variations que ces derniers, sous l'inlluence des
mêmes
causes : il s’exa-gère par rémotion, s’atténue par le repos et l'attention; il est justiciable d'unemême
discipline psycho-motrice. Très souventle bégaiementestlié àun troubletantôtparexcès, tantôt par défaut, de la fonction respiratoire.Chez
le bègue, la systématisation de tous les actes musculairesnécessaires à laparole se fait defaçon incorrecte : certains muscles agissent trop lard, d’autrestroptôt;mais surtout, le bègue parle toujours tropvite; il noprend pasle
temps
nécessaire pour exécuter tous les actesdu
langage.Plus compliqués (jueles tics de
cm
qui se traduisentpar dessons inarti-culés, les tics verbaux sont constitués parl'émission de syllabes articulées, de mots, etmême
de phrases, qui font explosion, soit pendant le silence, soit au cours de la conversation. Leurs variétés sont innombrables:Bn!
la!
Aba!
Cousisi (Grasset). Lesnoms
propres sont fré(|uents : Maria, Jésus-Marie-Joseph (Bail),Numa-Hélèue-Camitle
(Pitres), etc. Toutes ces syllabes, mots,ou
phrases involontaires sontprononcés impétueusement, inopportunément ; rien ne peut les retenir, leur émission est un besoin impérieux, irrésistible. Ils ont d’ailleurs au débutune
signilication logi(iueque
les malades se rappellent généralement, puis ils deviennent des habi-tudes intempestives, devéritables impulsionsverbales.Lorsque
lemot
ainsi proféré-prend un caractère ordurier, on a alfaire à la coprolalie,manie
blasphématoire de Verga. Gilles de la Tourelle en afait
un
des caractères de la « maladiedes tics convulsifs »; cependant la coprolalie n’est pas très fréquente chez les tiqueui’s; elle existe d'ailleursindépendamment
des tics(Magnan
).La
coprolalie,au sens étymologiquedu mol, n'est ([u'iine manifestationdu
désé(juilibre mental, et peut ne pasall'ecterune allure convulsive; elle étonne surtout chez les sujets ipii, par leur éducation, semblent devoir éviter d'employer des termes triviaux et ordiiriers.Mais lors(pie l'émission verbale ordurière est d'une impétuosité extrême, lors(|u'elle (;st précédée d’un besoin irrésistible, lors(iu'elle a lieu en dehors
du
discours, il s'agit bien d'un tic coprolaUque.On donne
lenom
(Véctiolalie à un trouble du langage <lans lequel le sujet répète involontairement,comme
un écho, les sons (pi’il entend autour delui, sons inarticulés, cris
bumains
ouanimaux
ou encore la dernière syl-labe, le dernier mol, la dernière phrase entendus. Quebpiefois il s'agit demots
ipie lemalade
alui-même
prononcés {auto-écholalie).L’écbolalie n’est pas nécessairement un tic ; elle existe dans un certain
nombre
d'alVeclionscérébrales orgauiiiues, chez (inebpies aphasicpies, chez les aliénés. GependanI,comme
l’émission écbolalique est souvent d’nne brus(|uerie extrême, elle peut être assimilée à un tic, un ticd'imitation,—
de
même
(jue Véchokiuésie, répétition involontaire des gestes vus.Dans
l'écliolalie
comme
dans l'écliokinésieon
peut reconnaîti’e la persistance et l'amplilication chez l'adulte de la [)ro[)ensionque
possèdentnormale-EVOLUTION
27[1909]
ment
les enfants à répéter ce qu'ils entendentou
ce qu'ils voient. C'est donc encore une manifestation de l'infantilisme psycldque.ÉVOLUTION
Le
tic estuneaffection essentiellement capricieuse.Le
début est presque toujours insidieux. 11 est rare qu'on s'aperçoive dela première manifestation motrice, volontaire et logique, qui se
transfor-mera
plus tard en tic.Le
geste initial no diffère en riendes actes de ta vie ordinaire; c’estpeu
à peu seulement que sa répétition incessante et inop-portune, sa brusquerie, son irrésistibilité, font songerà un trouble patboto-giquc.Avant
d’être constitué, le tic traverse une période d’hésitation etde tâtonnements.Le
tic aune
tendance à envahir.Cantonné
aucommencement
sur unou deux
muscles,ilgagne un
autre muscle,puisun
autreencore; maiscemode
d’extension n’est pas
commandé
nécessairement par la distribution ner-veuse anatomique.Des
tics anciens, (lui avaient disparupendant quelque temps,reparaissent parfois brusquement. Plusieurs tics peuvent se superposer.Le
tiiiueur,dont l'imagination est toujours féconde enbizarreries, sait, pardes inven-tions motrices de son cru, modifier, parodier, caricaturiser de mille manières les actes fonctionnels.
