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Suivi des patients : difficultés et valorisation financière de la

3. Prise en charge alcoologique des médecins interrogés

3.9. Suivi des patients : difficultés et valorisation financière de la

3.9.1. Consultations insuffisantes

La majorité des médecins interrogés (9/16, 56%) estiment que des consultations de médecine générale pour le suivi d’un patient pendant et après le sevrage alcoolique sont insuffisantes :

 Par rapport au nombre d’intervenants.

- « il faut te faire aider. .... Le mec est en situation difficile donc il faut

structurer sa base. Sa base, c’est pas une seule personne, il faut toi, il faut la famille, le travail. » (M1), « Parce que je pense qu’il faut une équipe, un entourage » (M5), « Parce que je pense qu’il faut qu’il y ait un suivi dans cette histoire. Des thérapies cognitivo-comportementales et des groupes de discussion, je pense que c’est hyper important et que ça fait 50 % du boulot. Je pense qu’on fait 50 % du boulot nous en consultation.» (M7), « je pense qu’il faut aussi un suivi psychologique… Après, si je me sens démunie, euh, face au patient, c’est pour ça que je l’adresse aussi au centre d’addicto. … je préfèrerais m’appuyer sur une autre personne, un psychologue, un psychiatre ou un addicto. » (M13)

 Par rapport à un manque de formation.

- « C’est compliqué. D’abord on est pas formé en addictologie, c’est un

peu compliqué. Et comme moi je ne veux pas jouer les apprentis sorciers » (M2), « Et puis un problème de compétences quand même,

parce que je pense que s’ils ont une formation spécifique ce n’est pas pour rien » (M3)

 Par manque de temps

Une grande majorité des médecins interrogés (11/16, 69%) estime ne pas avoir le temps nécessaire pour une prise en charge optimale du sevrage alcoolique et son suivi.

- « j’ai pas le temps nécessaire à consacrer, la discussion elle se passe

vite » (M1), « ponctuellement oui … pour la première consultation … je vais pas expédier ça mais non, j’ai pas le temps » (M3), « on a pas suffisamment les moyens et le temps pour faire ça quoi. » (M5), « si je dois à chaque fois prendre ½ heure pour le suivi, je ne m’en sors pas. Donc je ne peux pas. » (M6), « si on a un patient tous les quarts d’heure ça risque d’être difficile. C’est plutôt un problème de temps d’écoute, mais après c’est le genre de choses que l’on peut aussi prévoir sur rendez vous. » (M10), « nous ne disposons pas assez de temps d’écoute pour ce type de suivi. Nous le prenons, c’est sûr, mais il faut être réaliste, c’est une prise en charge extrêmement chronophage. » (M11) « il y a un certain nombre de patients que je ne suivrais pas pour un sevrage parce que je n’ai pas le temps » (M16)

Mais au-delà du manque de temps, on remarque que même si les médecins n’ont pas le temps, ils le prennent.

- « on a jamais le temps, on le prend » (M6), « le temps je le prend

prends » (M10), « on a jamais le temps nécessaire pour ce type de consultation mais on le prend toujours » (M11), « il faut le prendre » (M13), « je prends des consultations beaucoup plus grosses et je pense prendre le temps quand il le faut » (M14)

Un autre problème identifié est la lourdeur des charges administratives.

- « c'est la compression de la charge de travail qui fait que c’est difficile.

Aujourd’hui le médecin est dans la servitude et il n’est plus dans le service. Monter des dossiers d’invalidités ou d’accidents de travail, des dossiers mdph…. Ça nous plombe le travail au cabinet, travail que le médecin doit faire parce que c’est le médecin traitant et c’est une charge très lourde (60 % du travail) qui nous laisse moins de temps pour des consultations, que ce soit en temps d’écoute ou en fréquence de consultation, avec des patients qui nécessiteraient plus de temps » (M6)

Une minorité pense qu’au contraire, ce n’est pas un problème et que cela peut être suffisant (3/16, 19%).

- « Une fois que le sevrage a été effectué oui. Pendant oui, et après oui. »

(M4), « Si le gars il est à peu près « formé » entre guillemets, le sevrage lui-même c’est pas énorme, c’est pas très compliqué » (M9).

Même s’ils pensent quand même que cela nécessite:

- « Pas forcément de façon exclusive hein car souvent il y a quand même

des problèmes psychologiques derrière hein, qui justifient un suivi psychiatrique ou psychologique. » (M4)

 ainsi que du temps.

- « Ça demande simplement un peu de disponibilité pour revoir le gars »

(M9), « je pense que l’on est fort capable de le faire quoi. Mais ça demande quand même du temps et de l’implication » (M15)

Ils rejoignent donc quelque part le point de vue des autres médecins.

Quelques uns (4/16, 25%) pensent que la conduite à tenir varie selon le profil du patient.

- « Ça dépend des cas. Si c’est très sévère avec un risque de rechute très

important, il vaut mieux prévoir des hospitalisations, des post –cures, des … Ou si c’est quelqu’un qui a vraiment réglé le problème, qui est motivé, on peut le suivre en ville » (M8), « Alors ça dépend du sujet, ça dépend de l’endroit où on est. » (M12), « Ça dépend du profil et de la personne… et de l’entourage. S’ils sont bien entourés justement, c’est plus en faveur pour que le médecin généraliste y arrive tout seul. Quand ils sont esseulés, ils y arrivent pas ou il y a un entourage négatif là c’est sûr qu’il faut passer par une structure ou par un spécialiste. » (M14), « Là encore ça dépend du profil du patient. Moi j’ai besoin pour ceux qui le peuvent, d’avoir des compléments, par exemple euh un psychologue clinicien, un truc comme ça. J’ai besoin quelquefois qu’il soit suivi par d’autres personnes en addictologie, on fait un suivi conjoint. » (M16)

Au final tous s’accordent à dire que cela nécessite souvent d’autres intervenants, de la disponibilité (en terme de temps et de fréquence) et d’avoir une formation.

3.9.2. Rémunération insuffisante

Bien souvent, au-delà d’un problème de manque de temps, c’est un problème de rémunération et donc de valorisation du travail du médecin généraliste dans ce type de prise en charge chronophage.

- « c’est la consultation et le paiement à l’acte qui est inadapté en ce type

de consultation en addictologie. L’addictologie ça demande des consultations longues, à 23 euros c’est pas possible … je continue de les suivre … actuellement je suis limité par le paiement à l’acte, et je sais que je pourrais faire beaucoup mieux, beaucoup plus si j’étais rémunéré correctement pour ce travail. » (M16)

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