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INFLAMMATOIRE CHEZ LES PORCELETS

2.5.1 Effets du sevrage sur l'état oxydatif des porcelets

Les résultats de la présente étude indiquent que le sevrage influence les niveaux d'expression de PPARGC1α, PigMAP, SOD1, PRDX3 et GPX1 dans le foie puisque, de façon générale, une augmentation de l'expression est observée pour le TR1 (témoin) le jour du sevrage et/ou deux jours post-sevrage. Excepté pour la GPX2, aucune différence significative n’a été observée pour les gènes étudiés dans le PI2 durant les deux premiers jours post-sevrage pour le TR1. Considérant que PPARGC1α est activé en présence de stress oxydatif, comme l’a montré l’étude de St-Pierre et al. (2006), dans laquelle l’expression de PPARGC1α a augmenté dans les cellules 10T1/2 suite à leur exposition à du peroxyde d’hydrogène (H2O2), il est permis de croire que l’augmentation d’expression

de PPARGC1α pour le TR1, observée dans la présente étude au J0 et J2, est causée par une augmentation de ROS. De nombreuses études ont rapporté une augmentation des ROS et des dommages oxydatifs suite au sevrage (Zhu et al., 2012; Luo et al., 2016; Tao et al., 2016). En fait, il semblerait que la restriction alimentaire, observée immédiatement après le sevrage, entraîne une augmentation du stress oxydatif au niveau du foie. En effet, selon l’étude de Sorensen et al. (2006), les rats ayant jeûné pendant 72 heures présentaient une augmentation de la production de ROS durant le processus de phosphorylation oxydative et une augmentation des dommages aux composantes mitochondriales (acides gras et protéines) comparés aux rats alimentés à volonté (Sorensen et al., 2006). Ceci pourrait expliquer, en partie, l’augmentation de l’expression de PPARGC1α pour le TR1, deux jours suivant le sevrage par rapport au J0.

Aussi, il a été montré que PPARGC1α permet l’activation de certaines protéines impliquées dans les défenses anti-radicalaires. Notamment, l’étude de St-Pierre et al. (2006) rapporte que les cellules 10T1/2 infectées par un adénovirus exprimant un ARNi contre PPARGC1α ont présenté une baisse de l’expression de cette dernière ainsi que des enzymes antioxydantes SOD1 et 2, et GPX1 d’au moins 75 % suite à l’exposition avec du H2O2. Les

résultats de la présente étude sont cohérents avec ce dernier énoncé puisque c’est sensiblement le même patron d’expression qui est observé entre la PPARGC1α, la SOD1 et la GPX1 dans le foie. La PRDX3 a, par contre, un patron d’expression différent, mais qui coïncide avec celui du NFE2L2, bien que ce dernier ne présente aucune différence significative entre ses valeurs d’expression.

Pour le PI2, l’anorexie transitoire, observée immédiatement après le sevrage, combinée au stress lors du sevrage, entraînerait une perte d’intégrité de la membrane intestinale et donc une augmentation de sa perméabilité aux toxines, aux antigènes et aux bactéries (McCracken et al., 1995; Núñez et al., 1996; Spreeuwenberg et al., 2001; Montagne et al., 2007). Une réaction inflammatoire aurait alors lieu. En effet, Pié et al. (2004) affirment qu’une augmentation de l’expression des cytokines pro-inflammatoires IL-1β, IL-6, IL-8 et « Tumor Necrosis Factor-alpha » (TNF-α) survient durant les deux premiers jours post- sevrage. Sachant que l’IL-6 est la principale responsable de la sécrétion de la plupart des protéines de la phase aigüe (Gruys et al., 2005), il est permis de croire que cette dernière, relâchée en raison d’une réaction inflammatoire dans le PI2, serait impliquée dans l’augmentation de l’expression de PigMAP observée suite au sevrage pour le TR1. En fait, Sauerwein et al. (2005) ont aussi rapporté une augmentation des protéines de la phase aigüe suite au sevrage, soit une augmentation d’haptoglobine (Hp) dans le sérum durant la première semaine suivant le sevrage des porcelets. Il en est de même pour Kim et al. (2011) qui ont montré qu’une augmentation des concentrations d’Hp et de SAA survient dans le sérum des veaux aux jours 3 et 5 post-sevrage en comparaison à deux jours avant le sevrage. Bien que la SAA soit une des protéines induites par IL-6 les plus sensibles et dont la réaction est très rapide (Sorensen et al., 2006), les résultats de la présente étude ne concordent pas avec ceux de la littérature ni avec le patron d’expression de la PigMAP. L’étude de Heegaard et al. (2000) a aussi rapporté des résultats qui vont à l’encontre de plusieurs autres études en ce qui concerne la SAA. En fait, dans cette étude, un des veaux présentant un haut score de lésions pulmonaires ainsi que de la fièvre, avait une faible concentration de SAA et d’Hp dans le sérum contrairement à un autre veau avec le même score de lésions, mais aucune fièvre. Il a aussi été rapporté que les concentrations de SAA ne varient pas beaucoup lors d’une réaction de la phase aigüe, soit de 2 à 5 fois, comparativement à l’Hp qui peut varier de 50 à 100 fois (Heegaard et al., 2010). À la lumière de ces affirmations, il semblerait que la PigMAP et l’Hp soient les deux meilleurs

indicateurs d’infection chez le porc (Sorensen et al., 2006), contrairement à la SAA, ce qui peut expliquer l’incohérence entre les patrons d’expression de la PigMAP et de la SAA dans la présente étude.

Finalement, le stress vécu par les porcelets lors du sevrage induirait une réaction inflammatoire dans le foie, tout comme dans le PI2. En fait, le système immunitaire et le système endocrinien utilisent les mêmes messagers, soit les cytokines et les hormones. Les glucocorticoïdes seraient, entre autres, responsables de l'augmentation de l'inflammation lors d'un stress psychologique (Zhang et al., 2019). Aussi, l’agrégation excessive de gras lors de la synthèse de triglycérides intracellulaires ainsi que son mauvais transport, dû à l’augmentation de la résistance à l’insuline, entraîneraient une augmentation des ROS dans le foie et donc une augmentation du stress oxydatif (Zhang et al., 2019). Il est permis de croire qu’une telle augmentation des ROS dans le foie pourrait engendrer un dysfonctionnement mitochondrial, augmentant davantage la production de ROS, ce qui pourrait expliquer l’augmentation de l’expression de la GPX1 le jour du sevrage pour le TR1. Le stress vécu par les porcelets pourrait aussi expliquer, partiellement, l’augmentation de l’expression de la SOD1 dans le foie observée le jour du sevrage pour le TR1, puisque dans l’étude de Cheng et al. (2017), les rats stressés présentaient des concentrations de SOD, de malondialdéhydes (MDA) et d’IL-6 hépatiques plus élevées que les rats du groupe témoin.