Les ticssidjissentdes inodilications continuellesen étendue, en fréquence
et en violence; tous les liqueurs déclarent avoir de bons et de
mauvais
jours.Cesvariations sont (piebpicfois inexplicables; plussouvent elles sont régiespar des conditions extérieures ou intérieures; le repos, la solitude, le silence, l’obscurité, la distractionontun
effet sédatif; la fatigue, les aga-cements,lespréoccupations de tontes sortes provoquent des exacerbations.Les maladies intercurrentes agissent de façons différentes; un simple malaise exaspère les tics; au contraire, une maladie grave, surtout si elle est fébrile, et surtout si le séjour au lit est prolongé, les calme; ils repa-raissent avec la convalescence. Il y a toujours des rémissions, mais de durée très variable.
La
guérison peut survenir spontanément. L’aggrava-tion est en relation directe avec le degré de contrôle exercé sur lui-méinopar
le ti(jucur.Il existe une
forme
de tics d'une ténacitéextrême
et dont l'évolution progressive est caractéristi(iue. C'est à cette forme (pie Gillesde la Tou-rette adonné
lenom
de maladie des tics.Cette forme débute,
comme
la plupart des tics, dans lejeune âge, vers sept ou huit ans, par delégères grimaces du visage; puis apparaissent desmouvements
de la tête, des épaules et desmembres
supérieurs, des tics respiratoires et phonatoires, l’écliolalie, la copi-olalie, enfin desmonve-ments
convulsifs du tronc et desmembres
inférieurs.On
y reconnaît toutes lesvariétés de tics qui ont été décritesprécédemment;
mais icielles se succèdent ou se superposent, et leur extension toujours progressive28 TICS [1910]
donne un
caractèreparticulier à la maladie de Gilles de laTourelle.Dans
la hiérarchie des tics, elle représente l'apogée.
En même temps
que se généralisent et s’amplilient les troublesmoteurs,on
voit sedévelopperet s’aggraver les troubles psychiques; des obsessions de tontes sortes, des délires épisodiques se succèdent; ladémence
peutêtre le terme ultime dela maladie de Gilles de la Tourelte.
