA), l’acide gentistique (GEA), l’acide gallique (GA) et l’acide ρ- coumarique (ρ-CA), a résulté en une augmentation de l’activité de la SOD et de la GPX dans le foie et une augmentation de l’activité de la CAT dans le foie et le petit intestin (Yeh et Yen, 2006). Dans l’étude de Yeh et Yen (2006), les rats traités avec la GA et la ρ-CA présentaient un plus grand ratio GSH : GSSG hépatique comparé au groupe témoin. En fait, les acides phénoliques permettraient d’abaisser les concentrations de GSSG hépatique. Aussi, dans le foie, l’expression génétique de la CuZnSOD (SOD1) a été augmentée par la CA, la ρ-CA, la FA et la GEA et celle de la GPX et de la CAT était plus élevée chez les rats traités avec la GA, la ρ-CA et la FA comparé à ceux du groupe témoin. Pour ce qui est du NFE2L2, son niveau d’expression a aussi été influencé par les acides phénoliques et coïncidait avec les niveaux d’expression des enzymes antioxydantes suggérant qu’une accumulation de NFE2L2, suite à un traitement d’acides phénoliques, contribuerait à induire l’expression des gènes codant pour les enzymes antioxydantes (Yeh et Yen, 2006). Les polyphénols semblent aussi avoir un effet bénéfique sur le statut inflammatoire. Par exemple, dans l’étude de Deng et al. (2010), deux semaines après avoir reçu une injection de diquat (agent stressant), les porcelets supplémentés avec des polyphénols de thé ne présentaient pas d’augmentation d’IL-1 comparativement aux porcelets ayant reçu une ration standard (groupe témoin). En fait, aucune différence significative n’a été observée chez les porcelets supplémentés avec des polyphénols de thé entre le groupe de porcelets stressés (injection de diquat) et le groupe non stressés (injection d’une solution saline). Aussi, malgré l’augmentation de l’interféron gamma (IFN-γ), 7 jours suite à l’injection de diquat, les concentrations de cette cytokine tendaient à être moins élevées chez les porcelets

ayant reçu une supplémentation en polyphénols de thé comparé à ceux du groupe témoin (Deng et al., 2010). Les polyphénols joueraient donc un rôle important sur l’état oxydatif, en permettant l’augmentation de l’activité des enzymes antioxydantes, et sur la réponse inflammatoire, en influençant les concentrations de certaines cytokines pro-inflammatoires. L’étude de Lallès et al. (2011) a, quant à elle, montré que la supplémentation avec un concentré de melon riche en SOD affecte les niveaux de HSP et donc, l’état de stress oxydatif, de façon locale. Effectivement, dans cette étude, la supplémentation des porcelets sevrés avec un concentré de melon riche en SOD, à raison de 12,5 et 50 UI/kg d’aliments, a permis de diminuer les niveaux d’expression de HSP-27, HSP-70 et HSP-90 le long du tractus gastro-intestinal. Aussi, toujours dans le tractus gastro-intestinal, cette supplémentation a permis de diminuer l’expression de la nNOS. Une corrélation positive a été observée entre HPS-27 et HPS-90, entre HPS-27 et la nNOS et entre HPS-90 et la nNOS dans l’estomac et entre HPS-70 et la nNOS dans le côlon. Le traitement ayant la plus forte dose de SOD, soit 50 UI, a donné les meilleurs résultats (Lallès et al., 2011).

Dans l’étude de Zhu et al. (2012), un mélange de différents antioxydants, incluant 200 mg de vitamine C, 100 mg de vitamine E, 450 mg de polyphénols de thé, 1 g d’acide lipoïque et 5 g d’antioxydants microbiens fermentés, a été testé chez des porcelets au sevrage. En comparaison avec les porcelets sevrés ayant seulement accès à une ration de base (groupe sevrage), les porcelets ayant reçu un mélange d’antioxydants (groupe antioxydant) ont présenté une concentration moindre en NO• et une augmentation du contenu en O

2, 14 jours

post-sevrage. Aussi, le mélange d’antioxydants a permis de diminuer la concentration en H2O2, 7 jours après le sevrage, comparé au groupe sevrage. Cependant, une augmentation

de NO•, dans les groupes sevrage et antioxydant a été observée le jour du sevrage comparé

au groupe témoin, soit les porcelets demeurés sous leur mère. La supplémentation en antioxydants a permis de diminuer la quantité de MDA à un niveau qui n’était pas statistiquement différent de celui du groupe témoin. Cependant, en comparaison au groupe témoin, l’activité de la SOD dans le groupe antioxydant était moins élevée 7 jours post- sevrage. Pour ce qui est de la GPX, aucune différence significative n’a été observée entre les trois groupes de porcelets malgré que l’expression de la GPX était 3,4 fois plus élevée dans le groupe antioxydant comparé au groupe sevrage. Pour le groupe antioxydant, les expressions de la PPARGC1α et du pepsinogène étaient respectivement 4,97 et 1,9 fois

supérieure à celles du groupe témoin. L’abondance de la SOD1 dans le groupe antioxydant avait aussi tendance à être plus élevée après le sevrage (Zhu et al., 2012). Des résultats similaires ont été obtenus dans l’étude de Xu et al. (2014), soit une augmentation de la capacité antioxydante totale et de l’activité de la GPX et de la SOD et une diminution des concentrations de MDA et d’H2O2 dans les tissus du jéjunum et du colon des porcelets

supplémentés avec un mélange d’antioxydants comparé au groupe sevrage. Aussi, la concentration de l’« Inhibition capacity of Hydroxyl Radical » (IHR), qui est inversement proportionnelle à la concentration d’HO•, était plus élevée dans le groupe antioxydant que

dans le groupe sevrage. Ces résultats sont cohérents avec ceux précédemment présentés et confirment l’influence positive des composés antioxydants sur le stress oxydatif et la réponse inflammatoire.