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1.2 Le sevrage et le stress oxydatif

1.2.2 Effet du sevrage sur l’état oxydatif du porcelet

Comme il a été possible de voir, le sevrage est l’un des événements les plus stressants dans la vie du porcelet. Il est associé à des changements physiologiques, métaboliques, endocriniens et comportementaux. Grâce aux différentes méthodes décrites précédemment, il est possible d’évaluer le niveau de stress et de mesurer les dommages oxydatifs engendrés par le sevrage. Il semblerait donc que le sevrage soit associé à une augmentation des dommages oxydatifs et à une diminution de la résistance au stress oxydatif. En effet, selon l’étude de de Tao et al. (2016), le niveau de MDA est plus élevé et les activités de la SOD et de la CAT sont plus faibles dans le sérum des porcelets sevrés, et ce, 4 jours post- sevrage comparé aux porcelets demeurés sous la mère. Des résultats similaires ont été obtenus dans l’étude de Zhu et al. (2012), soit une augmentation de la quantité de MDA dans le sérum, 14 jours post-sevrage, et une diminution de l’activité de la SOD, 7 jours post-sevrage, chez les porcelets sevrés comparativement aux porcelets demeurés sous leur mère (groupe témoin). Aussi, dans les tissus du jéjunum, l’expression génétique de la CAT, de la GPX et du « Peroxisome Proliferator-Activated Receptor Gamma Coactivator 1- alpha » (PPARGC1α) est respectivement 3,3, 2,4 et 3,23 fois moindre dans le groupe sevrage comparé au groupe témoin (Zhu et al., 2012). Cette étude a été une des premières à rapporter les mesures de quantités de radicaux libres dans le sérum des porcelets après le sevrage. Ainsi, comparés avec les porcelets du groupe témoin, les porcelets sevrés présentent une augmentation de la concentration de NO• et une diminution d’O

2, 14 jours

post-sevrage, et une augmentation d’H2O2, 7 jours post-sevrage. Dans l’étude de Buchet et

al. (2017), une augmentation des ROOH plasmatiques et une diminution du potentiel antioxydant ont aussi été observés, et ce, 2 jours avant le sevrage jusqu’à 12 jours post- sevrage. Par contre, ces observations ont été réalisées seulement chez les porcelets élevés dans de mauvaises conditions (haute densité animale, aucun lavage ni désinfection des parcs, stress thermique et changement abrupt d’alimentation). Aussi, la concentration plasmatique de vitamine E a chuté au jour 5 post-sevrage, comparé aux valeurs observées 2 jours avant le sevrage, et a continué de diminuer jusqu’au jour 19 post-sevrage. La concentration de vitamine A, quant à elle, a diminué aux jours 5 et 12 post-sevrage, comparativement à 2 jours avant le sevrage, et est revenue aux valeurs initiales 19 jours post-sevrage (Buchet et al., 2017). En milieu commercial, la concentration plasmatique de

ROOH a aussi augmenté entre 26 et 33 jours d’âge, soit 2 jours avant le sevrage jusqu’à 5 jours post-sevrage. Le potentiel antioxydant sanguin a augmenté de façon transitoire entre 26 et 47 jours d’âge. L’indice de stress oxydatif (ISO) a, quant à lui, augmenté entre 26 et 33 jours d’âge et a diminué à 47 jours d’âge. Les concentrations plasmatiques des vitamines E et A ont diminué entre 26 et 33 jours d’âge. Cette étude montre donc que les conditions environnementales dans lesquelles sont élevés les porcelets semblent avoir un impact considérable sur l’état oxydatif des porcelets au moment du sevrage contrairement à l’âge au sevrage qui semble avoir un effet négligeable puisque, peu importe s’ils étaient sevrés à 21 ou 28 jours d’âge, les porcelets présentent des niveaux de ROOH, de vitamines A et E, un potentiel antioxydant et un ISO comparables (Buchet et al., 2017). Par contre, l’étude de Li et al. (2016), qui visait à mesurer le niveau de stress oxydatif à différents âges au sevrage (14, 21, 28 et 35 jours), est arrivée à la conclusion inverse, soit que l’âge des porcelets au moment du sevrage influence leur niveau de stress oxydatif. De façon générale, le niveau de MDA était significativement plus faible dans le plasma, le foie, les reins et les poumons lorsque que le sevrage était réalisé tardivement. En effet, pour le plasma, le foie et les reins, les niveaux de MDA étaient significativement plus faibles lorsque le sevrage était réalisé à l’âge de 28 et 35 jours comparé à 21 et 14 jours d’âge. Pour les poumons, les MDA étaient significativement plus faibles pour un sevrage réalisé à 35 jours d’âge plutôt qu’à 14 jours d’âge, ce qui signifie que plus le sevrage est réalisé tôt plus les dommages oxydatifs sont importants. Toujours selon Li et al. (2016), il semble y avoir une amélioration de la résistance au stress oxydatif avec l’augmentation de l’âge au sevrage. Effectivement, ils ont observé que les activités de la SOD et la GPX sont significativement plus élevées dans le plasma, le foie, les reins et les poumons lorsque le sevrage est réalisé à l’âge de 35 jours plutôt qu’à 14 jours et, pour le foie et les reins, les activités de ces enzymes sont aussi plus élevées chez les porcelets sevrés à 28 jours plutôt qu’à 14 jours d’âge.

Comme décrit précédemment, il semblerait que le sevrage chez le porcelet soit associé à une réponse inflammatoire précoce et relativement aberrante. Selon l’étude de McCracken et al. (1995), les concentrations plasmatiques d’IL-1 ont augmenté entre les jours 0 et 2 post-sevrage et celles en fibrinogène ont augmenté à partir du jour 2 et sont restées élevées jusqu’à la fin de l’expérimentation, soit 7 jours post-sevrage. Aucune variation significative n’a été observée pour l’IL-6 et la TNF. Ceci est en accord avec l’étude de Pié et al. (2004) qui décrit une augmentation importante de l’expression des cytokines pro-inflammatoires

au niveau intestinal, et ce, durant les 2 premiers jours post-sevrage. Selon cette étude, l’expression de l’IL-1β, l’IL-6, l’IL-8 et la TNF-α a augmenté dans le jéjunum immédiatement après le sevrage pour ensuite revenir aux niveaux initiaux, à l’exception de l’IL-8 qui a diminué de façon significative aux jours 2 et 8 post-sevrage comparativement au jour 0. Ces études montrent qu’il y a bel et bien une réponse inflammatoire induite suite au sevrage des porcelets, tant au niveau intestinal que systémique, et ce, indépendamment des aliments offerts.

1.3 La supplémentation en composés antioxydants contre le