PRONOSTIC
Le
pronostic des tics, gnoadvikim, est bénin;on
nemeurt
pas d'un tic.Mais untic est toujours
une
infirmité fâcheuse, clsi on l'abandonne àlui-même,
il a tendance à s’aggraver, à se généraliser. Il estdonc
indispen-sable de s’opposera sa persistance clà son extension.Le
pronostic varie suivant l’agc au(]ucl le tic apparaît. Les tics des jeunes sont toujoursmoins
graves que les tics des vieux.Chez
les enfants,ils peuvent n’avoir (ju’une durée
éphémère,
(pielqucs jours, quelques mois, quelques années; puis ils disparaissent. C’est l'exception.On
peut toujours espérer qu’un tic d’enfance guérira, caron
peut espérer(ju’en se développant, l’enfant acquerra l’équilibre volontaire, nécessaire pour obtenir la répression des actesintempestifs. Maispour
que cetespoir soit fondé, le jeune liqueurdoit être soumis à une éducation etàune
surveil-lance attentives. Les parents doivent chercherà éloutfer cesembryons
deticspar tousles
moyens
possibles; ils ne sontpasplusdifficiles à détruireque
les autresmauvaises habitudes de l’enfance.Un
tic est d’autant plus tenace qu’il existe depuis plus longtemps, et qu’il est toujours pareil à lui-même. Les tics variables disparaissent spon-tanément, mais sont remplacés par denouveaux
tics ; ils nécessitentdonc
de fré(iuentes interventions correctrices, toujours variées.On
a cité des casde guérison complète et détinitivechez lesadultes, et il en existe réel-lement; mais il faut toujours se métier des récidives.Un
ti(]ueur,même
endurci, peutêtredébari'assé de tous ses tics; cependant il reste ti(iueuren puissance, et s’il vient à perdre les
bonnes
habitudes de surveillance (ju’il avait prises, ilse trouve à la merci denouveaux
tics.Par
contre, s’il a pris rbabilude d’unebonne
disciplinepsycho-motrice, ilsaitse mettre en garde contre un retourolfensif.Le
pronostic devient plus sévère lors(iu’on a affaire à la mabulie des ticsde Gilles de la Tourelte. Sa
marche
progressive est difficile à enrayer. Lestics peuventse modifier, s’atténuer, disparaître
même,
pendant de courtes péiâodes; mais ils reparaissent bientôt sous lamême
ou sous une antre forme, et leur tendance à l’envahissement s’accentue progressivement.Lors(iiie celle évolution progressive se poursuit au delà de l’époquede la majorité, le pronostic est
beaucoup
plus sombre.Oppenbeim
' semontre
plus oi^limisle et cite desexemples
de « maladie des tics » terminés par la guérison.t. OppcnheiiD,Bemerkungen /urLehrevoni Tic,Jount. f.Psychologieu. Xeurologie, Bd. I, lÜOü.
COMPLICATIONS
29 [1911]Les ticsqui apparaissentchez les vieillards ont
une
signification pronos-tique toujours fâcheuse; ils coïncident avecune
décliéance de l'activité corticale.Ceux
qui surviennent au cours de vésanies peuvent être consi-déréscomme
les avant-coureurs de ladémence
fDufour).D’une façon générale, le pronostic d'un tic est intimementlié à l’évolu-tion de l’état mental. Les variationsqu’on observe dansla
marche
des ticsde jeunes sujets correspondent bien
aux
variations de l’évolution psy-chique. Celle-ci,comme
ledéveloppement
corporel, est sujette à des irré-gularités constantes.De même
(|u’on assiste à des poussées de croissance entrecoupées de périodes d’arrêt, on voit aussi les fonctions psychiques traverserdes alternatives semblables. Lesi-etards del’évolution corporelle peuvent être passagers ou définitifs; il en estainsi de l’évolution mentale;on
conçoitdonc que
ledéveloppement
des tics soit intimementreliéaux
retards dudéveloppement
mental. 11 n’en faut pas conclureque
les tics écliappent à toute intervention thérapeuti(]ue et que leur évolution ne puisse être modifiée ni enrayée; l’inefficacitédesmoyens
de traitement usi-tésjusqu’à ces dernières annéesavait contribué à acréditer leurincurabi-lité.
La
sévérité de ce pronostic s’est l)eaucoupamendée. On
saitaujourd’hui que dans la majorité des cas
un
traitement approprié produit toujours des améliorations, dont la durée et l’importance sont en raison directe des efforts correcteurs exercés sur les tics.On
peutmême
enre-gistrer des cas de guérison, et ceux-ci deviendront de plus en plusnom-breux
au fur et àmesure que
plus de liqueurs seront soumis de meilleure heure àun
traitement rationnel. Les spasmes, au contraire, sont particu-liérement rebellesà toutespèce de traitement, et les tics, longtemps con-fondus avec eux, ont acquis à tortcette réputation.COMPLICATIONS
Les manifestations psycbopatbi(iues si diverses qui peuvent se rencon-trerchez lesti({ueurs ne doivent i>as être considérées
comme
des compli-cations des tics, mais biencomme
dessymptômes
concomitants.Les complications directes des tics sont la conséquence